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viendrait lui-même. Croyez-vous que je continuerais à le repousser? Est-ce que je ne lui pardonnerais pas ? est-ce que je ne dirais pas : «< Viens mon fils, je te pardonne, j'ai bien juré que tu ne reviendrais plus auprès de moi, mais c'était du méchant fils que je parlais. Eh bien si moi, qui suis un vaurien reconnu pour tel, j'étais capable de faire cela, est-ce que le bon Dieu ferait moins? est-ce qu'il nous laisserait toujours en enfer?

Vous voyez bien que cela n'est pas possible.

Tu as

raison, Nicolas, certes tu as raison, allons, cabaretier, du vin! tringons à la santé du ministre Nicolas! allons, vive le ministre Nicolas! Là-dessus ils se mirent à boire, à s'enivrer, ils sortirent enfin de l'auberge et firent le vacarme que vous avez entendu.»

«Je vis bien que ce n'était pas là le vrai moyen de les convertir et que, nos docteurs en théologie en diront ce qu'ils voudront, le prédicaut Nicolas, comme l'appelaient nos paysans, avait bien raison. Je me promis bien de ne plus prêcher sur l'éternité des peines de l'enfer, je ne prononçai même plus ce nom jusqu'à ce qu'un évènement, arrivé dans le...., m'en fournit l'occasion. Quelques villages s'y étaient révoltés et avaient refusé d'obéir à l'intendant. Celui-ci leur avait envoyé des soldats dans toutes les maisons, qu'ils étaient obligés de bien nourrir et de leur mettre encore tous les jours une pièce de monnaie sous leur assiette. Peu-à-peu les plus -pauvres ne pouvant plus y suffire, se rendirent et signèrent ce qu'ils auraient dû signer d'abord. A présent les soldats de ceux-ci furent repartis entre les autres. Bientôt il y en eut de nouveaux qui signèrent, et leurs soldats furent de nouveau repartis entre les autres. Les plus

riches, s'obstinant toujours dans leur desobéissance vendirent un bien après l'autre et furent à la fin pourtant bien aise de finir par où ils auraient du commencer. Ils n'eurent en récompense de leur opiniâtreté que la perte de leur bien. Je me servis fort à propos de cet exemple, leur faisant voir, qu'ayant cependant été forcé à ce qu'il avaient refusé d'abord, ils auraient bien mieux trouvé leur compte à ne pas se révolter; qu'ils devaient appliquer cela à Dieu et se demander si Dieu recevra dans son ciel des désobéissans. Si donc il fallait pourtant une fois obéir, ne vaut-il pas mieux le faire avant d'avoir été en enfer? »

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« D'ailleurs, leur dis-je les gouts sont différens et je vois bien que le vôtre ne ressemble du tout au mien. Moi je préfère d'obéir avant d'avoir été en enfer, et vous, vous préférez d'être d'abord brûlé. Allons, oh je ne disputerai pas sur les gouts, supposez le tems que vous passerez en enfer aussi court que vous voulez, moi je le trouve toujours trop long. Mais écoutez! puisque tel est votre gout, accoutumez-vous peu à peu à supporter ces terribles douleurs, et comme vous voulez un jour que votre corps entier brûle, accoutumez-vous au feu, tenez, vous pouvez pourtant vivre et pourtant travailler, quoique n'ayant plut le petit doigt. Commencez par la première phalange, et quand celle-là sera consumée, prenez la seconde. — Là-dessus je les regardai en sou riant et je vis qu'ils étaient honteux et baissaient les yeux. Quand dans la suite j'en trouvais à l'auberge ou que j'en rencontrais qui étaient ivres, je n'avais qu'à leur montrer la première phalange du petit doigt, ils baissaient d'abord les yeux et me comprenaient.»

«

«Je fus dans la suite cité devant le président du consistoire à Strasbourg, pour avoir préché contre l'éternité des peines des damnés; mais dès que je lui eus raconté ce que je viens d'écrire, certes, Monsieur me dit-il, vous ne pouviez pas faire autrement. Mon Dieu, avez-vous de tels gens dans votre paroisse! Ah vous avez très-bien fait !»

CHAPITRE XI.

Des revenus de la cure de Waldbach en 1779.

Nous avons fait connaître ci-dessus à nos lecteurs le montant des traitemens qu'avaient à cette époque les maîtres d'école de la paroisse de Waldbach; leur modicité a dû les frapper. Nous allons à présent traduire des annales (p. 135.) le passage qui suit, sur les revenus du pasteur à l'époque indiquée: c'est Oberlin qui parle;

Recette. En comptant, et l'argent et le produit de la vente des grains et d'autres denrées mon traitement monte à 320 florins, environ 640 fr.-C.

Dépense. Sans compter ce que j'emploie quelquefois à l'amélioration des biens de la cure, ma dépense annuelle est souvent de 800 florins, chaque année au moins de 600 florins, environ

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Oberlin dépensait donc annuellement

de sa propre fortune au moins

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1200 fr.

C.

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Et la fortune d'Oberlin fut modique, et le bien qu'il fit fut immense. Ce sont là les miracles de la foi, ou elle n'en opéra jamais.

LIVRE TROISIÈME.

Travaux philantropiques et religieux
jusqu'en 1789.

« Pendant qu'il est jour, il me faut faire les «œuvres de celui qui m'a envoyé, la nuit vient « dans laquelle personne ne peut travailler.» ÉVANGILE selon ST. JEAN, IX, 4.

Déroulons devant nos lecteurs le tableau de la prodigieuse activité d'Oberlin, portée sur tant d'objets divers et qui tendait constamment à assurer et à augmenter le bien-être physique et moral de ses paroissiens chéris.

CHAPITRE PREMIER.

Efforts pour répandre la langue française et extirper le patois.

On sait combien la langue influe sur le caractère et les facultés intellectuelles d'un peuple. Un idiome informe retient l'ame dans un cercle étroit d'idées vulgaires. Nous avons déjà parlé du patois qui formait le langage exclusif du Ban-de-la-Roche. Un voyageur.

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