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par une fyllabe qui refte en fufpens après le second pied; au lieu que dans le vers françois, c'eft dans le fens que doit être marquée la fufpenfion de l'hémistiche.

Plus le vers héroïque françois approche de l'afclépiade par les nombres, & plus il est harmonieux. Or ces nombres peuvent s'imiter de deux façons, ou par des nombres femblables, ou par des équi valens.

On fait que les nombres de l'afclépiade font le spondée & le dactyle, & que chacun de ces deux pieds forme une mesure à quatre temps. Ainfi, toutes les fois que le vers héroïque françois se divise à l'oreille en quatre mefures égales, que ce foit des fpondées, des dactyles, des anapestes, des dipyriques, ou des amphibraques, il a le rhythme de l'afclépiade, quoiqu'il n'en ait pas les nombres. Voy. Nombre.

Le mélange de ces élémens étant libre 'dans nos vers françois, il les rend fufceptibles d'une variété que ne peut avoir l'asclépiade, dont les nombres font immuables. Cependant nos grands vers font

& cette monotonie

encore monotones ; a deux caufès: l'une, parce qu'on ne fe donne pas affez de foin pour en varier les céfures; l'autre, parce que, dans nos poèmes héroïques, les vers font rimés deux à deux ; & rien de plus fatigant pour l'oreille que ce retour périodique de deux finales confonnantes, répété mille & mille fois.

Il feroit donc à souhaiter qu'il fût permis, fur-tout dans un poème de longue haleine, de croifer les rimes, en donnant, cornme a fait Malherbe, une rondeur harmonieufe à la période poétique. Peut-être feroit-il à fouhaiter auffi que, felon le caractère des images & des fentimens qu'on auroit à peindre, il fût permis de varier le rhythme & d'entremêler, comme a fait Quinault, le vers de huit avec celui de douze.

K

Corneille, dans fa vieilleffe, effaya d'écrire la tragédie d'Agefilas en vers entremêlés & de différente mesure. Ce foible ouvrage n'étoit pas fait pour fervir de modèle: l'effai ne fut point imité.

M. de Voltaire a croifé les vers de la tragédie de Tancrède ; & au moins cette fingularité n'a-t-elle pas nui au fuccès de la pièce, l'une des plus intéreffantes du plus pathétique de nos poètes.

Dans le conte charmant des Trois manières, le même poète a employé, avec choix, trois mètres différens, & analogues aux caractères des perfonnages & des fujets. C'est là qu'en comparant le vers de dix fyllabes à celui de douze, il dit, dans le ftyle de Defpréaux:

Apamis raconta fes malheureux amours,
En mètres qui n'étoient ni trop longs ni trop courts.
Dix fyllabes, par vers, mollement arrangées,
Se fuivoient avec art, & fembloient négligées.
Le rhythme en eft facile; il est mélodieux.
mais par fois ennuyeux.

L'hexamètre eft plus beau, mais

La plus petite fufpenfion fuffit au milieu du vers héroïque françois, pour le divifer en deux parties égales; c'est affez qu'il n'y ait pas, d'un hémiftiche à l'autré, une continuité abfolue dans le fens. Mais indépendamment de ce repos que la règle prefcrit, les poètes qui ont de

l'oreille, favent de temps en temps cou per différemment le vers, pour en varier la cadence.

Je fuis. Ainfi le veut la fortune ennemie....
Je fuis vaincu. Pompée a faifi l'avantage
D'une nuit qui laifloit peu de place au courage.
(Mithridate.)

Voilà mon cœur. C'eft là que ta main doit frapper.
Impatient déjà d'expier fon offense,
Au devant de ton. bras je le fens qui s'avance.
Frappe. (Phèdre.)

C'eft fur-tout dans la coupe des phra fes & dans l'heureux mélange des inci- fes & des périodes, que confifte l'art de varier l'harmonie & le mouvement des vers alexandrins; & ce fecret, qu'on ne peut expliquer, ne s'apprend bien qu'en lifant les bons Poètes, & fur-tout Racine & Voltaire. Voyez l'article VERS.

ALLEGORIE. On n'a pas affez diftingué l'allégorie d'avec l'apologue, ou la fable morale.

Le mérite de l'apologue eft de cacher le fens moral

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ou la vérité qu'il ren

ferme, jufqu'au moment de la conclufion, qu'on appelle moralité.

Le mérite de l'allégorie eft de n'avoir pas besoin d'expliquer la vérité qu'elle enveloppe elle la fait fentir à chaque trait, par la justeffe de fes rapports.

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L'apologue, par fa naïveté, doit reffembler à un conte puéril, afin d'étonner davantage, lorfqu'il finit par être une grande leçon. Son artifice confiste à déguifer fon deffein, & à nous présenter des vérités utiles fous l'appât d'un menfonge frivole & amufant. C'eft Socrate qui joué Phomme fimple, au lieu de fe donner pour fage.

L'allégorie, avec moins de fineffe, se propose, non pas de déguiser, mais d'embellir la vérité & de la rendre plus fenfible. C'eft, comme on l'a très-bien dit, une métaphore continuée. Or une qualité effentielle de la métaphore est d'être transparente: il falloit donc auffi donner pour qualité diftinctive à l'allégorie, cette clarté, cette transparence qui laiffe voir la vérité, & qui ne l'obscurcit jamais.

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