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qu'une copie informe du récit de l'inceste de Thamar, bru de Juda, fils de Jacob. Que l'on nous permette d'entrer dans quelque développement pour prouver notre assertion; et que l'on ne soit pas surpris de voir attribuer à un même personnage de la fable diverses circonstances des vies de plusieurs personnages de l'Ecriture sainte ce qui ne sera jamais contesté par les hommes qui ont approfondi le genre de sujet que nous traitons.

1° Nous faisons dériver le mot sphinx du grec sphingo1, presser, lier, embrasser, contraindre. Thamar peut avoir été facilement confondu avec thamac, à cause de la ressemblance de la forme du resch

avec le caph final 7. Or, thamac, en hébreu, a la même signification que sphingo en grec 2. Mais quand même cette hypothèse serait sans fondement, nous trouverions toujours une parfaite ressemblance entre Thamar et le Sphinx. Car quel est le rôle que joue cette bru de Juda, fils de Jacob? celle d'une femme perdue de débauche; précisément ce que signifie le mot grec oqiy§ 3.

2o Les deux premiers maris de Thamar furent frappés de mort peu après leur mariage, et Juda craignant que Sela mourût aussi, comme ses autres frères, ne le donna point à Thamar"; c'est ce qui a fait imaginer, sans doute, les meurtres commis par le Sphinx. 3o Thamar quitte ses habits de veuve, et, pour n'être point connue, elle se couvre d'un long voile ".

Le Sphinx est un personnage mystérieux qui propose des énigmes ou des propositions obscures et voilées.

4o Thamar s'assied dans un carrefour, sur le chemin de Thamnaz, pour surprendre les passans et les provoquer au crime". 1 oqiyyo, serrer, embarrasser (Rac. grecq.).

.thamar תמר 2

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thamac, tenuit, apprehendit. Buxtorf.

3 opis, une perdue, une débauchée (Jard. des Rac. grecq.)

4 Gen., XXXVIII, 11.

5 Quæ, depositis viduitatis vestibus, assumpsit theristrum (Genèse, xxxviii, 14). Le théristre, ainsi appelé, d'après Suidas, ¿ñò toũ Oèpous, chaleur, était un grand voile dont les femmes se servaient dans l'Orient, et qui leur tombait de la tête aux jambes. Les femmes arabes en ont conservé l'usage.

Sedit in bivio itineris, quod ducit Thamnam (Gen., xxxvIII, 14).

Le Sphinx se tient aux pieds du Cithéron, sur le chemin, pour proposer ses énigmes aux passans et les dévorer, après les avoir surpris 1.

5o Thamar, sans s'en douter, a des relations criminelles avec son beau-père, dont elle eut deux fils jumeaux Pharès et Zara 2.

OEdipe, après avoir deviné l'énigme du sphinx, épouse, sans le savoir, sa propre mère, dont il eut deux fils jumeaux Polynice et Etéocle 3.

6o Pharès et Zara signifient en hébreu, division, éclatant “. Polynice et Etéocle signifient en grec, division et éclat des années 5.

7o Le crime de Thamar étant connu, Juda ordonne qu'elle périsse.

L'énigme du Sphinx étant connue et expliquée par OEdipe, le monstre s'écrase la tête contre un rocher 7.

8° Parmi les présens que Juda a envoyés à Thamar, figure un bâton, qu'il reconnaît.

OEdipe, désignant quel est l'animal, dont parle le Sphinx, qui a trois pieds le soir, reconnaît que c'est l'homme qui, arrivé à la vieillesse, se sert d'un bâton".

Nous pourrions signaler de nouveaux rapprochemens entre le récit biblique et la fable que nous avons cherché à dévoiler; ceux que nous avons indiqués suffisent pour l'accomplissement de la tâche que nous nous étions imposée, et pour prouver que la mythologie s'est évidemment inspirée des traditions et des écrits de Moïse, qu'elle a travestis, altérés et défigurés. Nous n'avons pas

1 Lionnais, Chompré, Pomey, Banier, etc.

2 Nesciebat quod nurus sua esset..... (Gen., xxxvIII, 16, 27-30).

3 Voir p. 272, note 9.

pharets, divisio; zarah, oriens (explication. des noms hébreux à la fin de la Vulgate).

5 Voir plus haut, art. Polynice et Étéocle.

6 Producite eam (Thamar) ut comburatur (Gen., ibid., v. 24). 7 Tous les mythologues.

8 Cujus sit annulus, armilla et baculus (Gen., ibid., v. 25).

Tous les mythologues.

Ive SÉRIE. TOME I.

No. 4; 1850. (40° vol. de la coll.).

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voulu, et nous n'aurions pas pu expliquer tous les détails de cette fable d'OEdipe, parce qu'il faut faire la part du caprice et de l'imagination des poètes. Que l'on ne se contente pas d'examiner nos observations et nos rapprochemens d'une manière détaillée; on pourra certainement y trouver matière à la critique, mais que d'un large coup-d'œil on embrasse l'ensemble de notre travail, l'on partagera indubitablement notre conviction: que l'histoire fabuleuse du fils de Laïus est calquée sur celle du fils d'Abraham. Mais, nous dira-t-on peut-être, puisque Laïus, OEdipe, Polynice, Etéocle, ont tant de traits de ressemblance avec Abraham, Isaac, Jacob, Esaü, pourquoi l'histoire d'Abraham, etc., ne serait-elle pas empruntée à la mythologie? — 1° Parce que la Genèse qui la renferme est le plus ancien livre connu du monde, comme l'attestent les savans1; 2° parce que la diction simple, touchante et sans fard de nos livres saints est un sûr garant de leur véracité; 3° parce que la chronologie elle-même, admettant l'existence d'OEdipe que nous croyons fabuleuse, la fait remonter à 1292 avant Jésus-Christ, tandis que celle d'Abraham remonte à 1996 ou 2008 ans avant Jésus-Christ 2.

Nous dirigerons nos investigations et nos recherches sur d'autres points de la fable; nous mettrons à profit les travaux de ceux qui, avant nous, ont exploré le domaine des fictions poétiques ; et, ralJumant leur flambleau, nous nous enfoncerons, avec confiance, dans cet obscur dédale d'erreurs et de mensonges, et, peut-être, parviendrons-nous à jeter un peu de lumière sur les ténèbres dont c Paganisme a obscurci l'histoire primitive et les faits traditionnels onservés dans nos saintes Annales.

L'abbé Th. BLANC,

Curé de Domazan.

Voir notre premier article au mot Pentateuque.

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1. Bible

2 Nouveau dictionnaire des grands hommes, art. Chronologie, de Royaumont, Chronique sacrée à la fin du volume. Tablettes chronologiques, par Lenglet Dufresnoy, t. 1; seconde époque, p. 240.

Traditions Ancieunes.

LES QUARANTE - DEUX POINTS D'ENSEIGNEMENT,

PROFÉRÉS PAR BOUDDHA 1.

Traduit du mongol par MM. GABET et HUC, missionnaires lazaristes.

Avec notes critiques par M. BONNETTY.

Le travail que nous publions ici, s'il était séparé de la méthode traditionnelle exposée avec tant de soin dans nos Annales seules, serait trèsdangereux. En effet, tous ceux qui ne sont pas au fait de la philosophie traditionnelle seraient facilement scandalisés de voir des préceptes si purs professés dans la religion bouddhique, ce sont ces préceptes qui, tombant dans l'intelligence des philosophes rationalistes purs, tels que MM. Quinet, Vacherot, Saisset, les ont portés à conclure directement que le Christianisme avait emprunté ses dogmes à l'Orient, et que l'esprit humain n'avait pas eu besoin du Verbe personnel de Dieu, du Christ, pour inventer une morale pure. Les lecteurs des Annales sont seuls capables de bien comprendre ces graves enseignements, et c'est pour cela que nous n'hésitons pas à les mettre sous leurs yeux.

En ce tems-là (A), Bouddah, le suprême des êtres, ayant révélé ses enseignemens, ils se propagèrent de la manière suivante. Cinq hommes du rang des initiés, parvenus par le dépouille

(A) En ce tems-là: on reconnaît là une de ces formes si usitées dans l'Évangile et dans l'Ancien Testament; mais la différence essentielle, c'est que dans la Bible, ce tems-là est connu chronologiquement, et dans le monde bouddhique, ce mot est jeté dans l'espace sans aucune limite. Est-ce une imitation de l'Évangile comme le feraient croire divers préceptes qui en semblent extraits? est-ce une imitation du Pentateuque? On ne sait.

1 Le livre appelé en chinois : Too-cho-sse-che-eul-tchang-king; en thibétain Pak-ba-doum-bou-ji-ni-bà-shi-kia-nï-to; en mandchou: Foutchiki-y-omoulaka-deki-dchoué-fiyélen-nomoun; en mongol: Khotokton touchin-koier-gnesik-to-kemektekou-soter, est composé pour rendre hommage aux trois majestés. L'exemplaire dont se servaient les deux missionnaires, contenait le texte en quatre langues, savoir : la langue thibétaine, la langue mantchoue, la langue mongo et la langue chinoise.

ment de leurs passions à une paix profonde et inaltérable, passaient leurs jours dans une sublime contemplation dans le dessein de dompter la troupe des démons; le tchukor tournait incessamment dans leurs mains; retirés paisiblement dans un parc de cerfs, ils nourrissaient l'ambition d'illuminer le monde; et, parce qu'ils demandaient humblement à entrer plus avant dans les initiations des mystères, et parce qu'ils étaient sortis victorieux des quatre grandes épreuves, et parce qu'incessamment le tchukor des prières roulait dans leurs mains, pour eux. Bouddha daigna prononcer la prière biktchosa: ensuite, comme ils suppliaient Bouddha de vouloir bien dissiper toutes leurs incertitudes, Bouddha, le suprême des êtres, prenant le corps doctrinal, le leur développa point par point, avec ordre et clarté ; pour eux, ils écoutaient ces saints oracles avec un cœur plein de respect, d'attention et d'humble docilité. Ce fut alors que Bouddha, le suprême des êtres, prononça les 42 points de l'enseignement qui renferme toute vérité (B).

1. Bouddha, manifestant sa doctrine, prononça ces mots : L'homme qui, sorti de sa maison 2, a fait le sacrifice de sa fa

(B) Il y a deux choses à considérer dans ce paragraphe : la première, c'est cet état de contemplation et de quiétisme qui, quoique ancien, annonce déjà une époque où la philosophie aurait remplacé la tradition; en deuxième lieu, l'action de Bouddha qu'on représente révélant luimême et exposant extérieurement la loi morale; ainsi donc, même chez les bouddhistes, on ne suppose pas que l'on peut trouver la morale par la contemplation, ou dans l'essence des choses, les lois naturelles, la conscience, comme le soutiennent faussement, imprudemment et sotte

1 Roue à prières. Voyez l'explication de la roue priante et de la prière gravée sur sa circonférence, dans le cahier de mai du Journal asiatique, 1847, p. 462.

2 L'expression sorti de sa maison, en chinois, Tchou-kia-jen, signifie un homme qui a renoncé au monde pour se dévouer aux choses religieuses; c'est exactement le sens que nous attachons au mot religieux dans la langue française, et que les tartares et les thibétains expriment par le mot Lama. Un Tchou-kia-jen est nécessairement astreint à la continence; il est opposé Che-sou-jen, homme du monde.

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