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Deux mois plus tard, un autre concile fut célébré à Angers sur les instances de Foulques le Barbu. Vulgrin et les députés de notre Église y assistèrent. Notre évêque prit part à la consécration de l'église du Saint-Sauveur et à l'inauguration du monastère auquel elle appartenait, avec Hugues de Besançon, Quiriace de Nantes et Eusèbe Brunon d'Angers. Ces prélats anathématisèrent de nouveau l'hérésie de Bérenger, source d'inquiétudes continuelles pour la France entière (1). Vers le même temps Vulgrin se rendit à Bordeaux pour assister à un concile dans lequel se réunirent beaucoup d'évèques et de hauts dignitaires ecclésiastiques, appartenant à diverses provinces. Mais au milieu de cette nombreuse assemblée, les mérites de l'évêque du Mans fixèrent sur lui les regards (2).

Vulgrin mourut après neuf ans, huit mois et onze jours d'épiscopat, le 10 de mai de l'an 1064 (3). Dans ce court espace il avait rempli la carrière d'un évêque accompli. Sa dépouille mortelle fut ensevelie dans le chapitre de l'abbaye de Saint-Vincent; ses prédécesseurs reposaient dans l'église de ce monastère. Vulgrin, en mourant, fit don d'un sou d'or à chacun des chanoines (4); il fit aussi quelques largesses à sa famille, c'est-à-dire aux personnes attachées à son service; mais il ordonna que la meilleure partie de ce que pouvait contenir son épargne fût employée pour l'achèvement de l'église cathédrale. La mémoire de ce

(1) Chronicon Andegavense, apud Labbė, Biblioth. manuscript., t. I, p. 288. D. Briant, Cenomania. D. Bouquet, t. XI, p. 524, 529. (2) Gallia christiana (nova), t. I, col. 1195.

(3) Les Gestes des évêques du Mans attribuent à Vulgrin 9 ans, 8 mois et 11 jours d'épiscopat dans un endroit, et dans un autre 8 ans, 9 mois et 11 jours. D. Mabillon, Vetera analecta, t. III, p. 48, 312 *. Idem, Annales O. S. B., lib. XLIII, num. 12.-D. Pouquet, t. XI, p. 136. Le Nécrologe Martyrologium capituli Cenomanensis, Ms., fol. 85.

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de l'abbaye de Saint-Serge à Angers marqué la mort de Vulgrin au 10 mai 1065 (N. S.). D. Martène, Histoire de l'abbaye de Marmoutier, Ms., t. I, part. 1, p. 384.

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(4) En monnaie actuelle cette somme équivaut à 28 fr., ou, s'il s'agit de monnaie du Maine, comme il est vraisemblable, à 56 fr.

pieux évêque fut toujours bénie, et après sa mort, saint Barthélemy, abbé de Marmoutier, opposait sa mansuétude aux hauteurs d'Arnaud son successeur (1).

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Longue vacance du siége épiscopal. — Élection du grammairien Arnaud.

Alexandre II approuve cette élection. Travaux exécutés à la cathédrale. - Soulèvement des Manceaux contre la domination normande.-L'évêque Arnaud se retire auprès de Guillaume le Conquérant; ses domaines sont pillés. Il rentre au Mans. - Tyrannie de Geoffroy de Mayenne. Soulèvement communal du Maine; le clergé se met à la tête de la révolution. Trahison de Geoffroy de Mayenne. L'évêque est fait prisonnier, puis rendu à la liberté. Nouvelle tyrannie de Geoffroy de Mayenne; il est assiégé, puis chassé. - Guillaume le Conquérant soumet le Maine; nouvelle révolte en faveur de Foulques le Réchin. Guillaume, devenu maître du Maine, favorise l'Église et le clergé. École de la cathédrale. Le doyen Robert devient évêque de Chartres. Gontier, abbé de Thorn. Geoffroy de Gorham. Raoul et Robert de Gorham, abbés de Saint-Alban. Culte de saint Julien en Angleterre. Voyage de l'évêque Arnaud à Rome. État de la liturgie dans le Maine.-Le chapitre recouvre ses droits sur Assé-le-Bérenger, Asnières, Savigné-l'Évêque, Courgenard. Dons de l'évêque Arnaud en faveur de la cathédrale. Yves II, évêque de Séez; fondation du prieuré de Sainte-Gauburge à Bonnétable.

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Après la mort de l'évêque Vulgrin, le siége épiscopal du Mans resta vacant deux ans et quatre mois (2). Ce long intervalle fut le résultat des partis qui divisaient la province, et qui ne pouvaient s'entendre sur le choix d'un prélat. Les uns auraient voulu un évêque attaché au parti angevin,

(1) D. Martène, Histoire de l'abbaye de Marmoutier, Ms., t. I, part. 1, p. 384.

(2) Cette longue vacance du siége épiscopal a été niée par D. Bondonnet (Vies des évêques du Mans, p. 417 et suiv.) et par quelques autres historiens. Elle est cependant affirmée en tête des Gesta Episcoporum Cenomanensium, en ces termes : « Duorum annorum et quatuor men. sium intervallo. » D. Mabillon, Vetera analecta, t. III, p. 48. D'ailleurs, au lieu de discuter les raisons alléguées par D. Bondonnet, nous nous

d'autres un prélat dévoué au parti normand; d'autres enfin appelaient de leurs vœux un homme prêt à donner des gages pour l'indépendance de la province. Ce parti était assurément le plus généreux, le plus conforme aux vrais intérêts du pays; déjà il était possible d'apprécier ou de prévoir les malheurs dont le Maine serait accablé, tant qu'il serait soumis à l'étranger.

Pendant cette longue vacance, notre Église fut administrée par Barthélemy Ier, qui occupa le siége métropolitain de Tours depuis 1052 jusqu'au 11 avril 1067. Barthélemy fut l'un des évêques les plus recommandables de son temps. Gouvernant son Église au milieu des plus grandes difficultés, il se montra zélé pour la défense du dogme catholique attaqué par Bérenger; il seconda toutes les démarches des légats du Saint-Siége dans le but de ramener l'hérésiarque à la foi de l'Église. Cette conduite lui mérita les éloges et la confiance des Souverains Pontifes, et il eut enfin la consolation de voir Bérenger mourir dans la soumission et le repentir, après une pénitence de plusieurs années. Barthélemy ne s'acquit pas moins d'éloges pour la fermeté avec laquelle il maintint les droits de son Église métropolitaine et ceux des monastères, pour lesquels il montra constamment une tendresse de père (1). Tant d'éminentes qualités dans le prélat qui la gouvernait provisoirement pouvaient assurer à l'Église du Mans des jours heureux, durant sa longue viduité; elle les eût sans doute goûtés, si les désordres de la société civile n'étaient pas habituellement une source de malheurs pour la société religieuse.

contenterons de rapporter plus bas une charte de Barthélemy ler, archevêque de Tours, qui prouve démonstrativement le sentiment que nous embrassons. Quant au texte d'Orderic Vital, la plus forte preuve des adversaires, il n'a pas le sens qu'on lui a donné, comme nous l'avons démontré. Vid. supra, p. 261 et 262.

(1) Salmon, Chroniques de Touraine, p. 122, 126, 188, 216, 227, 294, 127, 128, et passim. - Hildeberti opera, col. 1323. — D. Mabillon,

Annales O. S. B., lib. LX, num. 58, et passim.

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D. Martène, Histoire Maan, Ecclesia Turonensis, p. 85 et suiv,

D. Bouquet, t. XI, p. 355, 382, et passim.

En effet, la rivalité des partis qui divisaient le clergé aussi bien que le reste de la population retardait toujours l'élection d'un évêque. Enfin en l'année 1067 les partisans de la puissance normande se trouvèrent les plus forts ou les plus nombreux, et ils firent tomber le choix sur le modérateur Arnaud, qui avait donné des gages à ce parti, et dont le caractère est déjà connu. Arnaud était digne à beaucoup d'égards de l'honneur auquel les Manceaux venaient de l'élever. Il ne laissa pas cependant de rencontrer des rivaux. N'ayant pas d'autres motifs canoniques à alléguer contre sa promotion, ils s'y opposèrent sous le prétexte qu'il était né d'un père qui était prêtre. Les évèques de la province et Barthélemy de Tours furent arrêtés par cette opposition, et il fallut en référer au Saint-Siége. Il est certain que la naissance d'Arnaud le constituait dans l'irrégularité, et il n'aurait pas dû être élu avant qu'on eût obtenu du Siége Apostolique la permission de l'élever à la dignité épiscopale. Il paraît que les habitants du Maine n'avaient pas suivi cette marche canonique; mais le Pape Alexandre II leva tous les empêchements par sa réponse adressée à Barthélemy de Tours. « Nous ne rejetons pas, dit le Pontife, le clerc qui a été élu pour gouverner l'Église du Mans, quoiqu'il soit fils d'un prêtre; pourvu cependant que les vertus et les qualités convenables à un évêque se trouvent en lui. Nous n'entendons pas cependant que cette indulgence soit regardée comme une règle; mais dans le cas présent nous avons égard aux périls que court l'Église du Mans (1),» On voit par cette

(1) Cenomanensem electum, pro eo, quod filius sacerdotis dicitur, si cæteræ virtutes in eum conveniunt, non rejicimus, sed suffragantibus meritis patienter suscipimus; non tamen, ut hoc pro regula in posterum assumatur, sed ad tempus Ecclesiæ periculo consulitur. C. 13. D. 56. --On sait que c'est par une erreur de Gratien que cette réponse est attribuée au Pape Urbain II. Cette erreur est fort ancienne, puisqu'elle se trouve répétée dans un autre endroit du Corpus juris, Decret. Gregor., lib. I, tit. vi, c. xx (y). — Ce fait a été singulièrement défiguré dans les anciens historiens des évêques du Mans.

réponse, qui a pris place dans le Corps du droit, que le Souverain Pontife, instruit des dangers auxquels l'Église était exposée dans notre province, relâche la rigueur d'un canon dont le maintien était très-important, surtout à cette époque où la chasteté du prêtre, sauvegarde de la dignité et de la liberté de l'Église, était menacée de tant de côtés (1). D'autre part, Alexandre II répondit au clergé du Mans en ratifiant son choix. Il disait dans ses lettres apostoliques que le défaut de la naissance charnelle ne devait pas nuire irremédiablement à celui qui était régénéré spirituellement dans le Christ, et que si l'on ne trouvait pas un sujet plus convenable qu'Arnaud dans l'Église du Mans, il fallait l'élever à l'épiscopat. Cette décision ayant levé tous les obstacles, Arnaud fut sacré par Barthélemy de Tours.

A peine était-il assis sur la chaire de saint Julien, qu'il se vit obligé d'entreprendre de grands travaux pour l'église cathédrale. Soit que Vulgrin eût établi ses constructions sur des fondements trop peu solides, ou qu'il eût employé des matériaux dépourvus de consistance, soit que le long temps durant lequel les travaux avaient été suspendus eût compromis la maçonnerie, on ne tarda pas à s'apercevoir que l'église menaçait d'une ruine prochaine. On entreprit alors de consolider l'œuvre commencée; mais ces efforts furent inutiles. Au milieu de la nuit presque tout l'édifice s'écroula avec un bruit terrible. Cette catastrophe occasionna un fait bien remarquable; au-dessus du lieu où reposaient les reliques de saint Julien s'élevait une grande voûte soutenue par des colonnes très-élevées. On attribua universellement à une protection particulière de notre saint apôtre la conservation de cette partie des constructions, tandis que tout le reste de la basilique était ébranlé et presque renversé. Arnaud fit détruire entièrement les parties de muraille qui restaient encore en quelques endroits, et fit jeter de nouveaux fondements plus solides que ceux

(1) Cfr. D. Pommeraye, Histoire des archevêques de Rouen, p. 278 et 279.

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