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vrance de quelques périls. Le Boudhiste, fidèle à son principe de fatalité, dit toujours: de même que Phra a pratiqué telle vertu, puissé-je la pratiquer moi-même, etc., etc. Les prières renferment aussi de nombreuses citations de la loi; on y trouve aussi les plus belles expressions pour louer cette loi sublime. Enfin on y trouve aussi des louanges à l'honneur des Ariahs ou des justes qui sont bien avancés dans la pratique de la loi ; mais encore une fois, il n'y a pas une seule expression qui donne une idée de prières, le mot pris dans sa signification première et naturelle.

Tout cela n'est qu'une esquisse et même très légère des principaux points du Boudhisme, tracés à la hâte. Plus tard je remplirai les lacunes en vous fournissant des détails plus développés.

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Traditions persanès,

LE SAINT ET LE PÉCHEUR,

ANECDOTE TIRÉE DU BOSTAN DE SADI.

Monsieur le Directeur,

Au milieu des attaques que l'incrédulité et la philosophie dirigent sans cesse contre le dogme et la morale du christianisme, ce n'est pas une petite consolation, pour les vrais croyans, de trouver chez les peuples professant une autre religion des témoignages de respect, d'estime, je dirai presque de foi pour les objets de notre culte et de notre croyance. Déjà vos Annales en ont enregistré un grand nombre; mais à mesure que les sciences font des progrès, on trouve toujours de nouvelles pierres à apporter à ce monument que vous élevez pour la défense de la vérité.

C'est pourquoi je m'empresse de vous communiquer aujourd'hui la traduction d'un extrait curieux de Sadi, que l'on peut appeler à bon droit le prince des poètes persans.

Ce morceau rappelle involontairemnent la belle parabole du pharisien et du publicain; il est traité si convenablement et avec tant de dignité et de foi qu'on le croirait sorti de la plume d'un orthodoxe ; chose d'autant plus remarquable que Sadî lui-même n'eut pas à se louer des chrétiens.

Ce savant homme naquit à Chiraz, l'an 571 de l'hégire (1176 de J. C.); pendant sa longue carrière, qu'il poussa jusqu'à l'âge de 116 ans, il voyagea dans la plupart des contrées de l'Orient. Zélé musulman, il s'appliquait à inculquer aux païens le dogme de l'unité de Dieu et à leur démontrer la vanité des idoles. Ce fut pendant le cours de ses longues pérégrinations qu'il fut pris par les croisés en Pales

tine et condamné aux travaux les plus pénibles. Il raconte ainsi luimême ce fait dans le Gulistan :

« Fatigué de la compagnie de mes amis à Damas, je me retirai dans le désert de Jérusalem, cherchant la société des animaux; mais je fus fait prisonnier par les Francs, et ils m'employèrent au terrassement dans les fossés de Tripoli (de Syrie) en compagnie de quelques juifs. Un de mes anciens amis, qui occupait à Alep un rang distingué, venant à passer par cet endroit, me reconnut et me demanda comment je me trouvais là et à quoi j'étais occupé. Je lui répondis : « Je m'étais enfui dans les montagnes et les déserts pour éviter les » hommes, convaincu qu'on ne peut placer sa confiance qu'en Dieu. >> Pense donc quelle doit être aujourd'hui ma situation, obligé que je » suis de rester dans la compagnie d'une bande d'êtres indignes même » du nom d'hommes..... Mon ami eut compassion de moi, il me » racheta des mains des Francs et m'amena à Alep avec lui. »

Ses principaux ouvrages sont le Gulistan ou l'Empire des Roses, le Bostan ou le Jardin, et le Molámat, les Rayons ou les étincelles : ces œuvres poétiques renferment des anecdotes curieuses, entre mêlées de préceptes de morale et de réflexions philosophiques. On lui attribue aussi le Pend-námeh, ou livre des conseils, que d'autres mettent sur le compte d'Attar.

C'est du Bostan qu'est tirée l'anecdote que je reproduis ici, d'après M. Forbes Falconer qui l'a insérée dans l'Asiatic journal, de Londres (décembre 1839), avec une traduction anglaise, des notes et des variantes fournies par douze manuscrits différens.

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Cette pièce démontre la nécessité de la pénitence, les effets de la contrition parfaite, les funestes conséquences de l'orgueil pharisaïque et l'inutilité des bonnes œuvres lorsqu'elles ne sont pas accompagnées de l'humilité; toutes vérités hautement prêchées dans l'Évangile.

J'ai l'honneur d'être, avec respect,
Monsieur le Directeur,

Votre tout dévoué serviteur,

L'Abbé BERTRAND,

membre de la Société Asiatique.

LE SAINT ET LE PÉCHEUR.

J'ai recueilli dans de pieux chroniqueurs que du tems de Jésus (sur lequel soit la paix !),

Un homme avait follement dissipé sa vie et l'avait passée tout entière dans le désordre et dans l'erreur.

Le malheureux!... le livre de ses actions était noir, son cœur endurci; Iblis même était honteux de sa dépravation.

Il avait dépensé ses jours sans aucun profit; jamais cœur humain n'avait éprouvé de consolation de sa part.

Sa tête était vide de jugement et pleine de vanités, son ventre était engraissé de mets prohibés.

Le pan de sa robe était souillé d'iniquités, et sa demeure était remplie d'impudence.

Ses pieds ne marchaient pas droit, comme le font ceux qui voient; son oreille n'était pas ouverte aux bons avis, comme celle d'un honnête homme.

Le monde l'abhorrait, comme on abhorre une année stérile; on se le montrait de loin comme on montre la nouvelle lune.

La convoitise et les passions avaient consumé toute sa moisson; il n'avait pas amassé un seul grain de bonne renommée.

Le misérable avait poussé à un tel excès ses ignobles jouissances, qu'il ne restait plus de place pour écrire dans le livre de ses œuvres. Corrompu, sensuel, livré à ses appétits désordonnés, il s'abandonnait inconsidérément nuit et jour à l'ivrognerie et à la débauche.

J'ai appris que Jésus revenant du désert passa par la cellule d'un anachorète.

Celui-ci descendit de sa terrasse et se prosterna à ses pieds le front dans la poussière.

Le pécheur, dont l'étoile était changée, les considéra à une distance respectueuse, ébloui de leur présence, comme le papillon par la lumière.

1 Iblis est, dans les langues musulmanes, la transcription corrompue du mot grec, Stoλos, le diable.

Il les contempla avec une sainte envie et plein de honte, comme un pauvre en présence d'un riche capitaliste,

Murmurant en accents plaintifs d'humbles prières de pardon pour ses nuits passées dans le désordre jusqu'au matin.

Des larmes de douleur tombaient en pluie de ses yeux : Hélas! » disait-il, que ma vie a été criminelle !

» J'ai dissipé la monnaie d'un tems précieux et je n'ai recueilli au» cun bien en retour.

» Peut-il exister un être qui ait vécu comme je l'ai fait? pour moi » la mort est de beaucoup préférable à l'existence.

» Heureux celui qui est mort dans la saison de l'enfance! car sa tête << blanchie par l'âge ne traînera pas la honte!

» Pardonne mon crime, ô créateur du monde! car s'il comparaît » avec moi au jugement, ce sera un mauvais compagnon '. »

D'un côté le vieux pécheur se lamentait en disant : « Ecoute mes » plaintes, ô protecteur! >>

Et la honte lui faisait baisser la tête, et des larmes de repentir ruisselaient le long de ses joues.

De l'autre côté, l'ascète, d'un air plein de suffisance, fronçait dédaigneusement les sourcils sur le pécheur, et, le regardant de loin, Il dit : « Pourquoi ce pervers recherche-t-il notre présence? ce >> misérable infidèle se croit-il de même nature que nous?

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>> Lui qui s'est plongé volontairement dans le feu du crime, qui a » abandonné sa vie à tous les vents des passions.

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Quelle bonne action son âme impure a-t-elle jamais produite pour >> vouloir ainsi s'associer au Messie et à moi?

» Qu'il ferait bien de me délivrer de son odieuse présence et d'aller >> en enfer en compagnie de ses œuvres!

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⚫ Ces dernières paroles sont une citation du Coran, où on lit, surate XLIIK, v. 35 et 37.

• Quiconque se détourne des avertissemens du Miséricordieux, nous enchaî

nerons Satan avec lui, et il deviendra son compagnɔn.............. jusqu'à ce que, paraissant devant nous au dernier jour, il dise au démon: plût à Dieu qu'il y eût entre toi et moi la distance qui sépare l'orient de l'occident ! » car ce sera un mauvais compagnon. »

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