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cence convenable, peut-être feroit-il poffible de rendre utile, & non dangereux, l'exemple des égaremens & des malheurs dont ils font la caufe ; & entre l'excès où donnent nos voisins à cet égard, & l'excès oppofé, il y auroit un milieu à prendre, qui rendroit la peinture de nos mœurs plus utile, en confervant à la fcène françoise fa décence & fa pureté. Quant à l'Eloquence, l'objet, la fin,

les moyens, l'orateur lui-même, tout doit y avoir fa bonté morale: ce qu'elle affirme doit être vrai, ce qu'elle défend doit être jufte, ce qu'elle confeille & recommande doit être au moins permis, & l'utile n'est pas difpenfé d'être honnête ; enfin ce qu'elle loue doit être digne de louange, Ariftote nous a donné pour la bonté mo̟rale de l'Eloquence, dans les éloges & dans les délibérations, une règle sûre & conftante: c'eft de fe demander à foimême Confeillerois-je ce que je vais louer ? Louerois-je ce que je confeille?

BOUQUET. On nomme ainfi une petite pièce de vers adreffée à une perfonne le jour de fa fête. C'est le plus fouvent un madrigal ou une chanson. Le caractère de cette forte de Poéfie elt la délicateffe ou la gaieté. La fadeur en est le défaut le plus ordinaire, comme de toute espèce de louange.

c'é

Les anciens, en célébrant la fête de leurs amis, avoient un avantage que nous n'avons pas ce jour étoit l'anniversaire de la naiffance, & l'on fent bien que toit un beau jour pour l'amour & pour l'amitié au lieu que parmi nous c'est la fête du Saint dont on porte le nom ; & il est rare de trouver d'heureux rapports entre le Saint & la perfonne. Cette relation fortuite, & fouvent bizarre, n'a pas laiffé de donner lieu, par fa fingularité même, à des comparaisons & à des allufions ingénieufes & piquantes.

Les perfonnages les plus pittorefques

font communément les plus poétiques; & fous ces deux rapports Antoine & Madelaine font ce que le calendrier a de mieux. Antoine, parmi les poètes, a trouvé un Calot. Madelaine n'a pas trouvé un Le Brun. Elle étoit digne d'occuper la dévotion de Racine. L'imaginagination grotefque du père Le Moine a dénaturé ce tableau. La grâce & la nobleffe dont il étoit fufceptible font indiquées dans ce bouquet de M. de Voltaire à Mde L. D. D. B.

Votre patrone, au milieu des apôtres,
Baifoit les pieds à fon divin époux:
Belle B. il eût baifé les vôtres ;
Et faint Jean même en eût été jaloux.

Mais dans un bouquet on n'eft point affujetti à ces fortes de parallèles, & communément on se donne la liberté de louer la perfonne fans faire mention du Saint. Voici, dans ce genre, un foible hommage offert aux grâces, aux talens, & à la beauté,

Bouquet préfenté à Madame la C. de S. le jour de fainte Adélaïde:

Adélaïde

Paroît faite exprès pour charmer;
Et mieux que le galant Ovide,
Ses yeux enfeignent l'art d'aimer
Adélaïde.

D'A délaïde

Ah! que l'empire femble doux !
Qu'on me donne un nouvel Alcide,
Je gage qu'il file aux genoux
D'Adélaïde.

D'Adélaïde

Fuyez le dangereux accueil :
Tous les enchante mens d'Armide
Sont moins à craindre qu'un coup-d'œil
D'Adélaïde.

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Met d'ame & de goût dans fon chant !

Aux accens de fa voix timide,

Chacun dit, Rien n'eft fi touchant

Qu'Adélaïde.

D'Adélaïde

Quand l'Amour eut formé les traits,
Ma foi, dit-il, la Cour de Gnide
N'a rien de pareil aux attraits
D'Adélaïde.

Adélaïde,

Lui dit-il, ne nous quittons pas:
Je fuis aveugle; fois mon guide:
Je fuivrai par-tout pas à pas
Adélaïde.

BRILLANT. Il fe dit de l'efprit, de l'imagination, du coloris, de la pensée. On dit d'un efprit fécond en faillies, en traits ingénieux, dont la jufteffe & la nouveauté nous éblouit, qu'il eft brillant. Le brillant de l'imagination confifte dans une foule d'images vives & imprévues, qui fe fuccèdent avec l'éclat & la rapidité des éclairs. Leur abondance & leur variété font le brillant du coloris. Des idées qui

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