Les sculpteurs sont occupés à tailler des figures en pierre blanche et d'autres menus ouvrages, ainsi que certains animaux aussi en pierre blanche pour l'écoulement de l'eau pluviale des toits de ladite chapelle. Item payé à maître Tierry, peintre, qui avait peint les ailes de saint Michel dans la chapelle du château, 12 deniers gr.... D'après un document de 1417, que M. Chapperon a signalé, mais qu'il n'a malheureusement pas fait connaître, magister Prindalles, ou Pruidella, « aurait été l'auteur du plan de la Sainte-Chapelle. On avait établi pour sa construction une administration particulière dont les comptes sont encore mentionnés en 1468. On trouve même en 1474 un maître Vionetus Neyredi, directeur des travaux de cette chapelle 2. » Ce qui s'accorde très bien avec la bulle donnée par le pape Paul II, en 4467, pour l'érection du Chapitre collégial dont nous aurons à reparler et qui dit formellement que la chapelle était en construction. Mais le compte de Guigonnet Mareschal mentionne gines, chapitellos, gorgollas et alia ad officium ymaginatorum pertinentia sub diversis salariis et pactis videlicet 375 ex ipsis ad 4 den. ob. gr. per diem tam pro salario quam expensis. — Item 85 ad 4 den. gr. per diem. — Item 38 ad 3 den. gr. per diem. Item et 253 ad 3 den. gr. per diem, in somma 245 fl. 1 den. ob. gr. etc., etc.-1414, libravit magistro Pruidella ymaginatori pro decem jornatis quibus stetit et racavit in operibus capelle Domini predicte ad faciendum Dominum sanctum Georgium de lapide albo qui positus fuit in dicta capella. 1 Faciendo ymagines de lapidibus albis et alia operagia minuta dicte capelle et certa animalia de lapidibus albis per que pluvia seu aqua foresiarum dicte capelle ab extra imergere sive stillare debet. Item libravit magistro Tierrico pictori pro pictura alarum B. Michaelis per ipsum in capella castri Domini Chamberiaci ab extra pictarum pro tanto 12 den. gr. * CHAPPERON, Chambéry au XIVe siècle, p. 108. 1° les frais de messages envoyés à Jacques Magnin, architecte, à Lyon, à Grenoble et à Vienne, pour l'amener à Chambéry auprès du comte de Savoie en 4409, afin de s'entendre avec lui pour l'exécution des plans de construction de la chapelle; 2o des vacations à lui payées comme architecte de la chapelle. C'est donc Jean Magnin qui serait l'auteur de ce beau monument. Il n'est mentionné qu'en 4409 dans nos comptes, et les travaux paraissent avoir commencé en 1408, mais rien ne prouve qu'il ne fut pas venu à Chambéry, soit à ses frais, soit autrement, avant 1409. Il ne nous reste malheureusement ni plan ni vue de la Sainte-Chapelle, qui puissent donner une idée exacte de son aspect primitif. On ne possède qu'une vue générale de Chambéry, faite au XVIIIe siècle et contenue dans le Veteris Sabaudiæ et Pedemonti Theatrum, dans laquelle on remarque la flèche élancée de l'édifice qui nous occupe. Cette flèche a-t-elle jamais existé? nous en doutons. Un titre des Archives départementales de la Savoie nous apprend seulement qu'on fit, en 1751, des réparations aux corniches de la façade et à la toiture du clocher de la Sainte-Chapelle. (Il n'est pas question d'une flèche.) En parcourant avec M. Michel Dénarié, architecte actuel du département de la Savoie, les combles de l'édifice, nous avons retrouvé un des sommiers qui soutenaient l'ancienne toiture et qui, par ses dimensions et la manière dont il est taillé, démontre qu'avant une restauration encore antérieure à celle de 1754, la toiture ne recouvrait pas la balustrade sculptée à jour qui couronne la façade. Cette modification, qui date de 1644, a enlevé leur raison d'être aux curieuses chimères de pierre qui servaient autrefois de gargouilles et qui sont peut-être les gorgollas des ouvriers de magister Prindalles. |