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Dans celle des deux Perroquets:

Nourris ensemble & compagnons d'école. Dans celle du Chat & du vieux Rat;

Même il avoit perdu fa queue à la bataille.
Dans celle du Lièvre & de la Perdrix :
Miraut, fur leur odeur ayant philosophé.
Dans celle des obsèques de la Lionne :
Les lions n'ont point d'autre temple.

Dans celle de l'Ane & du Chien, après

ce vers:

Point de chardons pourtant: il s'en paffa pour l'heure; cette réflexion fi plaisante,

Il ne faut pas toujours être fi délicat.

Dans celle du Loup & des Bergers :

Ils n'auront ni croc ni marmite.

Dans celle du Savetier & du Financier: On nous ruine en fêtes.

Dans celle de Jupiter & des tonnerres, ce vers de fentiment fi fimple & fi fublime:

Tout père frappe à côté.

Tout cela, dis-je, peut avoir été inventé, comme le font les plus grandes chofes, par l'occafion & le befoin; & peut-être aucun de ces traits, ni mille autres femblables, ne feroient venus au poète, s'il eût écrit en profe ou en vers blancs.

On nous dira que fi la rime a valu à la Poéfie quelques rencontres ingénieufes, elle lui a coûté bien des facrifices du côté de la précision & du naturel. J'en conviens, à l'égard des poètes qui ont écrit avec trop de précipitation ou de négligence; mais je répète que lorsque des hommes de génie & de goût ont écrit avec foin, ils ont parfaitement rempli le précepte de Defpréaux:

La Rime eft une efclave, & ne doit qu'obéir.

Les vers de Racine ne se reffentent pas plus de cette gêne, que ceux de Virgile ne fe reffentent de la néceffité de finir par un dactyle & un spondée.

Au furplus, ce n'eft pas pour fe donner plus de peine qu'on a voulu fe dé

livrer de la contrainte de la rime; & le foin qu'on auroit mis à la chercher, on ne l'a guère employé à rendre le vers blanc plus énergique, plus élégant, ou plus harmonieux. Quelque foin même qu'on y emploie, il eft difficile que cette espèce de vers ait une harmonie affez marquée, affez chère à l'oreille, affez fupérieure à celle de la bonne profe, pour compenser par cela feul le défagrément & la gêne d'une cadence uniforme, dont l'oreille doit fe laffer, lorfqu'il n'en réfulte pour elle nulle autre espèce de plaifir. La liberté de varier, au gré de la pensée, du fentiment, & de l'image, les nombres, la coupe, & le tour périodique du difcours, eft une chofe trop précieuse pour la facrifier au pur caprice d'aligner les mots fur des mefures qui n'ont pas même le foible mérite d'être égales ; & lorsqu'on n'écrit pas en profe, il faut donner aux vers, en agrément & en beauté, un avantage que la prose n'ait pas,

BONTE. Il n'y a proprement dans la nature ni dans les arts d'autre bonté qu'une bonté relative, de la cause à l'effet, & de l'effet lui-même à une fin ultérieure, qui eft l'intention, l'utilité, ou l'agrément d'un être doué de volonté, ou capable de jouiffance.

Quand la bonté n'eft relative qu'à l'intention, ce mot n'eft pris que dans un fens impropre, & bon le trouve quelquefois le fynonyme de mauvais: c'est ainfi qu'une politique pernicieufe, une ambition funefte, une éloquence corruptrice emploie de bons moyens, c'eft-à-dire, des moyens propres à réuffir dans les deffeins qu'elle fe propose. De même, par rapport à l'agrément & à l'utilité, une chofe eft bonne ou mauvaife, felon les goûts, les intérêts, les fantaifies, les caprices; & dans ce fens prefque tout eft bon: les calamités même & les fléaux ont leur bonté particulière : & au contraire ce qui eft bon pour le plus grand nombre, est prefque toujours mauvais pour quel

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qu'un: la difette eft le bon temps de l'ufurier, dont les greniers font pleins ; la bonne année des médecins est une année d'épidémie, & vice versa.

La bonté, dans un fens plus étroit, eft la faculté de produire un effet désirable; & une cause est plus ou moins généralement bonne, à mesure que fon effet est plus ou moins généralement à défirer. Le même vent qui eft bon pour ceux qui voguent du Levant au couchant, eft mauvais pour ceux qui voguent en fens contraire ; mais un air pur & fain est bon pour tout le monde.

Un être n'est bon en lui-même, que dans fes rapports avec lui-même, & qu'autant qu'il eft tel que fon bonheur l'exige: en forte que, s'il n'a pas la faculté de s'apercevoir, & de jouir ou de fouffrir de fon existence, il n'eft en lui-même ni bon ni mauvais. Par la même raison, entre les parties d'un Tout, fi les unes font douées d'intelligence & de fenfibilité, & les autres non, celles-ci ne font bien ou mal, que dans leur rapport avec

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