l'enfer ne prévaudront point contre elle. » (Matth., xvi, 18.) 2o Dans la parabole du Bon Pasteur, par ces paroles : « Moi, je suis le bon Pasteur; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent... J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; il faut aussi que je les amène. Elles écouteront ma voix, et il n'y aura qu'un troupeau et qu'un pasteur. » (Jean, x, 14, 16.) 3o Dans cette prière au Père céleste : « Que tous ne soient qu'un, comme vous, mon Père, êtes en moi, et moi en vous; qu'ils soient de même un en nous. » (Jean, xvII, 21.) C'est avec l'idée de fonder son royaume de grâce sur la terre qu'il commença l'œuvre de sa prédication aux hommes, comme le raconte le saint Évangéliste Matthieu : «< Depuis ce temps-là, Jésus commença à prècher en disant : Faites pénitence, parce que le royaume des cieux est proche. » (Matth., IV, 17.) C'est aussi avec cette prédication qu'il envoya ses disciples par la Judée en leur disant : « Allez aux brebis perdues de la maison d'Israël, et, où vous irez, prèchez en disant que le royaume des cieux est proche. » (Matth., x, 6-8.) Et, en général, comme il lui arriva souvent d'entretenir les hommes de ce royaume de Dieu, soit en paraboles, soit autrement! (Matth., XIII, 24, 4447; xxii, 2; xxv, 1; Luc, ix, 11; x, 11; xvii, 21; xxi, 31, et autr.) II. Mais ce que voulait le Sauveur, Il a su l'accomplir. Il a posé lui-même le fondement et le principe de son Église lorsqu'Il se choisit les douze premiers disciples, qui, croyant en Lui et respectant son autorité, ne formaient qu'une société sous un seul chef (Jean, XVII, 13) et composaient sa première Église; lorsque, d'un autre côté, il fixa Lui-même tout ce qu'il fallait pour faire de ses disciples une société déterminée. Nommément : Il établit l'ordre des docteurs, chargés de répandre la doctrine parmi les peuples (Éph., Iv, 11, 12); Il institua le sacrement du Baptême, pour introduire dans cette société tous ceux qui croiraient en Lui (Matth., XXVIII, 19; Jean, III, 3; iv, 1; Marc, XVI, 15); le sacrement de l'Eucharistie, pour unir plus intimement les membres de cette société, soit entre eux, soit avec Lui comme chef (Matth., xxvi, 26-28; Marc, xiv, 22-24; Luc, XXII, 19-20; I Cor., XII, 23-26); le sacrement de la Pénitence, pour réconcilier et réunir de nouveau avec Lui et avec l'Église ceux de ses membres qui enfreignent ses lois et ses institutions. (Matth., xxvIII, 15-18), ainsi que tous les autres sacrements (Matth., XVIII, 18; xxvm, 19; xIx, 4-6; Marc, vi, 13 et autr.) C'est pourquoi, déjà du temps de son ministère public, le Seigneur parlait de son Église comme d'une institution réellement existante (Matth., XVIII, 17). Mais, à proprement dire, Il n'a « fondé » ou « planté » son Église que « sur la croix (1)», où Il l'a « acquise » selon l'expression de l'Apôtre, « par son sang. (Act., xx, 28.) Car c'est sur la croix seulement que le Seigneur nous a sauvés et a rétabli notre union avec Dieu, sans quoi le christianisme n'aurait aucun sens; ce n'est qu'après ses souffrances sur la croix qu'Il est entré dans sa gloire » (Luc, XXIV, 26), et qu'Il a pu envoyer à ses disciples l'Esprit-Saint (Jean, VII, 39), ce guide sûr en « toute vérité; » ce n'est qu'après être entré dans sa gloire qu'Il leur dit publiquement : « Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit... » (Matth., XXVIII, 18-20.) Mais si Jésus-Christ n'avait pas rétabli notre union avec Dieu par sa mort, qu'Il ne fût pas entré dans sa gloire et n'eût pas donné le Saint-Esprit aux Apôtres, son Église n'aurait pas pu s'affermir sur la terre, et ses premiers commencements auraient insensiblement disparu. III. - « Revêtus de la force d'en haut » (Luc, xxiv, 49), les saints Apôtres, suivant leur divine mission, « étant partis, prèchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux et confirmant sa parole par les miracles qui l'accompagnaient » (Marc, XVI, 20); et ils s'appliquèrent à former des croyants en divers lieux des sociétés, qu'ils nommèrent Églises. (I Cor., 1, 2; XVI, 1) On rencontre une expression semblable dans nos chants d'Église et dans les OEuvres des saints Pères; par exemple : « Le soleil se voila et la lune s'arrêta dans son cours, lorsque Toi, Seigneur, dans ta miséricorde, tu t'élevas sur le bois et plantas ton Église. (Triod. du gr. carême, p. 428; Mosc., 1838.) Ou: « Sic enim, hoc est per humilitatem, per crucem sibi Ecclesiam congregavit. » Ambros., Exposit. in Ps. CXVIII, Serm. xiv, n. 20, in Patrolog. curs. compl., t. XV, p. 1398.) 19). Ils recommandèrent à ces croyants d'avoir des assemblées, pour entendre la parole divine et élever de concert des prières au Ciel (Act., 11, 42-46; xx, 7); ils les exhortèrent à « conserver l'unité d'esprit par le lien de la paix, en leur représentant qu'ils ne forment tous « qu'un corps du Seigneur Jésus, dont ils ne sont que des membres différents; qu'ils n'ont « qu'un Seigneur qu'une foi et qu'un baptême » (Éph., iv, 3-4; 1 Cor., XII, 27), et que tous participent à un même pain, » c'est-àdire ont tout pour être unis intérieurement et extérieurement. Enfin ils leur ordonnèrent de ne pas abandonner leur société, sous peine d'excommunication et de perdition éternelle. (Hébr., X, 24-25.) Ainsi, selon la volonté et avec la coopération du Sauveur, qui posa immédiatement Lui-même le fondement de son Église, elle s'établit ensuite dans l'univers entier. Il serait superflu de citer encore ici sur ce point des témoignages de l'Église chrétienne elle-même, qui, depuis son origine jusqu'à nos jours, a constamment cru et affirmé qu'elle a été instituée nommément par Jésus-Christ. C'est là une vérité généralement connue, un fait incontestablement confirmé, nonseulement par l'histoire du christianisme, mais aussi par l'histoire universelle du genre humain. § 168. Étendue de l'Église chrétienne; qui lui appartient et qui ne lui appartient pas. En fondant son Église le Seigneur Jésus-Christ en annonça d'avance aussi l'étendue. Cette étendue peut être examinée : 1o par rapport à sa destination, et 2o par rapport à sa réalité. I. Dans le premier sens, l'Église de Christ doit embrasser, non un seul peuple, comme l'Église de l'Ancien Testament, mais tous les peuples, le genre humain tout entier. C'est une vérité que le Seigneur révéla déjà autrefois à tout le genre humain dans les promesses aux patriarches (Gen., XXII, 17; xxviii, 14), et plus tard à tout le peuple juif dans des prophéties et des types nombreux (Ps. 11, 7, 8; LXXI, 8, 11; Is., II, 2, 3; Ix, 6, 7; xlii, 4, 7; xlix, 6; Mich., Iv, 1; Zach., Ix, 10; Mal., 1, 11, et autr.); qu'il annonça enfin Lui-même immédiatement avec toute la clarté possible, lorsque, arrivé sur la terre pour accomplir les anciennes promesses, les types et les prédictions, Il dit à ses disciples: « Allez par tout le monde; prèchez l'Évangile à toutes les créatures» (Marc, XVI, 15); « allez, instruisez tous les peuples» (Matth., XXVIII, 19). Et par conséquent tous les hommes qui entendent, en quelque temps que ce soit, la prédication évangélique, doivent être membres de l'Église chrétienne. Ils le doivent tous, car tous, par leur nature même, sont également appelés à l'union religieuse avec Dieu (1). C'està-dire que, lorsque cette union a été détruite par eux et que le Seigneur Lui-même présente aux hommes, dans la religion chrétienne, l'unique moyen de la rétablir (§§ 147, 148), ils sont tenus, par leur nature même et par l'autorité de Dieu, d'accepter le moyen offert et d'en profiter. C'est pour cela aussi qu'à son commandement aux Apôtres, sur la prédication de l'Évangile à toutes les créatures, le Sauveur ajouta ces paroles : « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé; mais celui qui ne croira point sera condamné. (Marc, xvi, 16.) « Lorsque quelqu'un ne voudra point vous recevoir, ni écouter vos paroles, secouez, en sortant de cette maison ou de cette ville, la poussière de vos pieds. Je vous dis en vérité : au jour du jugement, Sodome et Gomorrhe seront traitées moins rigoureusement que cette ville.» (Matth., x, 14, 15.) II. - Tous les hommes sont tenus d'être membres de l'Église, mais tous n'en sont pas membres en effet. Si un homme ne renaît de l'eau et du Saint-Esprit, » dit le Sauveur, « il ne peut entrer dans le royaume de Dieu et dans l'Église. (Jean, III, 5.) On ne doit donc compter comme appartenant réellement à l'Église de Christ que ceux qui, selon les paroles de l'Apôtre, ont été « baptisés dans le même Esprit, pour n'être qu'un même corps, soit Juifs, soit Gentils. » (I Cor., XII, 13; comp. Act., 11, 41.) Mais on doit compter comme ne lui appartenant point : 1o les juifs, les mahométans et les païens, qui n'ont encore reçu ni la bonne nouvelle, ni le baptême de Jésus-Christ, et même 2o ceux qui, ayant été instruits de la bonne nouvelle et (1) Intr. à la Théol. orth., A. M., § 17. a l'ayant reçue, n'ont pas été baptisés. « Le catéchumène est encore étranger au croyant,» remarque saint Chrysostome (1). Tant que tu n'es que catéchumène, dit aussi saint Grégoire le Théologien à un homme qui différait de se faire baptiser, aussi longtemps tu restes à la porte de la piété; mais tu dois entrer, traverser la cour, voir le sanctuaire, pénétrer de ton regard le Saint des saints, ètre avec la Trinité (2). » Et déjà Tertullien faisait aux hérétiques le reproche de ne pas distinguer les catéchumènes des néophytes (3). Quant à ceux qui sont entrés dans l'Église par la porte du Baptême, nous les croyons tous membres de l'Église catholique et en outre les seuls fidèles, c'est-à-dire ceux qui professent indubitablement la pure foi en Jésus-Christ notre Sauveur (telle qu'ils l'ont reçue de Lui-même, des Apôtres et des saints conciles œcuméniques), bien que quelques-uns d'entre eux soient sujets à différents péchés. Car si les pécheurs, quoique fidèles, n'étaient pas membres de l'Église, ils ne seraient pas sous sa juridiction. Mais elle les juge, elle les invite à la pénitence et les conduit sur la voie des commandements du salut. Ainsi, quoiqu'ils soient sous le péché, ils restent et sont reconnus membres de l'Église catholique, pourvu qu'ils n'aient pas apostasié, qu'ils aient gardé la foi orthodoxe et catholique. » (Lettr. des Patr., etc., art. 11.) C'est-à-dire : I. On doit reconnaître comme appartenant à l'Église de Christ tous les croyants orthodoxes, non-seulement les justes, mais avec eux les pécheurs (4). C'est ce qu'enseignait le Chef même et Consommateur de notre foi, en comparant son Église tantôt à un souper auquel participent les bons et les méchants (Matth., xxII, 2, 13); tantôt à un champ dans lequel, selon la (1) Αλλότριος γὰρ ὁ κατεχούμενος τοῦ πιστοῦ. Chrysostom., in Joann. Homil. XXV, n. 3. Cf. Augustin., in Joann. Tract., XLIV, n. 2. (2, Serm. LX, Œuvr. des saints Pères, 111, 286. (3) De Præscr. Hæret., cap. 41. (4, Que l'Eglise de Christ ne se compose que des justes et des saints, c'est ce qu'affirmaient autrefois surtout les Novatiens (Cyprian., Epist. LXXIII ; Âu gust., Hæres., XXXVIII) et les Donatistes (August., Hæres., LXI); c'est ce qu'affirment de nos jours quelques-uns des protestants qui ne reconnaissent qu'une Eglise invisible. |