recevra de Dieu la louange » qui lui sera due (I Cor., Iv, 5; comp. Ap., 1, 23) (1). 5o Séparation des justes d'avec les pécheurs. « Il séparera les uns d'avec les autres, comme un berger sépare les brebis d'avec les boucs. Et il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. » (Matth., xxv, 32, 33.) 6° Prononcé de la sentence par le Juge. « Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui avez été bénis par mon Père; possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde. » (Matth., xxv, 34.) « Il dira ensuite à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits; allez au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. » (Ibid., 41.) Les saints Pères et les Docteurs de l'Église reconnaissaient cette description du jugement universel pour incontestablement vraie, et ils nous ont laissé là-dessus leurs explications (2); mais ils remarquèrent souvent qu'on ne doit pas la prendre à la lettre et humainement dans tous ses détails. L'Écriture, dit saint Basile, fait ici une personnification, non pour faire entendre que le Juge proposera des questions à chacun de nous ou répondra au prévenu, mais pour nous rendre diligents et nous empêcher ainsi de perdre de vue notre justification... Il est même vraisemblable qu'en un instant, par une force ineffable, toutes les œuvres de notre vie se peindront dans la mémoire de notre âme comme sur un tableau. Et ainsi nous entendons ces paroles : « Je ramasse toutes leurs iniquités, celles qu'ils (1) « Il y aura un examen sévère des moindres œuvres, soit bonnes, soit mauvaises, et nous serons punis pour un regard indiscret; nous rendrons compte de tout propos oiseux, fùt-il dit en badinant; nous aurons à répondre de nos médisances, de nos intentions, de nos excès. Il en sera de même par rapport à nos bonnes œuvres : un verre d'eau froide, un mot de politesse, un soupir aura sa récompense. » (Chrysost., in Rom. hom. xxxi, p. 706.) « Pas un mouvement du cœur ne restera caché en ce jour, pas un regard des yeux n'échappera au jugement. Même une impureté exprimée à voix basse ou dans le secret sera dévoilée alors devant le juste Juge, qui juge publiquement ce qu'il y a de plus secret. » (Éphrem, sur la Crainte de Dieu et le Jugement dernier; Œuvr. des saints Pères, xv, 302.) (2) Voy. Chrysost., Hom. sur Matth., xxv, Hilaire et les autres commentateurs de cet Evangile. commettent tous les jours et qu'ils commettent en ma présence. (Os., VII, 2.) Et les livres dont parle Daniel (vII, 10), que sont-ils sinon ces images de toutes nos actions fidèlement retracées en notre mémoire par le Seigneur, afin que chacun se ressouvienne de tout ce qu'il a fait et pourquoi il est puni (1) ? » — « Il ne faut pas croire que l'avénement du Seigneur soit local et charnel; mais il faut l'attendre dans la gloire du Père, soudainement et dans toute la terre (2). » — « Il ne faut pas s'imaginer qu'il faille beaucoup de temps à chacun pour se voir soi-même avec toutes ses œuvres ; et le Juge, et les suites du jugement de Dieu, l'esprit se représentera tout cela instantanément par une force ineffable; il se le peindra sous de vives couleurs, et dans son âme indépendante il verra comme en un miroir l'image de tout ce qu'il a fait (3). III. — De la description que nous venons de tracer du jugement qui aura lieu à la fin du monde nous pouvons en déduire aussi les caractères. Ce jugement sera 1° universel, car il s'étendra sur tous les hommes, vivants et morts, bons et méchants, et mème sur les anges déchus. Alors le Seigneur « doit juger le monde » (Act., xvII, 31) (4). Il sera 2o solennel et public; car le Juge apparaitra dans toute sa gloire, avec tous les saints Anges, et rendra la justice devant le monde entier, à la face du ciel, de (1) Comment. sur Isaïe, 1, 18; Œuvr. des saints Pères, vi, 70 : « Quædam << vis est intelligenda divina, qua fiet ut cuique opera sua, vel bona, vel mala, «< cuncta in memoriam revocentur, mentis intuitu mira celeritate cernantur, « ut accuset vel excuset scientia conscientiam, atque ita simul et omnes et singuli judicentur. Quæ nimirum vis divina libri nomen accepit; in ea quippe quodammodo legitur quidquid a faciente recolitur.» (August., de Civit. Dei, XXII, 14.) " (2) Règles morales, règle 68, ch. 2; Œuvr. des saints Pères, 447. (3) Sur Is., 1, 13; ibid., VI, 157. (4) « Le Monarque se déplace pour venir exercer le jugement sur la terre; ses armées le suivent avec crainte et tremblement. Ces puissants dignitaires viennent pour être témoins du redoutable jugement, et tous les hommes, tant qu'il y en a eu et tant qu'il y en a sur la terre, sont là debout devant le Monarque. Tout ce qu'il y a eu et tout ce qu'il y aura de nés dans le monde, tous viendront à ce spectacle, assister au jugement. » (Saint Éphrem, sur la Crainte de Dieu et le Jugement dernier; Œuvr. des saints Pères, XV, 305 la terre et de l'enfer (1). Il sera 3o° sévère et redoutable, car il s'exécutera dans toute la rigueur de la justice divine et seulement selon la justice; ce sera « le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu » (Rom., 11, 5) (2). Il sera 4o définitif et suprême, car il fixera invariablement pour l'éternité le sort de chacun de ceux qui y auront comparu. (Matth., xxx, 46.) § 266. Circonstances concomitantes du jugement universel : Au même dernier jour où s'exécutera le suprême jugement de Dieu sur le monde entier arrivera aussi la fin du monde. I. La sainte Écriture montre clairement: 1° la réalité ou vérité de cet événement à venir; 2° sa nature et son mode; 3° sa liaison intime avec le jugement universel. 1o La réalité ou la vérité de cet événement. Que le monde actuel doive prendre fin, cela se voit déjà annoncé dans l'Ancien Testament, où le Psalmiste disait à Dieu : « Dès le commencement, Seigneur, vous avez fondé la terre, et les cieux sont les ouvrages de vos mains; ils périront, mais vous subsisterez dans toute l'éternité; ils vieilliront tous comme un vètement; vous les changerez comme un habit dont on se couvre. » (Ps. cr, 25, 26.) Cela est confirmé dans le Nouveau Testament par le témoignage de notre Sauveur Jésus-Christ, disant : « Le ciel et la terre passeront » (Matth., XXIV, 35; comp. v, 18), et faisant à ses disciples cette promesse : « Je serai toujours avec vous jusqu'à la consommation des siècles. » (Matth., XXVIII, 20.) Que la fin du monde doive arriver nommément le jour où aura lieu (1) « Il appellera et le ciel et la terre pour être avec lui au jugement, et ceux des monts et ceux des vallées se présenteront avec crainte et tremblement. Et les armées célestes et les troupes de l'enfer trembleront devant le Juge implacable, qui viendra accompagné de la terreur et de la mort. » (Œuvr. des saints Pères, xv, 302-303.) (2) Ce jugement sera unique, définitif, redoutable; mais il sera plus juste encore que redoutable, ou, pour mieux dire, il sera d'autant plus redoutable qu'il sera plus juste. » (Grég. de Naz., Scrm. prononcé en présence des Pères; Euvr. des saints Pères, 11, 55.) le jugement universel, cela résulte des paroles mêmes du Sauveur dans la parabole de la semence : « La moisson, c'est la fin du monde; les moissonneurs, ce sont les Anges. Comme donc on arrache l'ivraie et qu'on la brûle dans le feu, il en arrivera de même à la fin du monde... Les Anges viendront et sépareront les méchants du milieu des justes. (Matth., XIII, 39, 40, 49; comp. XXIV, 29.) Cela résulte également de ce que dit l'Apôtre Pierre : « Les cieux et la terre d'à présent sont gardés avec soin par la même parole, et sont réservés pour être brûlés par le feu au jour du jugement et de la ruine des impies. (II Pierre, III, 7.) 2o La nature et le mode de cet événement. Par la fin du monde il faut entendre, non sa destruction et son anéantissement, mais seulement sa transformation et son renouvellement par le feu. « Ils périront », dit le Psalmiste en parlant du ciel et de la terre d'à présent; mais plus loin il explique son idée : « Ils vieilliront comme un vêtement; vous les changerez. » (Ps. CI, 26.) Et saint Pierre, après avoir dit que le ciel et la terre d'à présent sont réservés pour être brûlés au jour du jugement, poursuit ainsi : « Comme un larron vient » durant la nuit, « aussi le jour du Seigneur viendra tout d'un coup; et alors, dans le bruit d'une effroyable tempête, les cieux passeront, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre sera brûlée avec tout ce qu'elle contient.... L'ardeur du feu dissoudra les cieux et fera fondre les éléments. » (II Pierre, ш, 10, 12.) Mais immédiatement après il ajoute Nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans laquelle la justice habitera. (Ibid., 13.) Saint Jean le Théologien vit même réellement en révélation « un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre avaient disparu. » (Ap., xxi, 1.) 3o Sa liaison intime avec le jugement universel. Le saint Apotre Paul marque ainsi cette liaison: « Les créatures attendent avec un grand désir la manifestation des enfants de Dieu, parce qu'elles sont assujetties à la vanité; et elles ne le sont pas volontairement, mais à cause de celui qui les y a assujetties, avec espérance d'être délivrées aussi elles-mêmes de cet asservisse ment à la corruption pour participer à la glorieuse liberté des enfants de Dieu.» (Rom., VIII, 19-21.) Par suite de la chute de l'homme toute créature a été involontairement assujettie au travail de la corruption, et elle « soupire et est comme en travail » avec nous. (Ibid., 22.) Quand sera consommée l'œuvre du rétablissement de l'homme, alors, en vertu de la même loi, la créature doit aussi être affranchie de l'assujettissement et en général de toutes les suites funestes du péché; mais l'œuvre du rétablissement de l'homme sera consommée par le jugement universel, auquel aura lieu « la manifestation des enfants de Dieu.» En même temps donc que « la créature » doit « être délivrée de cet asservissement à la corruption pour participer à la glorieuse liberté des enfants de Dieu,» tout le monde matériel doit être purifié des funestes suites du péché de l'homme et renouvelé. C'est ce renouvellement du monde qui s'accomplira au dernier jour par le moyen du feu, en sorte qu'au nouveau ciel et sur la nouvelle terre il ne restera plus rien du pécheur et « la justice habitera seule.» (II Pierre, II, 13.) II. Toutes les idées que nous venons d'exposer sur la fin du monde furent prêchées par les saints Pères et par les Docteurs de l'Église. Par exemple: Saint Irénée disait : « Ce n'est point l'essence, la substance de la création qui passera (car Celui qui l'organisa est vrai et. puissant); ce n'est que la forme de ce monde qui passe, c'est-àdire ce qui a éprouvé la désorganisation... Quand donc cette forme passera, que l'homme se renouvellera et se relèvera pour l'incorruptibilité, alors on verra paraître le nouveau ciel et la nouvelle terre (1). » Saint Cyrille de Jérusalem: « Notre-Seigneur Jésus-Christ viendra du ciel, avec gloire, à la fin de ce monde, au dernier jour; car il y aura une fin à ce monde, et ce monde créé se renouvellera. Comme la corruption, « le larcin et l'adultère, » et toute sorte de péchés, « se sont répandus dans le monde et qu'on y a commis meurtres sur meurtres» (Os., IV, 2), alors, pour que cette habitation merveilleuse des créatures ne reste point à tou (1) Adv. Hær., v, c. 36. |