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2. Catherine s'employait, comme je l'ai dit, aux plus humbles services de la maison. Un jour, elle était assise près du feu et surveillait les viandes qu'on faisait rôtir : cette occupation extérieure ne l'empêchait pas de se livrer à ses méditations saintes et de s'entretenir avec Celui que son âme aimait. Elle tomba en extase, et la broche cessa de tourner; sa belle-soeur Lysa , qui peut en rendre encore témoignage, s'en aperçut; et comme cel état n'était pas nouveau pour elle, elle continua son ouvrage, et ne troubla pas les communications du céleste Epoux. Lorsque la viande fut cuite et que l'heure du dîner fut arrivée, l'extase durait toujours. Lysa fit ce que Catherine avait coutume de faire elle-même, et la laissa, pour aller servir son mari et, ses enfants. Après le souper, quand tout le monde fut retiré, Lysa voulut attendre la fin de l'extase de Catherine, et vint enfin dans la cuisine où elle l'avait laissée : elle vit alors son corps entièrement sur les charbons ardents; et le feu était considérable, parce qu'il en fallait beaucoup dans la maison pour préparer les teintures. Lysa s'écria aussitôt : « Hélas ! Catherine est toute brûlée! » Et, courant vers elle, elle la retira du foyer. Son corps et ses vêtements étaient parfaitement intacts , et ne présentaient aucune trace et aucune odeur de brûlure; la cendre même ne s'était pas attachée à l'étoffe, quoique, selon toutes les probabilités, elle fût restée dans cette position pendant plusieurs heures. Le feu céleste qui embrasait son âme avait arrêté les effets du feu de la terre, et le miracle des trois enfants dans la fournaise s'était renouvelé. Ce n'est pas, du reste, la seule fois que le feu respecta Catherine.

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3. Un jour, dans l'église des Frères Prêcheurs de Sienne, elle avait la tête appuyée au bas d'une colonne où étaient de saintes images : un des cierges allumés en leur honneur tomba sur elle pendant sa prière, avant d'être entièrement consumé, et continua à brûler sur son voile sans l'enflammer et sans lui faire aucun mal. Quand il n'y eut plus de cire, la lumière s'éteignit comme si elle avait été posée sur du fer ou sur du marbre. Plusieurs de ses compagnes furent témoins de ce fait merveilleux, et me le racontèrent ensuite. Je citerai, entre autres, Lysa, dont je viens de parler, Alessia et Françoise : la première vit encore; les deux autres sont mortes peu de temps après Catherine. Souvent, en d'autres endroits, Dieu permit, pour l'édification des âmes, que le démon, transporté de fureur contre elle, la jetât dans le feu en présence de ceux qu'elle instruisait. Les assistants jetaient les hauts cris et s'efforçaient de la retirer du feu ; elle se relevait seule en souriant, et ses vêtements n'étaient pas même endommagés. « Ne craignez rien, disait-elle, c'est la mauvaise bête. » C'est ainsi qu'elle appelait le démon, qui dévore les âmes. Ce fait m'a été raconté par un de ses disciples nommé Néri Landoccio, de Sienne. Il m'a dit en avoir été témoin deux fois; et je dois le croire, car je l'ai longtemps connu, et sa vie était pure comme celle d'un anachorète. Gabriel Picolomini, de Sienne, m'a assuré la même chose, et il a ajouté qu'une fois il y avait devant le lit de Catherine, qui était malade, un grand vase de terre plein de charbons allumés. Le démon la précipita avec tant de force dans le feu, que

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sa tête brisa le vase en plusieurs morceaux; et cependant sa tête et son voile ne souffrirent rien du feu et de la chute. Catherine se releva en souriant, sans avoir aucun mal, et se moqua de son ennemi, en l'appelant plusieurs fois mauvaise bête. Des faits semblables se rencontrent dans l'histoire de sainte Euphrasie : Dieu peut bien permettre qu'ils arrivent à ses saints, puisqu'il a permis au démon de transporter sur le sommet du Temple et sur le haut d'une montagne son Fils , Notre-Seigneur Jésus-Christ.

J'ai interverti l'ordre en racontant ici des choses arrivées vers la fin de la vie de Catherine; c'est le sujet qui m'y a forcé : j'ai voulu, pour ne pas me répéter, réunir tous les miracles que Dieu avait faits pour

elle par l'élément du feu.

4. Revenons maintenant à notre récit. Catherine profitait tous les jours davantage des enseignements du grand Maître; elle jouissait de son céleste Époux sur le lit fleuri de ses grâces, et descendait avec lui dans la vallée des lis pour devenir plus féconde. L'amour inspirait toutes ses actions, et les æuvres de charité envers le prochain étaient par conséquent les plus abondantes. Les cuvres de charité sont de deux sortes, parce que nous sommes composés de deux substances, l'une spirituelle et l'autre corporelle ; et comme il est naturel d'aller de l'imparfait au plus parfait, nous parlerons d'abord de ce que Catherine a fait pour soulager les misères corporelles du prochain; nous verrons ensuite ce qu'elle a fait pour le salut des âmes; mais il nous sera impossible de tout dire sur ce sujet. Pour mettre

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plus de méthode encore , nous séparerons ce qu'elle a fait pour les malades de ce qu'elle a fait pour les pauvres, et nous commencerons par. les choses merveilleuses qu'elle a accomplies pour le soulagement de ces derniers.

Je termine ici le chapitre; il est inutile d'indiquer de nouveau mes témoins , je les ai déjà nommés.

III

Aumônes de Catherine. — Veuve secourue. Elle donne sa

croix et ses vêtements à Notre-Seigneur caché sous la forme d'un pauvre. — Multiplication miraculeuse du vin chez son père.

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1. Catherine savait que le moyen le plus sûr de plaire à son Époux était d'être charitable envers le prochain , et son cæur désirait ardemment le soulager dans tous ses besoins. Mais comme elle ne possédait rien au monde, puisqu'elle avait promis d'observer les trois voeux de la vie religieuse, elle ne voulait pas disposer de ce qui appartenait aux autres sans leur consentement. Elle alla donc trouver son père, et lui demanda si elle pouvait prélever, selon sa conscience, la part du pauvre sur les biens que Dieu daignait accorder à sa famille. Son père y consentit volontiers, parce qu'il voyait clairement que sa fille marchait dans le chemin de la perfection ; et il voulut même faire connaître à tout le monde la permission qu'il lui donnait. « Que

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