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monde qui l'entoure, exciterait dans l'homme un combat éminemment douloureux et sans fin, s'il était à jamais lié à la forme actuelle de son existence. C'est donc pour que l'homme ne restât pas assujetti à un mal éternel, pour qu'il ne fût pas, dans un corps immortel, la proie d'un péché qui ne finirait pas, que Dieu l'a condamné à mourir, afin que, par la dissolution du corps, le péché soit radicalement anéanti, de telle façon qu'il ne reste pas le ⚫ plus léger filament de la racine, duquel de nouveaux re⚫ jetons de péché puissent surgir (37). » C'est ainsi que se rachète aussi la malédiction de la créature privée de liberté; elle se termine quand le dernier reste du péché est réduit en poussière, et quand ce corps reçoit de nouveau sa forme primitive des mains de Dieu, comme l'âme a reçu sa nouvelle forme dans le baptême (38).

Quant à la nature des corps ressuscités, Méthodius adopte un moyen terme entre le système tout spirituel d'Origène, et les idées grossièrement matérielles des millénaires. Il rejette l'erreur du premier, d'après lequel la résurrection n'aurait lieu que pour l'âme, ou du moins, si le corps y doit prendre part, qu'il ne conserve rien de ses propriétés constituantes. Si l'on ne veut pas, dit-il, accuser le Créateur

d'une complète absurdité, il faut croire qu'il a pensé et ⚫ voulu que l'homme fût tel qu'il l'a réellement fait, c'est« à-dire un être composé de corps et d'âme; il faut donc ⚫ qu'à la résurrection il soit rétabli dans son état primitif. Si le corps doit devenir la proie du néant, pourquoi Jésus-Christ s'est-il fait homme, pourquoi est-il mort, ⚫ pourquoi est-il ressuscité? Il faudrait admettre, avec les gnostiques, que tout cela n'a été qu'une apparence trompeuse. Sans doute, les corps ressusciteront changés; mais le changement n'est pas la suppression, l'anéantissement.

(37) De Resurrect., n. 4. - (38) Ibid., n. 6.

‹ L'objection d'après laquelle on demande, si la forme essen. tielle des corps reste la même, à quoi serviront certaines parties dont les fonctions devront cesser, cette objection n'a point de portée; comme si la créature n'était pas capable de se rapprocher d'un état spirituel et ne pouvait être glorifiée que si elle était détruite en tout ou en ‹ partie (39)! »

A cette question se rattache aussi celle de savoir ce que deviendra le monde actuel. On ne saurait admettre qu'il doive être anéanti, quand ce ne serait que par la raison que Dieu n'a rien créé pour rien et sans but, comme le font les hommes qui ne raisonnent pas, ni ce monde pour le livrer à la destruction, mais pour qu'il existe et qu'il « soit habité. C'est pourquoi, après le grand incendie qui <consumera le monde, le ciel et la terre continueront

de subsister. » Après que les feux élémentaires auront éclaté, qu'ils auront refondu la terre dans leur ardeur et l'auront purifiée de la malédiction qui repose sur elle depuis le péché; quand les créatures auront été délivrées de leur état de servitude, alors la terre, réformée et rajeunie, dans une beauté éternelle et qui ne se flétrira jamais, deviendra la demeure de la nouvelle race, et tous les êtres rentreront dans l'état d'harmonie où ils étaient placés dans l'origine (40).

Editions. Le premier recueil des œuvres de Méthodius et de ses fragmens fut fait par F. Combéfis, Dominicain; Paris 1644. Mais cette édition était fort imparfaite, car elle ne contenait qu'en partie le Convivium decem virginum. Leo Allatius en publia une complète, d'après un manuscrit du Vatican; il l'accompagna d'une traduction latine et d'une Diatriba de Methodiorum Scriptis; Rome 1656.

(40) De Resurrect., n. 2, 9-11, 13-14. Cf. ibid. Epitome, n. 5, sq. Gallandi, p. 791 sq. — (40) Ibid., n. 8-10.

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Celle-ci fut suivie, l'année d'après, d'une autre du Jésuite Possini, avec une nouvelle version et des notes plus nombreuses. Après ces éditions, Combéfis se remit à l'ouvrage et donna une édition complète et corrigée de Méthodius dans l'Auctuar. Paris. PP., 1672, tome I, d'où elle passa dans la Biblioth. SS. PP. Galland adopta cette édition de Combéfis; il publia dans son tome III, p. 670 sqq., tous les ouvrages et les fragmens de Méthodius et enrichit le texte de savantes notes de Combéfis, de Leo Allatius et de Valois.

TERTULLIEN.

Après avoir parcouru la brillante série des écrivains de l'Église grecque, nous allons retourner en arrière jusqu'au commencement de ce siècle, pour contempler les créations du génie chrétien, d'où est sortie la littérature de l'Église latine occidentale. Ici nous ne trouvons point de développement successif; après avoir long-temps gardé le silence, elle prend soudain la parole, dès le premier moment, avec force et dignité. L'homme remarquable, par qui l'on peut dire qu'elle parut pour la première fois dans le monde, fut

Quintus Septimius Florens Tertullianus.

Il naquit l'an 160 à Carthage, où son père servait, comme centurion, dans une légion romaine, sous le proconsul d'Afrique (1). Riche des dons de la nature, il reçut de ses parens

(1) Apologet., c. 9.

De Pallio, c. 2.

- Hieron. catal., c. 53.

une excellente éducation scientifique, et ses progrès dans le grec furent tels qu'il composa dans cette langue plusieurs ouvrages, dont le succès se soutint pendant fort long-temps. Destiné aux charges de l'État, il s'adonna à l'étude du droit. Ses savantes connaissances dans cette branche de la science éclatent dans tous ses écrits, et sans vouloir discuter si les fragmens que l'on trouve dans les Pandectes, sous le nom d'un certain Tertyllus ou Tertullianus, sont de lui, il est du moins certain que ses écrits jettent un grand jour sur plusieurs endroits obscurs du droit romain (2).

Tertullien fut d'abord païen, comme l'étaient ses parens. Pendant ses premières années, le Christianisme lui paraissait une ridicule folie; mais, parvenu à l'âge de trente ou trentesix ans, il se fit chrétien. Ce qui lui fit changer d'opinion, et l'époque où ce changement eut lieu, sont des choses sur lesquelles on ne peut que former des conjectures. On voit seulement, par ses propres déclarations, que le grand pouvoir que les chrétiens possédaient sur les démons, et l'admirable constance de leurs martyrs, firent une vive impression sur son esprit, et l'engagèrent à renoncer à la vie orageuse qu'il avait menée jusqu'alors (3). Sa conversion eut très probablement lieu dans le commencement du règne de Septime Sévère, et certainement avant la fin du second siècle; car il apparait vers l'an 200 comme défenseur du Christianisme. On voit par son ouvrage Ad Uxorem qu'il était marié ; ce qui ne l'empêcha pas d'embrasser l'état ecclésiastique et d'être ordonné prêtre; mais nous ne savons pas si ce fut à Rome ou à Carthage. Il est plus vraisemblable que ce fut

(2) Euseb., h. e., II, 2. — Majanus, L. IV, epist. 11, pag. 202-206. Valent. parle de ces fragmens.

(3) Apologet., c. 18, 23. — De Anima, c. 2. -Ad Scapul., c. 5.

De Pœnit., c. 4, 12.

dans cette dernière ville; nous apprenons toutefois de luimême (4) qu'après sa conversion, il passa quelque temps dans la capitale du monde (5).

Dès le premier moment, Tertullien embrassa la foi et l'Église avec le zèle le plus ardent. De sa plume coula une suite d'ouvrages dans lesquels il combattit les juifs, les païens, les hérétiques et surtout les gnostiques ; cè qui ne l'empêcha pas de s'occuper aussi, d'une manière très louable, des autres besoins de l'Église. A la vérité, sa conduite, à cet égard, est marquée d'une teinte d'originalité qui tient à son caractère et aux dons extraordinaires de l'esprit qu'il possédait. Il avait un talent magnifique, qu'ornaient les connaissances les plus riches et les plus variées et une âme pleine de sensibilité; mais ce talent et cette âme n'avaient pas été nourris et développés d'une manière harmonique`, et ils pouvaient par conséquent devenir, selon les circonstances, très utiles ou très nuisibles à l'Eglise; ils furent, en effet, l'un et l'autre. D'une humeur naturellement sombre et amère, la douce lumière du Christianisme, elle-même, ne fut pas en état de dissiper ces nuages, et son penchant pour un rigorisme excessif perçait dans toutes ses expressions. Il le sentait lui-même, et il ne prit aucune peine pour vaincre son impatience. Le plus léger incident devait suffire pour le pousser à des extrémités, aussi fatales pour lui que tristes pour l'Église. Et malheureusement cet incident ne lui manqua pas. C'était l'époque où la secte des montanistes commençait à s'étendre. Leurs prétendues visions célestes, jointes à une grande sévérité de mœurs et à des mortifications extérieures, par lesquelles ils s'efforçaient de surpasser les catholiques, qu'ils appelaient psychistes, offraient de grands

(4) De Cultu fœmin., I, 6.

(5) Ceillier, Histoire, t. II, p. 376. — Hieron. 1. c. Semler Tert. Opp. Tom. V. Dissert. I, § 2, in Tert.

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