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4. Les pétitionnaires demandent humblement la permission de vous exposer la grande satisfaction que leur a causée l'abolition de la taxe perçue par le gouvernement sur les pélerins de Jaggarnat', Gaya et Allihabad; mais ils regrettent vivement que le gouvernement continue à faire des dons au temple de Jaggarnat. En effet, des lettres récentes qu'ils ont reçues portent qu'une grande illusion a été faite au monde chrétien relativement à l'abo[ition de la taxe, laquelle a seulement changé de nom, un équivalent de cette taxe ayant été accordé par le gouvernement pour le soutien de l'idolatrie; puisqu'après qu'elle a été abolic, le gouvernement a accordé à perpétuité une somme de 35,000 roupies pour les dépenses du culte idolâtrique, outre 1,000 roupies destinées à l'ornement du char de l'idole, somme plus que suffisante pour entretenir sa splendeur, surtout si on ajoute à ces sommes celles qui proviennent du produit des terres appartenant au temple, et que les officiers du gouvernement sont chargés de faire valoir à son profit : en sorte que toutes ces sommes réunies forment un revenu annuel de plus de 60,000 roupies (150,000 francs), pour l'entretien de Jaggarnat;

5. Les pétitionnaires ne trouvent pas à redire à ce que les adorateurs des idoles possèdent des terres dont les revenus soient affectés à l'entretien de Jeur culte; mais ils sont affligés de voir que le gouvernement de l'Inde, par des contributions tirées du trésor public, coopère puissamment, et s'identifie au culte des idoles, l'honore et l'encourage implicitement par le paiement d'une somme si considérable prélevée sur les revenus publics pour servir à l'entretien du culte idolâtrique. Grâce au paiement de ces sommes, les idoles sont honorées, leurs fètes rendues plus brillantes, un plus grand nombre d'adorateurs sont attirés aux temples, et les Indous séduits sont portés à croire que la Compagnie des Indes croit à la divinité de leurs idoles, puisqu'elle contribue si généreusement à leur entretien;

6. Les pétitionnaires vous font observer que cet appui donné à l'idolâtrie est une grave offense envers Dieu, dont l'horreur pour l'idolatrie nous est si fortement révélée dans nos saintes écritures, et qu'une telle manière d'agir, en nous faisant encourir la disgrace du Souverain maître des nations, ne peut manquer de compromettre la sécurité de l'empire Britannique dans l'Inde, d'une manière bien plus à craindre que les machinations de ses ennemis.

7. Les pétitionnaires vous supplient donc d'user de votre autorité pour que les idoles de l'Inde ne reçoivent plus l'appui que leur assure cet argent, tiré des fonds publics, ou par l'intervention des magistrats britanniques; mais que les idoles et leurs temples, avec ce qui leur appartient, soient entièrement laissés aux soins et à la direction de leurs propres sectateurs.

DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE.

Numéro

47.

Novembre 1843.

Archéologie Chrétienne.

INSCRIPTION CHRÉTIENNE

TROUVÉE A CONSTANTINE ET EXPLIQUÉE PAR MM. CARETTE, HASE ET QUATREMÈRE.

Quand il y a à peu près deux ans, les journaux annoncèrent qu'une inscription chrétienne, fort curieuse et fort importante, avait été trouvée à Constantiné, nous ne voulûmes pas publier la transcription sommaire et rapide qui en avait été faite. Nous crûmes que, pour ne rien admettre à la légère, il valait mieux attendre que le fac simile de cette inscription fût connu, et pût être mis sous les yeux de nos lecteurs. Nous fîmes d'abord quelques démarches pour nous le procurer; mais nous apprîmes que l'Académie des Inscriptions et Belles - Lettres voulait le publier elle-même. C'est en effet ce qui vient d'avoir lieu dans le 1er volume de la 2a série, imprimé en 1843.

Cette publication se compose d'un mémoire de M. le capitaine de génie Carette, auteur de la découverte, qui se borne à faire voir la coïncidence évidente qu'il y a entre ce monument et les actes du martyre de saint Marien et de saint Jacques déjà connus, et à en tirer la conséquence que Constantine est bien l'ancienne Cirta des Romains. 2o D'un court travail de M. Hase, qui donne un premier essai de III SÉRIE. TOME VIII. N° 47. 1843.

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lecture et de restitution de l'inscription. Nous publions ces deux pièces telles qu'elles se trouvent dans ce volume des mémoires de l'Académie.

3o Mais nous y ajoutons une excellente dissertation que M. Quatremère a lue tout récemment à l'Académie des Inscriptions, et dans laquelle le savant académicien, avec l'érudition et les profondes lumières qui lui sont propres, examine de nouveau ce monument, corrige quelques endroits de la version de M. Hase et propose une lecture bien plus plausible et plus certaine.

Nous ne doutons nullement que ces recherches n'intéressent vivement nos lecteurs. Ils remarqueront cependant que, malgré ces travaux, bien des choses restent encore à éclaircir dans ce monument. Nous pensons même qu'un nouvel examen sur les lieux est nécessaire. Il nous semble que M. Carette a dû fixer des signes qui, sur le rocher, sont frustes, et laissés en conséquenee à la sagacité de l'interprète; c'est un avis donné aux voyageurs éclairés qui visiteront Constantine.

Quoi qu'il en soit, une chose est acquise avec certitude: c'est que ce monument se rapporte au martyre de saint Marien et de saint Jacques, et qu'il devient une preuve encore subsistante de la véracité des actes de nos martyrs.

A. B.

Rapprochement d'une inscription trouvée à Constantine, et d'un passage des Actes des martyrs fournissant une nouvelle preuve de l'identité de Constantine et de Cirta; par M. E. Carette, capitaine du génie, membre de la commission scientifique d'Algérie.

« Les dernières années du règne de Valérien furent signalées par une persécution violente qui ensanglanta l'Afrique. Parmi les chrétiens qui perdirent la vie dans ces jours d'épreuve, l'église recommande surtout au pieux souvenir des fidèles, Cyprien, évêque de Carthage, Théogène, évêque d'Hippône, et deux habitans de Cirta nommés Marien et Jacques, dont la mémoire fut pendant long-tems en grande vénération dans la Numidie. Leur martyre dut avoir lieu l'an 259 de

S. Augustini, S. 311 u 10.

notre ère; saint Augustin composa un sermon pour le jour de leur fête 2.

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L'Afrique n'est pas la seule contrée qui ait honoré d'un culte spécial la mémoire de ces deux martyrs : il existe une ville en Ombrie dont la cathédrale a été dédiée sous leur invocation. Quelques auteurs italiens assurent même que leurs restes y sont conservés.

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La relation de leur martyre, consignée dans le recueil de Ruinart 3, a été écrite par un de leurs amis, qui en fut témoin. C'est, pour l'Afrique, un des monumens précieux de cette époque, sur laquelle l'histoire nous a transmis si peu de détails; nous allons ons en donner un extrait, où nous ne reproduirons que les passages relatifs aux faits que nous nous proposons de discuter.

Martyre de Marien, de Jacques et d'un grand nombre d'autres chrétiens en Numidie.

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« Frères, vous connaissiez Marien et Jacques; vous savez, outre » la communauté de vie et de foi, les liens de famille qui nous unis»saient. Toujours animés de la même pensée, nous voyagions en » Numidie, lorsque nous arrivâmes en un lieu appelé Muguæ, qui >> touche au faubourg de la colonie de Cirta. Cette ville était alors li» vrée, plus que toute autre, aux horreurs de la persécution. Le » président de la province faisait rechercher et saisir tous les chrétiens, non-seulement ceux qui, échappés aux persécutions précé› dentes, avaient conservé la liberté, sans qu'il en coûtât rien à la foi, mais encore ceux qui, chassés de leur pays, languissaient de

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» puis long-tems dans l'exil.

'S. Aug. Serm. 284, no 2.

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Le calendrier de l'Eglise de Carthage la place au 6 mai; d'autres martyrologes la renvoient au 30 avril. D'après le monument que nous allons examiner, on aurait encore célébré cette fête au 2 novembre, ce qu'explique la réunion de ces nombreux martyrs, qu'on a pu vouloir fêter en commun et séparément.

› Acta primorum marlyrum sincera et delecta, p. 193 et suiv. édit. de Vérone, 1731, ou édit. d'Amsterdam, 1723, p. 223 et suiv.

* In quà tunc maximè civitate, gentilium cæco furore et officiis militum, persecutionis impetus quasi fluctus seculi tumescebant.

>> Parmi ces derniers, on amena à son tribunal deux évêques, » Agapius et Secundinus; ils ne dédaignèrent pas les soins hospi>> taliers que nous leur rendîmes jusqu'au jour de leur martyre, et » laissèrent, en partant, Marien et Jacques exaltés par leur exemple. Deux jours après, la villa que nous habitions, signalée comme >> une retraite connue pour être ouverte aux chrétiens, fut envahie >> par une multitude furieuse qui me saisit tout d'abord et me traîna » de Muguœ à Cirta. Le tour de nos frères arriva bientôt; car ils >> s'écriaient; « Nous aussi, nous sommes chrétiens. » On les inter>> rogea; ils persistèrent et furent jetés en prison. Bientôt ils eurent à » souffrir mille tortures. Ce ne fut point assez du soldat stationnaire; >> cet exécuteur des œuvres de cruauté fut encore assisté, dans son >> office, par les magistrats de Centuriones et de Cirta. Jacques, » déjà éprouvé par la persécution de Décius, déclara qu'il était chré>> tien, et de plus diacre; Marien n'était que lecteur. Quels supplices

n'imagina-t-on pas pour ébranler leur foi? Marien fut suspendu par » l'extrémité des pouces, ayant les pieds chargés de poids inégaux; » mais leur courage triompha. Reconduits dans la prison, ils joigni» rent leurs prières à celles des autres chrétiens, pour rendre grâce à » Dieu.

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Quelques jours s'étaient écoulés lorsqu'on les fit sortir pour com>> paraître au prétoire; le juge de Cirta les renvoyait au président » avec le procès-verbal de leur confession. Après avoir renouvelé de» vant lui leurs efforts pour hâter l'issue de cette longue et laborieuse

épreuve, ils rentrèrent encore dans cette prison de Lambèse qui les » revoyait pour la troisième fois. Les prisons! c'est la seule hospitalité » qu'on accorde aux justes.

» Cependant le sang chrétien ruisselait; chaque jour un grand nom»bre de fidèles retournaient à Dieu; mais le tour de nos frères n'arri» vait pas, et ils commençaient à s'affliger, tant la victoire leur pa>> raissait lente et tardive.

>> Enfin la promesse divine s'accomplit; Marien, Jacques et tous les » clercs furent conduits sur les bords du fleuve, au lieu qui devait les

» voir mourir. La vallée était resserrée entre deux collines, dont la

1

1 Voyez la note de Ruinart sur cette ville de Centuriones, p. 196, note 9.

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