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toriens, les doctrinaires, les prêtres de la mission de SaintLazare, du Saint-Esprit, des missions étrangères, des mis sions de France. Les jésuites ne peuvent être placés dans une autre catégorie et assujettis à une discussion particulière des deux Chambres, dont le résultat, vu la disposition actuelle des esprits, ne leur seroit pas également favorable, dans l'une et dans l'autre.

Les évêques ne sont pas, il est vrai, libres de former des congrégations religieuses, quoiqu'autrefois les saints Evêques aient exercé ce droit, sans réclamation, et que leur demeure ait été souvent, et tout à la fois, une école et un véritable monastère. Mais on ne peut aujourd'hui même, malgré les servitudes du sacerdoce, refuser aux évêques le droit de choisir tels prêtres qu'il leur plaît, pour l'éducation de la jeunesse ecclésiastique, et les jésuites qu'ils chargent de cette fonction, ne sont employés que comme des prêtres qui méritent la confiance des premiers pasteurs. Aucun acte public et légal ne prouve que les évêques prétendent foriner ou choisir des associations.

Le noble pair paroît supposer, comme une vérité incontestable, ce qui fera toujours cependant la matière de discussions, surtout par rapport aux jésuites, que des prêtres, qui, dans leur particulier, suivent la règle d'un institut religieux quelconque, forment nécessairement, aux yeux de la lui, une congrégation religieuse; quoique ces mêmes prêtres, dans leurs relations avec l'autorité et avec l'ordre public, ne soient distingués en rien des autres prêtres. Les jésuites, sous ce rapport, doivent être surveillés d'une manière spéciale, afin que leur vie monastique, intérieure, ne devienne pas extérieure et publique, ce que certaines gens regardent comme très-dangereux. Il doit donc suffire de les placer immédiatement sous la surveillance de la haute police; et nous croyons que, pour ne pas renoncer au bien qu'ils font, ils se soumettroient volontiers à cette exception assez singulière et qui caractériseroit assez bien le siècle

où nous vivons.

Sans doute la religion catholique peut subsister sans tel ou tel ordre monastique; mais un état catholique, d'où tout ordre monastique seroit banni, ne peut conserver. toujours sa religion, qui s'éteindroit à la fin, parce qu'elle seroit privée d'un de ses attributs essentiels, celui d'offrir l'exemple de la perfection évangélique, dans la pratique des conseils sublimes donnés par le divin maître. Voyez en

quel état se trouve déjà la religion catholique en France, où l'ordre monastique laisse à peine apercevoir quelques vestiges.

Le noble pair cite contre les jésuites, les lois qui les ont supprimés, celles qui ont supprimé révolutionnairement toutes les congrégations religieuses. Nous ne devons pas cependant en conclure que l'ancienne législation ne fût bonne que quand il s'agit des jésuites, et qu'elle fût absurde et digne d'oubli quand il est question de la sainteté du mariage et de la protection due à la religion de l'Etat, tandis que les lois révolutionnaires subsisteroient encore et feroient autorité.

Il est avéré, dit M. le comte de Portalis, qu'il existe en France, sans autorisation légale, une congrégation religieuse d'hommes. Mais comment cela est-il avéré? comment un tel fait doit-il être avéré ? qui a le droit de le reconnoître et de le dénoncer, si ce n'est l'autorité publique? Et si l'autorité publique garde le silence sur ce fait, de quel poids doit être la dénonciation d'un simple particulier, à la suite d'un pamphlet révolutionnaire dont les expressions et le langage, déplacés dans un cercle de gens bien élevés, devoient l'être bien plus encore dans une assem blée composée des personnages les plus illustres de l'Etat ? Comme M. le comte Portalis, nous attendrons avec confiance ce que prononcera l'autorité sur un fait aussi important. Mais nous espérons que de pareilles questions ne seront pas exposées à des discussions publiques, dont le résultat malheureux est d'exciter les passions et d'affoiblir le respect dû au pouvoir conservateur de la société.

M.

Nous croyons devoir donner, comme une suite naturelle du rapport de M. Portalis, les opinions émises par d'illustres prélats, relativement à la pétition de M. de Montlosier. Nous reproduirons d'abord celle de M. le cardinal de Clermont-Tonnerre, quoique la discussion ait été terminée avant que Son Eminence eût pu monter à la tribune.

Opinion de S. Em. le cardinal de Clermont-Tonnerre.

MESSIEURS, jamais la religion et la monarchie n'ont été en butte à de plus violentes attaques, que depuis l'époque heureuse où ces biens nous ont été rendus. Jamais le clergé

français, ce véritable appui du trône, n'a essuyé plus de contradictions, disons mieux, plus d'outrages, que depuis qu'il est protégé par d'augustes exemples, et regardé par tous les gens de bien comme une des bases essentielles du corps social.

Que d'inventions coupables, que de calomnies, que d'insultes, et partant, quelle funeste indifférence lorsqu'il s'agit de la religion et de ses ministres ! Pourrois-je rappeler ici tous les faits faux et mensongers, toutes les censures amères et déplacées, toutes les diatribes, et tous les pamphlets dont le clergé a été l'objet depuis quelques années, et dont les résultats inévitables sont l'affoiblissement de la foi de nos pères, l'abandon de nos temples, et l'oubli des devoirs les plus sacrés ?

D

L'incrédulité philosophique, à laquelle nous devons tant de déchirans souvenirs, diversifie en mille manières ses moyens d'attaque, et dirige avec art les coups dont elle frappe les bases du corps politique. Pour égarer le vulgaire, qui n'a ni le loisir ni le moyen de comparer et de juger les temps, les hommes et les choses, elle va chercher dans les monumens du dernier siècle tout ce qui peut troubler et inquiéter le nôtre; elle accuse les morts pour flétrir les vivans; elle remue la poussière des tombeaux pour empoisonner ce principe de vie que la religion seule peut encore conserver au milieu de nous. Attentive, ditelle, à veiller aux intérêts du peuple, c'est en le rendant impie qu'elle veut le rendre heureux; c'est avec les dehors du zèle et de la philantropie qu'elle le pousse à l'impiété ; et, comme il est certain qu'il n'y a rien aujourd'hui en France de plus redoutable et de plus dangereux que l'influence de la religion, c'est contre ce prétendu danger que nos soi-disant bienfaiteurs de l'humanité dirigent leurs infatigables efforts.

» N'est-il pas évident, Messieurs, qu'il s'agit ici d'une de ces dérisions cruelles que se permet un ennemi peu généreux dans l'ivresse de la victoire ? Quoi! lorsque le sacerdoce est privé de ses attributions les plus essentielles; lorsque les lois de la religion de l'Etat n'occupent aucune place dans les lois de l'Etat; lorsque cette religion de l'Etat est entièrement étrangère à tous les actes, à toutes les époques importantes de la vie sociale; lorsque l'impiété répand impunément et par millions ses honteux chefs-d'œuvre ; lorsqu'il n'y a plus de foi dans Israël; enfin lorsque

la génération naissante, fidèle dépositaire de l'irréligion qu'elle trouve dans les foyers paternels, croît et se fortifie pour l'incrédulité et la révolte, malgré le zèle et le courage de ses instituteurs; on ose témoigner devant vous des alarmes et une haine implacable contre des hommes modestes et retirés du monde, contre des jésuites, en un mot, qui ont le bonheur de soustraire encore quelques enfans à cette malédiction héréditaire de l'incrédulité, qui désole les familles, et qui menace la société toute entière.

» Est-ce bien sérieusement, Messieurs, qu'on nous parle aujourd'hui de jésuites, et qu'on cherche à ranimer de vieilles terreurs dont se divertissoient les philosophes. eux-mêmes, il y a déjà près d'un siècle? Plus de soixante ans se sont écoulés depuis que les jésuites ne sont plus. La révolution, qui s'enorgueillit de tant de ruines, n'a pu atteindre cette corporation célèbre, puisqu'elle avoit cessé d'exister, et ses débris échappés aux ravages des temps n'avoient survécu à nos désastres que pour donner les preuves les plus héroïques d'attachement et de respect pour l'ancien gouvernement qui les avoit méconnus et supprimés.

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D'après cette simple indication de faits si notoires, je demande ce que peuvent être aujourd'hui les jésuites; s'il y a des jésuites, et ce qu'ils sont dans l'état actuel de notre législation et de notre gouvernement; ce qu'on peut leur reprocher, et si on a le droit de leur reprocher quelque chose; si la loi peut les atteindre et les surveiller autrement que tous les autres citoyens; quelles seroient enfin les conséquences de toute mesure répressive qu'on pourroit se permettre à leur égard.

» Je tâcherai, Messieurs, d'être concis dans l'examen de ces questions: le temps nous presse : l'impiété compte nos momens et observe nos démarches; elle laisse à peine à la vieillesse le loisir nécessaire pour recueillir ses idées et ses souvenirs.

» Que peuvent être aujourd'hui les jésuites?

>> Pour savoir ce que peuvent être aujourd'hui les jésuites, pour se former une idée exacte de l'existence qu'ils peuvent espérer encore au milieu de nous, il suffit de se rappeler ce qu'ils étoient avant leur suppression, ce qu'ils ont été depuis, et dans quel état la restauration les a trouvés.

» Les jésuites, avant leur suppression, formoient une

corporation d'autant plus puissante, qu'elle avoit pour elle, outre l'appui des lois, l'influence que donnent, au milieu d'une société civilisée, la science, la littérature, la politesse, les mœurs, et cet esprit de corps qui maintient l'union parmi ses membres, et qui en fait la force. Ce qui prouve que la corporation des jésuites étoit puissante, c'est l'acharnement de ses ennemis, ce sont les efforts persévérans de l'incrédulité, pour l'anéantir. On voit par la correspondance philosophique des précurseurs de la révolution, de quelle importance il étoit pour eux de renverser ce premier boulevard de la monarchie, pour arriver plus directement jusqu'au cœur de la royauté, et précipiter dans l'abîme les prêtres et les rois. D'autres corporations, quoique utiles, n'étoient pas en butte à de pareilles hostilités; leur perte n'eût point causé de ces joies féroces qui ressemblent à de noirs pronostics. Celle des jésuites fut un triomphe; et ce triomphe fut celui des ennemis de la foi de nos pères.

» Cette remarque, Messieurs, me paroît très-importante; elle appartient essentiellement à la question qui nous occupe. Jamais l'incrédulité n'avoit déployé plus d'audace, jamais elle n'avoit exercé un aussi grand pouvoir, que dans les années qui précédèrent la destruction des jésuites. Le commerce des livres impies étoit autorisé publiquement, parce que des économistes à courte vue n'y voyoient qu'une branche d'industrie. La conspiration formée contre Dieu et le Roi ne déguisoit plus ses projets criminels. << Gardez-moi le secret avec les rois et avec les prêtres, >> écrivoit Voltaire en 1757; » mais ce secret étoit devenu celui de tous les philosophes, et l'on sait qu'à cette époque les philosophes étoient déjà en grand nombre. Quelques années après, lord Walpole, qui se trouvoit à la cour de France, écrivoit à son gouvernement: « Vous parler des

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philosophes et de leurs sentimens, vous paroîtra, sans » doute, une étrange dépêche politique. Mais savez-vous ce que c'est que les philosophes, ou bien ce que ce mot » veut dire ? D'abord, il désigne ici presque tout le monde; en second lieu, il signifie des hommes qui, sous » prétexte de guerre qu'ils font au catholicisme, tendent, » les uns à la subversion de toute religion, les autres, et

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en plus grand nombre, à la destruction du pouvoir » monarchique. » C'est aussi de cette époque que datent lés arrêts sévères de la magistrature contre les écrits impies et licencieux. Cette magistrature, ennemie de la Tome 11.

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