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178 PROJET DE RÉUN. DES PROTEST. DE FRANCE, etc.

Une réponse précise sur ces cinq demandes, nous donnera le moyen de l'éclaircir davantage, pour peu qu'il le veuille, et qu'il aime la paix autant qu'il veut le paroître.

Qu'il ne dise pas que c'est une chose immense, que d'examiner la doctrine par le commun consentement des Pères, qui ont vécu du temps des conciles dont il prend les canons pour juges; car on pourroit en cela lui faire voir, en moins de deux heures, des choses plus concluantes qu'il ne croit. Un petit extrait de cette lettre, et des réponses aussi précises que sont ces demandes, nous donneront de grandes ouvertures.

Je suis à vous de tout mon cœur, et prie Dieu qu'il vous conserve, et toute la famille, que je respecte au dernier point.

23 octobre 1684.

Personne, continue l'abbé Millot, n'étoit plus capable que Bossuet d'approfondir ces vastes matières et de les simplifier personne n'a plus travaillé que lui, ni avec plus de réputation, au projet de ramener les Protestans à l'Eglise catholique; son livre si estimé de l'Exposition de la Foi, n'a pas d'autre but. Cependant les disputes se perpétuent, les gros ouvrages de controverse sont multipliés à l'infini; les Calvinistes subsistent au sein du royaume, en très-grand nombre, même sans y être tolérés. Adorons les desseins de Dieu; mais ne présumons point qu'aucun génie par le raisonnement, ni qu'aucun roi par l'autorité, dissipe les préventions d'une secte, tant qu'elle prétendra ne suivre pour règle que les oracles divins, dont elle veut que tout homme soit l'interprète. On abandonna bientôt cette idée, parce qu'on perdit l'espérance de réussir.

RECUEIL

DE DISSERTATIONS

ET DE LETTRES,

COMPOSÉES DANS LA VUe de réunir LES PROTESTANS d'allemagne, de la confession d'ausbourg, a L'ÉGLISE CATHOLIQUE ;

Par Jacques-Bénigne BossUET Evéque de Meaux, MOLANUS abbé de Lokkum, et LEIBNIZ conseiller intime et historiographe de Jean-Frédéric, duc de Brunswick-Hanover.

AVERTISSEMENT (*).

Un projet de pacification des troubles de religion qui désoloient l'Allemagne avoit long-temps occupé les diètes de l'Empire. L'empereur Léopold entra dans ce projet avec tout le zèle qu'on pouvoit attendre d'un prince chrétien; et voyant que l'évêque de Neustadt, en conséquence des délibérations des diètes, avoit déjà fait auprès des ministres protestans plusieurs démarches qui tendoient au but qu'on se proposoit, il lui fit expédier un rescrit daté de 1691' par lequel il lui donna plein pouvoir de traiter des affaires de la religion avec tous les Etats, communautés et particuliers de ses royaumes, etc. Il vouloit qu'on tentât toutes les voies praticables de conciliation; et l'évêque qu'il chargeoit de cette affaire délicate paroissoit propre à la bien conduire.

Ce prélat, bon théologien et très-versé dans les matières de controverse, méritoit singulièrement la confiance de l'Empereur et de tous les ordres de l'Empire, par son caractère de douceur, de piété et de modération, qu'on trouve rarement dans les controversistes, surtout pendant la chaleur des disputes. Lorsqu'on entreprend de pacifier des querelles de religion, un pacificateur a plus besoin de flegme que s'il s'agissoit de concilier les droits respectifs des souverains. Ces sortes de querelles sont toujours les plus échauffées, et celles par conséquent où l'on s'entend le moins; de

(*) Cet Avertissement est extrait de la Préface que C. F. Le Roi a mise à la tête du tome 1. des OEuvres posthumes de Bossuet; qu'il a publiées en 1753, in-4°.

sorte qu'un négociateur ne réussira jamais, s'il n'est dépouillé de tous préjugés, assez pénétrant pour découvrir d'un coup d'œil ceux de chacun des partis, assez habile pour démêler le vrai point des contestations, au milieu des chicanes et des fausses imputations qu'on se fait de part et d'autre; enfin assez industrieux pour rapprocher les points dont on convient, et les faire servir de base à la réunion sur ceux dont on ne convient pas.

M. de Neustadt jugea sainement qu'il devoit prendre une méthode différente de celle que les controversistes avoient suivie jusqu'alors. Les disputes, ou par écrit, ou de vive voix n'avoient fait qu'aigrir les esprits, embrouiller de plus en plus les questions, et, par une suite nécessaire, éloigner du point de réunion auquel on s'étoit flatté vainement d'arriver par ce moyen.

Ce prélat avoit goûté le livre de l'Exposition de la doctrine catholique, composé par Bossuet en 1671, et bientôt après traduit dans toutes les langues de l'Europe. Ce livre étoit merveilleusement utile pour écarter ou aplanir un grand nombre de difficultés, et pour empêcher les hérétiques de continuer à calomnier l'Eglise. En effet, la vérité n'a besoin d'autre appui que d'elle-même: elle se fait jour, et dissipe tous les nuages dès qu'on la montre toute nue et sans aucun ornement étranger, qui la dépare au lieu de l'embellir. Aussi voyons-nous que le petit livre de l'Exposition a plus dessillé les yeux de nos frères errans, que les plus gros volumes de controverse; parce qu'il ne falloit qu'exposer simplement notre doctrine pour prouver à ceux des Protestans, qui cherchoient sincèrement la vérité, que leurs docteurs, ou prévenus ou mal instruits, les avoient trompés, en imputant à l'Eglise catholique des doctrines détes tables, qu'elle condamne plus fortement que les ministres mêmes.

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