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39. Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : « L'homme qui pratique la vertu est semblable à celui qui mange du miel; le miel, soit au dedans, soit au dehors, est plein de douceur. Il en est ainsi de mes prières : leur vérité est très-savoureuse; celui qui marche entrera dans la voie. »

40.

Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : « L'homme qui, en pratiquant la vertu, s'applique à extirper la racine de ses passions, est semblale à celui qui déroule entre ses doigts les perles d'un chapelet; s'il va les prenant une à une, il arrive facilement au terme; en extirpant un à un ses mauvais penchants, on obtient la perfection (L). »

41. Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : «Le Charmana qui pratique la vertu doit se regarder comme le bœuf à long poil1, qui, chargé de bagages, chemine au milieu d'un profond bourbier; harassé de fatigue, il n'ose regarder ni à droite, ni à gauche, espérant toujours sortir de la boue et arriver au lieu du repos. Le Charmana qui regarde ses passions comme plus terribles que cette boue, s'il ne détourne jamais les yeux de la vertu, obtiendra l'exemption de tout chagrin. »

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42.

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Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : « Je regarde la dignité des rois et des princes comme des gouttes d'eau aux fissures des montagnes. Je regarde les monceaux d'or et les pierres précieuses comme de la brique et des pierres. Je regarde les habits de soie et de taffetas comme de vieux haillons. Je regarde les 10,000 grands mondes comme autant de grains de moutarde. Je regarde l'eau des 4 mers comme l'eau dont on se sert pour laver les pieds. - Je regarde la prudence et ses moyens comme un navire rempli de trésors. regarde l'étude des grandes prières comme l'or et la soie présagés

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Je

(L) On croirait encore lire un de nos livres d'exercices de la vie spirituelle. Saint Ignace, saint François de Sales, parlent presque dans les mêmes termes.

1 L'yak, animal très-commun dans le Tibet. Il y est à l'état domestique; il fournit d'excellent lait; la viande en est préférable à celle du bœuf ordinaire. Boeuf à long poil est le nom que lui donnent les Chinois.

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dans les songes. Je regarde l'étude de la doctrine de Bouddha comme une fleur qui est devant les yeux. Je regarde les contemplations extatiques comme une colonne aussi ferme que la montagne Soumiry. - Je regarde la poursuite du Nirvan1 comme une veille pendant le jour et pendant la nuit. - Je regarde la rectitude et la fourberie comme un bal de six dragons. Je regarde la classe des gens paisibles et tranquilles comme un champ où germent les vérités. Je regarde les mutations de la fortune. comme l'arbre des quatre saisons (M). »

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Les Biktcho ayant entendu les enseignemens que Bouddha venait de prononcer, tous, pleins de joie, se mirent à sa suite.

EXTRAIT DES ANNALES CHINOIses sur la veNUE D'UN SAINT EN OCCIDENT. La 24e année du roi Tcheou-tchao, qui est celle du tigre vert, 1e 8o jour de la 4o lune, une lumière, apparaissant au sud-ouest, illumina le palais du roi. Le roi, voyant cette splendeur, interrogea les sages habiles à prédire l'avenir; ces sages lui présentèrent les annales, où il était écrit que cela présageait que, du côté de l'occident, apparaîtrait un grand SAINT, et que 1,000 ans après sa naissance, sa religion se répandrait dans ces lieux (N).

(M) Après plusieurs sentences très-belles sur la vanité des choses de ce monde, on remarquera le principe de l'illuminisme et du panthéisme posé dans la contemplation extatique, et dans les vérités qui sont en germe dans notre âme. Ce sont les principes du panthéisme allemand et de l'éclectisme français. La philosophie n'a pas fait un pas depuis cette époque. Pourquoi faut-il que ces principes se trouvent exprimés ou sousentendus dans nos philosophies catholiques?

(N) Ce roi est Tchao-vang, de la dynastie des Tcheou. La 24o année de son règne correspond à la 1028 avant J.-C.; c'est l'époque précise de la naissance de Salomon. Il y a une chose essentielle à observer dans ce récit, c'est qu'il y avait un livre des Annales où était consignée la promesse qu'une étoile, ou lumière, apparaîtrait lors de la naissance du SAINT. 11 faut se rappeler encore que Balaam avait dit, environ 400 ans auparavant, une étoile sortira de Jacob. Il ne faut donc pas tant s'étonner que les mages de la Perse attendissent cette étoile, qui les conduisit au berceau de Jésus.

1 Le Nirvan est l'apothéose bouddhique, et non pas le nihilisme, comme l'ont cru plusieurs savans.

La 53° année du règne de Mou-wang, qui est celle du singe noir, le 15 jour de la 2 lune, Bouddha s'incarna (0).

1013 ans après, sous la dynastie des Han-ning, la 7o année du règne Young-ping, le 15o jour de la 1ere lune, le roi vit en songe un homme de couleur d'or, resplendissant comme le soleil, et dont la stature s'élevait à plus de 10 pieds. Etant entré dans le palais du roi, cet homme dit : « Ma religion s'étendra dans ces lieux, »>

Le lendemain, le roi interrogea les sages; l'un d'eux, nommé Fou-y, ouvrant les annales du tems du roi Tcheou-tchao, déclara les rapports qui existaient entre le songe du roi et ces annales. Le roi, consultant tous les anciens livres, ayant trouvé le passage qui correspondait au tems de Tcheou-tchao, fut plein d'allégresse (P). Alors il envoya le prince Tsoung (son frère) avec dix huit hommes chercher dans l'occident la religion de Bouddha. Dès leur arrivée dans le royaume appelé You-che, ils rencontrèrent deux hommes înitiés à la théogonie de Bouddha : l'un s'appelait Arahoun, et l'autre Banchita; ils portaient sur un cheval blanc une image peinte de Bouddha, le recueil des 42 points d'enseignement de ce saint, ses prières grandes et petites, et enfin un ossement de Bouddha, le tout contenu dans un vase d'argile (Q).

(0) Cet événement est postérieur à celui qui précède de 80 ans, et correspond à l'an 948 avant J.-C., à peu près à la mort de Jéroboam. Est-ce que ce Bouddha, ou sage, serait le roi Salomon? On sait que les années varient selon les divers textes de la Bible; celui que nous adoptons est celui de D. Calmet.

(P) Cette année 1013 correspond à la 7o du règne de Ming-ti, c'est-àdire à la 67o (ou 64) après J.-C. C'est encore une chose curieuse à noter qu'à cet intervalle les Annales et les anciens livres eussent conservé mention de cette prophétie. Le Chou-king actuel, le Tchong-yong, et quelques autres livres, font bien mention du saint qui devait naître, mais ne préeisent pas ainsi le nombre des années. Il devait y avoir donc d'autres livres ou d'autres détails dans les chapitres supprimés du Chou-king.

(Q) Le prince Tsoung était le frère du roi Ming-ti. Infatué de divination et du breuvage d'immortalité, il conspira contre son frère qui le fit mettre à mort. Le royaume de You-che, ou Yue-chi, était l'un des royaumes du Si-yu, c'est-à-dire d'occident. Les livres chinois donnent ce

Le prince Tsoung s'en alla avec eux; et la 10° année du règne Young-ping, le 30 jour de la 12 lune, ils arrivèrent à la ville de Lo-yang; ensuite, 6 ans après, ces deux personnages, Arahoun et Banchita, endoctrinèrent les Tao-sse et en firent leurs partisans; s'élevant ensuite dans l'espace, ils firent entendre au roi les vers suivants :

« Le renard n'est pas de la race des lions ; la lampe n'a la clarté >> ni du soleil, ni de la lune ; le lac ne peut pas se comparer à la » mer; les collines ne peuvent pas se comparer aux montagnes » élevées... Le nuage des prières se dilatant sur toute la surface de » la terre, leur rosée bienfaitrice fécondant les germes du bonheur, » et les rites divins opérant partout de merveilleux changemens, >> tous les peuples marcheront dans les lois de la réhabilitation (R).»

APPENDICE.

Or, ce livre, dont on vient de voir l'origine, n'existait pas autrefois dans la littérature tibétaine; d'après l'ordre de Kien-long, il a été traduit du chinois dans la langue mandchoue, ensuite traduit en langue tibétaine par les deux docteurs Sobka Cheriyedouze et Tikiynirigatamby; il a été ensuite traduit en mongol par Rabimba biyadzeiouda. Un bienfaiteur nommé Hou-lin, plein de dévotion pour la religion de Bouddha, désirant faire prospérer et grandir

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nom à l'Empire romain et à la Judée, mais est-ce bien celui désigné ici? On ne saurait le décider. M. Pauthier, citant Matouanlin, dit qu'il s'agit ici du Thian-tchou ou de l'Inde. Tout cela est à revérifier encore, en traduisant les originaux mêmes et surtout les Traités de géographie étrangère, si nombreux et non encore traduits. M. Pauthier nie en outre que cette prophétie se rapporte au saint qui devait venir, et demande de nouveaux renseignemens puisés dans les livres. En voici qui précèdent le Chou-king actuel, remanié au 6o siècle avant J.-C.; il est bien difficile de nier cette attente générale. Nous prions nos lecteurs de se reporter aux documens beaucoup plus détaillés que nous avons donnés sur ce fait dans notre tome xix, p. 33 (2a série).

(R) Nous ne sommes pas étonnés que cette doctrine de Bouddha se soit amalgamée avec celle des Tao-ssé, ces chercheurs du breuvage d'immortalité. A. BONNETTY.

sa sainte doctrine, offrit de l'argent et mit ses soins à faire imprimer ce livre en quatre langues en regard. Ce religieux travail, il le dédie aux hommes sages et illustres en vertu et piété. La religion de Bouddha, véritable trésor, ira, dans tous les âges, se dilatant et éteignant partout dans le monde les guerres, les maladies et les famines.... Puissent les chefs et les peuples parvenir promptement au rang inaccessible de Badi.»

Cette traduction a été commencée à Lassa, au mois de février 1846, continuée en route, et terminée dans le Hou-pé à Kichuyhien, le 19 août.

GABET et Huc, Missionnaires Lazaristes.

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