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convenable, que le sous sol dans lequel elle se trouve reléguée.

Les tergiversations chimico-légales, auxquelles elle est soumise tous les demi-siècles, nous rappellent l'histoire du puits de la maison du Sr Isabey, marchand, où se voit, à l'angle de la place du Marché et de la rue Saint Dizier, l'image de la vierge. « On a dit que le puits de la maison de ce négociant était minéral et pouvait avoir de grandes propriétés. Mais cela n'a pas eu de suite,» s'écrie Lionnois, t. III, p. 123.

Le pharmacien Mandel, qui demeurait en face, publia, en 1772, une brochure in-8° ayant pour titre: Analyse d'une eau minérale nouvellement découverte dans la ville de Nancy, adressée à MM. du collège royal de médecine. Cet opuscule fit grand bruit, et la maison Isabey était déjà assiégée par tous les hypocondriaques nancéiens, lorsque le grave Nicolas, ancien apothicaire, professeur de chimie au collège de médecine, s'imagina de vérifier et revérifier l'analyse de cette eau prétendue minérale, ferrugineuse, etc., etc.

Cette grave question hydrothérapique est trop amusante dans ses suites, pour que nous ne nous livrions pas à une petite digression humoristique, propre à égayer le lecteur hypocondriaque qui aurait l'intention d'aller piquer une tête dans le puits susdit.

Nous avons sous les yeux le prospectus de l'analyse du sieur François Mandel, maître ès arts et en pharmacie, et gradué en médecine, publié, à son de grosse caisse, par les affiches de Lorraine et Barrois le 11 janvier 1772. C'est vraiment un morceau digne de remarque.

Après avoir annoncé que cette brochure de 21 pages in-8° est publiée à Nancy chez J.-J. Honer, imprimeurlibraire, rue Saint Dizier n° 337 (aujourd'hui no 21) avec permission 1772 le prospectus commence et débite ainsi son boniment pharmaceutique :

» Cette eau minérale, martiale, salutaire et vivifiante, vient d'être découverte dans un puits creusé dans la cave du sieur Isabey, marchand, place du marché Saint Sébastien, à Nancy.

» Vingt une expériences chymiques et dire qu'il n'y en a pas eu une seule de bonne, faites avec toute l'exactitude possible par M. Mandel, maître apothicaire de la

même ville, et étudiant en médecine, tout à la fois, prouvent évidemment que cette eau est ferrugineuse et un peu sulphureuse.

» Nous ne pouvons qu'applaudir au zèle que fait paraître à chaque page de cette nouvelle brochure, le jeune élève d'Epicure, et ajouter ici pour la satisfaction du public, objet pour lequel notre feuille est consacrée, l'usage médicinale où cette eau peut très bien convenir.

» Elle paraît être propre pour la néphrétique, poussant abondamment aux urines; elle sera conséquemment bonne à nétoyer les reins, en chasser les sables et quelquefois les pierres, pour rétablir les estomacs ruinés, pour provoquer les mois, et en général dans les maladies qui dépendent de l'acidité des liqueurs; au reste, c'est aux maîtres de l'art à faire actuellement les épreuves pratiques pour déterminer les propriétés que cette nouvelle eau peut produire sur le corps humain en état de maladie. »

Le 14 mars suivant (1772), les affiches de Lorraine et Barrois annonçaient l'apparition de deux nouvelles brochures sur la même question, savoir:

1o OBSERVATIONS sur l'analyse d'une eau nouvellement découverte dans la ville de Nancy adressées à l'auteur par Pierre François NICOLAS, maître apothicaire dans la même ville, à Nancy, chez Lamort, imprimeur, près les Dominicains, 1772. Brochure in-8° 20 pages, approuvées par M. Ba- · gard.

2o RÉPONSE AUX OBSERVATIONS sur l'analyse d'une eau nouvellement découverte dans la ville de Nancy, adressée à l'auteur par François MANDEL, maître ès arts et en pharmacie et gradué en médecine; avec cette épigraphe, tirée des métamorphoses d'ovide.

» Turpe quidem contendere erat, sed cedere visum Turpins.» A Nancy chez J.-J. Honer, imprimeur-libraire, rue Saint Dizier no 337 — 1772. Brochure in-8° de 28 avec permission.

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p.

>> Ĉes deux brochures, ajoute le rédacteur du journal, doivent être, à ce qu'on nous promet, suivies encore par d'autres; elles ont et auront pour but de discuter quelques points chymiques relatifs à cette nouvelle eau minėrale de Nancy; discussion dont les résultats doivent intéresser le public.

La question fut discutée encore quelque temps sur un

ton courtois; les adversaires en présence mettaient dans leurs articles toutes les convenances voulues, et toutes les herbes de la Saint Jean qui accommodent la politesse; mais comme elle se prolongea huit années, elle finit par s'emparer de la note aiguë que les Affiches des Evêchés et de Lorraine, essentiellement messines rendaient encore plus pincharde.

Dans le n° 23 du 8 juin 1780 p. 181, col. a, la note 1, Nicolas le chimiste, lassé de l'entêtemeut de Mandel finit par s'écrier:

» M. Mandel croyait avoir fait une découverte merveilleuse en annonçant l'eau du puits du sieur Isabez, comme une eau minérale infiniment utile par les principes précieux qu'elle contenait; malheureusement j'ai, envers lui, le tort d'avoir démontré que cette eau ne devait ses étranges propriétés qu'au voisinage de latrines, dont les matières s'insinuaient par filtration dans le puits du sieur Isabez. »

Malgré cette énergique et péremptoire conclusion, le Journal de Lorraine, dirigé par Thérin, soutenait la thèse de Mandel, ouvrait son journal à celui-ci et le refusait à Nicolas. C'est pourquoi Nicolas dut s'adresser aux Affiches de l'Evêché de Lorraine publiées à Metz. Aussi celles-ci dans le n° 26 du 29 juin 1780 p. 204 col. h, sous la rubrique Nouvelles de la province ne manquèrent-elles pas d'insinuer que le Journal de Lorraine, était un « ouvrage absolument ignoré à Metz. »

Dieu merci, la fontaine Saint Thiébaut, sur laquelle nous nous permettons d'appeler l'attention de nos édiles et du public, n'a pas eu à subir les mêmes tracas. Jusqu'alors nul ne lui à contesté ses propriétés thérapeutiques; et, quoiqu'en sous sol, elle n'a pas perdu l'éclat de ses mérites, tout à fait naturels ; tandis que ceux du puits Isabez étaient certainement factices.

Tous les chimistes anciens et modernes, qui ont daigné s'occuper d'elle, lui reconnaissent des principes minéralisateurs qui justifient la renommée qu'elle avait acquise au dernier siècle.

M. L. Garnier est le seul qui tende à lui dénier ses propriétés ; il ne craint pas de se mettre en contradiction avec ses devanciers et avec lui-même.

Il

emprunte au travail de notre ami P. Guyot, publié dans la Gazette des eaux, l'historique de cette fontaine; et,

par une erreur de plume inconcevable chez un copiste, il arrive à une conclusion qui perd de son autorité.

La question se pose ainsi : puisqu'il reconnaît que les sources des vallées de la Meurthe et de la Moselle contiennent des quantités plus ou moins grandes de fer », comment n'accuse-t-il dans son analyse, o gr. 0025 de fer, alors que Mathieu de Dombasle, P. Guyot et Ritter, en trouvent à diverses reprises o gr. 020?

On va nous objecter que M. L. Garnier a répondu à notre question et a expliqué cette énorme différence, c'est vrai; mais dans un style savant, qui n'est pas à la portée des professeurs de la chimie. Comme nous ne sommes pas chimiste, nous allons nous expliquer carrément et à l'aide de chiffres, en plaçant sous les yeux du lecteur les diverses analyses que nous connaissons:

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3o Celle de M. Pommier, accuse pour 10 litres d'eau, 6 gr. d'un résidu qui se comporte ainsi :

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Suivant lui, l'eau de Saint-Thiébaut renferme

Chlorure de magnésium

Sulfate de magnésie.

Carbonate de chaux.

fer

Sulfate de chaux

Sillice

Azotates

Iodures.

Acide carbonique.

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125

6 gr. 000

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to Celle de M. Ritter, faite le 13 novembre 1880. donne :

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5° M. Garnier donne exactement la même composition, sauf pour le fer où M. Ritter a trouvé le 13 novembre 1880, 0g. 0254, M. Garnier ne trouve le 23 novembre même année que o g. 0025 de carbonate ferreux.

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