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de Loc-Renan, qui fut élevé sur la chaire épiscopale de Cornouailles; le bienheureux Salomon, qui fonda l'abbaye de Nid-d'Oyseau, au diocèse d'Angers; les bienheureux Hervé, Renaud, André et Angelgère, qui furent auteurs de quatre petites congrégations; et enfin le bienheureux Giraud de Sales, qui établit grand nombre de monastères dans la Guyenne, le Périgord et le Poitou (1). Longtemps après que ces illustres solitaires, auxquels le diocèse du Mans doit une si juste reconnaissance, eurent reçu de Dieu la récompense de leurs travaux, notre Église continua d'être édifiée par leurs disciples. Les traditions de la vie érémitique se conservèrent dans les forêts de Charnie, de Concise, de Lonlay, sur les bords de la Sarthe, de la Mayenne, de l'Erve, du Loir, et dans la plupart des lieux que la culture n'avait pas encore atteints.

(1) Pavillon, loc. cit., p. 44. Cet historien (p. 172) range le bienheureux Renaud ou Regnaud, fondateur de l'abbaye de Mélinais, parmi les disciples du bienheureux Robert d'Arbrissel; mais les traditions de notre pays le font vivre près d'un siècle plus tard.

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H

SUITE DE L'ÉPISCOPAT DE HILDEBERT.

Hildebert se rend à Rome en 1107.

dons pour son Église.

Il parcourt l'Italie et reçoit des Il sollicite la permission de se démettre de l'évêché et d'embrasser la vie monastique.

Lérins. disciples.

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Désordres causés au Mans par l'hérésiarque Henri et ses

Son séjour à l'abbaye de

Usage de la péni

Autres points de

Idée de la prédication de Hildebert.

tence publique conservé dans le diocèse du Mans. discipline particuliers à notre Église.

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Hildebert prêche en d'autres cités. Solennité du dimanche des Rameaux au Mans et dans le diocèse. Hildebert travaille à empêcher l'élection de Raynaud de Martigné, choisi pour l'évêché d'Angers. Discussion entre Hildebert et Geoffroy de Vendôme. Relations d'Hildebert avec saint Anselme, saint Bernard, Guillaume de Champeaux, saint Yves de Chartres, Henri Jer, roi d'Angleterre, et plusieurs autres grands personnages. Hildebert écrit les vies de sainte Radégonde et de saint Hugues. - Sa soumission envers le Saint-Siége.

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Le désir de présenter sous un seul coup d'œil le tableau des travaux entrepris par les solitaires qui, sous l'épiscopat de Hildebert, édifièrent l'Église du Mans, nous a contraint d'empiéter un peu sur l'ordre des temps; il faut maintenant y rentrer. Après avoir travaillé durant plusieurs années à remédier aux maux de son diocèse, et à amasser dans son épargne de quoi fournir aux frais d'un long voyage, Hildebert partit pour Rome en 1107 (4).. Il y avait longtemps qu'il désirait entreprendre ce pèlerinage; cependant il ne se rendait pas dans la ville sainte uniquement pour vénérer les tombeaux des Apôtres; il voulait aussi supplier le Pape de le décharger du fardeau de l'épiscopat, et de lui permettre de se consacrer à la vie

(1) Baronius, D. Beaugendre, D. Rivet placent le voyage du vénérable Hildebert à Rome en 1107. Pagi le met en 1101. Loyauté, s'appuyant sur les Gesta episcop. Cenom., le place en 1117. Mais Hildebert vit saint Hugues à Cluny avant son départ, et le grand abbé mourut en 1109; ce qui oblige à mettre le voyage de notre évêque en 1107.

monastique, comme il l'avait désiré depuis longtemps. Dans son humilité, Hildebert se persuadait que les persécutions essuyées par l'Église du Mans depuis son gouvernement étaient attachées à sa personne (1). En traversant la Bourgogne, il se rendit à l'abbaye de Cluny, pour y recommander le succès de son voyage aux prières des religieux et de l'abbé saint Hugues. Mais pendant qu'il se dirigeait vers Rome, le Souverain Pontife se rendait en France par une autre route; il venait présider le concile de Troyes (2).

N'ayant pas rencontré le Pape à Rome, Hildebert parcourut l'Italie, afin d'y recueillir des secours pour son Église. Il fut bien accueilli à Naples par le duc de la Pouille (3); ayant ensuite passé le détroit de Messine, il fut reçu avec les marques du plus profond respect par le comte Roger, fils de Robert Guiscard, comte de Sicile, et par tous les évêques et les grands de cette ile. Déjà le culte de saint Julien notre premier apôtre était établi dans ce royaume; le comte Roger voulut donner une marque éclatante de la piété qu'il avait pour ce pontife; à cet effet, il remit à Hildebert trois cents livres d'un encens très-précieux préparé de ses propres mains, une grande quantité de baume et de parfums, cinq ornements ecclésiastiques d'un grand prix, des burettes d'argent doré et un encensoir en argent d'un travail admirable. Le comte Roger donna encore cent onces d'or pour les réparations de l'église de Saint-Julien, et pour la mense des chanoines une rente de dix livres, monnaie du Mans (4).

(1) Lib. III, epist. VII.

(2) D. Beaugendre, Vita venerabilis Hildeberti.

(3) XVI kal. augusti, obiit Robertus Guiscardus, dux Apuliæ; pro cujus animæ remedio, Rogerius filius, dux Apuliæ, per Ildebertum episcopum, varia munera de Apulia transmisit. Martyrologium capituli Cenom., Ms.

(4) Au pouvoir actuel de l'argent, cette somme équivaut à 11264 fr.X kal. julii obiit Rogerius, comes Siciliæ, qui ad faciendum opus ecclesiæ beati Juliani C uncias auri, et canonicis X libras Cenomanensis monetæ,

qui avait été lui-même arraché aux paisibles travaux · du cloître pour être élevé au suprême pontificat, n'acquiesca pas aux vœux de notre évêque. Hildebert se hâta donc de revenir dans son diocèse. Le voyage fut accompagné de beaucoup de périls; on tendit plusieurs fois des piéges au prélat pour lui ravir les objets précieux dont il était chargé. Le vaisseau qu'il montait fut aussi accueilli de tempêtes dans lesquelles il courut les plus grands dangers.

Mais le séjour que Hildebert fit dans l'abbaye de Lérins faillit lui devenir fatal. Après y avoir demeuré quelque temps, il venait de quitter cette ile, le matin même du jour de la Pentecôte, lorsque des pirates, ennemis du nom chrétien, y firent une invasion. Ils renversèrent le monastère presque tout entier, et firent un massacre général de tous les moines qu'ils purent saisir. Un petit nombre de ces religieux se sauva en se cachant dans les trous de la terre, et dans une tour dont les barbares ne purent s'emparer. Hildebert fut témoin de ces désastres, et il attribua aux prières des religieux de Cluny et de leur saint abbé le bonheur qu'il eut d'échapper à un danger si imminent. Dès qu'il fut rentré au Mans, il s'empressa d'écrire à saint Hugues pour le remercier de la protection qu'il lui avait accordée. Il lui rapporte tous les efforts qu'il a tentés auprès du Souverain Pontife pour obtenir la permission de se retirer à Cluny, et lui recommande Geoffroy de Mayenne, qui venait d'abdiquer le siége épiscopal d'Angers pour se faire religieux dans cette abbaye (1).

De retour dans le Maine, Hildebert distribua les trésors qu'il avait reçus au delà des Alpes entre les églises les plus nécessiteuses du diocèse; il en réserva une partie considérable pour relever les ruines de l'église cathédrale, et construire un nouveau palais épiscopal. La demeure des évêques était située à l'occident de l'église Saint-Julien,

(1) Lib. III, epist. vii. -Les historiens de l'Église, de l'ordre de SaintBenoît et de la Provence, font remarquer que la lettre de Hildebert qui vient d'être analysée, est le seul document qui fasse connaître les ravages subis à cette époque par l'île de Lérins,

il la transporta à l'orient, et il la fit bâtir près de l'église du Saint-Sauveur, dans un local qu'occupait autrefois la cour de l'évêque Gervais. Le domaine d'Yvré-l'Évêque fut aussi agrandi par des acquisitions nouvelles, et un palais y fut construit (1).

Hildebert trouva à son retour de nouveaux désordres, auxquels il avait donné lui-même occasion, par la trop grande facilité avec laquelle il avait permis à Henri, disciple de Pierre de Bruys, de prêcher dans son diocèse. Il y avait environ cent ans que les cathares avaient fait leurs premières tentatives pour implanter leurs erreurs dans notre pays; une prompte et énergique répression avait contraint ces hérétiques de rentrer dans l'ombre. Vers la fin du xe siècle, l'hérésie se montrait, comme un nuage chargé de la foudre, au nord et au midi. A Paris, Abailard; à Bresse, son disciple Arnauld; en Flandre, Tanchelin; dans la Bretagne Armorique, Eudes Coulon, surnommé l'Enragé; en Provence, Pierre de Bruys; dans le Maine, puis dans l'Aquitaine, Henri et ses apôtres d'erreur. Tous élevaient la voix contre Rome. Déjà l'abeille de la France avait sifflé à l'abeille d'Italie, dit saint Bernard (2); le signal de la guerre était donné. On attaquait le baptême des enfants, le purgatoire, la présence réelle. Sans s'entendre sur un symbole commun, tous s'unissaient pour attaquer l'Église. En effet, on a souvent confondu Pierre de Bruys et son disciple Henri avec les catbares; c'est une erreur réfutée par l'histoire et par la comparaison des doctrines. Ce qui est possible, ce qui est très-probable, au moins pour le Maine, c'est que le levain d'erreur déposé dans les masses par les cathares, et l'opposition que ces fausses doctrines entretenaient contre le clergé catholique, servirent de prétexte et d'occasion à la prédication de Pierre et de Henri. Mais ceux-ci connaissant mieux

(1) D. Mabillon, Vetera anȧlecta, t. III, p. 310.

(2) Sibilavit apis, quæ erat in Francia, api de Italia..... Sanctus Bernardus, Epist. CXCIX.

III.

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