la volonté humaine se soumettait naturellement à ce qui lui est propre. Ainsi, quand elle repoussait la mort et que sa volonté divine y consentait et laissait faire, elle repoussait naturellement la mort et était en proie à l'agonie et à l'effroi; mais, quand sa volonté divine voulut que sa volonté humaine choisît la mort, sa souffrance devint volontaire; car il se livra de plein gré à la mort, non-seulement comme Dieu, mais aussi comme homme (1). » Sixième proposition: « Lui seul et même, étant Dieu et homme, voulait et par la volonté divine et par la volonté humaine. Ainsi les deux volontés du Seigneur différaient entre elles, non par l'inclination volontaire, mais par les forces naturelles; car sa volonté divine était sans commencement et souverainement puissante, toujours accompagnée de la toutepuissance et de l'impassibilité; mais sa volonté humaine avait commencé dans le temps et avait ses faiblesses naturelles et irréprochables (2). » Septième proposition : « Il revient au même de dire: Christ agit selon chacune de ses natures, ou : Chaque nature agit en Christ avec la participation de l'autre. Ainsi la nature divine participe aux actions de la chair parce que, selon le bon vouloir de la volonté divine, elle laisse souffrir et agir la chair, comme il lui est naturel, et de plus, parce que l'action de la chair est sans nul doute salutaire; mais cela provient de l'action divine et non de l'action humaine. La chair ne participe point aux actions de la divinité du Verbe, parce que les actions divines s'opèrent par le corps comme par un instrument, et aussi parce que Celui qui agit tout à la fois divinement et humainement est un seul et même (3). » Huitième proposition : « L'action divine-humaine (ou de l'Homme-Dieu (θεανδρική) désigne qu'après l'incarnation de Dieu et son action humaine était action divine, c'est-à-dire déifiée et non sans participation à son action divine, et son ac (1) Chap. 18, p. 201-202. (2) P. 203-204. (3) Chap. 19, p. 205. tion divine non sans participation à son action humaine, mais que chacune des actions s'accomplissait avec la participation de l'autre (1). » $140. 20 Par rapport à la sainte Vierge, mère du Seigneur Jésus. La conséquence de l'union hypostatique des deux natures en Jésus-Christ par rapport à la sainte Vierge, sa mère, c'est qu'Elle est véritablement mère de Dieu. (Prof. orth., p. 1, rép. quest. 40; Gr. Cat., art. 111.) En effet, elle engendra Celui qui, étant vrai Dieu au moment même de sa conception dans son sein, prit la nature humaine dans l'unité de son hypostase, en sorte qu'll fut, dans l'incarnation mème, et qu'Il reste, après l'incarnation, constamment et invariablement personne divine, tel qu'll était avant tous les siècles jusqu'à l'incarnation. En d'autres termes : Elle engendra le Seigneur Jésus, non point selon sa divinité, mais selon l'humanité, qui, néanmoins, dès le moment de son incarnation, s'unit indivisiblement et hypostatiquement en Lui avec sa divinité, et dès ce moment fut déifiée par Lui (2) et devint propre à sa personne divine; de façon que et la conception, et le séjour dans le sein de la Vierge pendant la grossesse, et l'enfantement appartiennent proprement à sa personne divine. Ou autrement encore: Elle enfanta non un simple homme, mais le vrai Dieu, et non Dieu simplement, mais Dieu en chair, n'ayant point apporté son corps du ciel même, ni passé par Elle comme par un conduit, mais ayant pris d'Elle une chair consubstantielle à la nôtre, qui reçut en Lui-même l'hypostase (3). » Aussi la sainte Écriture nous ap (1) P. 206; cf. Dionys. Areop. Epist. Iv ad Caium Monach. (2) « Le Verbe même se fit chair, fut conçu par la Vierge, et en sortit Dieu avec la nature humaine qu'll avait prise, et qui, au moment même de son arrivée à l'existence, fut divinisée par le Verbe; de sorte que ces trois actes : - la réception, la conception et la divinisation de l'humanité par le Verbe, eurent lieu en même temps. C'est pourquoi la sainte Vierge est reconnue et nommée Mère de Dieu, non-seulement pour la nature du Verbe, mais aussi pour la divinisation de l'humanité. » (Damasc., Exp. de la foi orth., chap. 12, p. 170.) (3) Ibid., p. 167-168. prend à la confesser Mère de Dieu, et la sainte Église l'a de tout temps nommée et confessée Mère de Dieu. I. - Déjà le Prophète avait fait cette prédiction : « Une Vierge concevra et enfantera » Dieu avec nous Emmanuel, c'est-à-dire Dieu ayant pris notre nature dans l'unité de son hypostase. (Is., VII, 14; comp. Matth., 1, 23.) Et l'archange lui annonça qu'Elle « concevrait dans son sein et enfanterait un Fils qui serait appelé le Fils de Dieu. » (Luc, 1, 32). Que si la très-sainte Vierge devait concevoir et enfanter Dieu en chair, ou le Fils de Dieu, comme disaient ces annonciateurs, Elle devait aussi en toute justice être appelée Mère de Dieu. II.- En effet, sitôt qu'Elle « fut reconnue grosse, ayant conçu dans son sein du Saint-Esprit » (Matth., 1, 18), et tandis qu'Elle portait encore en son sein l'Enfant éternel, la pieuse Élisabeth, l'ayant vue, la confessa publiquement « Mère du Seigneur, » ou ce qui revient au même, Mère de Dieu. « Aussitôt, » dit l'Évangéliste, « qu'Élisabeth eut entendu la voix de Marie, qui la saluait, son enfant tressaillit dans son sein, et Élisabeth fut remplie du Saint-Esprit. Alors, élevant la voix, elle s'écria: Vous ètes bénie entre les femmes, et le fruit de votre sein est béni. Et d'où me vient ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne vers moi » (Luc, 1, 41-43)? et, ce qui est particulièrement important, nomma toute bénie la Vierge, Mère du Seigneur, non d'elle-même, mais << étant remplie du Saint-Esprit, » et par conséquent par son inspiration; qu'elle la nomma ainsi déjà avant qu'Elle eût mis au monde l'Enfant-Dieu. (Prof. orth., p. 1, rép. quest. 41.) III. Le saint apôtre Paul écrit : « Lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils formé d'une femme » (Gal., iv, 4); et ailleurs : « C'est quelque chose de grand que ce mystère de piété, » Dieu « qui s'est fait voir dans la chair. » (I Tim., III, 16.) Il exprime ainsi directement l'idée que de la très-sainte Vierge naquit nommément le Fils unique de Dieu ou Dieu en chair, et par conséquent Elle est véritablement Mère de Dieu. IV. - Après les Apôtres cette même vérité fut professée par tous les hommes apostoliques et par des Docteurs de l'Église des deuxième et troisième siècles, qui nommèrent souvent la trèssainte Vierge littéralement Mère de Dieu. Tels étaient: saint Ignace le Théophore: Notre Dieu » Jésus-Christ, dit-il, a été « dans le sein de Marie, >> par une dispensation divine, de la semence de David, mais en même temps du Saint-Esprit; Il est né et Il s'est fait baptiser pour consacrer l'eau (1). » — Saint Irénée: « Pour rétablir en Lui Adam, Dieu le Verbe naquit Luimême de la virginale Marie, et Il prit réellement sur Lui une naissance telle qu'il convenait pour rétablir Adam (2). » Origène, sur qui l'historien Socrate fait cette remarque (cinquième siècle : « Origène, au premier volume de son Commentaire sur l'Épître de saint Paul aux Romains, voulut expliquer pourquoi la sainte Vierge se nommait Mère de Dieu (Θεοτοκός), et il écrivit là-dessus fort au long (3). » - Saint Denys, qui écrivit avec d'autres pasteurs d'Alexandrie à Paul de Samosate: • Pourquoi nommes-tu Jésus-Christ homme éminent et non pas vrai Dieu, adoré à l'égal du Père et du Saint-Esprit par toute créature, s'étant incarné de la Vierge Marie, Mère de Dieu (4)? » - Saint Alexandre, évêque d'Alexandrie, qui vivait à la fin du troisième et au commencement du quatrième siècle: «Nous connaissons la résurrection des morts, que NotreSeigneur Jésus-Christ manifesta en soi primitivement, ayant pris en réalité et non point en apparence un corps de la Vierge Marie, Mère de Dieu, et étant venu, après la consommation des siècles, dans le genre humain pour l'abolition du péché (5). » V.-Les Pères et les Docteurs de l'Église au quatrième siècle confessèrent d'une voix unanime et maintes fois la sainte Vierge Marie comme Mère de Dieu; par exemple, saint Athanase le Grand : « Le but et le caractère de la sainte Écriture, c'est de nous enseigner sur le Sauveur deux vérités, savoir: qu'Il était dès les siècles et qu'll est Dieu le Fils, en étant le Verbe, la splendeur et la sagesse du Père, et que pour nous, en ces der (1) Epist. ad Ephes., cap. 18; Lect. chr., 1821, 1, p. 40. (2) Contra Hæres., III, 21, al. 31, n. 10. (3) Socrat. Hist. eccl., VII, cap. 32. (4) Voir Lect. chr., 1840, Iv, 17. (5) Alexandri Epist., apud Théodoret. H. E., 1, сар. 4. niers jours (Hébr., 1, 1), Il prit chair de la Vierge Marie, Mêre de Dieu, et se fit homme (1). » — Saint Ephrem : << Celui qui nie que Marie ait engendré Dieu ne verra point la gloire de sa Divinité (2). » Saint Cyrille de Jérusalem, dans le sermon de la Chandeleur : « Aujourd'hui le céleste Epoux avec la Mère de Dieu, son palais nuptial, vient au temple (3). » Saint Grégoire le Théologien : « Quiconque ne reconnaît pas Marie comme Mère de Dieu est séparé de la Divinité (4). » Saint Grégoire de Nysse, se plaignant de plusieurs chrétiens qui s'étaient séparés de l'Église, dit : « Pourquoi nous haïssent-ils et que veulent dire ces nouveaux autels élevés en opposition aux nôtres?... Est-ce que nous annonçons un autre Jésus?... ou bien quelqu'un de nous ose-t-il nommer la Mère de Dieu, la sainte Vierge, mère de l'homme (ἀνθρωπότοκον), comme font quelques-uns, dépouillant toute vénération (5)? On ne peut s'empêcher ici de rappeler que de son temps Julien l'Apostat reprochait entre autres choses aux chrétiens de nommer sans cesse Marie Mère de Dieu (6), tant cet usage était enraciné et général au quatrième siècle. VI. - Au cinquième, l'Église entière confessa solennellement la très-sainte Vierge Marie comme Mère de Dieu dans le troisième concile œcuménique, à l'occasion de l'hérésie de Nestorius, en adoptant et confirmant entre autres les paroles suivantes de saint Cyrille d'Alexandrie: « Si quelqu'un ne confesse pas que l'Emmanuel est vrai Dieu et par conséquent la sainte Vierge Mère de Dieu, puisqu'Elle enfanta selon la chair (1) Contra Arian. orat. III, n. 29. Ou: «Encore dans le sein de sa mère, Jean tressaillit de joie à la salutation de Marie, la Mère de Dieu » (n. 33). Le saint Père donne aussi la même dénomination à la sainte Vierge en d'autres endroits de ses écrits. (Contra Arian. orat. III, n. 14; Orat. IV, n. 32; de Incarn. Verbi Dei, n. 4.) (2) Serm. sur la Transf. du Seigneur; Œuvr. des saints Pères, XIII, 154. (3) Lect. chr., 1840, 1, p. 116. (4) Lettr. à Cléd., 1; Œuvr. des saints Pères, IV, 197; comp. Serm. sur la Théol., III; ibid., III, 56. (5) Epist. ad Eustath. et Ambros., Opp., t. III, p. 660, éd. Morel; cf. De Beatitud. orat. 1, t. I, p. 767, et De Occursu Domini, t. III, p. 460. (6) Θεοτόκον δὲ ὑμεῖς οὐ παύεσθε Μαρίαν καλοῦντες. Apud Cyrill. contra Julian., lib. VIII, in Opp., t. VI, 262. |