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cette notion est très-utile pour comprendre l'Évangile.

Sous le règne des Machabées, et dès le temps de Jonathas, fils de Matathias, la secte des Pharisiens commença parmi les Juifs. Les Pharisiens prétendaient que Dieu avait ajouté, à la loi donnée sur le mont Sinaï, un grand nombre de rites et de dogmes que Moïse avait fait passer à la postérité sans les écrire. Ils joignaient donc au texte de la loi les traditions des anciens qui s'étaient conservées sans écriture. Soutenant au fond la bonne doctrine, ils y mélaient quantité de superstitions.

Ils vivaient au milieu du monde, fort unis entre eux, menant une vie simple et sévère au dehors, mais la plupart attachés à leurs intérêts, ambitieux, orgueilleux et avares. Ils se piquaient d'une extrême exactitude dans la pratique extérieure de la loi. Ils donnaient la dîme, nonseulement des gros fruits, mais des moindres herbes, du cumin, de la menthe, du millet. Ils observaient le Sabbat avec un tel scrupule, qu'ils faisaient un crime à notre Seigneur d'avoir, ce jour-là, détrempé un peu de terre au bout de son doigt pour guérir un aveugle; et à ses disciples d'avoir arraché en passant quelques épis pour manger le blé. Ils jeûnaient souvent, plusieurs deux fois par semaine, le lundi et le jeudi. Ils donnaient l'aumône en public, afin d'être remarqués; ils se jaunissaient le visage, afin de paraître plus grands jeûneurs; ils séduisaient, par leurs beaux discours, le peuple ignorant et les personnes simples qui se privaient de leurs biens pour les enrichir. Ils persuadèrent aux Juifs qu'être sortis d'Abraham selon la chair, était une distinction qui les mettait naturellement au-dessus de tous les autres peuples.

De là ce mépris superbe pour les Grecs, les Romains et tous les étrangers. Comme ils ne songeaient qu'à se distinguer des autres hommes, ils multipliaient sans bornes les pratiques extérieures, mais ils négligeaient ce qu'il y avait de plus essentiel dans la religion, et débitaient toutes leurs pensées, quelque ridicules et contraires qu'elles fussent à la loi de Dieu, comme des traditions authentiques.

Nous trouvons ces prétendues traditions, dont les Pharisiens faisaient un si grand mystère, dans les livres des Juifs qui furent écrits environ cent ans après la résurrection de Jésus-Christ. Il est impossible de s'imaginer les questions frivoles dont ces livres sont remplis. En voici quelques-unes: Est-il permis le jour du Sabbat de monter sur un âne pour le mener boire, ou bien faut-il le tenir par le licou ? est-il permis le jour du Sabbat de marcher dans une terre fraichement ensemencée, puisque l'on court risque d'enlever avec ses pieds quelques grains, et par conséquent de les semer? est-il permis ce même jour d'écrire assez de lettres pour former un sens? est-il permis de manger un œuf pondu ce jour-là même? Sur la purification du vieux levain avant la Pâque : Fautil recommencer à purifier une maison lorsqu'on y voit passer une souris portant quelques miettes de pain? et un millier d'autres cas de conscience de cette sorte dont est rempli le Talmud avec ses commentaires 1. Tels étaient les Pharisiens. Notre Seigneur, qui en toute occasion démasquait leur hypocrisie, n'eut pas de plus mortels ennemis.

1 Voyez Fleury, Mœurs des Israélites.

La seconde, secte était celle des Sadducéens. Suivant toute apparence, ils rejetaient toutes les traditions des anciens, et ne s'attachaient qu'à la parole écrite ou à l'Écriture. Ils prenaient donc tous les livres de Moïse à la lettre. Ils reconnaissaient que Dieu a créé le monde par sa puissance, et qu'il le gouverne par sa providence ; qu'il avait opéré un nombre infini de prodiges en faveur des Juifs, et que, pour les gouverner, il avait établi des peines et des récompenses; mais ils croyaient que ces peines et ces récompenses étaient purement temporelles. Ainsi, ils niaient la résurrection future et l'immortalité de l'âme. En conséquence, ils ne servaient Dieu que pour les récompenses temporelles, et donnaient beaucoup aux plaisirs des sens.

Ils avaient peu d'union entre eux, et peu d'autorité sur le peuple: leur nombre n'était pas grand, mais c'étaient les premiers de la nation, et même plusieurs d'entre les sacrificateurs. Notre Seigneur les confondit en leur faisant une question à laquelle ils ne purent répondre. Voici le sens de ses paroles: Vous croyez à l'Écriture, et néanmoins vous niez l'immortalité des âmes, comment done se fait-il que dans l'Écriture Dieu s'appelle le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, longtemps après la mort de ces patriarches? Dieu n'est pas le Dieu du néant, le Dieu de ce qui n'est plus. Concluez donc de ces paroles que ces patriarches ne sont pas morts tout entiers, car Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants.

La troisième secte était celle des Esséniens. Ils honoraient Moïse comme le premier législateur; ils regardaient comme autant de blasphémateurs ceux qui parlaient mal

de lui, et les condamnaient à la mort. Ils étaient opposés aux Pharisiens en ce qu'ils rejetaient les traditions, et aux Sadducéens, en ce qu'ils croyaient l'immortalité de l'âme. Leurs principales erreurs étaient de nier la résurrection des corps, et de regarder l'àme comme une matière extrêmement subtile qui, attirée dans le corps par un charme naturel, y était renfermée comme dans une prison.

Les Sadducéens ne vivaient que pour le corps; les Esséniens, au contraire, jugeant que tout ce qui flattait le corps augmente la servitude de l'àme, professaient une morale extrêmement sévère. Ils fuyaient les grandes villes, leurs biens étaient en commun, leur nourriture fort simple. Ils donnaient beaucoup de temps à la prière et à la méditation de la loi. Leur manière de vivre avait quelque rapport avec celle des Prophètes. Il y en avait même qui gardaient la continence et menaient une vie entièrement contemplative.

La quatrième secte était celle des Hérodiens. Leur nom montre qu'ils avaient commencé à paraître depuis le règne d'Hérode. On croit qu'ils étaient des gens de la suite de ce prince, de ses soldats, de ses officiers. Ils étaient liés avec les Pharisiens. Ils paraissent toujours ensemble dans l'Évangile. Ils professaient une morale très-dangereuse, puisque notre Seigneur précautionna ses disciples contre leur levain1..

Les Pharisiens, les Sadducéens, les Esséniens, les Hérodiens, telles étaient donc les quatre sectes qui régnaient

1 Voyez Pluquet, Dict, des Hérés. disc. prélim

chez les Juifs à l'arrivée du Messie. Elles faussaient la religion, et le vrai esprit de la loi était prêt à se perdre. D'un autre côté, la vérité était expirante parmi les nations elle eût fini par périr entièrement si Dieu ne fût venu à son secours : jamais le monde n'eut plus besoin d'une nouvelle révélation. Aussi ce fut à ce moment suprême que le Désiré des nations descendit rayonnant de lumière du haut des collines éternelles.

Il se trouvait encore chez les Juifs une espèce d'hommes dont il est souvent question dans l'Évangile. Ce sont les Scribes. On appelait ainsi les hommes habiles, les docteurs de la loi, dont le ministère était de copier et d'expliquer les livres saints. Quelques-uns placent l'origine de ces Scribes sous Moïse, d'autres sous David, d'autres sous Esdras, après la captivité. Ces docteurs étaient fort estimés chez les Juifs: ils tenaient le même rang que les prêtres et les sacrificateurs, quoique leurs fonctions fussent différentes.

Les Juifs en distinguaient de trois sortes: les Scribes de la loi, dont les décisions étaient reçues avec le plus grand respect; les Scribes du peuple, qui étaient des magistrats; enfin, les Scribes communs, qui étaient des notaires publics ou des secrétaires du Sanhedrin.

A la connaissance des hommes au milieu desquels le Fils de Dieu devait passer sa vie mortelle, ajoutons quelques détails sur le pays qu'il devait sanctifier par sa présence.

Quand le Messie naquit, le territoire de la Palestine se divisait en trois provinces: la Samarie, la Galilée et la Judée proprement dite. Nous avons vu, mes chers enfants, que la nation des Hébreux, composée de douze

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