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de Sennaar, s'en vont par le monde, emportant tous des connaissances, des enseignemens et des préceptes puisés à la même source. On les voit se grouper autour de certains chefs, jeter sur des points divers les fondemens d'un empire que leurs descendans travailleront à étendre; au sol qu'ils occupent, ils impriment un cachet qui leur est propre, et qui ne s'effacera jamais entièrement. Ainsi la civilisation s'est répandue avec les traditions primitives sur toute terre habitable.

Le plus illustre et un des plus actifs de ces peuples voyageurs, c'est le Peuple de Dieu. Qu'on se rappelle sa position dans l'ancien monde.

<< Il était, dit Leland, dans une situation avantageuse pour être » vu et observé, pour répandre autour de lui la connaissance de » sa religion et de ses lois. Il se trouvait placé au centre de l'uni>> vers connu, entre l'Égypte et l'Arabie d'un côté, la Syrie, » la Chaldée et l'Assyrie de l'autre, là où les premières monar>> chies s'étaient élevées, et d'où la science et les arts se répandirent » en Occident. Il était aussi dans le voisinage de Tyr et de Sidon, >> ces ports fameux de l'univers, dont les navigateurs et les mar» chands parcouraient toutes les plages et toutes les contrées du >> monde connu, et allaient former des colonies dans les pays les >> plus éloignés 1. »

On sait assez que le peuple de Dieu ne resta pas immobile dans ces centres de la civilisation antique. Ses pérégrinations commencent avec Abraham. Ce patriarche, élu pour être le prédicateur des nations, le propagateur des traditions primitives, le père des croyans, la souche d'où sortira le Messie, passe de la Chaldée 2 en Mésopotamie, remporte des victoires sur les rois d'Élasar, d'Elam, de Goïm, se rencontre avec Melchisedech, roi de Salem, descend

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▲ Leland, Démonstr. évang., 1" part., c. 19, § 2; dans les Démonstrations de Migne, t. vit, col. 985.

2 M. Loftus vient de découvrir les ruines de l'ancienne Ur, patrie d'Abraham. Ainsi, tous les pas que la science fait en Orient sont une démonstration vivante et progressive en faveur des récits de Moïse. Voir Annales, numéro précédent, ci-dessus, p. 323.

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en Égypte, où le pousse la famine 2. Depuis Abraham, «< l'histoire >> des rois d'Egypte est intimement liée aux narrations de la Bible; » elles se prêtent un secours mutuel, et concourent par leur té» moignage à la manifestation de la vérité de l'histoire générale 3.. Il suffit de se rappeler Joseph et la caravane d'Ismaëlites qui l'achète et le vend à Putiphar, Pharaon qui le fait son viceroi, — la famine qui conduit en Egypte Jacob et ses fils, — leur établissement dans la terre de Gessen, - la longue oppression, les rudes travaux, et enfin la délivrance de leurs descendans. Moïse mort, les Hébreux une fois entrés dans la terre promise, leurs relations avec les autres peuples se multiplient et s'étendent avec Josué, les Juges, David, Salomon et les Prophètes. Ils se trouvent, comme on l'a dit, sur toutes les grandes routes de l'humanité, vainqueurs ou vaincus, captifs ou jouissant de la liberté, mais conservant toujours et propageant les traditions primitives 5.

«Le peuple Hébreu, illustre branche de la grande famille arabe, n'habitait pas loin de l'Égypte. Encore à l'état de pasteurs, soumis au gouvernement patriarchal, à l'autorité de l'ancien, campant sous la tente, dans de gras pâturages, avec leurs troupeaux, les Hébreux connaissaient les richesses de l'Égypte, et ne semblaient pas lui porter envie. Ils s'unissaient en mariage avec les Égyptiens; Agar, femme d'Abraham, était née en Égypte, et elle choisit, pour l'épouse de son fils, une autre femme de la même nation. Ils y descendaient quand la famine frappait leur pays. La famine у conduisit Abraham, âgé de 75 ans, et cet événement, le plus ancien que la Bible mentionne à l'égard de l'Égypte, se passa sous un roi de la 16 dynastie. » Champollion-Figéac, l'Égypte ancienne, p. 293, dans l'Univers pittoresque de Didot.

L'Égypte a toujours été célèbre pour sa fertilité. Elle était, dans les tems de disette, la ressource des pays circonvoisins. Mais comme ses premiers habitans avaient pris en horreur la navigation, elle n'exportait pas elle-même ses produits. Les peuples étrangers devaient donc aller les chercher dans son sein. V. Goguet, de l'Origine des lois, des arts et des sciences, 1 part., l. iv, c. 2.

3 Champollion-Figéac, ibid., p. 18.

"Goguet fait observer avec raison que le trafic de ces Ismaëlites suppose nécessairement un commerce réglé et suivi depuis quelque tems. Ibid., 1" part., I. iv, c. 1.

5 Vers le tems de Salomon, ces traditions et les prophéties furent par

Au reste, l'Egypte, pendant ces tems reculés, ne s'était pas ouverte seulement pour le peuple hébreu : il y avait entre elle et les nations civilisées de l'ancien monde des rapports fréquens ét profonds. Les monumens élevés sur son sol, il y a quelques mille ans, ne permettent pas le plus léger doute sur ce point. - « Dans » le tombeau des rois, à Biban-el--Molouck, près de Thèbes, on » retrouve, dit Champollion-Figéac, la représentation de diverses » races d'hommes qui furent connues des Egyptiens. Il faut con>> clure de l'exactitude de ces représentations, quiremontentau moins » au 46° siècle avant l'ère chrétienne, qu'à cette époque l'Egypte >> connaissait très bien l'ancien continent, les races diverses qui » habitaient l'Europe, l'Afrique et l'Asie, et les peuples principaux » de ces deux dernières contrées. De longues guerres avaient mis » en contact l'Egypte avec l'intérieur de l'Afrique2; » aussi, tout répandues par les prosélytes qui venaient de tous les pays se faire initier aux mystères des Juifs. Dans le dénombrement qui eut lieu sous ce prince, on trouva, dans la terre d'Israël, 153, 600 prosélytes. 11 Paralipom., 11, 17. V. Leland, Ubi supr.

↑ «ll existait des relations entre les divers peuples de l'Orient et surtout entre ceux de l'Inde, de la Perse et de l'Égypte. » Description de l'Égypte, etc., pendant l'expédition de l'armée française. Antiq., t. 1, préface hist., p. 15. Voyez aussi Mém. de la soc. asiat. de Calcutta, discours préliminaire du présid. W. Jones.

2 « En Afrique, les souvenirs de l'empire de Méroé remontent audelà du 17° siècle avant l'ère chrétienne. Les monumens de style égyptien et de la domination royale égyptienne jalonnent encore en Ethiopie un espace de 400 lieues, en remontant du Nil au midi de la cataracte de Syène. Dans le sanctuaire de Semné, au sud de la seconde cataracte, le roi Osortasen, le 3o de la 17a dynastie égyptienne, est adoré comme un dieu. Les noms d'Amosis, le 6o roi de la même dynastie, et le prédécesseur immédiat de la 18o, sont inscrits dans les bas-reliefs religieux du même temple. Ce fut Thouthmosis III, le Mœris de cette même 18° dynastie, qui consacra ce temple au dieu Nil et au roi Osortasen, l'un de ses ancêtres divinisé. Ce même Thouthmosis éleva d'autres édifices royaux et sacrés à Contra-Semné, à Amada, autres lieux de la Nubie; et ces témoignages historiques nous disent assez l'état avancé de l'Ethiopie et de l'Égypte dans une civilisation analogue, qui fit Thèbes d'abord rivale et ensuite héritière de Méroé. » Champollion-Figéac, Ibid., p. 85.

distingue-t-on sur les monumens égyptiens plusieurs espèces de nègres, différant entre elles par les traits principaux que les voyageurs modernes ont aussi indiqués comme des dissemblances, soit à l'égard du teint, qui fait les nègres noirs ou les nègres cuivrés, soit à l'égard d'autres formes non moins caractéristiques. D'autres guerres avaient poussé les Egyptiens en Arabie et contre le grand empire d'Assyrie; les Arabes, les Assyriens, les Mèdes doivent donc se trouver figurés sur les monumens égyptiens; ils y sont en effet. Les Indiens y paraissent non moins fréquemment', parce que l'Egypte guerroya avec les Indiens, et sur terre et sur mer. Elle connut aussi les Ioniens, et par conséquent, la race grecque; on les retrouve, en effet, dans les peintures de simple ornement, exactement tels que les plus anciens vases grecs nous les font connaître, avec l'antique chlamyde, le carquois sur l'épaule, l'arc d'une main et la massue de l'autre, ou bien la lyre en main dans les scènes domestiques. Enfin, la race blonde de l'Europe fut également connue et figurée par les Egyptiens des tems antérieurs à la guerre de Troie, et leur costume n'annonçait pas, pour ces tems reculés et chez les Européens, de grands pas dans la carrière de la civilisation: ils étaient encore couverts de peaux avec le poil, et tatoués pour toute parure.

« Telle était la science ethnographique de l'Egypte, dans les »tems primitifs de l'histoire écrite, et pour une époque certaine, >> intermédiaire entre Abraham et Moïse. Ce sont les tombeaux >> royaux de cette époque qui ont fourni les élémens de cette cu>> rieuse et importante observation2.»

1 « Dès le règne de la 18o dynastie, les Égyptiens combattent sur terre et sur mer contre des peuples Indiens; les armes et l'attirail militaire sont semblables des deux côtés; les bois et les métaux, artistement travaillés, s'y montrent sous mille formes diverses; les chevaux et d'autres animaux y sont dans la domesticité de l'homme; des chars de guerre, de riches costumes, des villes fortifiées, des ponts jetés sur des rivières dans le pays où la victoire a conduit l'armée et la flotte de Pharaon, annoncent, dans le pays occupé par ces Indiens, toutes les ressources d'une civilisation non moins avancée que celle de l'Égypte. » Champollion-Figéac, Égypte anc., p. 85.

2 Champollion-Figéac, Égypte ancienne, p. 29-30.

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Ces rapports de l'Egyte avec les peuples de l'ancien monde s'établirent de plusieurs manières. Champollion-Figéac vient de nous parler de ses guerres. On ne doit pas oublier que beaucoup furent purement défensives: elle avait à lutter pour repousser les efforts des tribus nomades et des nations voisines, que ses richesses et sa fertilité armaient contre elle'. Il lui fallut cependant subir plusieurs invasions. Plus de vingt siècles avant l'ère chrétienne, des barbares, venus de l'Orient, fondirent sur elle comme un torrent, et s'y établirent pour trois siècles 2. Sous le dernier roi de la 18e dynastie, une nouvelle invasion eut lieu. Les pasteurs, ou barbares, forcèrent ce prince de se retirer en Éthiopie; mais, après 13 ans, Séthos, le fondateur de la 19 dynastie, les repoussa vers la Syrie. On ajoute que le vainqueur réunit ensuite de grandes forces de terre et de mer; qu'il se dirigea vers l'île de Chypre, attaqua la Phénicie, les Assyriens, les Mèdes, et porta même ses armes contre les nations de l'orient3. Plus tard, sous Sabacon, fondateur de la 25 dynastie, les Éthiopiens envahirent encore l'Egypte ".

Toutefois, elle eut aussi des hommes qui, saisis par le génie des conquêtes, la lancèrent sur le monde et le parcoururent avec elle en triomphateurs. Ainsi, Sésostris, « parvenu au trône d'Egypte, >> convoita celui de la terre habitable". » Les historiens grecs et les monumens égyptiens nous parlent de ses victoires en Asie, en Afrique, en Europe, sur les Syriens et les Ioniens, sur les Éthiopiens, les Arabes, les Scythes et les Bactres. Cent ans environ après sa mort, des colonies égyptiennes partaient pour la Grèce et lui portaient des élémens de civilisation'. Sésostris est célèbre

p. 147.

1 Ibid.,
2 Ibid., p. 147.

3 Ibid.,
4 Ibid., P.

5 Ibid.,

p.

345.

363.

332.

p.

6 On a voulu élever des doutes sur les victoires de Sésostris ; mais les découvertes des voyageurs modernes ont renversé toutes les attaques du scepticisme. V. Champollion-Figéac, Ibid., p. 161.

7 V. Heeren, du Commerce et de la Politique des peuples de l'antiquité, t. VII, traduction fr.

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