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tons dans le champ clos de la liberté, nous devons demander à ceux qui nous ont précédés les leçons de l'expérience; nous devons étudier surtout la vie de ceux qui sont les héros de cette guerre sainte, afin d'imiter leurs vertus et de partager leur victoire. Les siècles se ressemblent; les événements extérieurs sont comme les nuages qui passent, tandis que le soleil domine toujours les mêmes horizons. Nos devoirs ne changent pas, et nous avons toujours à vaincre les mêmes obstacles.

Sainte Catherine de Sienne guidera nos âmes et soutiendra notre courage, en nous montrant les moyens merveilleux de la Providence pour secourir l'Église. Le XIV° siècle était certainement plus agité que le nôtre, et la barque de Pierre semblait devoir périr dans la tempête. Dieu lui donna pour pilote une pauvre jeune femme qui se cachait dans l'arrière-boutique d'un teinturier. Catherine vient sur la terre de France arracher le Souverain Pontife aux douceurs de sa patrie et le conduire au tombeau des Apôtres, véritable centre de la chrétienté. Son zèle s'enflamme à la vue des désordres qui préparent le schisme d'Occident, et elle déploie pour les combattre une activité prodigieuse. Elle s'adresse aux cardinaux et aux princes;

elle négocie la paix entre les peuples et le SaintSiége, ramène à Dieu une multitude d'âmes, et communique, par ses enseignements et ses exemples, une séve nouvelle à ces grands Ordres religieux, qui sont les forces vives de l'Église. Urbain VI réclame ses conseils; elle accourt à Rome, soutient par sa parole le sacré Collége, effrayé de l'orage qui commence; et en présence des maux qui bouleversent l'héritage du Christ, elle s'offre à Dieu comme victime, et termine à trente-trois ans son sacrifice par un douloureux martyre.

Dieu nous a conservé toutes les pièces justificatives de ce grand miracle historique; nous les publions dans ce volume, en nous bornant au rôle de traducteur. Nous éviterons ainsi de juger les fails à travers les préoccupations de notre époque, et de leur donner peut-être une couleur fausse et passagere. Nous laisserons parler les disciples de sainle Catherine, dont les témoignages joignent le charme d'une piélé touchanle au niérite d'une incontestable fidélité.

Le plus important de ces témoignages est, sans contredit, celui du B. Raymond de Capoue. Ce fut lui que ses conteniporains chargèrent d'écrire la vie de sainte Catherine, el il

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faut reconnaître qu'il avait, pour le faire, les plus précieuses qualités. Ce n'était pas un homme simple et crédule, mais un religieux d'une science profonde et d'une sainlelé reconnue. Descendant du célèbre Pierre des Vignes, il employa mieux que son aïeul l'aclivité de son esprit et la beauté de son talent. Entré de bonne heure dans l'ordre de SaintDominique, il en exerça bientôt les premières charges. Après avoir dirigé pendant qualre ans le monastère de Montepulciano, il alla prosesser la théologie à Sienne, et devint le confesseur de sainte Catherine, qu'il accompagna dans ses voyages, en France et en Italie. Urbain VI lui confia les affaires les plus délicates et les plus difficiles. Il fut nommé, en 1380, Maître Général de son Ordre, qu'il gouverna pendant dix-neuf ans. La peste et le schisme avaient affaibli la postérité de saint Dominique. Le B. Raymond lui rendit son anlique vigueur, et c'est sous son action que se développa, dans l'ordre des Frères Prêcheurs, cette époque si féconde en vertus et en talents. Les bienheurcux Jean Dominique, Anloine Neyrot, Constant de Fabriano, Pierre Capucci, saint Antonin, fra Angelico, fra Benedetto, furent les enfants de cette réforme, qu'il établit dans les couvents de Lombardie,

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de Toscane, de Sicile, de Hongrie, d'Allemagne, d'Espagne et de France. Il mourut à l'oeuvre, en 1399, à Nuremberg, et son corps fut transporté à Naples, où il repose maintenant au milieu des splendeurs de l'église de Saint-Dominique.

Les fatigues de son apostolat ne l'empêchèrent pas de laisser de précieux écrits. Outre la vie de sainte Agnès de Montepulciano et celle de sainte Catherine, il traduisit en latin les traités spirituels de celle dont il fut à la fois le confesseur et le disciple. Il composa un admirable commentaire sur le Magnificat, l'office de la Visitation, un traité de la Réforme et un grand nombre de lettres remarquables, écrites à l'occasion des chapitres généraux de son Ordre. Tous ses contemporains célèbrent sa science et ses vertus; les Souverains Pontifes voulurent l'élever aux premières dignités de l'Église, mais son humilité résista. Urbain VI, dans les brefs qu'il lui adresse, l'appelle sa tête, ses yeux, sa bouche, ses pieds et ses mains; il réclame pour lui la vénération de l'Empereur, des rois, des cardinaux et des peuples.

C'est cet homme éminent que Dieu promet pour confesseur à sainte Catherine comme une

grâce spéciale. Il devient le témoin de sa vie et le dépositaire de tous les secrets de son âme. Il écrit ce qu'il a vu, ce qu'il a entendu; il s'adresse à ceux qui peuvent le contredire, et il discute avec soin les faits qu'il rapporte. Il confesse ses persévérantes hésitations, et les moyens qu'il prend pour ne pas être trompé. Il demande par l'intercession de celle dont il redoute les illusions une contrition extraordinaire de ses péchés, et quand il a obtenu cette abondance de larmes saintes que l'esprit de ténèbres ne peut donner, il doute encore ; c'est alors qu'il rencontre sur le visage de Catherine les regards sévères de Notre-Seigneur lui-même. La manière dont il expose l'abstinence miraculeuse de Catherine, son esprit prophétique, et ses communions fréquentes, montre qu'il apporte à l'examen des faits toutes les lumières de la théologie, et toutes les garanties de la prudence. Enfin il y a dans son récit une telle simplicité de langage, une telle évidence de bonne foi , qu'il nous semble impossible de ne pas croire à son témoignage. Dieu ne permettra jamais au mensonge vêtir à ce point les formes de la vérité.

La vie de sainte Catherine par le B. Raymond a servi de base au procès de sa canoni

de re

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