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lenteur, par la raifon que l'organe, en formant ces fons, éprouve une modification plus pénible; que les fons grêles veulent être brefs ; que les fons moyens font égalemens fufceptibles ou de lenteur par leur volume, ou de vîteffe par la facilité que nous avons à les former. Voyez PROSODIe.

L'étude de l'articulation, ou des mouvemens combinés des organes de la parole, pour donner aux fons de la voix les qualités qui en font des confonnes, feroit encore plus curieuse. On distingueroit d'abord parmi les confonnes celles où un fouffle muet, une espèce de bruit confus précède l'articulation, comme I'm & I'n confonne; comme l'f & fon doux le v; comme l' double & fon doux le z; comme le g & I'l mouillés ; & celles où l'articulation n'est précédée d'aucun fouffle, comme le & fon doux le b; comme le t, & fon doux le d; comme le k, & l'l fimple. De là un caractère propre, qui affigne à chacune d'elles une place dans l'harmonie

P,

imitative, détail que nous mépriferons peut-être, mais que les grecs ne méprifoient pas.

On trouveroit dans la nature la raifon du choix que les anciens avoient fait de l'm & de l'n pour être les fignes du fon nafal; & on s'apercevroit, avec furprise, que pour faire paffer & retentir dans le nez le fon d'une voyelle, on eft obligé de l'intercepter, ou avec la langue, en la difposant de la même façon que pour l'articulation de l'n, ou avec les lèvres, en les preffant comme pour l'articulation de I'm ; & de là cette conféquence que les nafales des latins & des italiens, où l'articulation de l'n fe fait fentir, peuvent bien être brèves, par la raison que Particulation éteint le retentissement comme dans Examen, Hymen; mais que les nafales françoifes, où la langue ne fait qu'intercepter le fon, fans le détacher nettement, doivent toutes fe prolonger. Les latins eux-mêmes ne faifoient brèves que ces nafales grecques dont l'articu

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lation coupoit le retentiffement: culmen, tibicen, omen, barbiton ; mais toutes les nafales en m, deum, finem romam, enim, étoient longues, par la raifon qu'elles n'étoient, comme les nôtres, que des voyelles inarticulées : fi bien que, dans les vers, on les élidoit comme voyelles finales, afin d'éviter Phiatus.

Dans cette analyse, on verroit pourquoi on a confondu la foible articulation du y avec le fon de l'i, & que la légère application de la langue contre les dents étant la même pour donner le fon de l'i & l'articulation du il n'eft pas poffible d'exécuter celle-ci fans que le fon analogue fe faffe entendre, comme dans payer, moyen, citoyen.

y,

On verroit pourquoi l'articulation est plus forte ou plus foible, plus rude ou plus douce en elle-même, fuivant le caractère de la confonne qui frappe la voyelle; pourquoi les articulations, relativement l'une à l'autre, font aussi plus ou moins liantes, plus ou moins dociles

à fe fuccéder; pourquoi les unes fe fuivent coulamment & avec aifance, les autres fe froiffent & fe brifent dans leur collifion, & l'étude de tous ces effets contribueroit à éclairer le choix de l'oreille.

On verroit pourquoi l' eft facile après Fr, & l'r pénible après l'; pourquoi deux labiales ne peuvent s'allier ensemble, abfert, abfugit; non plus que deux dentales dont l'une eft la foible de l'autre, adtendere, que les latins avoient répudié ; pourquoi le paffage d'une labiale à une dentale eft facile du foible au foible, comme dans ab-diquer; du fort au fort, comme dans ap-titude; du foible au fort, comme dans ob-tenir ; & très- pénible du fort au foible, comme dans Cap-de Bonne-Efpérance, que l'on eft obligé de prononcer Cab-de Bonne - Espérance.

On trouveroit de même la raifon de la difficulté que nous éprouvons à prononcer l'x après l' & réciproquement, comme Quintilien l'a remarqué: Virtus Xerxis, arx ftudiorum, &c.

Ce ne feroit donc pas une étude auffi

puérile qu'on l'imagine ; & plus d'un poète en auroit eu befoin, pour suppléer au don d'une oreille fenfible, qui feule peut-être a manqué a quelques-uns de ceux qu'on eftime, & qu'on ne lit pas. Voyez HARMONie de Style.

ATTENTION. C'est une action de l'efprit qui fixe la pensée sur un objet & l'y attache; au contraire de la diffipation, qui la dérobe à elle-même ; de la rêverie, qui la laiffe aller au hafard fur mille objets, dont aucun ne l'arrête ; & de la distraction, qui l'amufe loin de l'objet qui la doit occuper.

L'attention donne à l'efprit une fécondité furprenante & bien fouvent inefpérée : c'est peut-être le plus grand fecret de l'art, le plus grand moyen du génie (a). Ce que tout le monde aperçoit d'un coup-d'œil dans la nature, n'a rien de piquant dans l'imitation: le charme de

(a) Inter ingenium & diligentiam per paululum loci reliquum eft arti. (De orat.)

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