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glissaient ainsi sur les bords dangereux du Panthéisme. C'étaient de grands enfants, pipés par la philosophie grecque, qui se jouaient sur le penchant d'un abîme. Le Christianisme, par ses fortes doctrines, qui avaient pénétré tous les esprits, les retenait encore comme par la main. Quand ils lâchaient tant soit peu cette main, ils roulaient bien vite au fond du précipice.

L'Etre, par exemple, se partageait en Végétal, Animal, Minéral. Le Végétal, était formé par la végétalité; l'Animal, par l'animalité; le Minéral, par la minéralité, tous principes dérivés de l'Etre. Le Végétal, à son tour, formait le Chêne, le Tilleul, par la Quercéité, la Tiliéité, entités constitutives dérivant du Végétal. Toutes ces opérations intellectuelles étaient, comme de raison, la mesure de l'action de Dieu.

Les Brahmes de l'Inde, qui n'avaient point l'Eglise chrétienne pour veiller sur eux, ne cessaient de patauger dans la fange. Ici, point d'inconséquences comme chez nos docteurs. « De même » qu'en ne connaissant que l'argile seul, vous connaissez par là >> tous les vases qui en sont faits, comme un plat, une assiette, une >> amphore; mais le nom, mais la forme de ces vases, n'est rien, » n'est qu'un son; leur être, leur essence, c'est l'argile. Ainsi, en >> connaissant l'ETRE, et l'Etre seul, vous connaissez tous les êtres; >> mais leur nom, mais leur forme, n'est qu'un son, n'est rien; et » leur être, leur essence, c'est Brahm, c'est l'Etre. C'est lui qui >> passe dans tous les êtres et en est l'Entité... Il est l'Ignéité du feu » (igneitas ignis); la soleité du soleil (Soleitas solis); la lunéité de » la lune (Luneitas lunæ); la fulguréité de l'Eclair, etc. 1.>> C'est absolument comme nous l'avons vu, la doctrine de l'éclectisme moderne où « l'Etre absolu est un et plusieurs à la fois, un par la » substance ou l'Essence, et plusieurs par les phénomènes ou les » formes qui constituent les êtres particuliers. >>

Après toutes ces disputes dangereuses sur les Essences, les Formes, les Universaux et les Entités, comment un prêtre, et un prétre de mérite, vient-il nous soutenir, en thèse, que les Essences des choses sont la substance même de Dieu, Essentiæ sunt ipsa Dei 1 Oupnek hat, 1, 51, 53, 54, 55.

substantia! Je n'y comprends absolument rien. Comment! Vous définissez l' Essence, cepar quoi un être est conçu de prime abord (id per quod ens primariò concipitur). Or, ce par quoi l'homme est conçu de prime abord, c'est une âme et un corps unis ensemble. Voulez-vous donc que ce corps et cette âme, unis ensemble, soient la substance même de Dieu? Je sais bien que vous distinguez l'essence métaphysique de l'essence physique, et que vous considérez l'essence métaphysique indépendamment de l'existence. Mais d'abord, il n'y a point d'essences métaphysiques et il ne doit point. y en avoir pour un chrétien. Ce que Platon ou les platoniciens appelaient essence métaphysique, était une véritable essence ou substance. On l'appelait métaphysique, parce qu'elle n'était pas encore unie à la matière, mais elle était destinée à y être unie. C'était une véritable substance existante. En second lieu, ce que vous appelez essence métaphysique, n'est pas une essence, c'est une conception intellectuelle, une idée; c'est l'idée typique d'une chose, le plan, 'si vous voulez, le modèle de cette chose. Mais l'idée d'une chose n'est pas non plus la substance même de Dieu. Toute idée offre deux rapports et avec l'esprit qui perçoit et avec l'objet perçu. Quand j'ai l'idée de N. D. de Paris pour me servir d'un exemple frappant ; il y a premièrement l'acte de mon esprit qui perçoit ou conçoit 2. Or, certainement, cet acte n'est pas une essence, ce n'est pas l'essence, la substance de N. D. Il en est de même des actes par lesquels Dieu perçoit les choses, autrement, Dieu, voyant tout, serait tout. C'est là précisément la doctrine des Indiens, identifiant l'acte de percevoir avec l'objet perçu. C'est la base même du Panthéisme. Il y a secondement l'objet que je perçois, ou N. D. elle-même. Mais il est impossible que cet objet soit une essence comme vous l'entendez. En tous cas, il serait absurde de dire qu'il est une propre substance, comme il l'est de dire que les objets perçus sont sa propre substance. Ce qui serait encore l'identification du sujet et de l'objet. Or, en dehors de l'acte qui perçoit et de l'objet perçu, il n'y a plus que des abstractions. Est-ce en elles que vous trouverez vos essences éternelles? Vos essences éternelles, vos essences substance de Dieu, 1 Institutiones philosophicæ, par M. Lequeux, t. 1, p. 12.

2 On perçoit un objet qui existe, on conçoit celui qui ne l'est pas.

ne sont donc que des chimères. Mais elles ont le triste inconvénient de favoriser le Panthéisme. Comment osez-vous dire, même avec les restrictions que vous y apportez, que votre essence et les essences de tous les autres êtres (Essentice quorumvis entium), lions, tigres, loups, cochons, fourmis, etc., sont la substance même de Dieu! Ne voyez-vous pas que plusieurs de vos élèves ne saisiront jamais les distinctions subtiles que vous apportez, n'éviteront de graves erreurs que par l'inconséquence; tandis que vos ennemis, se frottant les mains devant ces principes, déchireront la feuille de papier que vous mettez pour mur de séparation entre vous et eux, et s'autoriseront de vos doctrines pour soutenir leurs coupables erreurs?

L'Abbé GONZAGUE.

Archéologie Chrétienne.

EXPLICATION DE DEUX BAS-RELIEFS

PROUVANT LA RÉALITÉ

De l'apparition de l'étoile qui apparut aux trois Mages.

DEUXIÈME PARTIE.

Utilité que l'Histoire Sainte peut tirer de ces figures.

DEUXIÈME ARTICLE 1.

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Utilité qu'on peut retirer du sarcophage d'Ancône. Ce qu'était l'étoile qui apparut aux Mages. Réfutation de diverses opinions à ce sujet. Les Mages étaient-ils rois? Réponse à quelques objections. →→ Explication des textes de saint Matthieu relatifs à l'histoire des Mages. - Motif du silence de l'historien Josèphe sur le massacre des innocents. Honneurs accordés par les Romains à Hérode. Faste et cruauté de ce dernier. - Le sarcophage d'Ancône donne-t-il aux Mages les insignes de la royauté? Le bonnet phrygien était-il porté par les rois chez certains peuples? Observations sur le nom de roi. Patrie des Mages. Ils venaient probablement de l'Arabie. Description d'un sarcophage païen représentant la mort d'Adonis. Paroles de saint Léon sur la venue des Mages. Utilité du sarcophage d'Ancône pour confirmer les traditions et les dogmes catholiques. Regrets de l'auteur de ne pouvoir se procurer la gravure exacte du monument tout entier. Sujet de la dernière partie de la dissertation.

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En considérant avec attention les figures sacrées de la partie du sarcophage d'Ancône que je publie, je crois avoir trouvé leur véritable forme, et, par suite, leur interprétation véritable. Reste à faire connaître quelle utilité pour l'Histoire sainte, la doctrine de l'Église, des saints pères et des théologiens, l'on peut tirer de ces sculptures.

D'abord, elles nous sont de quelque secours en nous montrant Voir le 1 article au numéro précédent, ci-dessus, p. 367.

l'étoile avec les rayons égaux. Si l'un d'eux eût été allongé, il aurait dénoté une comète. Origène1, au 3° siècle, s'appuyant de l'autorité de Chérémon, imagina que l'étoile vue par les Mages avait été un de ces astres ornés, tantôt d'une longue chevelure, tantôt d'une longue barbe, et quelquefois ayant une autre forme minutieusement décrite par Pline. Chalcidius, qui la compare à l'étoile appelée, par les Egyptiens, Ash ou Asaph3, laquelle disparaissait pendant quelque tems et reparaissait ensuite, fait entendre qu'il la regarde comme une comète. Mais saint Basile, saint Thomas 5, réfutent cette opinion. J'aime à constater que, dans ce sarcophage, peu postérieur à Origène, les anciens chrétiens n'ont pas suivi ce sentiment, puisqu'ils se sont abstenus de représenter sous la forme d'une comète l'étoile qui apparut aux Mages en Orient, disparut près de Jérusalem, ensuite à leur départ de chez Hérode, se montra de nouveau, et les précéda jusqu'au moment de leur arrivée à Bethléem, où elle s'arrêta au-dessus de l'endroit où était l'enfant ". A cette alternative de mouvement et de repos, remarquée avec raison par Grégoire de Nysse', ne peut convenir le cours ordinaire des comètes. Il y en a qui, pour soutenir que l'étoile qui annonça la naissance de l'homme-Dieu, fut une comète, citent le passage de Pline, où il écrit, que la comète devient blanche, avec une chevelure argentée, si éblouissante qu'on peut à peine la regarder, et qu'elle montre sur elle-même avec la forme humaine celle d'un Dieu.

Le savant J. Bartoli, s'attache ensuite à réfuter les raisonnemens de divers auteurs qui s'appuient sur ce passage de Pline, pour prouver l'existence de l'étoile miraculeuse qui apparut aux Mages,

Contre Celse, l. 1, n. 58.

2 Hist. nat., 1. 11, c. 22, n. 3.

& Voir Comment. in Tim., c. VII.

Homil. de human. Christ. generat.

Sum. theol., part. 3, q. 36, art. 5, ad. 3.

S. Matth., 11, 2, et suivantes.

7 Homil. de Christ. nativit.

* Fit et candidus cometes, argenteo crine, ita refulgens, ut vix contueri liceat, specieque humanâ Dei effigiem in se ostendens. Hist. nat., 1. 11, 22, n. 3.

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