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VI

Extases de Catherine. — Notre-Seigneur lui donne son coeur.

Elle reçoit sainte Madeleine pour mère. Ses communions miraculeuses. Elle obtient la promesse du salut de ses disciples. – Elle reçoit les stigmates. Vision le jour de la Conversion de saint Paul. Révélation sur saint Dominique. — Explications sur la Passion de Notre-Seigneur.

Mort et résurrection de Catherine.

1. Notre-Seigneur, qui avait accordé à son épouse une vie si extraordinaire pour son corps,

traitait aussi son âme d'une manière merveilleuse et la comblait d'ineffables consolations; ses forces physiques étaient surnaturelles, et venaient de l'abondance des grâces qu'elle recevait : aussi, après nous être entretenus du prodige de son existence matérielle, est-il convenable de dire les miracles qui s'accomplissaient dans son âme. Depuis que cette vierge sainte s'était désaltérée au côté de Notre-Seigneur comme à la source de la vie, la grâce surabondait tellement en elle, que son extase ne cessait

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pour ainsi dire jamais. Son esprit était toujours si intimement uni à son Créateur, que la partie inférieure de son être cessait ordinairement ses fonctions. Mille fois nous en avons été témoin; nous avons vu et touché ses bras et ses mains, si fortement contractés, qu'on les eût plutôt brisés que de leur faire quitter leur position. Ses yeux étaient entièrement fermés, ses oreilles n'entendaient aucun bruit, quelque considérable qu'il fût, et tous les sens de son corps avaient perdu leur action. Et cela ne surprendra pas, si l'on fait attention à tout ce qui va suivre. Dieu commença dès lors à se manifester à son épouse, non-seulement quand elle était seule, comme autrefois, mais en public, lorsqu'elle marchait, ou qu'elle était arrêtée; le feu de l'amour qui embrasait son coeur était si grand, qu'elle-même disait à son confesseur qu'il était impossible de trouver des expressions pour peindre ce qu'elle éprouvait.

2. Un jour, dans la ferveur de sa prière, elle disait avec le Prophète : « Mon Dieu, créez en moi un coeur pur, et renouvelez l'esprit de droiture au plus intime de mon être !. » Et elle suppliait Notre-Seigneur de vouloir bien lui ôter son propre coeur et sa volonté. Il lui sembla que son époux se présentait à elle, lui ouvrait le côté gauche, en retirait son coeur et l'emportait, de sorte qu'elle ne le sentait plus dans sa poitrine. Cette vision était si frappante, et ce qu'elle éprouvait s'y rapportait si bien, que, quand elle en parla à son confes

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1 Cor mundum crea in me, Deus, et spiritum rectum innova in visceribus meis. (Psalm. 1, 42.)

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seur, elle lui assura qu'elle n'avait plus réellement de cour. Son confesseur se mit à rire, et la reprit de dire une chose semblable; mais elle lui en donna de nouveau l'assurance. « Vraiment, mon Père, lui dit-elle, autant que je puis en juger par ce que j'éprouve dans mon corps, il me semble bien que je n'ai plus de cour. Le Seigneur m'est apparu, m'a ouvert le côté gauche, a retiré mon cour, et s'en est allé. » Et comme son confesseur lui disait qu'il lui serait impossible de vivre sans cour, elle répondait que rien n'était impossible à Dieu, et qu'elle n'avait plus de cæur. Quelques jours après, elle se trouvait dans la chapelle de l'église des Frères Prêcheurs où se réunissent les Spurs de la Penitence de Saint-Dominique; elle y était restée

était restée seule pour continuer sa prière, et elle se disposait à retourner à la maison, lorsque tout à coup elle se vit environnée d'une lumière qui descendait du ciel, et dans cette lumière lui apparut le Sauveur qui portait dans ses mains sacrées un coeur vermeil et resplendissant. Tout émue de cette présence et de cette splendeur, elle se prosterna contre terre. Notre-Seigneur s'approcha, lui ouvrit de nouveau le côté gauche, y plaça le coeur qu'il portait, et lui dit : « Ma fille bien-aimée, j'ai pris l'autre jour ton caur, aujourd'hui je te donne le mien, et c'est lui qui te servira désormais. » Après ces paroles, il referma sa poitrine; mais, pour signe du miracle, il y laissa une cicatrice que ses compagnes m'ont assuré avoir vue très-souvent; et quand je l'interrogeai directement à ce sujet ; elle m'avoua que le fait était vrai, et elle ajouta que, depuis cette époque, elle avait pris l'habitude de

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dire : « Mon Dieu, je vous recommande votre coeur. »

3. Dès que Catherine eut obtenu ce coeur d'une manière si douce et si merveilleuse, l'abondance de la grâce qui était en elle rendit ses actions extérieures de plus en plus parfaites, et multiplia à l'intérieur les révélations divines. Jamais elle ne s'approchait de l'autel sans voir des choses supérieures aux sens, surtout quand elle recevait la sainte Communion. Souvent elle apercevait entre les mains du prêtre un enfant nouveau-né, ou un tout jeune homme. Quelquefois c'était une fournaise d'un feu ardent, dans laquelle le prêtre semblait entrer au moment où il consommait l’Eucharistie. Ordinairement elle sentait une odeur si délicieuse et si pénétrante, quand elle recevait la sainte Hostie, qu'elle était sur le point de tomber en défaillance. Dès qu'elle approchait du Sacrement de l'autel, une joie ineffable se renouvelait dans son âme et faisait battre son coeur avec tant de violence dans sa poitrine , que les personnes qui l'entouraient en entendaient le bruit très-distinctement. On en avertit frère Thomas, son confesseur, qui vérifia le fait avec le plus grand soin, et l'affirma dans ses écrits. Ce bruit ne ressemblait en rien à celui qui peut être l'effet des organes; c'était quelque chose d'étrange et de surnaturel que produisait la seule puissance du Créateur. Le coeur qui lui avait été donné d'une manière si extraordinaire battait aussi d'une manière extraordinaire; le Prophète n'a-t-il pas dit : « Mon coeur et ma chair ont tressailli dans le Dieu vivant : ? » Le

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1 Cor meum et caro mea exultaverunt in Deum vivum. (Psalm. LxxxIII, 3.)

Prophète appelle Dieu le Dieu vivant, parce que cette agitation, cet ébranlement qui vient de lui, purifie l'homme, au lieu de le faire mourir.

4. Après ce merveilleux changement de coeur, il semblait à Catherine qu'elle était tout autre. « Mon Père, disait-elle à son confesseur, ne vous apercevez-vous pas que je ne suis plus la même ? je suis complétement changée. Oh! si vous saviez ce que j'éprouve! Non, certainement, si on comprenait ce qui se passe en moi, il n'y aurait pas de dureté ou d'orgueil qui pût y résister. Tout ce que je puis dire n'est rien à côté de la réalité. » Elle cherchait cependant à en donner une idée. « Mon âme, disait-elle, est tellement enivrée de joie et de bonheur, que je m'étonne de la voir rester dans mon corps. Son ardeur est si grande, que le feu extérieur n'est rien auprès d'elle; il me semble que j'y trouverais un rafraîchissement. Et cette ardeur opère en moi un tel renouvellement de pureté et d'humilité, que je crois revenir à l'âge de quatre ans. L'amour du prochain augmente aussi tellement, que ma plus grande joie serait de mourir pour quelqu'un. » Elle disait tout cela en secret à son confesseur, et le cachait autant qu'elle le pouvait à tous les autres. Ces confidences font comprendre l'abondance des grâces que le Seigneur versait dans l'âme de sa servante. Si je voulais m'étendre sur ce sujet, je remplirais des volumes; mais je me borne à citer quelques faits qui prouvent avec plus d'évidence la sainteté de Catherine.

5. Parmi ces faits , je ne veux pas surtout passer sous silence les admirables visions qu'elle recevait du ciel.

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