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MANÈGE (RUE DU)

De la place Saint-Georges à la rue des Fabriques. Dans le plan de Dom Calmet, et dans ceux qui l'ont suivi, nous la voyons dénommée à tort rue Sainte-Catherine. Il faut dire qu'elle n'était pas ancienne; car, Nicolas, l'annotateur du mémoire du chanoine de la Primatiale, dit que la rue de l'Académie a été construite en 1715.

Nous savons, par divers documents, qu'elle s'est appelée, dans le milieu du dernier siècle, rue de l'Académie, et aussi rue du Manège, Nous avons dit pourquoi, dans nos Promenades historiques. Dès 1765, elle est invariablement nommée rue du Manège. C'est sous ce vocable que la désignent l'état de 1767 et le plan de Mique.

Le 17 septembre 1791, le Conseil général de la commune décida que « la rue du Manège prendrait le nom de Châteaufort, magistrat qui demeurait dans cette rue, et qui soutint, malgré l'oppression, les droits du peuple, contre le despotisme religieux et civil. »

Qui n'en fut pas content, comme bien on pense, c'est F.-Ch. Callot, qui protesta de cette manière dans sa Manifestation:

« Châteaufort était du nombre de nos illustres magistrats, mais le courageux Remi, procureur-général, qui protesta contre la cession que fit Charles IV de ses Etats à la France, aux conditions que les Princes de son sang seraient habiles à succéder à la couronne, mériterait la préférence; et si, dans les circonstances présentes, on doit glisser sur cette anecdote, on avait encore à choisir les Gondrecourt, les Bourcier et le célèbre Viray, le Démosthène de la Lorraine, qui, lors de la cession de ce Duché, dit au Roi de Pologne, que cette cession était un évènement plus vrai que vraisemblable. »>

Pour mieux rendre l'expression de sa pensée, F.-Ch. Callot ajoute en note, en parlant de Remi:

« Ce procureur-général, dont les fonctions sont la vraie sauvegarde des droits inaliénables de son pays, remontra à son souverain que, circonscrit dans la jouissance de l'usufruit, il n'avait pas le pouvoir de faire cette cession et protesta. >>

Quoi qu'il en soit, le vocable de Chateaufort fut sanctionné par les délibérations des 13 pluviose an II et 18 fructidor an III.

Sous l'Empire, Blachier tenait la poste aux chevaux, au n° 1 actuel de cette rue, qu'on trouve quelquefois dénommée alors rue de la Poste aux Chevaux. Ajoutons que cette appellation n'avait aucun caractère officiel.

Le conseiller Aristay de Châteaufort avait habité, de 1758 à 1765, époque de sa mort, la maison no 3 de la rue du Manège, appartenant à M. Vagner, imprimeur, laquelle portait, au dernier siècle, le n° 3 de la paroisse SaintSébastien. Dans l'état de la noblesse de Nancy, dressé en 1772, nous trouvons encore Madame Aristay de Châteaufort, indiquée paroisse Saint-Sébastien, n° 3, c'est à dire n° 3 ancien, et no 3 actuel.

Nous avons déjà parlé, rue Drouin et rue des Glacis, du rapport de M. Henrion, lu au Conseil municipal dans la séance du 13 novembre 1878; nous en extrayons encore ce passage:

« M. Lepage, rappelant la délibération du Conseil général de la commune de Nancy du 7 ou 17 septembre 1791, en rapporte dans son histoire les termes : « La rue du

Manège prendra le nom de Châteaufort, magistrat qui << demeurait dans cette rue, et qui soutint, malgré l'op« pression, les droits du peuple contre le despotisme reli<< gieux et civil. » La Commission vous propose de faire . revivre aujourd'hui cette décision de votre municipalité, prise en 1791. C'est une dette de reconnaissance à acquitter, envers un magistrat qui a sacrifié ses intérêts et ceux de sa famille, au bien du peuple en général, et de la ville de Nancy, en particulier. M. l'avocat général Poulet a mis éloquemment en lumière ce caractère dans son discours de rentrée de 1876; avant lui déjà, M. le premier président Leclerc, retraçant les origines du Parlement de Nancy, faisait apparaitre le nom de M. de Châteaufort, comme celui d'un martyr de la plus sainte cause, celle de la fidélité au devoir et du dévouement au pays. Et puis, c'est une restitution; en effet, c'est en 1791 que la municipalité nancéienne donna à la rue du Manège cette dénomination, et c'est en 1815, à une époque de réaction inintelligente, qu'on a effacé Châteaufort, pour remettre du Manège, qui ne signifie rien. »

Puisque nous avons mis sous les yeux du lecteur les diverses parties du rapport de M. Henrion, il nous reste maintenant à rapporter, d'après les procès-verbaux des délibérations du Conseil, la discussion qui s'est engagée sur la rue des Glacis et sur la rue du Manège.

« M. André dit qu'il faut éviter les changements, à moins de raisons sérieuses, qui n'existent pas pour les rues des Glacis et du Manège.

«M. le Maire le reconnaît, mais fait remarquer que la rue des Glacis a très peu d'habitants, et que c'est sur la demande de l'un d'eux, que la Commission propose le changement; quant à la rue du Manège, elle a déjà porté le nom de Châteaufort, ce n'est qu'une restitution.

« MM. André, Schott et Forthomme répliquent que les habitants de la rue ne sont pas les seuls intéressés, mais que le public l'est aussi, et qu'il n'y a pas de motif suffisant, pour le troubler dans ses habitudes.

« M. de Carcy remarque qu'il y a de plus un intérêt historique, à garder le nom des Glacis à la rue qui le porte.

<<< Les conclusions de la Commission sont repoussées, en ce qui concerne les rues des Glacis et du Manège, qui conserveront leur nom. »

Après la publication de nos Promenades historiques à travers les rues de Nancy, plusieurs de nos concitoyens se cotisèrent pour faire poser sur la façade de la maison n° 41 de la Grande-Rue, ville-vieille, deux plaques commémoratives, rappelant : l'une, que cette maison avait appartenu et avait été habitée par l'abbé Lionnois de 1777 à 1802; l'autre, que l'avocat Prugnon, député aux Etats-généraux, était mort en 1828.

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M. Vagner, propriétaire de la maison no 3 de la rue du Manège, habitée au dernier siècle par d'Aristay de Châteaufort et par sa veuve, voulut imiter cette exemple. On nous demanda de tracer l'inscription. Nous la fimes ainsi :

FRANÇOIS D'ARISTAY DE CHATEAUFORT
CONSEILLER A LA COUR SOUVERAINE

DESTITUÉ ET EXILÉ LE Ier MAI 1758 PAR LE CHANCELIER
DE LA GALAIZIÈRE

POUR AVOIR DÉFENDU LE PEUPLE LORRAIN
A HABITÉ CETTE MAISON DE 1758 A 1765
CETTE RUE A PORTÉ SON NOM DE 1791 A 1815.

M. Vagner ne se pourvut en autorisation près de l'administration, que lorsque la plaque fut gravée et terminée, prête à poser. Les mots « Peuple Lorrain » engagèrent l'administration à demander à M. Vagner de modifier le texte de l'inscription. Il n'était plus temps. Ce dernier fit donc poser cette plaque dans la cour de sa maison, et soumit à l'approbation de l'administration le texte de celle qui est placée maintenant sur la rue, au-dessus de la porte d'entrée.

Elle est ainsi conçue:

ICI A DEMEURE DE 1758 A 1765
FRANÇOIS D'ARISTAY DE CHATEAUFORT

CONSEILLER, A LA COUR SOUVERAINE DE LORRAINE
CÉLÈBRE POUR AVOIR RÉSISTÉ AU CHANCELIER
LA GALAIZIÈRE

ET DÉFENDU NOS ANCÊTRES CONTRE LE POUVOIR ABSOLU
CETTE RUE A PORTÉ SON NOM DE 1791 A 1815.

Dans le plan de 1611, la rue du Manège n'est amorcée que par deux jardins, dans l'un desquels se voit une construction de modeste apparence.

V. Place et Porte Saint-Georges, où nous parlons longuement des origines de ce quartier.

MANUTENTION (RUE DE LA)

De la rue des Loups au Cours Léopold.

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Elle a éte formée en 1760, sous le vocable de nouvelle rue Notre Dame, qu'elle avait encore en 1778.

Elle n'est pas indiquée dans l'état de 1767; mais nous savons que, sous la Révolution, elle était appelée rue de la Munitionnaire. C'est un vocable que nous lui trouvons donné dans le plan de 1837 et dans le tableau des rues de Nancy du 31 décembre 1839, qui reconnaît qu'elle s'appelait autrefois rue du Haut Bourgeois; nous avons dit aussi qu'elle avait eu le nom de rue du Loup. Ce qu'il y a de certain, c'est que depuis 1841 (voir le plan Châtelain), elle est devenue la rue de la Manutention. Eh bien, là, vrai

vraiment c'est une erreur... et ce n'est pas la peine d'avoir sous les yeux un plan dressé par l'architecte de la Ville, pour nous la bailler de cette façon. Le 20 octobre 1842, on nous annonce officiellement que « la partie de la rue du Haut-Bourgeois, tenant à la rue des Loups, et aboutissant au cours d'Orléans, a pris le nom de Munitionnaire. Et en 1841, on nous la donne comme rue de la Manutention. C'est à ne plus croire à une hodographie sérieuse. En somme, l'erreur commise par un copiste qui a pris le nom de l'ancien vocable pour le nouveau, est facile à rectifier.

Cette rue a été ouverte dans les dépendances de l'Arsenal, converti par les Français en magasins de munitions et en boulangerie. L'Arsenal lui-même avait été réédifié en cet endroit, par le duc Charles III, sur l'emplacement d'un ancien cimetière qu'on appelait le Cimetière du Terreau.

« Quand on a formé, en 1760, dit Lionnois t. I, p. 365, la nouvelle rue qui, de devant le portail de Notre Dame, conduit le long de l'arsenal à la nouvelle place de Grève, et qui, sur le nouveau plan, est nommée Nouvelle rue Notre Dame, on a creusé pour les fondations du mur qui sépare l'arsenal de ladite rue, on y a trouvé un grand nombre d'ossements qu'on a portés au cimetière voisin; ce qui ne laisse aucun doute sur l'existence de cet ancien cimetière, nommé du Terreau. Peut-être que lorsque Notre Dame était hors de la Ville, le cimetière qui était à l'Est dans la rue des Morts, ne servait qu'aux religieux du Prieuré; et que celui dont nous parlons, placé à l'ouest de l'église, était pour tous les habitants du faubourg SaintDizier. »

Nous ne ferons qu'une seule objection à cette supposition de Lionnois. Le faubourg Saint-Dizier avait deux cimetières celui de l'âtrie et celui de l'église. Lionnois ne songe pas qu'un cimetière n'est pas éternel, et qu'un jour ou l'autre il se remplit. Celui-ci était probablement le tout premier cimetière qui a servi à la paroisse Notre Dame.

Un des annotateurs de la dissertation du chanoine de la Primatiale a écrit ceci : « Il y avait un quatrième cimetière, près l'arsenal, nommé le Cimetière du Terreau, avec une chapelle dédiée à Saint Claude. Le terrain de ce cimetière fut pris par le duc Charles III, pour augmenter son arsenal, et il fit transférer le titre de la chapelle de Saint Claude à Einville au Jars. » (D. Calmet, Notice, verbo Nancy.)

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