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Comme on vient de le voir, les motifs négatifs et positifs de la rédemption en Jésus-Christ, sont ramenés dans ce passage à une formule très simple.

Nous avons remarqué plus haut que Clément fait ressortir partout, tant qu'il le peut, le dogme de la divinité de JésusChrist, et qu'il le concentre autour du seul grand fait de l'Incarnation. Tâchons maintenant, en partant de ce point, de pénétrer sa pensée sur le Christianisme et sur l'Église.

Le Verbe de Dieu, la vérité absolue, ayant paru en personne, il a dû nécessairement marquer tout son œuvre de ce caractère; de sorte que le Christianisme se présente à nous comme l'expression morale de la vérité divine. « Notre doc

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teur est semblable à Dieu son Père, dont il est le Fils; il « est élevé au-dessus de tout péché, au-dessus de tout re- proche, de tout trouble de l'âme; Dieu pur et sans tache, « sous forme humaine, obéissant à la volonté du Père, le Verbe de Dieu est dans le Père; il est assis à la droite du Père, et il est Dieu nonobstant sa forme d'homme (57), Or, comme d'une part la divinité et de l'autre part l'idée de l'humanité, mais dans la personne de l'Homme-Dieu, se présente incarnée (58), il faut naturellement que toute philosophie, fût-elle même parvenue au plus haut point de développement, il faut, disons-nous, qu'elle soit, à l'égard de la venue de Jésus-Christ, comme le jour est à la nuit. De⚫ puis que Jésus-Christ est venu, nous n'avons plus besoin <d'écoles humaines: ce docteur nous enseigne tout; par lui,

la terre entière est devenue Athènes et la Grèce. De même ⚫ que quand le soleil ne luit pas, tous les autres astres n'empêchent pas que la terre ne soit ensevelie dans les ténèbres; de même, si nous n'avions pas connu le Verbe, si nous ⚫ n'avions pas été éclairés par lui, nous serions semblables à

(57) Pædag., I, 2, p. 99. — (58) Ibid., c. 3, p. 103.

⚫ des poulets que l'on engraisse dans l'obscurité pour les faire mourir (59). ›

Une fois qu'il est admis que le Christianisme, considéré en lui-même, est une institution purement divine, dans toute la rigueur du terme, rien n'est plus facile que de fixer le rapport de l'intelligence humaine au Christianisme. La divinité de Jésus-Christ, une fois reconnue, il serait absurde de faire dépendre l'adoption de la vérité chrétienne d'une démonstration scientifique. Il suffit que Dieu nous ait éclairé

sur les questions en suspens; exiger de Dieu la preuve de ⚫ ce qu'il dit, serait aussi déraisonnable qu'impie (60). » Il est donc dans la nature du Christianisme qu'il doive être adopté par la foi sans aucune preuve tirée de la raison. Mais la foi, dans ce sens subjectif du mot, est une prénotion libre (ok) de ce qui a été révélé (61), c'est-à-dire l'aveu libre et positif de ce que l'on nous présente comme vrai ; elle se distingue de la science en ce que celle-ci tire les fondemens de sa vérité, c'est-à-dire l'identité de ce qu'on lui présente avec l'idée qu'elle s'en est formée de l'évidence de la chose même, tandis que la foi a son fondement objectif dans l'autorité de celui qui présente ce qu'il faut croire. « Celui

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qui croit au Verbe sait la vérité de la chose, car le Verbe « est la vérité; mais celui qui ne croit pas au Verbe, ne croit « pas en Dieu (62). » De là Clément déduisait, par une conséquence incontestable, que la foi n'avait pas besoin d'une démonstration et n'en était pas même susceptible. La foi supposant d'avance le fait de la révélation de Dieu, qui est la vérité même, tandis qu'au contraire toute démonstration suppose l'incertitude et a pour but de fixer la vérité; par cette raison, toute preuve de la foi est superflue et inutile, puisque dans aucun cas on ne saurait trouver une règle plus

(59) Cohort., c. 11, p. 86, sq.- (60) Strom., II, 2, p. 433; it. 441 sq.- (61) Anders Strom., II, 6, p. 444. —(62) Strom., II, 4, p. 434.

certaine que celle qu'elle possède déjà, c'est-à-dire Dieu. La foi n'en devient par conséquent ni meilleure ni plus forte par la démonstration (63). D'ailleurs toute tentative de ce genre est impossible. Chaque science part de certains principes qui sont impossibles à prouver, ou qui doivent être admis sans preuves; aussi, ces principes ne deviennent jamais le sujet d'un examen, puisque par là ils cesseraient d'être des principes. Ici, c'est Dieu lui-même qui est le principe, la plus absolue de toutes les hypothèses, et qui ne peut jamais devenir l'objet d'une démonstration scientifique (64); par la même raison, la foi est au-dessus de toute démonstration, car ce que le principe a de particulier s'applique aussi à tout son développement (65). Ce n'est donc point un privilége de la science de se fonder sur la raison; c'est au contraire par cela même que la foi est supérieure à la science, qui ne saurait se comparer à la foi ni pour l'évidence du principe, ni pour son caractère absolu. «Il y a une grande différence entre ⚫ entendre discuter sur la vérité, et voir la vérité s'expli<quer elle-même; entre deviner la vérité et la contempler;

entre la ressemblance d'une chose et la chose elle-même : ⚫ la première s'acquiert par l'étude et l'expérience; la seconde, par la force et la foi: la doctrine de la religion est ⚫ un don, mais la foi est une grâce (66). › D'où Clément tire la conséquence fort juste que la foi est la règle suprême de la science et non la science celle de la foi (67).

Il n'est pas difficile de reconnaître après cela le prix que Clément attache à la foi. Le Christianisme étant pour lui la

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(63) Strom., II, 2, p. 433. Ο πιστεύσας τοίνυν ταις γραφαις ταις θείαις, την κρισιν βεβαίαν έχων, ἀποδειξιν ἀναντιῤῥητον, την γραφας δεδωρημένου φωνην λαμβάνει Θεου · οὐκετ' οὖν πιστις γίνεται δι' ἀποδείξεως άχυρωμένη.

(64) Ibid., IV, 23, p. 635. (65) Ibid., II, c. 4, p. 435. —(66) lb., 1, 7, p. 338. - (67) Ibid., II, 4, p. 436.

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vérité absolue, et la foi étant la condition nécessaire de son appropriation subjective, elle est à ses yeux le commencement et le fondement du salut. La philosophie n'est qu'une étude préparatoire, elle ne possède pas le pouvoir d'ennoblir les cœurs, bien moins encore une force réellement justifiante; elle ne sert par conséquent de rien après cette vie, pas même quand on aurait bien agi, soit par hasard, soit avec intention (68). La simple raison veut qu'étant sans solidité et pleine de fragilité humaine par elle-même, par suite de son principe, elle ne saurait devenir la base d'une vie vraiment morale (69). Le seul fondement de la connaissance de la vérité, ainsi que d'une vie vertueuse, d'accord avec cette vérité, c'est la foi qui est par conséquent la condition indispensable du salut (70), aussi indispensable que la respiration à l'homme qui veut vivre (71). En outre, Clément ne regarde pas la foi comme une simple confiance, ou comme un instrument à l'aide duquel nous nous approprions extérieurement la justice de Jésus-Christ, mais comme un sentiment qui nous fait regarder comme vrais tous les faits de la révélation; et sous ce rapport elle est une soumission de notre raison propre à l'autorité de Dieu, premier acte d'obéissance auquel se rattache ensuite la vie vertueuse de l'homme qui a été justifié par la grâce de Dieu. C'est cette foi seule, fécondée par les bonnes œuvres, qui peut avoir l'espoir de parvenir au salut. S'il n'est pas ⚫ possible à notre libre arbitre seul d'atteindre à la perfec⚫tion, ce qui doit arriver ne dépend pas non plus unique

ment de notre disposition; car nous sommes rachetés par ⚫ la grâce, mais non pas sans les bonnes œuvres. La nature nous ayant dans l'origine destinés au bien, il faut que nos efforts y tendent. Pour cela il faut un esprit droit

(68) Strom., 1, 20, p. 375 sq.; cf. c. 7, p. 338. -- (69) Ibid., VI, 18, P. 826. (70) Pædag., 1, 6. Μια καθολική της άνθρωπώτητος σωτηρία (71) Strom., V, 1, p. 644; II, 6, p. 445 ; 12, p. 457.

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⚫ immuablement dirigé au bien, bonnes doctrines, des sentimens purs et l'impulsion du re vers ce bien (72). ► Cette doctrine, d'après laquelle la fsans les bonnes œuvres est insuffisante, et que par conséqnt ces dernières sont absolument indispensables, Clément répète souvent, et il y joint l'exhortation de coopérer filement à la grâce de Dieu (73).

Il distingue ensuite deux élém, dans la foi elle est d'une part le fruit de la grâce de Iu, et de l'autre l'acte libre de l'homme. Elle comprend en tre les deux facultés fondamentales de l'homme celle de connaissance et de la volonté; mais, sous ces deux rapps, la foi, prise subjectivement, est susceptible de perfebilité. Sous celui de l'intelligence, elle parvient à son plihaut point dans la gnosis chrétienne, et, sous le rapp pratique, dans la charité par laquelle le chrétien célèbron union avec Dieu. « La foi, dit Clément, part de l'obserion des sens, tra« verse la croyance, court vers la certile et se repose dans « la vérité (74). » Voici comment il eique son rapport avec la gnosis: «La foi est un bienui part du cœur (EASY TO MY Box), et qui consisen ce que, sans « chercher Dieu avec sollicitude, on renaît qu'il est, et ⚫on l'honore comme ce qu'il est. Il faut conséquent que « l'on parte de cette foi, que l'on y croifin d'obtenir de « Dieu, par sa grâce, la connaissance, aut que cela nous est possible (75). » La différence qui ex selon lui entre la yvwois et la copiz, c'est que la dernière t s'acquérir par l'enseignement, tandis que la première, un don de la grâce de Dieu et repose sur la foi et la traon.

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Passant à la valeur intrinsèque de ces dédegrés de développement de la connaissance religieuseoici comment

(72) Strom., V, 1, p, 647. — (73) Ibid., VI, 14, 94; VII, 7, p. 860.-(74) Ibid., II, 4, p. 433. (75) Ibid., VII, p. 864 sq.

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