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» Je me sens gêné de son contact impur, dans la crainte d'être >> brûlé du feu qui lui est destiné.

» Au jour du jugement, lorsque l'assemblée des humains compa» raîtra devant toi, ô Dieu! ne me ressuscite pas avec lui. »

Il finissait ces paroles, lorsque vint à Jésus (béni soit-il!) une révélation de la part de Celui qui est glorieux en attributs.

Il lui fut dit : « Bien que l'un ait vécu dans la sagesse et l'autre » dans l'erreur, la prière de chacun d'eux est parvenue jusqu'à moi. » Celui qui a passé ses jours dans la corruption, qui a mené une vie » dépravée, a gémi devant moi avec larmes et avec componction...

Or quiconque vient à moi dans la détresse, n'est jamais expulsé » du seuil de ma bonté.

» Je lui pardonne ses actions honteuses; je l'introduirai par ma » grâce dans le paradis '.

» Et puisque le dévot personnage aurait honte de s'asseoir avec lui » dans l'éternité bienheureuse',

» Dis lui: Ne crains pas que ce pécheur te fasse honte à la résur>> rection; car l'un sera transporté dans le paradis et l'autre dans le >> feu de l'enfer;

>> Parce que le cœur de celui-là a saigné de douleur et de repentir, » tandis que celui-ci a placé sa confiance dans sa propre dévotion.

» Il ignore qu'à la cour du Dieu, riche en miséricorde, un humble » aveu de détresse vaut mieux que l'égoïsme et la présomption.

>> Pour celui dont la robe est pure, mais dont les mœurs sont souil» lées, la porte de l'enfer n'aura pas besoin de clé.

» A cette porte l'humilité et l'indigence sont préférables à la dévo» tion accompagnée de l'amour-propre.

'Hodiè mecum eris in paradiso. Paroles du Sauveur en croix au bon larron. Luc. XXIII, 43...

Les Orier taux préconisent à l'envi l'efficacité de la contrition; et regardent la pénitence comme l'unique moyen de justification pour le pécheur. On lit ce beau distique dans le poëme intitulé le Miroir de Djemchid.

La pénitence est le savon du vêtement de l'àme

La pénitence est l'huile de la lampe de la foi.

» Lorsque tu te mets au rang des bons, tu es mauvais par cela » même; la propre considération ne saurait s'allier à la dévotion.

» Si tu es brave, ne parle pas de ta bravoure, car tout bon cavalier ne >>> franchit pas le fossé 1.

>> Cet homme sans vertu est devenu tout pelure, comme un ognon, » `parce qu'il croit que, comme la pistache, il renferme une amande 2. >>> Cette sorte de culte ne saurait profiter en rien; va donc et tâche » d'obtenir le pardon de ta dévotion défectueuse 3.

» Cet homme sans jugement n'a pas mangé du fruit de ses pratiques religieuses, parce que, s'il fut bon envers Dieu, il fut méchant envers >> ses semblables. »

A

Garde en souvenir les paroles des sages; rappelle-toi seulement cet axiôme de Sadî 4.

MIEUX VAUT LE PÉCHEUR PÉNÉTRÉ DE REPENTIR DEVANT DIEU, QUE L'ANACHORÈTE QUI FAIT PARADE DE SA DÉVOTION.

' On lit la même pensée dans l'Ecclésiaste, ch. ix, v. 11. Verli me ad aliud, et vidi sub sole nec velocium esse cursum, nec fortium bellum.

2 Les poètes persans affectionnent cette figure; ils comparent l'hypocrite à l'ognon qui, n'étant composé pour ainsi dire que d'écorces ou d'enveloppes, trompe ceux qui voudraient trouver autre chose au centre; la pistache, au contraire, qui sous une écorce rude cache un fruit délicieux, est pour eux la figure de l'humble dévot.

3 On lit de même dans le Miroir de Djemchid:

Fais pénitence de ton péché et aussi de ta dévotion;

Car une fausse dévotion est une hypocrisie renforcée.

4 Les poètes musulmans ont la coutume de faire entrer leur nom dans le dernier vers de leurs pièces.

Philologie.

TABLEAU

DES PROGRÈS DES ÉTUDES ORIENTALES.

PENDANT L'ANNÉE 1841.

(Importance des études orientales pour la religion).

Ainsi que nous l'avons fait pour les années 1849 et 1840, nous allons offrir le résumé des études qui ont eu pour but de nous faire connaître les langues des peuples de l'Orient. Nous n'avons pas besoin de faire sentir ici l'importance de ces études, nous avons déjà fait voir qu'elles tournaient toutes au profit de nos croyances et qu'elles devaient servir de base à cette grande union des peuples, qui, dispersés et ennemis depuis la séparation dans la plaine de Sennaar, sont destinés à s'unir par une même foi, dans une même Eglise. Nous renvoyons pour plus de détails à l'article précédent, et nous nous contentons de répéter de nouveau ici deux des principaux résultats qui ressortent déjà de cette étude : le premier, c'est que tous les peuples ont une origine commune; le second, c'est que toutes les religions ne sont que des dérivations, des altérations de la religion primitive et révélée, dont on retrouve tous les jours des restes parfaitement reconnaissables.

1

Cet article, extrait du n° 75 du Journal asiatique, est, comme le précédent, de M. Mohl; nous l'abrégeons en quelques endroits.

A. B.

1. Progrès dans l'étude de la littérature arabe.

<< La littérature arabe, qui, par des raisons différentes, mais également puissantes, restera encore longtems la branche la plus cultivée

• Voir 3 série, t. rv, p. 273.

des lettres orientales, au moins en France et en Allemagne, a reçu plusieurs accroissemens notables. Mais avant d'en parler, j'ai à remplir une lacune que j'ai été obligé de laisser dans le rapport de l'année dernière, parce que l'ouvrage que j'aurais dû annoncer n'était pas arrivé à Paris. C'est la traduction du dictionnaire des plantes médicales d'Ibn al Beithar, par M. de Sontheimer. Tout le monde sait quel grand rôle la médecine arabe a joué au moyen-âge, et que c'est par elle que la science a pénétré dans les écoles juives et chrétiennes, où les noms d'Avicenne, de Rhazes, d'Averroës, d'Ibn al Beithar et d'autres, ont longtems fait autorité. Peu à peu, on les a oubliés, trop peut-être sous le rapport de la pratique, dans tous les cas trop sous le rapport de l'histoire des sciences. Aujourd'hui, on commence à réparer cette faute, et l'un des premiers fruits de cette nouvelle tendance des études est l'ouvrage de M. de Sontheimer. Abou Mohammed Ibu al Beithar était né à Malaga, vers la fin du 12° siècle. Après avoir consacré une grande partie de sa vie à l'étude de la médecine et à des voyages scientifiques en Orient, il composa son dictionnaire. Sa méthode est très-simple; il arrange la matière médicale alphabétiquement, commence chaque article par les noms que la substance dont il traite porte dans d'autres langues, en donne ensuite la description, et en énumère les propriétés médicales d'après Galien, Dioscoride, les médecins arabes, persans et syriens, et d'après ses propres observations. Il n'y a qu'un médecin qui pouvait traduire cet ouvrage, et M. de Sontheimer a rendu un véritable service anx sciences en le faisant connaître. Les difficultés de ce travail sont fort grandes et quelquefois insurmontables en Europe, parce que les descriptions botaniques sont souvent trop imparfaites pour permettre de reconnaître les plantes avec certitude. M. de Sontheimer a pris le meilleur moyen pour remédier à cet inconvénient : il annonce qu'il ajoutera au second et dernier volume de son ouvrage la liste des plantes qui lui ont laissé des doutes, et en appellera aux Européens en Orient qui pourront les retrouver à l'aide de leurs noms originaux, et ensuite les déterminer.

Zusammenstellung einfacher Heil und Nahrungsmittel von Ebn Beilhar, aus dem arabischen uebersezt von Dr. F. von Sontheimer. Stuttgard, 1840, vol. 1, gr. in-8°.

Le premier volume de la traduction du dictionnaire Biographique d'Ibn-Khallikan', par votre confrère M. de Slane, a paru, et les deux éditions du texte, qui se publient simultanément à Paris et à Goettingen, ont fait des progrès, M. de Slane ayant publié la cinquième, et M. Wustenfeld la dixième livraison de leurs éditions. On ne peut s'étonner de voir cet auteur l'objet de travaux si multipliés, quand on réfléchit au rang qu'il occupe dans la littérature arabe. Ibn-Khallikan était un jurisconsulte du 13° siècle, qui passa sa vie dans la magistrature et dans l'enseignement. Il avait recueilli, pour son propre usage, pendant de longues années, sur un grand nombre de personnages et sur leurs œuvres, des notes dont il finit par faire un dictionnaire biographique. Les Arabes possédaient déjà, avant lui, de nombreux ouvrages de ce genre, mais qui étaient tous consacrés à des classes particulières, à des sectes, ou aux hommes marquans d'une ville. Ibn-Khallikan, le premier, entreprit une biographie générale; il s'était proposé d'en faire deux rédactions, d'abord une plus courte, ensuite une plus détaillée ; mais, pendant la composition de son livre, il abandonna cette idée, et fit entrer dans la partie qui l'occupait alors, les matériaux qu'il avait destinés au second ouvrage. Ce changement de plan introduisit nécessairement un peu d'inégalité dans l'exécution; mais ce défaut n'empêcha pas son livre de remplir une lacune qui devait être fort sentie. Il eut le plus grand succès, et servit de modèle et de base à un grand nombre de supplémens et de continuations. Ibn-Khallikan s'attache moins à suivre pas à pas la vie des hommes dont il parle, qu'à montrer leur esprit par des extraits de leur poésie, et leur caractère par des anecdotes. Les nombreuses citations de vers dont il a parsemé son livre n'ont que peu d'intérêt pour nous, car les poèmes arabes, à partir du second ou du troisième siècle de l'hégire, ne sont que des pastiches de l'ancienne et belle poésie du désert; mais ses anecdotes ont une grande valeur, en ce qu'elles nous fournissent une infinité de traits du caractère arabe et de détails de mœurs. Cet ouvrage sera toujours un de ceux qu'on consultera le plus dans toutes les recherches sur l'histoire politique

1 Ibn-Khallikan's Biographical Dictionary, translated from the arabic by the baron Mac Guckin de S'ane. Paris 1842, in-4°,

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