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>> d'imperfection. Cependant il nous suffit de savoir qu'ils » ont existé, et que non-seulement Bossuet voulait changer >> son ouvrage tout entier, mais qu'il avait en effet à peu >> près exécuté son projet. » (De l'église gallicane, chap. 9.)

Nous nous estimons heureux de pouvoir annoncer que les manuscrits de Bossuet sont arrivés jusqu'à nous et qu'il nous est possible de fixer notre opinion sur la nature et l'importance des corrections. Le cardinal de Beausset est dans le

vrai lorsqu'il dit que l'ouvrage était presque entièrement corrigé suivant le nouveau projet; mais lorsqu'il annonce << que les brouillons écrits de la main de l'illustre auteur étaient confondus dans une multitude de papiers,» il a été induit en erreur; car l'ouvrage forme un beau manuscrit dont les marges portent les additions et les corrections de la main de Bossuet.

Ce manuscrit autographe est présentement conservé à la Bibliothèque Impériale de Paris, qui l'a récemment acquis par don de M. Parent du Châtelet.

Le premier volume traite de la Puissance ecclésiastique dans ses rapports avec le Pouvoir civil; il est couvert de traits de crayon qui annoncent des modifications radicales. Ces corrections, Bossuet ne les a jamais exécutées; nous dirons bientôt qu'il résolut de supprimer toute cette partie de son livre.

Les additions et les corrections autographes se trouvent dans le second et le troisième volume, à partir du concile de Constance, jusqu'à la fin du traité, même le Corollaire, où Bossuet efface et modifie plusieurs passages; ce qui prouve que la révision fut complètement exécutée:

Nous possédons dans ces précieux manuscrits la seconde

rédaction de Bossuet sous le titre de Gallia orthodoxa. La première rédaction, qu'il avait intitulée: Defensio Declarationis, semble avoir été achevée vers 1688. Il en existe deux principaux exemplaires. Le premier appartient à Mgr le duc d'Aumale, qui l'a trouvé dans la Bibliothèque de Condé ; c'est la copie que l'abbé Bossuet, neveu de l'illustre évêque, présenta à Louis XIV en 1710 et dont le Régent crut devoir s'emparer après la mort du grand roi; c'est ainsi que l'exemplaire entra dans les archives de Condé. (1) Le second exemplaire de la Defensio Declarationis est conservé à la Bibliothèque Impériale de Paris, num. 4238 latin. Il appartint jadis au célèbre abbé Fleury, auteur de l'Histoire ecclésiastique; une note autographe de ce dernier atteste que Bossuet lui permit d'en prendre la copie; l'écriture en est très-régulière et fort belle, mais les citations marginales sont de la main de Fleury. Dans une note qui se trouve en tête du premier volume, l'abbé de Targny, conservateur de la Bibliothèque, atteste que le Ministre a fait enlever l'exemplaire. chez l'abbé Fleury qui venait de mourir et l'a fait déposer à la bibliothèque du roi (10 mars 1724) « sous cette condition et avec ordre de ne laisser prendre aucune copie de cet ouvrage, et qu'on ne le communique à personne pour le

(1) L'abbé Bossuet trompa Louis XIV en lui présentant l'ancienne rédaction au lieu de la dernière. Nous lisons dans la Préface de l'édition de 1745 Trecensis episcopus participem fecerat neminem, non ipsum Ludovicum Magnum, cui propter causas nobis incognitas, dederat Defensionis id exemplar quod erat prioris recognitionis, non dederat additamenta multa quæ in codicibus ultima recognitionis auctoris manu scripta erant. Nous supposons que l'abbé Bossuet n'eut pas le courage d'annoncer à Louis XIV que l'illustre évêque avait entièrement renoncé à prendre la défense de la doctrine du premier article de 1682 sur l'irresponsabilité de la Puissance Royale.

transcrire. » (1). Malgré des ordres si rigoureux, le livre fut imprimé en 1730 sous la rubrique de Luxembourg.

C'est la seconde rédaction qui appelle surtout notre attention c'est la seule que nous puissions justement imputer à Bossuet, qui bien certainement a renoncé à la première.

Bossuet entreprit la révision de son ouvrage vers les derniers temps de sa vie. Voici ce qu'on lit dans le Journal de l'abbé Ledieu :

« M. de Meaux m'a dit ce matin, 28 septembre 1700, en >> remuant ses papiers, qu'il veut mettre incessamment la >> dernière main à son ouvrage DE ECCLESIASTICA POTESTATE, qu'il intitule à présent GALLIA ORTHODOXA, etc. >>

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Un an après, l'ouvrage était presque entièrement corrigé, car Ledieu inscrit dans son Journal:

« Le 22 septembre 1701, M. de Meaux m'a demandé son >> traité DE ECCLESIASTICA POTESTATE, dont il a seulement re>> tenu les premiers livres de la dernière révision et correc>>>tion sous le titre de GALLIA ORTHODOXA, contre Roccaberti, >> etc. >>

Les premiers livres de la dernière révision et correction. sont ceux qui traitent du premier article de 1682 et contiennent de si regrettables récriminations contre S. Gré

(1) De Maistre raconte d'une façon plaisante mais inexacte l'intervention et le rôle du chancelier d'Aguesseau dans cette affaire, et l'abbé de Targny lui-même, personnage considérable pour son temps, devient, sous la plume du spirituel écrivain, le docteur Traguy. Notons que le chancelier d'Aguesseau savait parfaitement (et il en prévint l'abbé de Targny), que Bossuet avait changé son ouvrage tout entier et que l'exemplaire de l'abbé Fleury n'était pas autre chose que la première rédaction abandonnée et refaite par l'illustre évêque; c'est ce qu'on lit dans un note en tête du second volume du manuscrit 4238.

goire VII. Bossuet voulut revoir cette partie de son ouvrage, il remplit les marges de traits de crayon, mais il n'exécuta aucune correction (l'état du manuscrit le constate) et il s'arrêta enfin au parti de supprimer entièrement les quatre livres.

Faisons observer que la seconde rédaction fut impérieusement exigée par les circonstances. A l'époque de l'accommodement avec le Saint-Siége, Innocent XII exigea l'abandon de la Déclaration de 1682 comme une condition essentielle de la paix ; à ce prix les évêques reçurent les bulles qu'ils avaient en vain demandées pendant dix ans, et Louis XIV écrivit au Pape la fameuse lettre, en date du 14 septembre 1692, dans laquelle il annonça qu'il avait donné les ordres nécessaires, « afin que les affaires conte«nues dans l'édit du 22 mars 4682, concernant la Décla<«<ration faite par le clergé du royaume, à quoi les conjonc<< tures m'avaient obligé, n'aient point de suite. » Evidemment Bossuet ne pouvait prendre la défense de la Déclaration abandonnée par les évêques et par Louis XIV lui-même. De là vint la nécessité de changer l'ouvrage tout entier, de prendre un nouveau titre et d'effacer toute mention de la Déclaration (1).

L'écrivain anonyme et inconnu qui a publié l'édition de

(1) « L'éditeur des nouveaux opuscules de Fleury imprimés à Paris en 1807, a remarqué fort à propos que Bossuet n'aurait pas voulu qu'on traitât cette question de l'autorité du pape; qu'il a cherché à l'écarter, et qu'après l'accommodement avec Innocent XII, il a abandonné la Déclaration, se bornant à défendre la doctrine. On pourrait ajouter que dans la défense de la Déclaration du clergé français et dans la Gallia orthodoxa, il a cherché à radoucir ces 4 articles et à les rapprocher de la doctrine commune, et ce n'est ni la volonté ni les talents qui ont manqué à ce dessein.» (Le cardinal Litta, Lettres sur les quatre articles, 28e lettre).

1745 eut à sa disposition tous les papiers de la seconde rédaction. Nul doute que ce ne soient les mêmes que les trois volumes aujourd'hui déposés à la Bibliothèque Impériale de Paris. Cette parfaite identité, nous pourrions la constater par divers passages de la Préface; contentons-nous des citations suivantes : Omnibus prope paginis multa ipsius manu animadversa et addita... Nos habere operis ejus codices qui supererant omnino omnes...Multis in locis, imprimis lib. V et VI, aucti ac locupletati... Multa etiam D. Bossuet aut ipse sustulerat, præsertim ex secunda et tertia parte, et ex Corollario aut, ut a descriptore tollerentur, quibusdam notis significarat... Libri X caput unum totum, omnino aboleri jusserat; in eo autem capite referebantur Acta sancti Eusebii presbyteri et martyris, quæ Acta Meldensi Episcopo, postquam in ea diligentius introspexisset, visa fuerant insincera, aut saltem dubiæ auctoritatis... Porro illi codices sedulo asservantur, futuri aliquando, si opus fuerit, nostræ in illis exhibendis incorruptæ diligentiæ, sinceri testes. L'éditeur de 1745 ne pouvait nous conserver des traits plus ressemblants pour nous aider à reconnaître l'identité de nos trois volumes et des manuscrits dont il a fait usage. Il invoque leur témoignage peuvent-ils attester sa bonne foi ?

Nous éprouvons le regret d'annoncer que l'éditeur de 1745 a très-mal compris son devoir; au lieu de publier l'ouvrage de Bossuet corrigé selon le nouveau projet, il a fondu la première et la seconde rédaction en une seule, ce qui prive de toute autorité le livre tel que nous l'avons eu jusqu'à ce jour (1).

Le titre du livre est un faux, le comte de Maistre le dit

(1) De Maistre, De l'église gallicane, liv. II, chap. 12.

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