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passage qui se trouve à la tête de ce paragraphe. Que ces conservateurs et présidens des jeux et fêtes païens d'un peuple, aux yeux duquel toute la doctrine et la résurrection du Christ n'étaient que des folies, eussent Paul en amitié, c'était une assertion que même un faussaire n'aurait osé produire. Nous ne pouvons pénétrer le voile que l'antiquité a jeté sur ces événemens, mais l'on doit supposer ou que la chrétienté avait des partisans secrets parmi les habitans de l'Asie qui craignaient la foule, ou que, se souciant peu de la vérité de ce que prêchait l'apôtre, ils admiraient son éloquence, désirant beaucoup de protéger un homme qui leur semblait doué de grandes facultés.

CHAP. 26. — SUR LE MAGISTRAT APPELÉ scribe ou jurisconsulte de la VILLE D'ÉPHÈSE.

A la suite de l'émeute dont nous avons parlé dans le chapitre précédent, il est dit dans les Actes, xix, v. 35, qu'un homme harangua le peuple pour l'apaiser. Le mot dont se sert saint Luc est гpaupares, que l'on a rendu dans les différentes traductions par clerc, scribe, chef de la ville. Ce mot doit être différemment interprété, selon les endroits où il se trouve dans la sainte Écriture. Comme de nos jours on emploie le mot homme de loi en parlant de plusieurs fonctions légales, ainsi l'on trouve employé le mot scribe dans le Nouveau et l'Ancien Testament. En sens général et d'après son emploi dans les Evangiles, il signifie sans doute un homme lettré1, ce qui paraît résulter de sa dérivation de paμμara, lettres ou science de livres. Pour indiquer un scribe d'un rang supérieur on se servait de quelque complément, comme par exemple dans les Septantes ou le scribe du roi (ὁ γραμματεὺς τοῦ βασιλέως) est présenté comme un officier confidentiel du monarque juif. Le scribe mentionné ici comme apaisant la clameur de la foule éphésienne, était un personnage de grande importance dans les villes grecques et asiatiques. Il résulte aussi d'une monnaie de Nysa, en Carie, que cette fonction était très-honorable; Tibérius César y

1 Le scholiaste de Thucydide dit que c'était celui qui, dans les assem-, blées, lisait les lettres et décrets publics.

2 11 Rois, XII, 10.

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est appelé scribe de cette ville'. - Le scribe était élu annuellement comme l'archonte ; et sur les monnaies d'Éphèse nous trouvons que la même personne pouvait exercer plusieurs fois cette fonction. Ainsi Cusinius le scribe, dont le nom est porté sur la monnaie ci-dessous, paraît, suivant l'inscription, avoir été nommé quatre fois à cette charge.

La face porte les têtes de Drusus et d'Antonia.

Sur le revers on lit KOYCINIOZ To A, et le nom d'Ephèse EOE, entre les jambes d'un cerf.

Nos 77 et 78.

ROYC

ΝΙΟΣ

A T

Ce Cusinius était le scribe indiqué par une monnaie de Livia citée par Mionnet 2. Sur les monnaies de Neron on trouve le nom de proconsul au lieu de celui de scribe. Mais dans cette circonstance, le nom de clerc de la ville, dont les mesures et la promptitude dispersent la foule éphésienne, doit probablement avoir été

connu.

Le cerf est le type commun des monnaies authonomes d'Éphèse; ce qui est constaté par le sophiste Libanius et par de nombreux exemplaires qui existent encore.

CHAP. 27.-SUR CES MOTS: LA VILLE DES ÉPHÉSIENS ADORE LA GRANDE DÉESSE DIANE.

En s'adressant au peuple le scribe ou magistrat dont nous venons de parler lui dit : « Citoyens d'Éphèse, qui est celui qui ne

4 Froelich, Quatuor Tentamina in re nummaria veteri, in-4°, p. 154. 2 Descript. du cabinet Cousinery, t. 1, p. 93.

3 Voir n. 10. Celui de Scribe reparaît sous Domitien, sur les monnaies duquel nous trouvons le nom de Cæcennius Pœtus. Voir Observations sur les monnaies d'Ephèse sous la domination romaine dans le Numismatic Chronicle, t. IV, art. 12.

4 Εφέσιοις δὲ καὶ τὸ νομίσμα τὴν ἔλαφον ἔφερεν. Orat. ΧΧΧΙΙ.

>>> sache que la ville d'Éphèse adore la grande déesse Diane en» voyée par Jupiter.» (Act., xix, v. 35).

Au lieu du mot adore de notre traduction, le texte dit que la ville d'Éphèse, était la néocore (vEwxópos) de Diane. Ce mot est composé de veus, temple, et xwpew, nettoyer; ce fut en effet sa primitive signification. Dans le cours du tems ce terme devient de la plus haute importance, et on le trouve constamment inscrit sur les monnaies de plusieurs villes. Le grand orgueil des habitans d'Éphèse était celui d'être les néocores de leur déesse Diane; mais dans les jours de leur décadence ils mirent le temple de l'empereur sous la tutelle spéciale de cette idole. Sur une monnaie de Caracalla se trouve quatre temples différens, trois portent la figure d'empereurs et l'autre représente la statue de cette fameuse déesse, avec cette inscription: ΕΦΕΣΙΩΝ ΠΡΩΤΩΝ ACIAC Δ. ΝΕΩΚορων;

(Monnaie) des Éphésiens, les premiers de l'Asie, quatre fois

néocores 1.

Cette épithète peut se voir sur la monnaie que nous publions dans le paragraphe suivant.

CHAP. 28. SUR CES MOTS DU MAGISTRAT D'ÉPHÈSE : LES TRIBUNAUX SONT OUVERTS ET NOUS AVONS DES PROCONSULS (Actes, xix,

38).

Par ce que nous venons de dire du clerc de la ville on a dû voir que son pouvoir était peu étendu; car on voit qu'il en appelle aux tribunaux et aux proconsuls ( Αγοραιοι ἄγονται καὶ ἀνθύπατοι εἰσιν). Il résulte en effet de la monnaie gravée ci-dessous, que l'autorité proconsulaire était parfaitement établie à Éphèse sous le règne de

Néron.

Suivant Eckhel2, Æchmoclès Aviola, proconsul, dont le nom se trouve sur cette monnaie, revêtit les fonctions de consul l'an de Rome 807. Aviola était un surnom donné à la famille consulaire Acilia. Les Turones et les Andecavi furent battus par Acilius Aviola,

1 Voir Observations sur les monnaies d'Ephèse sous la domination romaine dans le Numismat. Chron., t. IV, art. 12.

2 Doct. num. vet., t. I, p. 159.

sous le règne de Tibère 1; le nom d'Aviola se trouve sur des monnaies de Smyrne et de Pergame sous Caligula 2.

La monnaie que nous publions ici porte sur la face la tête couronnée de Néron et l'inscription NERON KAIEAR;

Le revers représente le temple de Diane avec cette inscription: ΕΦ. ΑΙΧΜΟΚΛΗ ΑΟΥΙΟΛΑ ΑΝΘΥΠΑΤΩ ΝΕΩΚΟΡΟΝ, (Monnaie) des Ephésiens Néocores, Achmoclès Aviola, Proconsul.

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CHAP. 29. SUR LE DROIT DE SAINT PAUL D'ÊTRE CITOYEN ROMAIN.

Nous lisons dans les Actes, chap. xxi, v. 35, que lorsque Paul, de retour à Jérusalem, fut arraché des mains du peuple qui voulait le tuer, par la protection du tribun romain, il dit à celui-ci qui lui demandait s'il n'était pas Égyptien: «Je vous assure que je >> suis Juif de Tarse en Cilicie et citoyen de cette ville qui n'est >>> point inconnue. » Puis ayant obtenu de parler au peuple, et celui-ci s'étant soulevé quand il entendit dire à Paul que le Seigneur l'avait envoyé vers les Gentils, et voulant le tuer, le tribun fit conduire Paul à la forteresse et ordonna qu'on le flagellât. Mais quand on l'eut lié, Paul demanda s'il était permis de flageller sans procès un citoyen romain. Alors le tribun vint à Paul et lui fit cette demande : « Dis-moi, est-tu citoyen romain? » - Paul lui dit: «Je le suis. » Et le tribun lui répondit : « J'ai acheté ce > droit-là fort cher. - Et moi, répliqua Paul, je l'ai par droit de Dnaissance.» Act., xxII, 27, 28.

Les monnaies de Tarse témoignent suffisamment de tout ce que dit ici saint Paul; en effet, elles prouvent d'abord qu'elle 1 Voir Tacite, Annales, 1. III, c. 41.

2 Eckhel, Doct. num. vet., t. II, p. 519.

n'était pas une ville commune. Plusieurs lui donnent le titre d'Autonomous et de Metropolis1. Une monnaie de Sévère porte l'inscription:

TAPCΟΥ ΜΗΤΡοπολεως ΤΩΝ ΚΙΛΙΚΙΩΝ ICAYPIA ΚΑΡΙΑ

ΛΥΚΑΟΝΙΑ.

(Monnaie) de Tarse, métropole de Cilicie, Isaurie, Carie et Lycaonie.

Une autre de Caracalla porte:

KOINOΣ ΤΩΝ ΤΡΙΩΝ ΕΠΑΡΧΙΩΝ.

La communauté des trois provinces.

Une troisième mentionne le site de la ville sur le bord de la rivière Cydnus :

ΤΑΡΣΕΩΝ ΤΩΝ ΠΡΟΣ ΚΥΔΝ.

Mais la monnaie suivante de Caracalla explique bien les paroles de saint Paul:

No 79 et 80.

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Elle porte sur la face la tête couronnée de l'empereur et l'inscription:

AYT. K. M. AYP. CEYHPOC ANTONEINOC C. L'empereur César, Marc-Aurèle, Sévère, Antonin, Auguste.. Revers: ΚΟΙΝΟΒΟΥΛΙΟΝ ΕΛΕΥΘ. TAPCE ως. Les conseils réunis de Tarse libre.

Eckhel cite un passage de Dion Chrysostome établissant l'unanimité des trois conseils ou assemblées, c'est-à-dire du Anuos, de Bouλn, et de la Fepovata. Il fait aussi des remarques sur le type particulier de Minerve, qui paraît jeter dans une urne le vote unanime des trois conseils 2.

1 Les lettres A. M. B. se trouvent quelquefois sur la monnaie de Tarse et s'expliquent par: Prima sola Cilicia.

a Doct. num. vet., t. III, p. 73.

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