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l'univers, dans la forme arrondie des cieux, dans la ftabilité de la terre, placée & fufpendue au centre des fphères céleftes, dans les révolutions du foleil, dans celles des planètes autour de notrę globe, dans la ftructure des animaux, dans l'organisation des plantes, enfin dans les grands ouvrages de l'industrie hu maine, comme dans la conftruction d'un navire, dans l'architecture d'un temple. « Dans ce temple, dit-il, la majefté a été la fuite de l'utilité; & ces deux caractères fe font liés de forte que, fi l'on imagine un Capitole fitué dans le ciel, au deffus des nuages, il n'aura aucune majesté, à moins qu'il ne foit couronné de ce faîte qu'on n'inventa que pour l'écoulement des pluies: Nam quum effet habita ratio, quemadmodum ex utrâque tedi parte aqua delaberetur, utilitatem templi faftigii dignitas confequuta eft: ut, etiamfi in calo Capitolium flatueretur ubi imber effe non poffet, nullam fine faftigio dignitatem habiturum effe videatur. De orat. 1. 3.

Je ne m'engage point à vérifier, dans fes détails, la pensée de ce grand homme; il me fuffira d'obferver que ce qu'il appelle utilité dans les ouvrages de la nature & dans les productions des arts, c'est ce que j'appelle intelligence, c'està-dire, fageffe d'intention & ordonnance de deffein.

BERGERIES. C'eft le nom qu'on a donné à quelques pièces de Poéfie & de Mufique d'un goût champêtre.

Avant qu'on eût, en France, l'idée de la bonne Comédie, on donnoit au théâtre, fous le nom de Paftorales, des romans compliqués, infipides, & froids; & pen+ dant quarante ans, on ne fit que traduire fur la scène, en méchans vers, la fade profe de Durfé. Racan, à l'exemple de Hardi, compofa un de ces drames, le quel d'abord eut pour titre Arténice, & qui depuis a été connu fous le nom des Bergeries de Racan. L'intrigue de ce poème, chargée d'incidens & dénuée de vraisemblance, réunit tous les moyens

de l'éloquence pathétique, & annonce les fituations de la tragédie la plus terrible: avec tout cela rien n'eft plus froid. Ce font les mœurs des bergers que Racan a voulu y peindre; & on y voit des noirceurs dignes de la cour la plus raffinée & la plus corrompue: un amant qui, pour rendre fon rival odieux, se rend plus odieux lui-même; un devin fourbe & fcélérat, pour le plaifir de l'être; un druide fanatique & impitoyable; en un mot, rien de plus tragique, & rien de moins intéressant. Cependant, à la faveur d'un peu d'élégance, mérite rare dans ce temps - là & que Racan devoit aux leçons de Malherbe, ce poème eut le plus grand fuccès, & fit la gloire de fon auteur,

, peu

Les bergeries, ou pastorales vent être intéreffantes; mais par d'autres moyens. Ces moyens font dans la nature: par-tout où il y a des pères, des mères, des enfans, des époux, expofés aux accidens de la vie, aux dangers, aux inquiétudes, aux malheurs at

tachés à leur condition, leur fenfibilité peut être mise aux épreuves de la crainte & de la douleur. Ainfi, le genre pastoral peut être touchant ; mais il fera foiblement comique: parce que le comique porte fur le ridicule & fur les travers de la vanité, & que ce n'eft pas chez les bergers que la vanité domine. Leur ignorance même & leur fottife n'a rien de bien rifible , parce qu'elle eft naturelle & naïve, & qu'elle n'eft point en contrafte avec de fauffes prétentions. Il feroit donc poffible abfolument que, fans fortir du genre pastoral, on fît des tragédies; mais avec de fimples bergers, on ne fera point des Comédies ; & les Bergeries de Racan, que l'on donne pour exemple de la Comédie paftorale, ne font rien moins, comme on vient de le voir. Le paftoral qui n'eft point pathétique, ne fe peut foutenir qu'autant qu'il eft gracieux & riant, ou d'une aménité touchante ; mais fa foibleffe alors ne comporte pas une longue action: l'Aminte & le Paftor fido, où toutes

les grâces de la Poéfie & fon coloris le plus brillant font employés, prouvent eux-mêmes que ce genre n'eft pas affez théâtral pour occuper long-temps la fcène : il manque de chaleur; & la chaleur eft l'ame de la Poéfie dramatique. Les italiens, dans la paftorale, ont employé les choeurs à la manière des anciens ; & c'est là qu'ils font naturellement placés, par la raison que, dans les affemblées, les jeux, les fêtes des bergers, le chant fut toujours en ufage, & qu'il y vient comme de lui-même. Le choeur du premier acte de l'Aminte :

O bella eta de l'oro !

eft un modèle dans ce genre. Voyez ÉGLOGUE.

BIENSÉANCE S. Dans l'imitation poétique, les convenances & les bienféances ne font pas précisément la même chofe : les convenances font relatives aux perfonnages; les bienféances font plus particulièrement relatives aux fpectateurs :

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