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le Verbe de Dieu fait chair, qu'il soit anathème (1)! » Dans le même temps Théodoret, malgré ses précédentes relations d'amitié avec Nestorius, disait ouvertement: « Le premier degré des innovations de Nestorius, c'était l'idée qu'il ne fallait pas reconnaître la sainte Vierge, de laquelle Dieu le Verbe emprunta sa chair et naquit selon la chair, comme Mère de Dieu, mais seulement comme mère de Christ, tandis que les anciens, même les plus anciens prédicateurs de la vraie foi, selon la tradition apostolique, enseignaient à nommer et à confesser la mère du Seigneur Mère de Dieu (2). » De même Jean, évêque d'Antioche, plus attaché encore à Nestorius, dans une lettre d'amitié à son adresse, le conjurant de mettre un terme à la discussion soulevée sur le nom de Mère de Dieu, faisait cet aveu : « Ce nom, jamais aucun des Docteurs. de l'Église ne lé contesta; au contraire, plusieurs et même les plus estimés en firent usage, et les autres ne le leur reprochèrent point... » Et plus loin: « Si, à raison de cette naissance (Gal., rv, 5), la Vierge est nommée par les Pères Mère de Dieu, comme c'est le cas, je ne vois nulle nécessité de disputer et de troubler la paix de l'Église. Nous ne courons nul risque quand nous parlons et raisonnons comme faisaient autrefois dans l'Église de Dieu les Docteurs théosophes (3). Il n'est pas permis de souhaiter de meilleurs témoins de la vérité, des témoins plus impartiaux dans le présent cas. Et il serait superflu de prouver que, même après le concile d'Éphèse, l'Église orthodoxe a constamment confessé et qu'elle confesse encore la très-sainte Vierge Marie comme Mère de Dieu.

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Quant au nom de mère du Christ, que Nestorius donnait à la très-sainte Vierge Marie, nous disons, avec les Docteurs de l'Église, d'abord qu'il est vague et insuffisant, car le nom de Christ-oint appartient non-seulement à l'Emmanuel né de la

(1) Voir 1er des XII Anath.; Lect. chr., 1841, 1, 57.

(2) Τῶν πάλαι καὶ πρόπαλαι τῆς ὀρθοδόξου πίστεως κηρύκων, κατὰ τὴν ἀποστολικὴν παράδοσιν, θεοτόκον διδαξάντων ὀνομάζειν καὶ πιστεύειν τὴν τοῦ Κυρίου pnrépa. Hæret. Fab., Iv, cap. 12, in Opp., t. IV, p. 245, Lut., 1642.

(3) Τοῦτο γὰρ τὸ ὄνομα οὐδεὶς τῶν ἐκκλησιαστικῶν διδασκάλων παρῄτηται... Apud Harduin. Act. Concil., t. I, col. 1329.

Vierge, mais aussi aux hommes qui reçurent l'onction du SaintEsprit (Ps. civ, 15; I Rois, x, 10; xvi, 13, et autres), et même à tous les chrétiens. (I Jean, 11, 20-27; Act., x, 44-46.) On pourrait donc bien dire sans pécher que même les mères des hommes qui reçurent l'onction dans le sein maternel sont mères de christs, tandis que la sainte Vierge Marie engendra Christ, non homme seulement, oint du Saint-Esprit, mais le Christ notre Dieu. Par conséquent, ce n'est point assez pour Elle que le nom de mère de Christ, Elle est en même temps véritablement Mère de Dieu (1). Et ensuite, malgré ce qu'il a de vague, le nom de mère de Christ pourrait encore être admis et attribué à la sainte Vierge si on le prenait dans le sens orthodoxe, dans ce sens nommément que la sainte Vierge engendra le Christ-Dieu incarné; dans ce cas, mère de Christ aurait la même signification que Mère de Dieu, précisément comme Christ signifie -Dieu en chair. Mais, du moment où l'impie Nestorius donna au nom de mère de Christ un sens hérétique et se mit à enseigner que la sainte Vierge n'était point Mère de Dieu, mais seulement mère de Christ, parce qu'Elle engendre dans le Christ un simple homme, avec lequel Dieu s'unit après cela moralement, dès ce moment ce nom fut rejeté à juste titre par l'Église orthodoxe comme offensant pour la Mère de Dieu (2).

$141. 3o- Par rapport à la sainte Trinité.

Enfin du dogme de l'union hypostatique des deux natures

(1) Cyrill. Alex. Epist. ad Egypt. monach., 1, in Opp., t. V, part. 11,

p. 6-8.

(2) « Nous ne nommons pas la sainte Vierge mère de Christ parce que cette offensante dénomination fut inventée par l'abominable Nestorius, judaisant, vase d'iniquité, et cela dans le but d'anéantir le nom de Mère de Dieu et de dépouiller de sa gloire Celle qui seule était véritablement élevée au-dessus de toute créature. On nomme christs le roi David et le grand-prêtre Aaron parce que les rois et les grands-prêtres étaient oints; on peut nommer aussi bien christ, mais non Dieu par essence, tout homme déifère, dans le même sens que l'impie Nestorius osait nommer déifère Celui qui naquit de la Vierge. Mais à Dieu ne plaise que nous l'appelions ou même le représentions ainsi; au contraire nous le confessons Dieu incarné. » (Damasc., Exp. de la foi orth., ш, chap. 12, p. 169-170.)

en Christ découlent les vérités suivantes par rapport à la sainte Trinité, dirigées contre les idées hérétiques :

I. La sainte Trinité ne s'incarna pas tout entière, mais seulement le Fils de Dieu, la seconde personne de la sainte Trinité: « Le Verbe fut chair.» (Jean, 1, 1.) En effet, bien que la nature divine dans toutes les personnes de la Divinité soit une et indivisible, néanmoins elles sont différentes entre elles comme personnes, et la nature divine n'existe point en dehors de leurs hypostases; mais « elle demeure entière (quoique sans division) dans chacune des hypostases de la Divinité: toute dans le Père, toute dans le Fils, toute dans le Saint-Esprit, parce que et le Père est Dieu parfait, et le Fils Dieu parfait, et le Saint-Esprit Dieu parfait (1). » Par conséquent, lorsque le Fils s'incarna et réunit en son hypostase les deux natures divine et humaine, ce n'est pas à dire que le Père et le Saint-Esprit se soient incarnés en même temps; car ce n'est point la nature divine même, commune aux trois personnes, qui s'est immédiatement incarnée, mais c'est nommément la seconde hypostase de la très-sainte Trinité, ayant la nature divine. Nous ne disons pas que la Divinité, prise impersonnellement, se soit unie avec l'humanité; mais « nous affirmons que la Divinité s'est unie avec l'humanité dans l'une de ses hypostases...; qu'à l'incarnation de l'une des personnes de la sainte Trinité, de Dieu le Verbe, la nature divine, dans l'une de ses hypostases, s'est unie intégralement avec toute la nature humaine... et que le Père et le Saint-Esprit n'ont participé à l'incarnation de Dieu le Verbe que par la sympathie et la volonté (2). » C'est là pour nous, sans nul doute, un très-grand mystère (I Tim., III, 16); nous ne sommes point en état de comprendre comment s'incarna le seul Fils de Dieu en réunissant en sa personne toute la nature divine avec la nature humaine, quand la première est une et indivisible dans toutes les personnes de la très-sainte Trinité; mais nous avons appris à croire que le Père, le Fils et le Saint-Esprit, avec toute l'unité et l'indivisibilité de leur nature, sont trois per

(1) Damasc., ibid., n, chap. 6, p. 151.

(2) Ibid., chap. 11, p. 166, 167; chap. 6, p. 151, 152.

sonnes distinctes et indépendantes, et que chacune d'elles est Dieu parfait, bien qu'il n'y ait pas trois dieux, mais un seul Dieu. Et voilà pourquoi l'incarnation d'une seule personne sans les deux autres est tout à fait possible, quoique tout à fait incompréhensible pour nous.

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II. Le rapport de la seconde personne de la très-sainte Trinité avec les autres personnes ne changea point par son incarnation; après l'incarnation Dieu le Verbe ne cessa point d'être le même Fils de Dieu qu'auparavant, et après l'incarnation Il est nommément Fils de Dieu le Père selon la nature et non par l'adoption; car, quoiqu'Il se soit fait homme, l'humanité n'a pourtant pas en Lui d'existence à part et ne forme point une personne particulière qui aurait pu être adoptée; au contraire, l'humanité fut prise en Lui par la divinité dans la parfaite et indivisible unité de son hypostase divine, en sorte qu'Il demeure jusqu'à présent une seule et même personne divine, n'ayant pas éprouvé le moindre changement, tel qu'Il était dès l'origine des siècles. Par conséquent, si dès l'origine des siècles Il était et se nommait Fils de Dieu le Père, proprement comme personne, et non par une nature commune à toutes les personnes de la Divinité, à présent encore, avec les deux natures réunies hypostatiquement en Lui, Il demeure le même Fils de Dieu, et par conséquent vrai Fils, Fils par nature et non par adoption. Cette vérité est évidemment enseignée:

1° Par la Sainte-Écriture. Là, Dieu le Verbe, même après l'Incarnation, est nommé : - Fils unique de Dieu : « Et le Verbe a été fait chair, et Il a habité parmi nous; et nous avons vu sa gloire, sa gloire telle que le Fils unique devait la recevoir du Père» (Jean, 1, 14); « Dieu a tellement aimé le monde qu'll a donné son Fils unique, afin que tout homme qui croit en Lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle » (III, 16); vrai Fils de Dieu : « Nous savons encore que le Fils de Dieu est venu, et qu'Il nous a donné l'intelligence, afin que nous connaissions le vrai Dieu et que nous soyons en son vrai Fils » (I Jean, v, 20);-propre Fils de Dieu et non adoptif: « Dieu,» dit l'Apôtre, « n'a pas épargné son propre (to išíov) Fils, mais Il L'a livré pour nous tous. » (Rom., VIII, 31.) Tous ces passa

ges, comme le montre leur contenu même, se rapportent à Jésus-Christ, l'Homme-Dieu.

2o Par la doctrine de l'Église œcuménique. Ainsi, dans le dogme du quatrième concile œcuménique, elle nous apprend à confesser «< un seul et même Christ, Fils unique, Seigneur... non point partagé ou divisé en deux personnes, mais seul et même Fils unique, Dieu le Verbe, le Seigneur Jésus-Christ, comme les Prophètes et Notre-Seigneur lui-même nous l'ont enseigné, et comme nous l'a transmis le Symbole de nos Pères. » Et même avant cette époque les Pères du troisième œcuménique avaient déjà confirmé la profession suivante, empruntée des écrits de saint Athanase le Grand : « Nous Le confessons (Jésus-Christ) Fils de Dieu et Dieu selon la nature divine (xarà Vεμα), et Fils de l'homme selon la chair...; non pas deux Fils: l'un vrai Fils de Dieu, digne d'adoration; l'autre né de Marie, homme non digne d'adoration, et seulement adopté de Dieu comme nous selon la grâce; mais un seul Fils, vraiment de Dieu, comme il est dit, un seul Fils de Dieu et Dieu, le même qui en ces derniers jours est né de Marie selon la chair. - Car Celui qui est né de Marie est vrai Fils de Dieu et Dieu par nature (1). »

3o Par les témoignages particuliers des Docteurs de l'Église. Ainsi saint Grégoire le Théologien écrivait : « Au commencement était le Verbe, Il était avec Dieu, Il était Dieu le troisième était, confirmé par le nombre même, Celui qui était s'appauvrit et ce qui n'était pas prit sur Lui, sans avoir formé par là deux êtres, mais ayant voulu se faire de deux un seul; car Dieu est l'un et l'autre, et l'ètre prenant et l'être pris, deux natures jointes ensemble, et non deux Fils (qu'on n'aille pas gåter ce mélange par une fausse interprétation!) (2). Saint Hilaire : « Plusieurs même d'entre nous sont fils de Dieu; mais Il n'est pas tel ce Fils qui disait: Mon Père, glorifiez votre Fils (Jean, XVII, 1); car Il est le vrai Fils, par génération et non par adoption (non adoptione), véritablement et non nominalement, par génération divine et non

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(1) Concil. Ephes., t. I, part. 1, p. 46, apud Bin.

(2) Serm. sur Matth., 19, 1; Œuvr. des saints Pères, III, 214-215..

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