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d'attacher Até à l'homme fuperbe & impitoyable, qu'elles ont en vain fupplié: voilà qui annonce l'indignation & les vœux des grecs contre Achille, s'il ne fe laiffe pas fléchir. Il n'y a peut-être jamais eu d'allégorie, ni plus belle, ni plus adroite, ni plus éloquemment employée que celle-ci.

;

Des modèles parfaits de l'allégorie en action, font la fable de l'Amour & de la Folie, dans la Fontaine; l'épisode de la Haîne, dans l'opéra d'Armide la Molleffe, dans le Lutrin. Mais quelque belle que foit l'allégorie, elle feroit froide fi elle étoit longue. Un poème tout allégorique ne feroit pas foutenable, eût-il d'ailleurs mille beautés. Voyez MER

VEILLEUX.

Prefque toute la mythologie des grecs, comme celle des égyptiens, eft allégorique; & ces fictions étoient peut-être, dans leur nouveauté, ce que l'esprit humain a jamais inventé de plus ingénieux. Mais à préfent qu'elles font rebattues la Poéfie descriptive a bien plus de mé

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rite & de gloire à peindre la nature toûte nue, qu'à l'envelopper de ces voiles depuis long-temps ufés. Celui qui diroit aujourd'hui que le foleil va fe plonger dans l'onde & fe repofer dans le fein de Thétis, diroit une chofe commune; & celui qui, avec les couleurs de la nature, auroit peint le premier le soleil couchant, à demi plongé dans des nuages d'or & de pourpre, & laiffant voir encore au-deffus de ces vagues enflammées la moitié de fon globe éclatant; celui qui auroit exprimé les accidens de fa lumière fur le fommet des montagnes, & le jeu de ses rayons à travers le feuillage des forêts, tantôt imitant les couleurs de l'arcen-ciel, tantôt les flammes d'un incendie, celui-là feroit auffi peintre & poète.

Les emblêmes ne font que des allégories, que peut exprimer le pinceau. C'est ainfi qu'on a représenté le Nil la tête voilée, pour faire entendre que la fource de ce fleuve étoit inconnue; c'est ainsi pour défigner la paix, on a peint les colombes de Vénus faisant leur nid dans

que,

le

le cafque de Mars. Voyez EMBLEME. C'est une idée affez heureuse , pour exprimer la crainte des maux d'imagination, que l'allégorie d'un enfant qui fouffle en l'air des boules de favon, & qui, s'effrayant de leur chûte, inspire la même frayeur à une foule d'autres enfans, fur qui ces boules vont retomber. Ainfi, les peintres, à l'exemple des poètes, font quelquefois ufage de ces fictions allégoriques, mais rarement avec fuccès.

Lucien nous a tranfmis l'idée d'un tableau allégorique des noces d'Alexandre & de Roxane : le peintre étoit Aétion. Son tableau, qu'il exposa dans les jeux olympiques, fit l'admiration de la Grèce affemblée ; & Raphaël l'a deffiné tel que Lucien l'a décrit.

Le fommet de Crudeli pour les noces d'une dame de Milan, feroit le fujet d'un joli tableau : c'est la Virginité qui parle à la nouvelle épouse.

Del letto nuzzial quefta è la fponda :) Più non lice feguirti: Io parto: addio.

Tome I.

I

Ti fui compagna dall' età più bionda;
E per te gloria crebbe al regno mio.
Spofa e madre or farai, fe il Ciel feconda
La noftra fpeme, ed il comun defio.
Già vezzegiando ti carpifce, e sfronda
Que' gigli Amor, che di fua mano ordio,
Diffe, e difparve in un balen la dea;
E in van tre volte la chiamò la bella
Vergine, che di lei pur anche ardea.

Scefe frattanto sfolgorando in vifo
Fecondità, la man le prese, & di ella
Al caro fpofo; e il duol cangioffi in rifo (a).

Les philofophes eux-même emploient fouvent le style allégorique. Platon, que

(a) a Te voilà arrivée au bord du lit nuptial. Il ne m'eft plus permis de te fuivre : je me retire: adieu. J'ai été ta compagne dans l'âge le plus tendre; & tu as donné un nouvel éclat à la gloire de mon empire. Tu feras époufe & mère, fi le Ciel feconde mon efpérance & le vœu général. Je vois déjà l'Amour qui moiffonne & qui effeuille en folâtrant les lis qu'il a cultivés lui-même. A ces mots, la Déeffe difparoît comme un éclair; & trois fois la rappelle en vain cette jeune beauté qui brûle encore pour elle. Alors defcend la Fécondité avec un vifage rayonnant ; & la prenant par la main, elle la préfente à fon jeune époux. Dès ce moment, les pleurs font place au doax fourire »

la nature avoit fait poète, exprime affez fouvent ainfi les idées les plus fublimes. C'est lui qui a dit que la divinité eft fituée loin de douleur & de volupté. On doit à Xénophon la belle allégorie du jeune Hercule entre la volupté & la vertu. Mais qui avoit imaginé celle des furiés, nées du fang d'un père, répandu par fon fils, du fang de Célus, mutilé par Saturne? C'eft-là le fublime de l'allégorie. Cette façon de s'énoncer fait le charme du ftyle de Montaigne. Dans fes écrits, l'idée abftraite ne fe préfente jamais nue: il voit tout ce qu'il penfe ; il peint tout ce qu'il dit.

Plus un peuple a l'imagination vive, plus l'allégorie lui eft familière: c'est à éétte faculté de faifir les rapports d'une idée abftraite avec un objet fenfible, & de concevoir l'une fous la forme de Pautre, que l'on doit toute la beauté de la mythologie des grecs; & à mesure que ce peuple ingénieux devient plus philofophe, fes allégories préfentent un fens plus jufte & plus profond. Quoi de plus

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