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19.

Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : « L'homme qui met sa volupté et sa passion à rechercher un nom, est semblable à un parfum qui brûle, tandis que tous les hommes respirent son odeur; il ne peut s'exhaler qu'en se consumant luimême. La fausse gloire des insensés, qui recherchent les flatteries, sans se mettre en peine de la vérité, ne les délivre pas, malgré leur repentir, des peines de ce nom illustre qu'il ont acquis et qui fait leur tourment (S). »

20. Bouddha, manisfestant sa doctrine, prononça ces mots : « L'homme qui convoite les richesses est semblable à un jeune enfant qui, avec la pointe d'un couteau acéré, veut goûter du miel : sans avoir eu le tems de savourer ce qui n'a fait qu'effleurer ses lèvres, il ne lui reste plus que les cuisantes douleurs d'une incision à la langue (T). »

21.

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Bouddha, manifestant sa doctrine; prononça ces mots : « Les tourments de l'homme, entravé dans la famille par une femme et des enfants, sont plus terribles que les chaînes de fer qui tiennent un homme, pieds et poings liés, dans l'intérieur d'une prison: quoiqu'il soit gardé à vue, encore y a-t-il pour lui un jour de délivrance. L'homme qui s'est passionné pour sa femme et ses enfants, bien qu'il en ait éprouvé des tourments semblables à la morsure du tigre, parce qu'il s'est mis lui-même dans ces tortures, jamais pour lui ne se lèvera le jour de délivrance (U). »

monde, si les bouddhistes ne prenaient pas au pied de la lettre le mot que tout n'est qu'illusion, qu'il n'existe rien de réel, que nous ne sommes qu'un songe de Brahma, et que cet univers n'est qu'une grande maya, ou illusion.

(S) Ce précepte serait tout à fait évangélique si l'on ne proclamait pas que même le repentir ne délivre pas des fautes du péché; car, notez qu'il ne s'agit pas de l'autre monde.

(T) Très-belle sentence exprimée par une image juste et ingénieuse. (U) C'est ici un des préceptes où l'on reconnaît le plus la fausseté de la doctrine bouddhique. Il y suppose que l'état le plus naturel, c'est-àdire l'état même où Dieu a voulu placer l'homme, est un obstacle insurmontable à la délivrance. On dirait que tous les souvenirs, tous les

22.

Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : << Il n'y a pas de passion plus violente que la volupté; rien ne va au delà de la volupté. Par bonheur, il n'y a qu'une seule passion de ce genre, car, s'il y en avait deux, en tout l'univers, pas un seul homme qui pût suivre la vérité (V). »

23. Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : «Les hommes qui nourrissent leurs passions sont comme si, prenant une torche à la main, ils marchaient contre le vent; si les insensés ne rejettent pas cette torche, leur main ressentira certai– nement les brûlantes atteintes de la flamme. L'homme qui se laisse tyranniser par l'impudicité, la colère et la stupidité, s'il ne se hâte d'en neutraliser le poison par la vertu, il est certainement semblable à l'insensé qui, tenant une torche à la maiu, ressent les brûlantes atteintes de la flamme. >>

24. En ce tems-là un esprit céleste présenta une belle fille à Bouddha, dans le dessein de tenter son cœur et d'éprouver sa vertu, Bouddha prononça ces mots : « Sac de peau, rempli de

instincts, y sont oubliés ou sacrifiés. On a oublié le précepte primitif : « Croissez et multipliez, l'homme et la femme seront deux dans une seule >> chair 1. » Je ne voudrais pas d'autre preuve pour démontrer que la religion bou Idhique a été formulée par quelques dévots yoghis, quelquesuns de ces solitaires qui, dans l'Inde, ont peuplé les forêts, et qui, en ce moment même, peuplent les environs de Lhassa. On y voit le chef de secte qui a songé à peupler son couvent, à augmenter son influence, plutôt que le législateur répétant les paroles de Dieu. Combien l'Évangile est éloignée de ces exagérations. Saint Paul nous dit, il est vrai, « que les » personnes mariées éprouveront les tribulations de la chair 2; » mais il ajoute, en parlant de la femme, qui doit le plus en éprouver, « elle sera » sauvée par la génération des enfans 3; » et ailleurs, il compare l'état de famille à l'union qui existe entre le Christ et son église. « C'est un » grand sacrement dans le Christ et dans l'Église 4. »

(V) Voilà encore une de ces grandes vérités que l'esprit de secte n'a pas pu effacer; son expression est même très-remarquable.

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toutes sortes d'immondices, que viens-tu faire ici? Tu peux séduire les gens du monde, mais tu n'ébranleras jamais les 6 intelligences; va-t'en, je n'ai que faire de toi.» Ayant ainsi parlé, l'esprit céleste, plein du plus profond respect pour Bouddha, lui demanda l'initiation aux prières et à la doctrine et, parce que Bouddha daigna l'initier aux mystères, il obtint le rang de Sourtaban (X). »

Traduit par MM. GABET et HUC, missionnaires lazaristes, annoté par M. BONNETTY.

(X) La séduction de l'homme par la femme et la funeste influence de la volupté sur la pratique de la vertu, sont deux des préceptes antiques qui sont restés le plus profondément empreints dans l'esprit oriental. IV SÉRIE. TOME I.— N° 4; 1850 (40° vol. de la coll.).

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Philosophie catholique.

EXPOSITION ET ADOPTION DES PRINCIPES

DE LA

POLÉMIQUE CHRÉTIENNE,

TELLE QU'ELLE EST ÉTABLIE DANS LES ANNALES.

Nous avons promis de faire connaître la manière dont nos principes et notre polémique sont jugés dans le Freeman's-Journal de New-York (24 novembre 1849). Voici cet exposé qui nous prouve que l'on se préoccupe grandement de cette question aux États

Unis.

« Un correspondant nous demande d'établir brièvement les points distinctifs de la philosophie de M. Bonnetty, telle qu'il l'expose dans les Annales de la Philosophie chrétienne. Pour satisfaire à cette requête, il est nécessaire, pour nous, d'exposer les principaux caractères des trois systèmes, à l'un ou l'autre desquels se rapporte aujourd'hui tout Traité de Philosophie.

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1° L'École traditionnelle. Les adhérens maintiennent que l'âme humaine est créée avec les simples facultés de recevoir les enseignements de Dieu et de la Société avec une aptitude, c'est-à-dire une prédisposition ou faculté d'apprendre; mais sans le pouvoir de chercher les vérités de la doctrine ou de la morale, et de les trouver en soi. Qu'en conséquence, la doctrine et la morale ont donc été reçues de Dieu par l'homme en premier lieu, par une positive et extérieure révélation ou tradition, et non par une émanation, participation, union ou intuition de l'âme avec Dieu ou de Dieu; mais que la parole est le moyen de la connaissance de l'homme en ces matières.

2° L'École rationaliste.

Elle avance que dans ou durant son existence, l'âme reçoit de Dieu le don de toutes les vérités dans l'état de germe, d'idées innées, de lumière naturelle, ou de notion universelle, de sorte que toute connaissance morale et intellectuelle à laquelle l'homme arrive, n'est que le spontané et na

turel développement du premier don inné. Le langage, la morale, les dogmes, la société, sont les progrès et les résultats naturels de ce premier don, et ce premier don c'est la RAISON.

3° L'École mixte. Elle maintient, avec les rationalistes, que l'âme humaine a reçu de Dieu, en même tems que l'existence, le don de toutes les vérités dans l'état de germe, de lumière naturelle, de notion universelle, ou d'idée innée; et que tout ce que l'homme connaît dans la suite, n'est que le développement du don primitif, l'augmentation ou le progrès de ce qui était déjà dans son âme. La tradition, l'enseignement, la science et tout ce qui s'y rapporte, ne sont pas pris par cette école dans leur sens naturel : car elle dit qu'enseigner n'est qu'aider le germe déjà dans l'âme à croître et à se produire. — L'âme a déjà en germe ce qu'elle reçoit: elle sait déjà en germe ce qu'elle apprend '.

» La différence entre cette dernière école et les rationalistes purs, est qu'elle nie que ce progrès ou développement soit spon-tané. Elle maintient que le langage est un don, non une intervention de l'homme, et que la culture extérieure et l'action de la société, sont nécessaires pour le développement du don primitif.

» Ce don primitif, l'école mixte l'appelle aussi RAISON HUMAINE, terme que, par exemple, elle laisse sans explication, ou qu'elle explique avec les rationalistes comme étant une émanation ou participation de la raison divine.

>> De ces trois écoles, M. Bonnetty adhère à la première, l'école traditionnelle. Cependant, il y a fait une modification: il considère que le mode ou la constitution de la raison humaine est au-dessus de l'intelligence de l'homme, et que, par conséquent, au lieu de dire que la parole est le mode de la connaissance de l'homme, il se contente du fait historique. La connaissance que nous avons sur les matières de dogme et de morale, nous a été transmise par la parole.

1 Cet exposé est l'analyse de ce que nous avons établi dans notre t. xv, p. 279, au moment où nous commençions notre discussion avec le P. Gardereau; depuis lors, quelques écrivains de l'école catholique ont soutenu, dans le Correspondant, que la parole n'a pas été révélée, mais qu'elle a été donnée à l'homme comme la vie par le seul acte de la création. Voir le t. xxIII, p. 576, et les articles du P. Chastel, t. xxiv.

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