Obrazy na stronie
PDF
ePub
[ocr errors]

Physiologie.

NOUVEAUX PROGRÈS

DE LA PHYSIOLOGIE PSYCHOLOGIQUE.

DÉCOUVERTES DU DOCTEUR FOVILLE, ET CONSEQUENCES QUI EN DÉCOULENT.

Dans tous les tems il a été reconnu qu'il y a entre l'âme et le corps des rapports nécessaires de facultés et d'organes, que le corps fournit, pour ainsi dire, des instrumens à l'âme; toujours aussi on a cherché à déterminer quel organe était spécialement le siége des fonctions intellectuelles et rectrices; mais autant la première vérité était évidente et facile à déduire des faits et de l'étude de l'homme même, autant les déterminations de la seconde étaient difficiles à atteindre: et de là les divergences d'opinions.

Depuis Démocrite, qui disséquait des cerveaux d'animaux pour trouver le siége de la folie chez l'homme; Hérophile, qui fit faire à l'anatomie du cerveau son premier pas; Érasistrate, qui formula le système qui fait des circonvolutions cérébrales le siége des facultés intellectuelles; Galien, qui, résumant tous les travaux de ses prédécesseurs, combattit Érasistrate, et plaça le siége des facultés dans les ventricules du cerveau; Albert-le-Grand, saint Thomas d'Aquin, Scot, saint Bonaventure, etc., qui tous, suivant Galien, faisaient des ventricules le siége des facultés, et les traduisaient par les formes extérieures du crâne, jusqu'à Vésale, la science n'avait marché que lentement; Vésale, anatomiste topographique distingué, lui imprima un nouveau mouvement, sans, toutefois, toucher à la physiologie, qui ne devait venir que plus tard.

Cependant, au milieu de la fluctuation des opinions diverses, les dogmes de l'immortalité de l'âme et du libre arbitre avaient toujours conservé leur haute prérogative. Sous la direction subversive du matérialisme moderne se fit très certainement un nouveau progrès III SÉRIE. TOME VIII. N° 46. 1843.

20

dans la connaissance organique de l'instrument qui sert de substratum matériel à l'intelligence: Gall en fut le principal auteur. Le système de Gall a été vivement saisi par les coryphées du matérialisme, qui n'ont pu s'élever plus haut que la conception d'une âme organique, cerveau et moelle épinière, qui, dès-lors, n'a plus été qu'un être soumis à la nécessité de son organisme, et destructible par sa décomposition même : ce ne pouvait pas être là le dernier mot de la science, qui n'est science qu'à condition d'être sociale.

M. le docteur Foville, médecin en chef de la maison royale de Charenton, par ses nombreux et longs travaux sur l'anatomie physiologique du système nerveux, nous semble donner à la science du plus compliqué comme du plus élevé de tous les systèmes organiques, ses bases les plus certaines, en même tems qu'il renverse par des faits positifs et nombreux toutes les théories du matérialisme. Plusieurs Mémoires ont déjà été publiés par ce savant anatomiste; l'Académie des sciences et l'Académie de médecine les ont accueillis de la manière la plus flatteuse, et ont encouragé la poursuite de travaux qui avaient déjà apporté de si heureux résultats à la science, et qui lui promettaient des progrès ultérieurs « de la plus haute portée, » suivant le jugement du rapporteur de la commission du 11 mai 1840. Dans quelques mois, l'ensemble de ces travaux sera livré à la publicité, dans un ouvrage impatiemment attendu, et dont l'impression se continue avec patience et persévérance; mais en attendant, le docteur Foville poursuit ses recherches avec ses découvertes, et il vient d'adresser à l'Académie des sciences un nouveau Mémoire, contenant des faits nouveaux qui nous paraissent du plus haut intérêt physiologique et psychologique. L'honorable amitié de ce savant nous a initiés à ses travaux; nous avons vu avec lui les faits nouveaux qu'il introduit dans la science; et il nous a paru utile d'en faire part en publiant un extrait de ce ouveau Mémoire, qu'il a bien voulu nous communiquer; nous le ferons suivre de quelques réflexions, dont nous assumons la responsabilité.

Résultats sommaires des recherches nouvelles sur l'anatomie du cervelet, par le docteur Foville, médecin en chef de la maison royale de Charenton, extraits de la lettre adressée à M. le président de l'Académie des sciences. Janvier 1843.

<< Il existe entre le cervelet et les deux nerfs, qui se détachent de la base de son pédoncule, une continuité de tissu que personne, à ma connaissance, n'a soupçonnée depuis Galien; quant à ce grand homme, il a dit: Cerebrum verò est omnium nervorum mollium origo, pensée susceptible d'interprétations diverses. Voici, d'ailleurs, comment est établie la continuité des nerfs auditif et trijumeau avec la substance du cervelet:

>> Du tronc des nerfs auditif et trijumeau, au lieu de leur insertion aux côtés de la protubérance, se détache une membrane de matière nerveuse blanche, qu'on peut comparer à celle qui, sous le nom de rétine, existe à l'extrémité périphérique du nerf optique, et tapisse l'intérieur de l'œil.

» L'expansion membraniforme de matière nerveuse blanche, qui se détache du nerf auditif et du trijumeau, au lieu de leur insertion à la base du pédoncule cérébelleux, est beaucoup plus forte que la rétine du nerf optique; elle tapisse d'abord le côté externe du pédoncule cérébelleux, et lui donne un aspect lisse différent de l'aspect fasciculé de la protubérance, de laquelle procède le faisceau pédonculaire externe du cervelet.

» Cette membrane nerveuse se prolonge ensuite sous les bases des lobes cérébelleux qui se trouvent soudés à sa face excentrique.

>> Tous les lobes de la face supérieure du cervelet naissent par une extrémité simple d'une petite bordure fibreuse située sous la marge commune de tous ces lobes, à la partie supérieure de la face externe du pédoncule cérébelleux.

>> Cette petite bordure fibreuse se prolonge dans la substance même du nerf trijumeau; toutes les extrémités des lobes cérébelleux attachées sur cette bordure convergent avec elle dans la direction du nerf trijumeau, qui semble ainsi leur centre d'origine. De ce lieu d'origine, tous les lobes de la face supérieure de l'hémisphère cérébelleux se portent en divergeant dans l'éminence vermiforme supérieure.

» La doublure fibreuse immédiate de tous ces lobes, faisant suite

à la bordure fibreuse émanée du trijumeau, rayonne de cette bordure dans la direction de l'éminence vermiforme, répétant au-dessous de ces lobes, dont elle est la base, la direction qu'ils présentent euxmêmes à la périphérie cérébelleuse.

Voici pour les lobes de la partie supérieure de l'hémisphère cérébelleux.

>> Ceux de la partie inférieure de ce même hémisphère se comportent exactement de même, par rapport au nerf auditif; tous ils convergent par leur extrémité externe dans la direction de ce nerf, et sont attachés à la surface excentrique de la membrane nerveuse qui en émane, et produit une petite bordure fibreuse au point de concours de tous ces lobes dans la direction du nerf auditif.

>>> La direction des fibres de cette membrane nerveuse, émanée du nerf auditif, est parallèle à celle des bases des lobes cérébelleux fixés à sa face externe.

» Ainsi les lobes de la face supérieure de l'hémisphère cérébelleux sont fixés sur une membrane nerveuse émanée du nerf trijumeau.

» Les lobes de la face inférieure de l'hémisphère cérébelleux sont également soudés à la surface externe d'une membrane nerveuse émanée du nerf auditif, de sorte que les replis de la couche corticale qui constituent la partie principale des lobes cérébelleux, pourraient être comparés aux ganglions développés sur les racines postérieures des nerfs spinaux; surtout, si l'on remarquait que, par un prolongement ulterieur de matière fibreuse que ce n'est pas le lieu de décrire ici, ces mêmes replis de la couche corticale du cervelet se rattacheut au faisceau postérieur de la moelle.

» Voici maintenant d'autres faits remarquables.

>> Des replis internes, que présente la membrane nerveuse blanche, émanée des nerfs auditif et trijumeau et combinée avec la couche corticale du cervelet, se détachent des cloisons fibreuses dont les fibres, par leurs terminaisons périphériques, pénétrent la couche corticale, tandis que, par leur prolongement centripète, ces mêmes cloisons se rendent à la surface d'un noyau fibreux que revêtait la membrane nerveuse émanée de l'auditif et du trijumeau.

» La couche la plus superficielle de ce noyau fibreux est celle dans laquelle concourent toutes ses cloisons fibreuses qui procèdent

de l'intérieur des lobes cérébelleux. Cette couche fibreuse superficielle du noyau cérébelleux se rend enfin dans la partie fasciculée du pédoncule cérébelleux qui vient de la protubérance.

» De sorte que par sa doublure fibreuse immédiate, la couche corticale du cervelet communique directement avec les nerfs auditif et trijumeau et avec les organes sensoriaux auxquels se rendent les extrémités périphériques de ces nerfs, tandis que, par les cloisons fibreuses contenues dans les replis internes de l'espèce de rétine cérébelleuse de l'auditif et du trijumeau, cette même couche corticale communique avec les fibres transversales de la protubérance et par suite avec les faisceaux antérieurs de la moelle.

>> Ces données sont loin de contenir toute l'anatomie du cervelet, elle révèlent simplement dans l'état normal de cet organe des dispositions inconnues que je crois importantes.

[ocr errors]

L'inspection, post mortem, du cervelet chez les aliénés, m'a permis de constater, un assez grand nombre de fois depuis deux ans, un état pathologique de cet organe, consistant en adhérences intimes de sa couche corticale avec les parties correspondantes dc la pie-mère et de l'arachnoïde. Cet état pathologique est surtout fréquent chez les allucinés. C'est quelquefois la seule altération qu'on rencontre dans l'encéphale de ceux dont le délire avait pour base unique des hallucinations.

» Un semblable résultat rapproché des données anatomiques précédentes me semble hautement significatif.

[ocr errors]

J'ajouterai que dans bien des cas la maladie du cervelet à laquelle je fais allusion, a succédé à l'altération préalable de parties périphériques des nerfs auditif et trijumeau.

» Dans des cas de ce genre, la maladie du cervelet pourrait être comparée, par rapport à sa cause première, à la maladie d'un ganglion lymphatique, déterminée par la phlegmasie de quelqu'un des vaisseaux qui se rendent à ce ganglion.

» Il existe entre la couche corticale du cerveau et les nerfs olfactif et optique des connexions du même genre que celles que j'ai signalées entre la couche corticale du cervelet et les nerfs auditif et triju

meau...... »

Dans ces faits si nouveaux et si intéressans, il y a, nous semble-t-il,

« PoprzedniaDalej »