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de célébrer la commémoration, la fête d'un saint, d'un martyr, je crois devoir lire : « quorum nomina scit is qui fecit, c'est-à-dire, » dont les noms ne sont connus que de leur créateur, que de Dieu. » On sent qu'une pareille façon de parler a pu être employée d'une manière naturelle, pour désigner une assemblée immense, composée d'une agglomération d'individus accourus de tous les cantons d'une vaste province, inconnus les uns aux autres, et qui n'étaient réunis que par un seul sentiment, le zèle pour la gloire des martyrs et le triomphe de la véritable religion.

Si l'on voulait, à l'exemple de notre confrère, traduire « sous les ⚫ yeux des anges, des saints» l'expression telle que je l'ai indiquée serait encore parfaitement exacte: puisque Dieu seul peut connaître les noms de tous les saints auxquels il a accordé les récompenses du ciel. Quant aux magistrats de la ville, je ne crois pas qu'ils soient désignés dans la phrase dont il est ici question. Il est probable qu'on les aurait indiqués d'une manière tout-à-fait explicite, et qu'eux-mêmes auraient tenu à grand honneur de se voir nommés ouvertement, dans un acte solennel, qui devait être, auprès de la postérité, un monument indé-lébile de la gloire et de la piété des habitans de Cirta.

Voici donc de quelle manière je crois devoir lire l'inscription. DIE IIII° NONAS APRILIS PASSIONE MARTVR(VM) (SANCT)ORVM HORREENSIVM, MARIANI ET IACOBI, AGAPII, APRI, RVSTICI, CRISP (INI), DONATI, MOMINI, ZEONIS, SILBANVS CIRT(AE) EPISCOPVS COMMEMORAVIT, IN CONSPECTV OMNI(VM) (Q)VORVM NOMINA SCIT IS QVI FECIT.INDICTIONE XV.

Le quatrième jour des Nones d'avril, le triomphe des saints martyrs, Marien et Jacques, Agapius, Aper, Rusticus, Crispinus, Donatus, Mominus, Zéon, a été célèbré par Silbain (Silvain) évêque de Cirta, en présence de tous ceux dont les noms sont connus de celui qui les a créés. L'indiction XV.

En restituant plusieurs des noms que contient cette liste, j'ai pris pour guide l'indication donnée par le Martyrologe d'Afrique, tel qu'il a été publié par Morcelli'.

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Je n'ai point admis les noms de Juste et de Victor, quoique ces martyrs, ainsi que l'a fait observer mon confrère, se trouvent indiqués dans un hymne de Prudence. Mais dans les vers du poète chrétien, il est fait mention de martyrs qui appartiennent exclusivement à l'Espagne. Tandis que, dans notre inscription, nous devons trouver seulement, si je ne me trompe, les noms de martyrs dont le courage a honoré l'Afrique.

Il est difficile de déterminer la date de l'inscription. Les mots indictione XV présentent quelque chose de tout-à-fait vague, et les caractères sont gravés avec trop de négligence pour que la forme des lettres puisse offrir un caractère chronologique tant soit peu certain ou probable.

Il est à présumer que l'époque n'en est pas aussi récente que le règne de Justinien; car, dans la liste des martyrs, tels que nous la donne l'inscription, nous ne trouvons les noms d'aucuns des confesseurs de la foi, qui souffrirent la mort, sous le règne des princes Van-` dales, et dont la mémoire nous a été conservée par Victor de Vite.

Nous trouvons, dans l'histoire ecclésiastique de l'Afrique, un personnagé nommé Sylvain, qui fut nommé, l'an 305, évêque de Cirta par le crédit des Donatistes. Est-ce à lui qu'il faut rapporter l'acte de consécration mentionné dans notre inscription? C'est ce que je n'oserais décider; car il est clair que plusieurs évêques du même nom, ont pu, à diverses époques, occuper le siége de Cirta. Si, suivant l'opinion la plus reçue chez les chronologistes, le calcul des Indictions a pris naissance vers l'an 313 de J.-C., l'indiction XVe tomberait à l'année 328. Dans ce cas, Sylvain, à l'époque de l'acte solennel dont il nous a conservé le souvenir, aurait été dans la 23° ou 24o année de son épiscopat; mais comme je l'ai dit, il est fort difficile d'émettre, sur ce sujet, une conjecture tant soit peu probable. On pourrait même croire que l'hypothèse dont je viens de faire mention est peu admissible. En effet, c'est dans le code Théodosien que le calcul des Indictions se trouve pour la première fois employé. Il serait donc peu vraisemblable qu'on en eût fait usage en Afrique, au commencement du 4° siècle de notre ère. Ainsi, suivant cette opinion, la date de notre inscription serait bien plus récente, et l'évêque Sylvain, dont ce monument nous a conservé le nom, serait du nombre de ceux sur lesquels l'antiquité cclésiastique ne nous a conservé aucun détail.

Toutefois, comme il est impossible de déterminer d'une manière précise qnand et dans quel pays le calcul des Indictions a pris naissance, il pourrait se faire qu'il eût été en usage en Afrique et ailleurs, avant l'époque où il en est fait mention dans les monumens de la jurisprudence romaine.

On me demandera peut-être pourquoi, si l'inscription est d'une date un peu récente, on n'y trouve pas le nom de Constantine substitué à celui de Cirta. Je répondrai que ce changement eut lieu, à la vérité, l'an 313 de Jésus-Christ, lorsque cette ville, ruinée dans la guerre de Maxence, fut rebâtic par ordre de Constantin. Mais, suivant toute apparence, ce changement n'était exprimé que dans les actes de l'administration de la chancellerie romaine. Pour les habitans du pays, Constantine était toujours Cirta. Ce dernier nom était conservé chez eux avec une sorte de vénération, parce qu'il leur rappelait des souvenirs de gloire, d'indépendance, tandis que l'autre dénomination les faisait trop bien souvenir qu'ils étaient assujettis à une domination étrangère; et, en effet, si l'on consulte les monumens ecclésiastiques, qui ont rapport à l'Afrique, on y trouve plus souvent le nom de Cirta que celui de Constantine. Nous trouvons dans l'Orient, des exemples qui attestent, d'une manière bien frappante, l'attachement des populations pour les anciens noms de leurs villes. Les Séleucides, durant l'époque de leur domination, avaient donné à un grand nombre de villes, en Syrie, en Mésopotamie, en Babylonie et ailleurs, des dénominations grecques. Les villes fondées par ces princes ont conservé leurs noms grecs; et nous trouvons encore aujourd'hui ceux d'Antioche, de Laodicée, de Seleucie, d'Apamée. Mais, de plus, les monarques Séleucides prétendirent imposer à des villes antiques des noms puisés dans le langage des Grecs. Or cette tentative échoua complétement; les nouvelles dénominations ne furent admises qu'à la cour et dans les actes de la chancellerie. La population continua obstinément à conserver les noms antiques. Ceux qu'avaient imaginés les rois grecs tombèrent en désuétude. De nos jours encore, les noms de Roha, Hamah, Alep, Manbedj, Akka, s'offrent encore à nos yeux, et ont fait complétement oublier ceux d'Edesse, de Berrhoe, d'Epiphanie, de Hierapolis, de Ptolémaïs. Il en fut de même de l'Egypte, où les noms grecs imposés par les Ptolémées à un grand nombre de HII SÉRIE. TOME VIII. N° 47. 1843.

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INSCRIPTION CHRÉTIENNE TROUVÉE A CONSTANTINE.

villes, ne furent jamais adoptés par les habitans du pays, et disparurent avec la domination de ces princes.

Avant de terminer ces observations, je dois prévenir une objection que l'on ne manquerait pas de me faire. Dans le Martyrologe de Morcelli, la liste des martyrs est plus longue que sur le monument qui nous occupe. Mais il faut se rappeler que ce martyrologe a réuni dans une même série les martyrs de Cirta, et ceux de Lambèse. Or, l'évêque de la première de ces villes, ayant à célébrer une fête commémorative et solennelle, aura choisi exclusivement les martyrs qui appartenaient à la ville dont il était le premier dignitaire ecclésiastique. Tandis qu'il n'a pas cru devoir faire mention des autres saints qui avaient déjà été ou devaient être, dans la ville de Lambèse, l'objet d'une cérémonie du même genre.

QUATREMÉRE

de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

Paléographie catholique.

DISSERTATION SUR UN VIEUX PARCHEMIN

CONTENANT LES CANONS APOSTOLIQUES ET UN FRAGMENT INÉDIT
DU V. BÊDE.

euxième article 1.

Au moyen de notre manuscrit, nous pouvons éclaircir, mieux qu'on ne l'avait fait jusqu'alors, le sens du canon 28°, ainsi conçu dans Labbe et les autres auteurs: « Nous ordonnons de déposer l'évêque, le prê» tre ou le diacre qui frappe, ou les fidèles qui commettent une faute, » ou les infidèles qui leur font injure, et veut ainsi leur inspirer la

>> terreur 2. »

Nous lisons dans notre exemplaire: Et per hujusmodi violentiam temerè agentes, variante qui éclaircit beaucoup la pensée exprimée ici, en qualifiant de violence et d'actions téméraires des voies de fait qui ne conviennent pas aux ecclésiastiques, à ces hommes que J.-C. a envoyés comme des agneaux au milieu des loups. Ce volentem timeri, cette intention de vouloir se faire craindre, est bien présentée comme n'étant pas un motif capable de justifier de semblables procédés; mais aussi cette phrase ne donne-t-elle pas lieu à une objection?

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Voir le 1er article, au no 45, ci-dessus, p. 221.

Episcopum aut presbyterum aut diaconum percutientem fideles delinquentes aut infideles iniquè agentes,fet per hujusmodi volentes timeri, dejici ab officio suo præcipimus, Voir Labbe et Summa conciliorum Dans le Corpus juris canonici, et le Corpus juris civilis, ces canons sont traduits du grec.

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