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dresse, mais elle chérissait Catherine d'une manière particulière, parce qu'elle l'avait elle-même nourrie. Quand elle la vit malade, elle en eut grand chagrin , sans pouvoir cependant attribuer son état à ses mortifications, puisque tous les enfants sont sujets à la même maladie. La pauvre mère s'asseyait près du lit de sa fille, lui donnait tous les remèdes imaginables et cherchait à la consoler; mais Catherine, au milieu de ses souffrances, n'en poursuivait qu'avec plus d'ardeur l'objet de ses désirs, et cherchait à profiter du moment où sa mère était disposée à lui tout accorder. Elle lui disait doucement : « Bien chère mère, si vous voulez que je retrouve les forces et la santé, tâchez d'obtenir pour moi l'habit des Sours de la Pénitence : je suis persuadée que Dieu et saint Dominique, qui m'appellent, me retireront de vous, si je porte un autre habit. »

Lapa était bien triste en entendant ces paroles; mais comme elle avait peur de perdre sa fille, elle s'adressa encore aux Seurs, et fit tant d'instances qu'elles en furent ébranlées. Elles répondirent : « Si elle n'est pas d'une fraîcheur et d'une beauté trop remarquables, nous la recevrons à cause d'elle et de vous; mais si elle est trop jolie, nous devons éviter les inconvénients que peut faire naître la malice des hommes de maintenant. » Lapa leur dit : « Venez et voyez, vous en jugerez vous – mêmes. » Alors, trois ou quatre des Soeurs choisies parmi les plus prudentes l'accompagnèrent pour voir Catherine et examiner sa vocation. Elles ne purent juger de sa beauté, qui n'avait d'ailleurs

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rien d'excessif; la maladie l'avait tellement défigurée qu'elle était méconnaissable; mais elles l'entendirent s'exprimer avec tant de ferveur, et remarquèrent en elle une si profonde sagesse, qu'elles en furent dans le ravissement; elles comprirent que la maturité de l'esprit rachetait la jeunesse du corps, et qu'il y avait bien peu de personnes âgées aussi riches en vertu devant Dieu.

Elles se retirèrent pleines de joie et d'édification, et rendirent compte de leur visite à leurs compagnes. Celles-ci, après avoir pris l'avis des religieux de l'Ordre, se réunirent et reçurent Catherine à l'unanimité. Elles annoncèrent à sa mère que dès qu'elle serait guérie, elle pourrait se rendre à l'église des Frères Prêcheurs pour prendre l'habit de Saint-Dominique, en présence des Frères et des Sæurs, avec les cérémonies accoutumées. A cette nouvelle, Catherine répandit des larmes de joie, et rendit grâces à son céleste Époux et à saint Dominique, qui réalisait enfin sa promesse. Elle demanda sa guérison, non pour faire cesser ses souffrances, mais pour accomplir plus promptement le vou de son coeur. Elle qui se glorifiait dans ses infirmités, et qui les offrait avec tant d'amour à Dieu, se mit à le supplier de les lui ôter, parce qu'elles étaient un obstacle à ses saints désirs. Elle fut exaucée et recouvra la santé en quelques jours. Pouvait-elle étre refusée de Celui dont elle suivait avec tant de zèle la volonté ! Tout ce qu'elle demandait d'ailleurs avait pour but la gloire et le service de Celui qu'elle aimait de toute son âme, et qui la possédait tout entière.

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4. Lorsque Catherine fut guérie , sa mère cherchait encore quelque raison pour différer son sacrifice; mais il fallut céder aux pressantes sollicitations de sa fille, et ne plus différer ce jour béni qui devait lui procurer un si grand bonheur. Elles vinrent donc à l'église, et là , en présence de toutes les Seurs, qui s'en réjouissaient, le Frère Prêcheur qui les dirigeait revêtit Catherine de cet habit de l'Ordre, qui symbolise l'innocence et l'humilité par ses couleurs blanche et noire. Il me semble que l'habit d'aucun Ordre n'eut si bien figuré son extérieur : le noir représentait parfaitement les efforts qu'elle faisait pour triompher des sens et détruire en elle le poison naturel de l'orgueil ; le blanc était la fidèle image de cette innocence corporelle et spirituelle qu'elle conservait avec tant de soin, pour plaire à son Époux et se transformer en Lui, qui est la vraie lumière. Si ces vêtements avaient été entièrement blancs ou entièrement noirs, leur signification eût été incomplète; le gris, qui résulte de leur mélange, pouvait représenter sa mortification, mais non pas la clarté et la pureté de son âme. Je crois aussi que les Sæurs n'auraient pas commencé par lui refuser sa demande, si elles l'avaient rnieux examinée. Elle était plus digne qu'elles de porter leur habit, puisqu'elle avait la gloire de la virginité. L'habit refusé était donné par l'Église comme symbole d'innocence, et l'innocence des vierges est assurément supérieure à la chasteté des veuves. Catherine fut la première vierge qu'on reçut à Sienne parmi les Sæurs de la Penitence, mais beaucoup la suivirent, et l'on peut bien chanter pour elle ce verset de

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David : « A sa suite, des vierges furent présentées au Roi ?. »

Je termine ici ce chapitre, et je vais donner quelques détails sur le but et l'origine de l'Ordre où la divine Providence voulut faire entrer Catherine: il ne faut pas que l'ignorance affaiblisse l'idée de sa sainteté. Tout ce que je viens de dire, je le tiens de Lapa et de Catherine. Tout ce qui a rapport à sa prise d'habit n'a pas besoin de preuves; c'est une chose publique, que personne n'ignore.

1 Adducentur Regi virgines post eam. (Psalm. XLIV, 15.)

VIII

De

rigine et de l'établissement des Seurs la Péniten de Saint-Dominique, et de leur manière de vivre.

1. Ce que je vais dire dans ce chapitre s'appuie sur les recherches que j'ai faites, sur les témoignages que j'ai recueillis dans les différentes parties de l'Italie, et sur l'histoire même de notre bienheureux fondateur saint Dominique. Ce glorieux défenseur de la Foi catholique, ce chevalier du Christ, qui combattit si vaillamment dans l'Église militante, remporta de telles victoires sur l'hérésie, à Toulouse et en Italie, par lui-même et par ses disciples, qu'à l'époque de sa canonisation, il fut prouvé, en présence du souverain Pontife, que sa doctrine et ses miracles avaient converti, en Lombardie seulement, plus de cent mille hérétiques. Cependant le venin de l'erreur avait tellement corrompu les esprits,

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