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par le gouverneur de la ville et jeté dans une étroite prison ; le bruit courut même qu'il allait être décapité. Cette nouvelle m'affligea, et j'allai trouver Catherine. « Il n'arrivait, lui dis-je, rien de fåcheux à Nanni, lorsqu'il obéissait au démon; et maintenant qu'il s'est donné à Dieu, le ciel et la terre semblent se déclarer contre Jui. Je crains, ma mère, que cette plante ne soit trop jeune pour résister à cette tempête; ce pauvre homme pourrait bien tomber dans le désespoir. Je vous conjure de prier pour lui : vous l'avez délivré du péché, il faut maintenant le soutenir dans son malheur. » Catherine me répondit : « Pourquoi vous effrayer à son sujet ? il faudrait plutôt vous réjouir. Ne voyez-vous pas maintenant avec évidence que Dieu lui a fait grâce des peines éternelles, puisqu'il lui envoie des peines temporelles ? La parole de Notre-Seigneur s'accomplit; le monde aimait celui qui lui appartenait; mais maintenant qu'il a quitté le monde, le monde le déteste. Dieu lui préparait des châtiments sans fin, mais sa miséricorde se contente de le punir en ce monde. Ne craignez pas pour lui le désespoir; Celui qui l'a sauvé de l'enfer le tirera encore de ce danger. »

20. Il arriva comme elle l'avait annoncé. Peu de temps après, Nanni sortit de prison, mais il fut obligé de payer de fortes sommes; et Catherine s'en réjouissait, en disant : « Dieu lui ôte le venin qui l'avait empoisonné. » La tribulation ne fit qu'augmenter sa ferveur ; il voulut donner à Catherine, par acte authentique, une très - belle résidence qu'il possédait à deux milles de la ville, afin qu'elle y établît un monastère de

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femmes. Catherine le fit avec l'autorisation spéciale de Grégoire XI, d'heureuse mémoire; elle lui donna le nom de Sainte-Marie, Reine des anges. J'assistai à la consécration avec toute sa famille spirituelle : le commissaire désigné par le Souverain Pontife était frère Jean, abbé du couvent de Saint-Anthime. Cette conversion, opérée par la main toute- puissante de Dieu, est due aux prières de Catherine. Je puis en rendre moi-même témoignage. J'ai été, pendant plusieurs années, confesseur de Nanni, et je sais qu'il fit des progrès dans le bien pendant tout le temps que je l'ai

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connu.

21. Si je voulais maintenant rapporter tout ce que Notre-Seigneur a fait par sa fidèle épouse pour la conversion des pécheurs, l'avancement spirituel des bons, l'encouragement des faibles, la consolation des affligés, l'avertissement des âmes qui étaient en danger, il me faudrait écrire bien des volumes. Qui pourrait compter les malheureux qu'elle a sauvés de l'enfer, les cours endurcis qu'elle a touchés, les mondains qu'elle a dé. tachés des vanités, les personnes tentées qu'elle a secourues par ses prières et qu'elle a délivrées du démon par ses conseils, les élus qu'elle a dirigés dans le chemin de la vertu, ceux dont elle a aidé les bons désirs en leur enseignant la perfection, ceux qu'elle a sauvés de l'abîme du vice et conduits jusqu'au ciel, en les portant, pour ainsi dire, sur ses épaules, en souffrant, en priant pour le salut de leurs âmes ? Oui, je dirai comme saint Jérôme parlant de sainte Paule · Si je pouvais m'exprimer par toutes les parties de mon corps, il me

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serait impossible encore de dire les fruits de salut qu'a portés cette plante virginale cultivée par le Père céleste. J'ai vu souvent des milliers d'hommes et de femmes accourir du sommet des montagnes et des pays environnants, comme si une trompette mystérieuse les appelait : ils venaient la voir et l'entendre; sa parole même était souvent inutile, sa présence suffisait pour convertir et pour inspirer la plus vive contrition; tous pleuraient leurs péchés et venaient les accuser au tribunal de la pénitence. J'étais alors témoin de la vivacité de leur repentir; et il était évident pour moi qu'une grâce surabondante agissait sur leurs cæurs; et cela est arrivé non pas une ou deux fois, mais trèssouvent.

22. Le souverain pontife Grégoire XI, consolé et réjoui du bien qui s'opérait dans ces âmes, nous a accordé, à moi et à deux de mes compagnons, les pouvoirs réservés aux évêques, pour absoudre tous ceux qui iraient trouver Catherine et qui voudraient se confesser. Aussi nous avons entendu de grands coupables souillés de toute espèce de crimes, qui ne s'étaient jamais confessés, ou qui ne l'avaient jamais fait dans les dispositions convenables. Nous restions quelquefois à jeun jusqu'au soir, et nous ne pouvions suffire à tous ceux qui se présentaient : j'avouerai à ma honte et à la gloire de Catherine que la foule était souvent si considérable, que j'en étais fatigué et découragé. Pour Catherine, elle n'interrompait pas sa prière, et se réjouissait de conquérir des âmes à Notre-Seigneur; elle recommandait seulement à ceux qui l'accompagnaient

d'avoir soin de nous, qui tenions les filets qu'elle savait si bien remplir. Il est impossible de rendre la joie qui l'inondait alors ; ce que nous en voyions à l'extérieur nous remplissait nous-mêmes de tant de consolations, que nous oubliions nos fatigues. Je ne m'étendrai pas davantage sur les miracles que Dieu a opérés pour le salut des âmes par l'intermédiaire de Catherine; le lecteur aura peut-être trouvé ce chapitre un peu long : il est bien court cependant pour ce que j'avais à dire.

VIII

Guérisons miraculeuses obtenues par Catherine. Mort et

résurrection de sa mère. Elle guérit de la peste le père Matthieu, le frère Saint, le B. Raymond et le frère Barthélemy de Saint-Dominique. Jeune homme de Pise. Femme blessée par la chute d'un plancher. La tertiaire Gemmina. Neri Landoccio et Étienne Maconi, Gênes. - Jeanne de Capo à Florence. - Jeune enfant à Toulon.

1. Je vais rapporter une chose bien étonnante pour notre époque, et cependant bien facile pour celui auquel rien n'est impossible. La ère de Catherine, Lapa, dont nous avons déjà parlé, était très-simple et très - bonne, mais très-peu tourmentée du désir des biens invisibles; aussi avait-elle une grande frayeur de quitter la vie. Après la perte de son mari, elle tomba elle-même malade, et son état donna bientôt de sérieuses inquiétudes. Catherine recourut, selon son habitude, à la prière, et supplia le Seigneur de vouloir bien secourir celle qui l'avait mise au jour et nourrie.

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