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lut joindre l'exemple à la théorie, et publia, en 1726, un Bréviaire exécuté d'après son plan, dans lequel toute la série des offices divins avait été de nouveau élaborée et soumise au creuset de son génie particulier. Ce livre-modèle, qui ne trouva cependant d'imprimeur qu'à Amsterdam, était intitulé: Breviarium ecclesiasticum, editi jam prospectús executionem exhibens, in gratiam Ecclesiarum in quibus facienda erit Breviariorum editio (2 vol. in-8°).

Il est douloureux de rappeler que le Bréviaire-Foinard fit réellement fortune, et que beaucoup d'églises de France n'hésitèrent point à en adopter les principes et les formes.

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Certes, dit à ce propos l'auteur des Institutions liturgiques, >> c'était une chose bien lamentable de voir ainsi se rompre la communion des prières catholiques avec Rome, avec le reste de la >> Chrétienté, avec les siècles de la tradition; mais ce qui n'était » pas moins humiliant, ce qui n'accusait pas moins la triste dé»viation qui faillit ruiner pour jamais la foi catholique dans >> notre patrie, c'est le mesquin presbytérianisme, dont toute » l'œuvre des nouvelles liturgies demeure à jamais entachée. La plupart de ces faiseurs étaient des hérétiques, comme nous l'avons dit, et comme nous le dirons encore en tems et lieu ; mais de plus, ils étaient de simples prêtres, sans caractère pour ensei»gner, sans mission pour réformer l'Église, sans troupeau à gou» verner en leur propre nom. Jusqu'ici, nous avions vu la liturgie, soit dans l'Église d'Orient, soit dans l'Église d'Occident, formulée, disposée, corrigée par des évêques ; Saint Léon, saint Gélase, saint Grégoire-le-Grand, saint Léon II, saint Gré» goire VII, Paul IV, dans l'Église de Rome; saint Ambroise dans l'Église de Milan; saint Paulin, dans l'Église de Nole ; Maxi>> mien et Johannicius, dans l'Église de Ravenne; Théodose, » dans l'Église de Syracuse; saint Paulin, dans celle d'Aquilée; Voconius, dans l'Église d'Afrique; saint Hilaire, saint Césaire d'Arles, saint Sidoine Apollinaire, saint Venantius Fortunat, »saint Grégoire de Tours, saint Protadius de Besançon, saint >> Adelhelme de Séez, dans l'Église des Gaules; saint Léandre, »saint Isidore, Conantius, Jean de Sarragosse, Eugène II de Tolède, saint Ildefonse, saint Julien de Tolède, dans l'Église go

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thique d'Espagne; saint Eustathe d'Antioche, saint Basile, saint » Maruthas, saint Cyrille d'Alexandrie, saint Jean Maron, saint » André de Crète, Come de Maïuma, Joseph Studité, Georges de Nicomédie, etc., dans les églises d'Orient. La liturgie est donc » l'œuvre des évêques; ils l'ont rédigée, fixée, en établissant lès » églises; c'est d'eux qu'elle a tout reçu; c'est par eux qu'elle >> subsiste. Les diverses réformes de la liturgie n'ont jamais été » autre chose que le rétablissement de l'œuvre liturgique des » évêques dans son ancienne pureté ; de même que la réforme de << la discipline n'est que le retour aux constitutions apostoliques, » et aux décrets des conciles. On doit se rappeler que le soin » donné par Grégoire IX aux frères Mineurs ne regardait pas la » composition de la liturgie, mais une simple épuration, dans le » genre de celle qu'accomplirent les commissions romaines nom» mées par saint Pie V, Clément VIII et Urbain VIII'; encore ces » dernières renfermaient-elles plusieurs membres révêtus de la » pourpre romaine, ou honorés du caractère épiscopal.

» En France, au contraire, il ne s'agit point de corriger, de met>> tre dans un meilleur ordre la liturgie Romaine-française, ni de >> rétablir l'antique et vénérable rite Gallican; il s'agit de donner » de fond en comble une liturgie à une Église qui n'en a pas, et » aucun évêque ne couvre de la responsabilité de son travail per>>sonnel cette œuvre qui doit remplacer celle de tant d'évêques » des premiers siècles, de tant de souverains pontifes. Pour opé» rer cette grande et inouie révolution, les évêques français du » 18° siècle se constituent sous la dépendance de simples prêtres qui se sont érigés en législateurs de la liturgie. Les plus justes » réclamations sont étouffées, comme on va le voir, et il faut que » saint Grégoire disparaisse avec tout l'imposant cortège de ses » cantiques séculaires, pour faire place à des prêtres, comme Le » Tourneux, de Vert, Foinard, Petitpied, Vigier, Robinet, Ja» cob; bien plus, à des diacres, comme J.-B. Santeul; à des acolytes, comme Le Brun des Marettes et Mesenguy; à des laïques, » comme Coffin ct Rondet 1. »

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'Instit. liturg., t. 11, p. 271.

Le docteur Grandcolas avait déjà publié en 1714 un Traité de la messe et de l'office divin, qu'il fit suivre en 1727 d'un Commentaire sur le bréviaire romain, où les idées de Foinard étaient érudiment développées. Ces deux hommes peuvent être considérés comme les législateurs des nouvelles liturgies. Leur système influa sur tous les bréviaires qui virent le jour à cette époque, tels que les Bréviaires de Sens, d'Auxerre, de Rouen, d'Orléans 1.

Enfin le Bréviaire de Paris, œuvre de François de Harlai, édité de nouveau à deux diverses reprises, mais sans corrections considérables, par le cardinal de Noailles, reçut une dernière forme, en 1736, sous l'épiscopat de Charles Gaspard de Vintimille. Trois commissaires furent chargés de cette nouvelle révision. Le P. Vigier oratorien, fort suspect d'attachement au jansénisme dont sa compagnie était gangrenée 2; Mesenguy, simple clerc, qui n'avait jamais voulu prendre le sous-diaconat, l'un des plus célèbres champions de l'Appel contre la bulle Unigenitus;— et Coffin, laïque, successeur de Rollin dans la direction du college de Beauvais. Ce dernier fut chargé de composer les hymnes du nouveau bréviaire. Son mérite, comme hymnographe, est peut-être au

'Le Bréviaire d'Orléans eut pour rédacteur Jean-Baptiste Lebrun Desmarettes, fils d'un libraire de Rouen, qui fut condamné aux galères pour avoir imprimé des livres en faveur de Port-Royal. Le fils, élevé par les solitaires de cette maison, garda toute sa vie un grand attachement pour ses anciens maîtres et pour leur doctine; attachement qui l'entraîna dans certaines démarches, par suite desquelles il fut renfermé à la Bastille durant cinq ans : encore n'en sortit-il qu'à la condition de signer le formulaire. Il rétracta cet acte d'orthodoxie en 1717, et se porta appelant de la bulle Unigenitus. Etant tombé malade, et craignant un refus des sacremens, il se traîna à l'église pour faire ses Pâques, le dimanche des Rameaux 1731, et mourut le lendemain. Il avait pris l'ordre d'acolythe et ne voulut jamais entrer dans les ordres sacrés. Le Bréviaire de Nevers était aussi de sa rédaction.

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François-Nicolas Vigier, prêtre de l'Oratoire et successeur de Duguet, en la charge de supérieur du séminaire de Saint-Magloire, s'était livré lui aussi à la composition d'un bréviaire, suivant les idées nou

dessus de celui de Santeul, mais sous le rapport de l'orthodoxie il offrait moins de garanties encore. Santeul, homme léger et sans conséquence, était, il est vrai, ami et fauteur d'hérétiques; Coffin, personnage grave et recueilli, était hérétique notoire, et l'Eglise de Paris fut contrainte de refuser les derniers sacremens à son poète, qui mourut en état de rébellion ouverte contre l'autorité catholique 1.

La correction du bréviaire appelait comme conséquence nécessaire celle du Missel. Mesenguy fut encore chargé de cetravail, et son œuvre vit le jour en 1738.

velles, et ce fut ce bréviaire qui devint le nouveau bréviaire de Paris. Le P. Vigier n'était pas appelant de la bulle; mais il composa, pour aider à la pacification des esprits, un mémoire dans lequel il écartait de la bulle le caractère et la dénomination de règle de foi, la qualifiant seulement de réglement provisoire de police qui n'obligeait qu'à une soumission extérieure. Le Bréviaire du P. Vigier ne démentait pas trop une telle façon de penser.

1 C'était un trop étrange spectacle et une contradiction trop flagrante de voir l'église de Paris recevoir et chanter les hymnes d'un homme qu'elle se trouvait obligée de séparer de sa communion pour que les ennemis de l'unité n'en tirassent point parti. « On chante tous les jours » dans l'Église de Paris, disait le journal de la secte, la foi que professait » M. Coffin, contenue dans des hymnes que feu M. de Vintimille lui» même l'avait chargé de composer. M. de Beaumont, successesur de >> feu M. de Vintimille dans cet archevêché, les autorise par l'usage » qu'il en fait, et par l'approbation qu'il est censé donner au bréviaire » de son diocèse. Le père Bouettin (génovéfain, curé de Saint-Etienne>> du-Mont, qui refusa les sacremens à Coffin) les chante lui-même, mal» gré qu'il en ait; et les sacremens sont refusés à la mort à celui qui >> les a composés! Le curé fait le refus, l'archevêque l'autorise! (Nou» velles ecclésiastiques, 10 juillet 1749. »

Ce n'est pas tout. Le parlement fut saisi de cette affaire. On entendit le conseiller Angran dénoncer aux chambres assemblées le refus des sacremens fait à Charles Coffin, comme un acte de schisme. Il partait de

Ces deux livres, le Bréviaire et le Missel de Vintimille, composent le fonds de la liurgie parisienne qui prévalut et règne encore aujourd'hui en un grand nombre de diocèses. Nous ne suivrons pas l'abbé de Solesmes dans la critique détaillée qu'il en fait; il serait impossible d'indiquer ici tous les changemens, additions et transpositions relevés par notre auteur. Le missel n'avait guère conservé d'intact que les Evangiles; et le bréviaire, que l'Itinéraire des clercs et la bénédiction de la table. Nous nous bornerons à indiquer les principaux caractères de cette grande innovation :

1° Eloignement pour les formules traditionnelles.

2o Remplacement des formules de style ecclésiastique par des passages de la Bible.

3° Fabrication des formules nouvelles; hymnes, proses, préfaces, etc. d'où résulte une contradiction flagrante entre les principes posés et leur application.

4° Affaiblissement considérable de l'esprit de prière et d'onction. 5° Diminution du culte de la Sainte Vierge et des saints.

6o Abréviation de l'office et réduction de la prière publique.

7 Atteintes portées aux droits du Saint-Siége, et en général à l'autorité ecclésiastique.

8 Intervention de la puissance séculière dans le réglement de la liturgie.

La nouvelle liturgie de l'archevêque de Vintimille provoqua cependant une assez forte opposition de la part du clergé de Paris, opposition dirigée, non pas contre le système général de refonte liturgique, généralement reçu en France, mais uniquement contre les tendances ouvertement jansenistes des livres parisiens. Le séminaire de Saint-Sulpice, celui de Saint

ce principe, que c'est un acte de schisme de refuser la communion à ceux qui sont dans l'Eglise, aussi bien que de communiquer avec ceux qui sont séparés. D'autre part, disait-il, on ne pouvait pas raisonnablement admettre que l'église de Paris, eût été demander à un excommunié de lui composer des hymnes.

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