la rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » (Jean, xvi, 37.) Aussi se nommait-II: Lumière du monde : « Je suis venu dans le monde, moi, la Lumière, afin que tous ceux qui croient en moi ne demeurent point dans les ténèbres » (Jean, x1, 46; comp. vIII, 12; 1x, 5); le seul Maître et Docteur : « Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, car je le suis (Jean, x111, 13); « Ne désirez point qu'on vous appelle rabbi ou docteurs, parce que vous n'avez qu'un seul Maitre ou Docteur » (Matth., XXII, 8), et : « Qu'on ne vous appelle point maîtres ou conducteurs, parce que vous n'avez qu'un Maitre ou Conducteur, qui est le Christ. (Ibid., 10.) - En préchant quelque part. Il disait : « Il faut que je prêche aussi aux autres villes l'Évangile du royaume de Dieu; car c'est pour cela que j'ai été envoyé >>> (Luc, Iv, 43); - et Il termina sa prédication en disant au Père : « Je Vous ai glorifié sur la terre; j'ai achevé l'ouvrage dont Vous m'avez chargé;... j'ai fait connaître votre nom aux hommes;... je leur ai donné les paroles que Vous m'avez données, et ils les ont reçues; ils ont reconnu véritablement que je suis sorti de Vous, et ils ont cru que Vous m'avez envoyé. » (Jean, xvII, 4, 6, 8.) Ш. Les saints Apôtres appelaient aussi le Seigneur Jésus Maitre et Docteur (Luc, 1x, 49; comp. Jean, x1, 13): • Prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple » (Luc, xxiv, 19); la vraie Lumière, qui éclaire tout homme venant au monde » (Jean, 1, 9); et ils disaient hautement : « Nous savons encore que le Fils de Dieu est venu, et qu'Il nous a donné l'intelligence, afin que nous connaissions le vrai Dieu et que nous soyons en son vrai Fils >> (I Jean, v, 20); ou bien : « Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est Celui qui en a donné la connaissance. » (Jean, 1, 18.) IV. - Les saints Pères et Docteurs de l'Église ne se bornaient point à confesser unanimement, selon la Parole divine, le Seigneur Jésus comme un grand prophète et docteur (1); (1) Constit. Apostol., 1, cap. 6, 20; Method. de Symeon. et Anna, n. 5, 6; ils prouvaient aussi que son ministère de prophète était essen tiellement nécessaire pour son but; qu'autrement Il n'aurait pas même pu sauver les hommes, qui étaient plongés dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, et qui, par conséquent, attendaient surtout en sa personne Celui qui devait les éclairer. C'est là une idée que développèrent par exemple : Saint Cyrille de Jérusalem. Est-ce donc en vain, » demande-t-il après avoir représenté l'état du culte païen, « estce en vain que le Fils de Dieu est descendu du ciel pour guérir une pareille plaie? Est-ce en vain que le Fils est venu, lorsque le but de sa venue était de faire connaître le Père? Voyez-vous ce qui a poussé l'Unique à descendre du trône, où Il était à la droite du Père? Le Père était méprisé; il fallait que le Fils fit cesser cet égarement, car il fallait que Celui qui créa tout apportât tout au Seigneur de toutes choses; il fallait guérir la plaie, car quel mal plus affreux que d'adorer la pierre au lieu de la Divinité (5)? » Saint Athanase le Grand : « Comme l'idolatrie et l'impiété dominaient dans tout l'univers, et que la connaissance de Dieu s'était obscurcie chez tous les hommes, qui pouvait apprendre au monde à connaître le Père? Un homme, direz-vous? Mais les hommes ne pouvaient ni parcourir le monde entier, ni réussir par eux-mêmes dans une si grande entreprise, ni gagner la confiance de tous dans une œuvre si éminente, ni tenir par leurs propres forces contre la séduction et l'artifice des démons. Quand toutes les âmes étaient infectées et troublées par la séduction de Satan et par la vanité des idoles, comment un homme pouvait-il fléchir de son côté les cœurs et les esprits de ceux qu'il ne pouvait pas même voir? Comment convaincre de la vérité celui qu'on ne voit pas? Ne dira-t-on pas que la nature peut éclairer les hommes ? Mais, si la nature était capable de le faire, il n'y aurait pas de si grands maux dans le genre humain. La nature existait, et pourtant les hommes Clementin. 1, n. 20, 21; 1, n. 6, 9: III, n. 2; x1, n. 26; Theodoret. Epist., CXLVI : Χριστὸς κέκληται, ὡς κατὰ τὸ ἀνθρώπειον τῷ πνεύματι τῷ παναγίῷ χρισθεὶς, καὶ χρηματίσας ἀρχιερεὺς ἡμῶν, καὶ ἀπόστολος, καὶ προφήτης, καὶ βασιλεὺς. (1) Cat. vi, n. 11, p. 107-108. n'ont pas eu la vraie connaissance de Dieu. Qui donc était indispensable à cet effet, sinon Dieu le Verbe, qui voit l'âme et l'esprit de l'homme, dirige tout dans la nature, et par elle fait connaître le Père? C'est donc à Celui qui, par la Providence et son administration du monde, enseigne à connaître son Père, c'est à Celui-là même qu'il appartenait aussi de renouveler cet enseignement (1). » Saint Cyrille d'Alexandrie: « En vérité, ils avaient besoin de sagesse et d'instruction ceux qui s'étaient égarés et qui, par une ignorance extrême, adoraient la créature au lieu du Créateur, nommaient dieux le bois et la pierre. C'est pour cela que le Verbe s'est incarné et les a instruits en disant : « L'Es prit du Seigneur s'est reposé sur moi; c'est pourquoi Il m'a consacré par son onction; Il m'a envoyé pour prêcher l'Évangile aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer aux captifs leur délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue. » (Luc, iv, 18, 19.) Car telles étaient les maladies dont souffraient les peuples. Mais, Lui, Il les a tous guéris, les ayant enrichis de sagesse et leur ayant donné l'instruction (2). » $145. Comment le Seigneur Jésus remplit son ministère de prophète, et essence de sa prédication. Son ministère de prophète auprès du genre humain, le Seigneur le remplit de deux manières : d'abord immédiatement, lorsque, parvenu à l'âge de trente ans (Luc, III, 23), Il entra dans ses fonctions de Docteur universel, et que, pendant environ trois ans et demi, jusqu'à sa mort, Il parcourut les villes et les villages du pays de Judée, annonçant partout « l'Évangile du royaume » (Matth., 1x, 35); ensuite, - par le moyen de ses disciples, qu'Il choisit Lui-même (Luc, ví, 13) et prépara pour l'œuvre de la prédication, qu'il revêtit en outre, après son as (1) De Incarn. Verbi Dei, n. 14; Lect. chr., 1837, IV, 283-284. Voir ibid., les paroles d'Irénéę citées plus haut, p. 20, note 1. (2) Commentar. in Esaiam, lib. v, in Opp., t. II, p. 776, ed. Lutet., 1638. cension au ciel, « de la force d'en haut » (xxiv, 49), et qui, sur son ordre (Marc, xvi, 15), ont porté sa doctrine par toute la terre, l'ont fait entendre à tous les peuples (Rom., x, 18), et transmise de vive voix et par écrit à l'Église pour tous les temps. (II Thess., II, 15.) Cette doctrine renferme toute l'essence de la religion rétablie, et, dans l'une et l'autre de ses deux parties, la loi de la foi et la loi des œůvres (1), est toute dirigée vers le mème grand but, le salut de l'homme. L'essence de la loi de la foi, Jésus l'exprima Lui-même dans ces paroles : « Dieu a tellement aimé le monde qu'll a donné son Fils unique, afin que tout homme qui croit en Lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean, III, 16); ou dans celles-ci: «La vie éternelle consiste à Vous connaitre, Vous, le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ, que Vous avez envoyé. » (XVII, 3.) Et conformément à cela son enseignement roula en particulier : - 1o sur Dieu, l'Esprit le plus élevé et le plus parfait (Matth., v, 45; Jean, Iv, 24), unique par nature (Marc, XII, 29), mais triple en personnes (Matth., XXVIII, 19), existant par Lui-même (Jean, v, 26), omniprésent (Iv, 21-23), infiniment bon (Matth., xxx, 17), omnipotent (XIX, 26), Créateur et Providence du monde (v1, 26-29), prenant un soiu paternel de toutes ses créatures, et surtout du genre humain (Luc, XII, 7); 2o sur Lui-même, comme Fils unique de Dieu, venu dans le monde pour réconcilier et unir de nouveau l'homme avec Dieu (Jean, I, 16; xvII, 21); sur ses souffrances salutaires, sa mort et sa résurrection (Matth., xII, 40; XVI, 21); - 3o enfin sur l'homme déchu, corrompu (Jean, III, 7), et sur les moyens qui lui sont offerts pour se rétablir, s'approprier le salut, renaître, se sanctifier (xviıı, 11, 17), s'unir de nouveau avec (1) La doctrine de Christ est souvent désignée dans la sainte Écriture sous le nom de loi (ls., 11, 3; Mich., IV, 2; I Cor., IX, 21); en particulier elle est nommée la loi de la foi (Rom., w, 27), le commandement ou la loi morale de Christ. (Jean, xııı, 34; Gal., VI, 2; comp. Matth., VII, 12; Jean, xv, 12.) De même la division de cette loi en deux parties, dogmatique et morale, est connue tant par la sainte Écriture (Matth., xxvin, 19, 20; Jacq., II, 24-26) que par les écrits des saints Pères (Cyrill. Hieros. Catech., IV, n. 2; Chrysost. In Genes. Homil., 1, n. 5; XIII, n. 4). Dieu par son Rédempteur (XIV, 6, 20), et parvenir ainsi à la vie éternelle et bienheureuse au delà de la tombe (11, 16.) L'essence de la loi des œuvres, conformément à celle de la foi, Notre-Seigneur Jésus l'exprima dans ces deux commandements principaux : 1. Le commandement du renoncement à soi-même. « Si quelqu'un veut, » disait-Il, « venir après moi, qu'il renonce à soi-même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive » (Marc, VIII, 34); commandement ayant évidemment pour but de déraciner en nous le principe même de tout péché : l'orgueil ou l'amourpropre (Sir., x, 15), et par conséquent de nous purifier de toute souillure de la chair et de l'esprit (II Cor., VII, 1), de « dépouiller » en nous « le vieil homme selon la première vie, qui se corrompt en suivant l'illusion des passions » (Éph., Iv, 22), qui ne peut jamais entrer dans le royaume de Dieu (Jean, ш, 5) (1). Et ce renoncement à soi-même, selon la parole du Seigneur, doit se manifester: 1o par l'abandon de notre première vie de péché et un profond repentir de tous nos péchés (Matth., III, 2); 2o par un renoncement volontaire à toutes les choses de ce monde, quelque chères qu'elles nous soient, comme notre œil et notre bras par exemple, si nous venons à voir qu'ils nous séduisent et nous entraînent au péché (Matth., v, 29-31); 3° par l'abandon même d'un père, d'une mère, d'une famille, si nous apercevons qu'autrement il nous est impossible de nous retirer de l'iniquité et de parvenir au salut (Marc, x, 29; Luc, xiv, 26); 4o par de constants efforts pour ne pas pécher, non-seulement en action, mais même en parole et en pensée. (Matth., v, 28; x1, 36.) (1) « Ainsi, comment Jésus-Christ commence-t-Il et quelles bases de nouvelle vie nous pose-t-Il? Il commence son merveilleux discours par ces paroles: Bienheureux les pauvres d'esprit parce que le royaume des cieux est à eux. Qui sont à son sens les pauvres d'esprit? Les gens humbles et contrits de pensée..... L'orgueil étant le comble des maux, la racine et la source de toute iniquité, le Sauveur prépare ainsi un remède correspondant au mal; Il pose cette première loi comme une base ferme et sûre; car sur cette base on peut établir sûrement tout le reste... Comme l'orgueil est la source de toute iniquité, Jésus-Christ commence par le déraciner de l'âme des auditeurs.» (Saint Chrys., Sur Matth., serm. xv, n. 1, 2, t. I, p. 267-269.) |