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La première de ces directions aurait embrassé les côtes S. et 0. de l'Asie-Mineure, les rivages voisins de la Thrace et les îles jetées sur toutes ces côtes, à commencer par l'île de Chypre. En Cilicie, des colonies phéniciennes se seraient établies au milieu d'une tribu cananéenne venue antérieurement dans ce pays. Il y aurait peu de vestiges sur le prolongement ultérieur des côtes de l'Asie-Mineure; mais ces vestiges seraient très-sensibles chez les Cariens, tribu cananéenne, fondue plus tard avec les Lélèges et les Pélasges de la famille de Japhet, sur les côtes occidentales et septentrionales de l'Asie-Mineure, dans la Bithynie et dans la Thrace. De là, l'influence phénicienne serait entrée par le nord jusqu'au cœur de la Grèce.

Voici quelle serait, toujours d'après Movers, la seconde direction suivie par les émigrations phéniciennes ou cananéennes. Parties des côtes de la Syrie ou de celles de l'Asie-Mineure, elles Thogerma (la Cappadoce), de chevaux et de mulets; Dedan, d'ivoire, d'ébène, et de housses pour chevaux et pour chars. Les Syriens fréquentent tes foires avec des émeraudes, des coraux, des rubis, de la pourpre, des toiles ouvrées, du lin, du coton (sericum), et toute autre marchandise de prix. Juda et Israël t'offrent blé, baume, miel, huile et résine. Damas, ses vins et ses laines aux vives couleurs; Dan, les fils vagabonds de Yavan (les Grecs) et Mosel, le fer poli, la casse, la canne adorante; les Arabes et les princes de Cédar, devenus tes ennemis, des agneaux, des béliers, des chevreaux; Saba et Rema, des parfums, des pierres précieuses, de l'or. Haran, Chené, Eden, Saba, Assur, Chelmad, venaient avec des balles d'hyacinthe et des masses d'ouvrages en broderies, de meubles coûteux et de bois de cèdre. Tes rameurs t'ont portée dans bien des eaux; mais le vent du midi t'a brisée au milieu de la mer : tes flottes trembleront aux cris de tes animaux. Par le savoir et par la prudence, tu as acquis la force et de l'or et de l'argent dans tes coffres; par ta grande habileté et par tes trafics, tu as multiplié ta puissance, et ton cœur s'est gonflé; pour cela, le Seigneur a dit : Tu mourras de la main des étrangers... » Ezéchiel, c. xxvii. On sait qu'Ezéchiel prophétisait vers l'an 595 av. J.-C. On voit done qu'au 6° siècle avant notre ère, Tyr, par son commerce, embrassait, depuis longtems, une multitude de peuples. On voit aussi comment s'évanouissent les puissances de la terre. Un jour, leur cœur se gonfle la richesse les a perverties, et Dieu porte contre elles l'arrêt de mort! Puisse cet enseignement n'être pas pour la France!

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auraient envahi les îles de Rhodes, de Crète, de Cythère, puis elles auraient pénétré dans le Péloponèse. Movers pense qu'il faut voir des Cananéens, c'est-à-dire des Phéniciens et des Philistins, dans les barbares repoussés par Minos, de la Crète dans la Carie, la Lycie, la Syrie, la Palestine et même l'Afrique '.

Reste la troisième des émigrations dont nous avons à parler. Composée de tribus phéniciennes, cananéennes, arabes, parties de la Palestine et des pays voisins, elle se serait portée en Egypte, puis répandue le long de la côte septentrionale de l'Afrique, dans plusieurs îles et sur plusieurs points des côtes méridionales de l'Europe. « Ce sont, en effet, des nomades de cette race que >> M. Movers voit dans les fameux Hycsos, dans ces pasteurs dont les >> rois forment les 15, 16° et 17° dynasties de Manéthon, qui firent » de Memphis la capitale de leur empire, et qui dominèrent pendant » plus de 500 ans sur l'Egypte, en totalité ou en partie. »

Dans le système de Movers, ces tribus phéniciennes ou cananéennes séjournèrent dans la Basse-Egypte jusque vers 1600 ans avant J.-C. Alors elles furent forcées de se disperser en diverses contrées. Les unes auraient porté dans la Grèce Pélasgique des élémens de civilisation; - les autres, prenant leur route par terre, « se seraient répandues de proche en proche sur toute la côte de » Lybie, où, se mêlant aux indigènes et faisant prévaloir leur langue, >> ils seraient devenus les Numides et les Mauritaniens 2. »

Si le système de M. Movers, relatif aux émigrations phéniciennes n'est pas inattaquable sur tous les points, il est au moins certain qu'on ne peut nier la présence, quelquefois le séjour prolongé, et toujours l'influence de ce peuple dans les lieux où il nous

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1 Des liens nombreux rattachent la Crète à la Phénicie et à la Palestine. Ainsi le mythe de la phénicienne Europe, — le Minotaure dévorant des enfans, — le géant d'airain Talos parcourant, trois fois par jour la Crète et consumant dans ses étreintes brûlantes les étrangers qui abordent sur ses rivages, sont des symboles communs à la Crète, aux Cananéens et aux Carthaginois. Le Rhadamantys de la légende Crète existe sous ce nom même en Egypte, sous celui de Mouth en Phénicie. Nous le trouverons chez les Etrusques sous celui de Mantus. V. Guigniaut, Ibid., p. 834. 2 Voy. Guigniaut, Ibid., p. 826-36.

IVa SÉRIE. TOME 1. --No 5; 1850. (40° vol. de la coll.).

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l'a montré. On conçoit alors quel vaste réseau de communications embrassait toutes les nations de l'antiquité.

Résumons cette première partie de nos recherches, et disons avec M. Guigniaut : « Une circulation générale, et comme un cou>> rant de tribus et de cultes s'était formé de bonne heure entre les » deux extrémités du monde sémitique, et avait pris sa direction » d'est en ouest, des pays du Tigre et de l'Euphrate vers les bords » de la Méditerranée, et du golfe persique au golfe arabique, avec >> les migrations des Cananéens ou Phéniciens, des Hébreux, des » Ammonites, des Moabites et des Edomites. » L'Inde, la Chine, l'Ethiopie, l'Egypte avaient aussi cédé à la force du courant qui tendait à rapprocher toutes les nations. « De là, cette communauté » d'idées et de formes religieuses, de noms divins, de symboles et de >> rites qu'on observe entre ces peuples, quelque distantes que soient » leurs demeures 1. >>

Nous avons à rechercher maintenant quelle place les Etrusques occupèrent dans ce mouvement de l'humanité antique.

L'abbé V. HUBERT-DUPERRON.

Licencié ès-lettres.

Guigniaut, Ibid., p. 838.

SUR UNE THÈSE THÉOLOGIQUE SOUtenue par M. L'ABBÉ MARET. 359

Méthode philosophique.

SUR UNE

THÈSE THÉOLOGIQUE

SOUTENUE EN SORBONNE,

PAR

M. L'ABBÉ MARET,

POUR SA NOMINATION AU GRADE DE DOCTEUR EN THEOLOGIE.

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Comme nous terminions la réponse à M. Freppel', une main amie nous a transmis la thèse soutenue par M. l'abbé Maret, le 25 mars dernier, devant la faculté de théologie, pour sa nomination au grade de docteur en théologie. C'est une pièce assez curieuse non annoncée par le journal de la librairie; elle a pour titre : Universitas gallicana. - Academia parisiensis. — Theologiæ facultas. THESES PRO DOCTORATU2. Elle renferme 4 pages et demie. Il nous serait difficile de dire le point précis exposé ou défendu dans cette thèse; la rédaction même n'est pas de l'auteur. En effet, M. l'abbé Maret s'est borné à extraire des Écritures une suite de citations, offrant un ensemble de la doctrine chrétienne. Mais comme dans le choix il a formulé ses idées sur la méthode théologique à suivre pour arriver à la connaissance de Dieu, nous sommes assuré que nos lecteurs liront avec plaisir la méthode qu'il leur conseille. - D'ailleurs ceci vient complètement à point pour éclaircir notre discussion avec M. l'abbé Freppel. Notez qu'il ne s'agit pas ici de la philosophie, mais de la théologie. Nous allons donc voir comment ou arrive à la connaissance théologique de Dieu, dans l'enseignement de la faculté de théologie de Paris, en l'an de grâce 1850. On verra aussi combien la méthode de M. Maret est différente de celle que veut lui attribuer M. l'abbé Freppel 3.

1 Voir ci-dessus, p. 344.

2 Paris, imprimerie Bailly, 1850.

3 La personne qui nous transmet cette pièce nous demande notre avis

1. Thèse pour le doctorat soutenue par M. l'abbé Maret, le 25 mars 1850.

I.

« Dieu existe : les cieux racontent sa gloire et le firmament an>> nonce les ouvrages de ses mains. Car les choses invisibles de » Dieu, depuis la création du monde, comprises par ses ouvrages, » sont devenues visibles, surtout sa vertu éternelle et sa divinité » (v. 20); parce que ce qui est connaissable de Dieu est manifeste » à l'homme. Car Dieu le lui a manifesté (v. 19) 1. »

II.

« Dieu créa l'homme; le corps ayant été formé de la terre, Dieu » souffle sur sa face un souffle de vie; il le fit à son image et res>> semblance. Il créa de lui un aide semblable à lui, il leur >> donna le conseil, la langue, les yeux, les oreilles et le cœur pour » penser, et il les remplit de la discipline de l'intelligence. - II » leur créa la science de l'esprit, remplit leur cœur de sens, et il » leur montra les choses mauvaises et les choses bonnes. Il posa » son œil sur leur cœur pour leur niontrer la magnificence de ses >> ouvrages2.>>

sur la latinité des phrases suivantes : Multi magis gratiâ Dei, et donum in gratiâ unius hominis Jesu-Christi in plures abundavit. — Qui docet nos omnem veritatem et SUGGERAT quæcumque mandavit Dominus.— Venit Christus ut societatem habeamus nobiscum; nous répondons que, d'abord, nous n'avions pas compris ce latin; mais en y réfléchissant un peu, nous en avons compris la raison. Que notre questionneur fasse comme nous. 1 Existit Deus: cœli enarrant gloriam ejus, et opera manuum ejus annuntiat firmamentum (Psau. xviii, 2). Invisibilia enim ipsius, à creaturâ mundi, per ea quæ facta sunt, intellecta, conspiciuntur; sempiterna quoque ejus virtus et divinitas. · Quia quod notum est Dei, manifestum est homini, Deus enim illi manifestavit (Rom., 1, 20, 19).

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2 Deus hominem creat. Ex humo corpore formato, Deus insufflat in faciem ejus spiraculum vitæ. Ad imaginem et similitudinem suam fecit illum (Gen., II, 13). - 5. Creavit ex ipso adjutorium simile sibi consilium, et linguam, et oculos, et aures, et cor dedit illis excogitandi, et disciplinâ intellectûs replevit illos. - 6. Creavit illis scientiam spiritûs; sensu implevit cor illorum; et mala et bona ostendit illis. 7. Posuit oculum suum super corda illorum, ostendere illis magnalia operum suorum (Eccli., XVII, 5-7).

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