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difficulté n'eft pas trop génante, qu'il y a de l'adreffe à la vaincre, & qu'il en réfulte un agrément de plus; elle est précieuse à conferver. C'est peut-être ce qui nous rend fi chère l'habitude des vers rimés; c'eft auffi ce qui nous doit faire regretter ces petits poèmes qui dans leur forme prefcrite avoient de l'élégance & de la grâce, & dans lefquels la facilité unie à la contrainte étoit un objet de furprise, & par conféquent un plaisir de plus. Tels étoient le Sonnet, le Rondeau, le Virelai, le Triolet, le Chant & la Ballade.

Le Sonnet eft peut-être le cercle le plus parfait qu'on ait pu donner à une grande pensée, & la divifion la plus régulière que l'oreille ait pu lui prefcrire. Le couplet ne peut guère avoir de plus jolie forme que celle du Triolet. Le tour du Rondeau & du Virelai donne de la faillie au badinage & à l'épigramme. La Ballade, comme le Chant, donne, par fon refrein, de l'élégance & de la grâce aux ftances qui la compofent. Cha

cun de ces petits poèmes avoit fon caractère particulier & ses règles prescrites, c'eft-à-dire, des guides sûrs pour le talent & pour le goût.

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Ce qu'on appelle aujourd'hui Poéfies fugitives, n'a plus ni forme ni deffein? elles font libres, mais trop libres. La facilité, que fuit la négligence, en fait produire avec une abondance qui ajoute encore au dégoût de leur infipidité. Des hommes de génie, dont ces poéfies légères font les délaffemens, y excelleront toujours. Mais le génie est rare ; & le talent médiocre, qui auroit peut-être réuffi à bien tourner une Ballade ou un Rondeau, ne fera, dans une pièce de vers libres, qu'enfiler des rimes communes & des idées plus communes encore, fans aucune peine, il eft vrai, mais auffi fans aucun mérite, ni du côté du goût, ni du côté de l'art.

BARREAU. C'eft le lieu où l'on plaide devant les juges; & le genre de style ou d'éloquence en ufage dans la

plaidoirie, s'appelle ftyle du barreau Eloquence du barreau.

On a fouvent confondu, en parlant des anciens, le barreau avec la tribune, & les avocats avec les orateurs, fans doute à caufe que l'un de ces emplois menoit à l'autre, & que bien fouvent le même homme les exerçoit à la fois.

Il y avoit à Athènes trois fortes de tribunaux celui de l'Aréopage, qui ne jugeoit qu'au criminel, & d'où l'Eloquence pathétique étoit bannie; celui des juges particuliers, devant lefquels fe plaidoient les caufes qui n'étoient pas capitales; & celui du peuple, auquel on déféroit une loi qu'on croyoit mauvaise, & qui avoit droit de l'abroger. Les deux premiers de ces tribunaux répondoient à notre barreau, le dernier répondoit au Forum ou à la tribune romaine. Il y avoit de plus les affemblées publiques, où le peuple & le Sénat fiégeoient ensemble, & dans lefquelles s'agitoient les affaires d'Etat. Démosthène nous a décrit la forme de ces affemblées, que les

pritanes, ou les chefs du Sénat, avoient feuls droit de convoquer, & auxquelles le peuple préfidoit par tribus. Voyez DÉLIBÉRATIF.

Tant que Rome fut libre, le Forum où le peuple étoit juge, fut le tribunal fuprême. Le tribunal des préteurs, celui des cenfeurs, celui des chevaliers, celui du Sénat même étoit fubordonné à celui du peuple. Mais depuis Céfar, & fous les empereurs, toutes les grandes caufes furent attribuées au Sénat ; l'au; torité des préteurs s'accrut; celle du peuple fut anéantie; & l'Eloquence de la tribune périt avec la liberté.

Ainfi, dans Rome & dans Athènes, tantôt les causes fe plaidoient devant les juges, efclaves de la loi ; tantôt devant le législateur, qui avoit le droit d'abroger la loi, de l'adoucir, de la changer, de la laiffer dormir, de lui imposer le filence, en un mot, de mettre fa volonté à la place de la loi même. Voilà ce qui diftingue effentiellement le barreau d'avec la tribune. Voyez ORATEUR.

Autant les fonctions de l'orateur étoient en honneur dans Athènes & dans Rome, autant la profeffion d'avocat y fut avilie par la vénalité, la corruption, & la mauvaise foi. Démosthène, qui l'avoit exercée, fe vantoit d'avoir reçu cinq talens pour fe taire, dans une caufe où fans doute on appréhendoit qu'il ne parlât: & comme il s'étoit fait payer fon filence, on juge bien que lui & fes pareils faifoient encore mieux acheter leur voix. Rien ne fut plus vénal dans Rome, dit Tacite, que la perfidie des avocats.

Chez nos bons aïeux, lorfque tous les crimes étoient taxés, que pour cent fous on pouvoit couper le nez ou l'oreille à un homme; ce beau tarif, appuyé de la preuve, ou par témoin, ou par ferment, ou par le fort des armes, avoit peu befoin d'avocats. Les lois romaines introduites, les rendirent plus néceffaires. Mais le barreau ne prit une forme raifonnable & décente que dans le quatorzième fiècle, lorfque le Parlement, devenu fédentaire fous Philippe le Bel, fut le refuge de

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