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Un autre trou, sans défense, pratiqué on ne sait par quí, sur le côté de la même voûte, donne entrée aux voies sépulcrales dont on devrait fouler le sol bénit avec le même respect qu'on marche dans un sanctuaire. Et pourtant l'entrée de ces voies est librement ouverte aux bêtes des champs, qui peuvent s'en former une tannière, aux pâtres de la campagne qui peuvent les changer en lieu d'immondices, aux voleurs des grands chemins qui peuvent y trouver un lieu de retraite. Il est libre enfin aux Anglais protestans, dans leurs chasses bruyantes, au milieu de la campagne romaine, de se donner le plaisir d'y faire étrangler un renard par les chiens, sur les ossemens des martyrs.

Si l'on retrouvait le tombeau certain, je ne dis pas d'un Scipion, d'un Caton ou d'un César, mais le monument hideux du plus infâme des empereurs de Rome; si ce tombeau, ainsi retrouvé, était livré à l'oubli, à la dévastation, comme l'est en ce moment cette vénérable catacombe, il n'y aurait pas d'anathèmes que ne prononcât contre une telle négligence tout le peuple des savans d'Europe.

Qu'on ne s'étonne donc point, si, voyant des ossemens aussi illustres, profanés, foulés aux pieds, comme ils le sont ici, nous, fils de l'Église, nous avons crié profanation à la vue de l'insulte faite ainsi à notre mère.

Maintenant nous devons dire un mot des souvenirs qui se rattachent à un monument ainsi profané.

Voici ce que nous lisons dans les actes des martyrs saint ZoticusGetulius, sainte Symphorose, sa femme, avec leurs sept enfans, Amantius, frère de Zoticus, et Céréal, tribun 1.

L'an 123 de J.-C., l'empereur Adrien, régnant alors, donna ordre de lui présenter tous les chrétiens que l'on pourrait découvrir. En ce tems, vivait dans la ville de Gabie, environ à treize milles de Rome, Zoticus-Getulius, chrétien des plus zélés. Il instruisait un grand nombre de personnes dans la religion, et comme il était très-riche, possédant de grands biens à Tibur, il leur fournissait encore les moyens de vivre. L'Empereur l'apprit, et supposant qu'Amantius, tribun de ses troupes, et frère de Getulius, se trou1 Voir les Bollandistes, 10 juillet.

vait près de ce dernier, attendu que depuis quelque tems il était absent de Rome, il fit partir pour Gabie Céréal, vicaire de Rome ou du préfet de Rome. Ce dernier trouva, en effet, Getulius, ayant déjà converti son frère Amantius, occupé à instruire dans la religion de J.-C. un grand nombre de fidèles. Il lui fit connaître l'ordre que l'Empereur avait donné de le mettre en prison, lui conseillant de renoncer à la foi chrétienne et de sacrifier aux idoles. A quoi Getulius répondit : « Cesse d'exercer près de nous l'office du démon, >> embrasse plutôt, toi aussi, notre foi pour laquelle j'ai abandonné >> mon épouse Symphorose et mes sept enfans, pour laquelle je vis >> ici dans la retraite, occupé à servir J.-C. »

A ces paroles auxquelles se joignirent d'autres exhortations, Céréal se rendit et désira se faire chrétien.

Avant qu'il reçût le saint baptême, Zoticus lui conseilla de se livrer à l'oraison et d'entreprendre un jeûne de trois jours. Le troisième jour, pendant qu'ils priaient, ils entendirent une voix qui leur dit : « Appelez à vous Sixte, évêque de la ville de Rome, > afin qu'il donne le baptême. >>

On envoya aussitôt près de saint Sixte Ier, qui demeurait caché dans les catacombes de Rome, et qui se rendit immédiatement dans la crypte pratiquée aux environs de Gabie. Il baptisa Céréal dans cette crypte qui se trouvait dans la possession de Zoticus. Il offrit pour l'un et pour l'autre les saints mystères, et les fit participer au corps et au sang de N. S. J.-C. Il les fortifia ainsi, les confirma dans la foi et dans la constance; enfin, rendant grâce à Dieu, il se sépara d'eux.

L'Empereur, voyant que Céréal lui-même ne retournait plus à Rome, fit partir pour Gabie, Vincent, trésorier public. Celui-ci rencontra Céréal qui lui fit connaître sa conversion au christianisme. Vincent le dénonça aussitôt à l'Empereur, lequel envoya Licinius, personnage consulaire qui mit en prison Getulius, Amantius, Céréal et Primitivus; puis il en écrivit à l'Empereur. Celui-ci répondit que s'ils ne voulaient pas sacrifier aux idoles, il fallait les menacer de les brûler vifs. Les ayant trouvés inébranlables dans la foi, il en avertit de nouveau l'Empereur. Celui-ci envoya des soldats qui les firent sortir de prison et les conduisirent dans la terre

nommée Fundus-Capreoli, afin de les y brûler, ce qu'ils tentèrent de mettre à exécution. Ils lièrent premièrement les pieds et les mains des prisonniers, placèrent à l'entour une grande quantité de sarmens, puis y mirent le feu; mais les confesseurs n'en éprouvèrent aucun mal. Les soldats l'ayant vu, prirent des échalas de vigne, avec lesquels ils leur frappèrent la tête, et consommèrent ainsi leur martyre.

Sainte Symphorose recueillit leurs corps, les enveloppa d'étoffes, comme c'était alors la coutume, les déposa dans des cercueils et les ensevelit dans la catacombe dite depuis de Saint-Zoticus.

Un mois et huit jours plus tard, eut lieu le martyre de sainte Symphorose qui fut pendue par les cheveux à un orme dans le Tibur, où l'on fit périr en même tems, par divers tourmens, ses sept fils martyrs. Sainte Symphorose n'étant pas morte à la suite de son premier supplice, on lui lia une pierre au cou, et on la jeta dans l'Anio. Son corps et ceux de ses enfans furent recueillis par son frère Eugène et cachés dans une grotte voisine. Ensuite le même Eugène les transporta dans la catacombe de saint Zoticus, afin qu'ils fussent tous réunis avec ceux de Getulius et des autres martyrs ses compagnons.

En 483, le pape saint Simplicius, natif de Tivoli, transporta une partie des reliques de ce saint dans l'église Saint-Pierre de cette ville. Étienne II (ou III) en enleva ensuite le reste, ainsi que les reliques de sainte Symphorose, de ses fils et des autres martyrs, et les transporta dans l'église de Saint-Ange, in Pescheria. Finalement Grégoire XIII donna le chef de saint Getulius à l'église des Jésuites de Tivoli, et celui de saint Amantius à l'église de SaintFrançois de Bologne.

Tels sont les souvenirs que rappelle la catacombe aussi tristement abandonnée.

Quant aux fouilles et aux recherches qu'on y fit dans le siècle dernier, voici ce qu'elles produisirent: « J'ordonnai, dit l'auteur » déjà cité, qu'on entreprît le travail dans l'espérance qu'au fond » des voies déjà ouvertes, et en fouillant celles qui étaient rem>>plies, on pourrait trouver de nouveaux corps saints. En effet, >> mon espérance ne fut pas trompée. Dans quelques-unes des pre

» mières voies, j'en trouvai plusieurs dans des tombeaux formés en >> partie avec des tablettes de marbre de différentes couleurs, en » partie avec de larges briques; j'y trouvai de même les vases de » sang'. Parmi ces corps il y avait celui de sainte Détercalia, dont » les ossemens étaient réduits en fragmens. Indépendamment du » vase de verre qui se trouvait hors du tombeau, il y en avait un » autre à l'intérieur, renfermant le sang solidifié sur le côté où le >> vase se trouvait placé. L'inscription était gravée sur la brique >> qui fermait le tombeau.

>> Je suspendis les fouilles de ce cimetière que Mgr Olivieri, >> sacriste du palais apostolique, continua en 1717. Il y découvrit » également quelques autres corps de saints martyrs. Deux de ces » derniers étaient renfermés dans des tombeaux fermés par des >> tablettes de vert antique, et un autre par une plaque d'albâtre >> oriental. D'où l'on conclut que ce cimetière fut autrefois orné de >> marbres précieux, et renferma beaucoup de corps saints 2. >>

Ainsi, on voit par ces détails, auxquels nous pourrions en ajouter beaucoup d'autres, que sous tous les rapports cette catacombe devrait être l'objet d'une vénération toute particulière et de soins assidus pour en empêcher la dégradation.

Espérons que le déplorable état dans lequel nous avons trouvé un lieu aussi vénérable, ne continuera pas longtems à faire ainsi souffrir la piété des fidèles.

Pour terminer ce travail, nous croyons devoir donner ici le plan de cette catacombe, avec l'indication de ses principales parties. (Voir page suivante.)

1 Voir plusieurs de ces vases dans notre tome iv, p. 452 (3a série). 2 Boldetti, loc. cit.

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1. Soupirail en forme de puits, par lequel on s'y introduisit en 1715. 2. Éboulement de la voûte donnant ouverture sur la campagne.

3. Chapelle où se trouvent les peintures.

4 et 5. Chapelles sans peintures.

J. O. LUQUET, évêque d'Hésebon.

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