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merveilleuse que la qualité. Tout le monde en profitait, sans pouvoir se rendre compte du phénomène. Catherine, qui était seule dans le secret du bienfaiteur, puisait abondamment, et en donnait à tous les pauvres qu'elle pouvait trouver; le vin coulait toujours, et son goût ne changeait pas. Un second mois se passe, puis un troisième, sans qu'on remarque aucune différence. Enfin les vendanges approchent, et on s'occupe à préparer les tonneaux pour y mettre le vin nouveau. Les maîtres de la maison désirent vider l'inépuisable tonneau pour y mettre le vin qui coule déjà du pressoir; mais, la munificence divine ne tarissant pas encore, on prépare les autres pièces, on les remplit : elles sont insuffisantes. Alors le jeune homme qui conduisait les ouvriers ordonne de vider le tonneau et de l'apporter. On lui répond que, la veille au soir, on en a tiré encore une grande bouteille, que le vin était très-bon et très-clair, et qu'il devait par conséquent y en avoir encore beaucoup. Impatienté d'une telle persévérance, il répond : « Tiez tout le vin qui s'y trouve, mettez-le quelque part; ouvrez le tonneau, et préparez-le pour recevoir le vin nouveau, parce que nous ne pouvons pas attendre davantage. » On ouvre alors le tonneau ; d'où, la veille, il était sorti du vin parfaitement clair; il était si sec, qu'il paraissait impossible qu'on en eût tiré quelque chose depuis fort longtemps. L'étonnement était à son comble; on se rappelait l'abondance et la qualité de ce vin dont on avait joui jusqu'au dernier moment, et on constatait l'extrême sécheresse du tonneau d'où on le tirait. Ce

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miracle fut connu de toute la ville de Sienne; il est attesté par les personnes qui habitaient alors la maison de Catherine, et j'ai nommé plus haut celles qui me l'ont raconté.

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IV

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Catherine sert les malades. Tecca la lépreuse. Conver

sion de Palmerina. - Privilege de voir les âmes. - Calomnies d'Andrea. — Notre-Seigneur présente à Catherine deux couronnes, et la justifie. Elle boit l'eau qui a lavé un ulcère. Sa récompense.

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ce n'est

pas une raison

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1. Catherine compatissait d'une manière admirable aux besoins des pauvres, mais son cæur était encore plus sensible aux sousfrances des malades. Elle fit, pour les soulager, des choses qui paraissent incroyables; mais

pour les taire, et je vais les raconter à la gloire du Dieu tout-puissant. J'ai pour preuves le témoignage écrit et verbal du frère Thomas, dont j'ai déjà parlé, de frère Barthélemy de Saint-Dominique de Sienne , docteur en théologie et prieur provincial de la province romaine. Je pourrais citer aussi, outre Lapa et Lysa, plusieurs dames respectables qui m'ont affirmé les mêmes choses.

2. Il y avait à Sienne une pauvre femme malade

mais en

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nommée Tecca ; sa misère était si grande, qu'elle fut obligée de chercher un hôpital pour y trouver des remèdes dont elle avait besoin, et qu'elle ne pouvait pas se procurer. L'hôpital où elle entra était pauvre, et lui fournissait à peine le nécessaire. Son état empira tellement, que la lèpre lui couvrit tout le corps ; l'infection qu'elle répandait éloignait tout le monde; personne ne voulait la soigner, et on se disposait à la transporter hors de la ville; c'était l'usage en pareille maladie. Lorsque Catherine l'apprit, sa charité s'émut; elle courut à l'hôpital, visita la lépreuse, l'embrassa, et lui offrit non-seulement de fournir à ses besoins, core d'être sa servante jusqu'à la fin de ses jours. Ce qu'elle promit, elle le tint. Tous les matins et tous les soirs, elle venait elle-même soigner sa malade et lui donner tout ce qui était nécessaire; elle contemplait dans cette pauvre lépreuse l'Époux de son âme, et elle l'assistait avec tout l'amour et le respect imaginables.

Cette haute vertu de Catherine n'inspira cependant à la malade que de l'orgueil et de l'ingratitude; c'est ce qui arrive souvent aux esprits qui ne sont pas humbles : ils s'élèvent quand ils devraient s'abaisser, et n'ont que des injures pour ce qui mériterait des actions de grâces. L'humilité et la charité de Catherine rendirent Tecca arrogante et colère. Lorsqu'elle vit Catherine si appliquée à la servir, elle regarda les soins de sa charité comme des choses qui lui étaient dues, et se mit à gronder et à injurier sa bienfaitrice, quand tout n'était pas conforme à ses désirs. Souvent la servante du Seigneur prolongeait ses prières du matin à l'église, et venait un

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peu plus tard que de coutume à l'hôpital. Alors Tecca se mettait en colère, et la raillait en lui disant : « Bonjour, madame la reine de Fonte- Branda (c'était le nom du quartier où demeurait Catherine); Votre Majesté est bien contente de rester ainsi toute la journée dans l'église des Frères ; c'est là que vous avez perdu votre matinée, ma belle dame : vous ne pouvez donc pas vous rassasier de ces moines ? » Elle cherchait à l'irriter

par

de semblables paroles; mais Catherine, toujours calme, l'apaisait de son mieux, et lui répondait avec la douceur et l'humilité qu'elle aurait eues pour sạ mère. « Bonne mère, lui disait-elle, pour l'amour de Dieu, ne vous troublez pas ; j'ai un peu tardé, mais je vais faire bien vite votre petit ménage. » Et aussitôt elle allumait le feu, mettait l'eau chauffer, préparait la nourriture et terminait sa besogne avec tant de promptitude, que la méchante malade ellemême en était surprise.

Cela dura longtemps sans que sa patience faiblit et que son zèle parût diminuer en la moindre chose. Tout le monde l'admirait; mais sa mère Lapa n'était pas contente, et se plaignait. « Ma fille, disait-elle, bien certainement tu vas gagner la lèpre : je ne veux pas que tu serves cette malade. » Mais elle, qui mettait toute sa confiance en Dieu, apaisait sa mère par ses paroles, et lui disait de ne rien craindre, parce que c'était la Providence qui lui avait confié cette oeuvre, et qu'elle ne pouvait pas l'abandonner. Sa charité triomphait ainsi de tous les obstacles, et poursuivait ce qu'elle avait commencé. Le démon eut alors recours à un autre moyen. Notre-Seigneur lui permit de couvrir de lèpre les mains

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