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d'interroger les coupables. Ici, point d'autre témoin que yous-même, nulte déposition que la vôtre, nulle confrontation qu'avec votre conscience. Et votre déposition demeure encore ensevelie sous le plus inviolable de tous les secrets, au point que nous sommes censés l'ignorer, et que nous devons l'ignorer vis-à-vis même du pénitent qui nous l'a confiée. Sur quoi, M. F., écoutez une réflexion qui doit augmenter, à l'égard de vos Pasteurs, l'attachement, la confiance, le respect que vous leur devez à tant de titres.

Comme un Pasteur, dans le tribunal de la Pénitence, est vraiment l'image de J. C. chargé des péchés du monde; il est de même, dans sa Paroisse, l'image de Dieu qui sait tout, et qui garde néanmoins un profond silence; répandant également ses bienfaits sur les coupables comme sur les innocens; ne distinguant jamais les uns des autres. Lui eussiez-vous fait dans ce tribunal sacré la confession la plus humiliante; lui eussiez-vous déclaré les crimes les plus énormes, il aura pour vous la même estime, la même affection, qu'il pouvoit avoir avant de connoître l'intérieur de votre ame. Et si la déclaration que vous lui avez faite, produisoit chez lui quelque changement à votre égard, ce ne pourroit être que de vous rendre plus cher à ses yeux, et d'augmenter pour vous ses sentimens d'estime et de bienveillance.

Enfin, dans les autres tribunaux, le cri

minel chargé par les témoins et convaincu par sa propre bouche, se retire couvert de honte, et plein d'un trouble affreux dans l'attente des supplices qu'on lui prépare. Ici, au contraire, le criminel, en s'accusant, se décharge, et laisse aux pieds de son Juge, le fardeau pesant dont il étoit accablé, ces noires inquiétudes, ce trouble intérieur, ces remords cuisans qui agitoient et déchiroient sa conscience: Mon ame, bénissez le Seigneur, s'écrie-t-il avec le Prophète; bénissez le Seigneur qui vient d'effacer vos iniquités ; il les a fait disparoître comme une nuée que le vent dissipe; il vous a retirée des portes de l'enfer ; il a guéri toutes vos plaies; il vous a couronnée de sa miséricorde et de ses bénédictions.

Ah! M. F., avouez-le, le tribunal de la Pénitence est plein de grâces et de consolations! Et n'est-ce pas là que se vérifient ces paroles du Prophète : La miséricorde et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont heureusement embrassées ? Ecoutez-moi encore, et vous sentirez mieux cette vérité.

Nous voyons dans le tribunal de la Pénitence, se réaliser à la lettre, la parabole de l'enfant prodigue. Ce pauvre enfant, lorsqu'il eut ouvert les yeux sur le misérable état où l'avoit réduit son libertinage, et qu'il eut formé la sage résolution de retourner à son père, ne s'attendoit pas, vraisemblablement,

à en être bien reçu. Il me faudra, pensoit-il, essuyer de la part de mon père, les reproches les plus amers; il me faudra porter tout le poids de la juste indignation qu'a dû lui inspirer ma conduite. Je n'ai pas voulu vivre avec lui; j'ai demandé ma légitime; j'ai tout mangé, il ne me reste plus rien me voilà sans pain, sans habit, tout défiguré; je me fais peur à moi-même. Oserai-je paroître devant lui? voudra-t-il me reconnoître pour son fils? et ne serois-je pas trop heureux, qu'il voulût me souffrir au nombre de ses domestiques?

O entrailles paternelles! ô bonté ! ô miséricorde à laquelle on ne sauroit penser sans être attendri jusqu'aux larmes! Lève-toi, mon enfant; va, les choses n'iront pas comme tu penses. Ton père n'attendra point, pour te reconnoître, que tu sois arrivé à ses pieds; quelque méconnoissable que tu sois, il t'apercevra de fort loin, parce qu'il ne t'a jamais perdu de vue.-C'est là mon fils : ah! mon enfant, mon cher enfant... I tressaille de joie, il se laisse tomber sur son cou.... Des plaintes? des reproches? non, il n'en est pas question. - Mon père, j'ai péché. Cela suffit, tout est oublié...... Ne pensons plus qu'à nous réjouir. Qu'on apporte vite à mon fils un habit digne de son premier état; qu'on prépare un grand festin: que toute la maison soit dans la joie. - Mais c'est un libertin qui a mangé tout son bien dans la débauche... Qu'on ne parle point du passé, je ne m'en souviens plus.

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La seule chose qui me touche et m'occupe, c'est que mon enfant étoit perdu, et je l'ai

retrouvé.

Pécheur, mon très-cher Frère, qui, après avoir imité les égaremens de l'enfant prodigue, êtes venu enfin vous jeter aux pieds de Jésus-Christ, faites-vous à vous-même l'application de cette admirable parabole. Et d'abord, comment êtes-vous rentré en vous-même ? et par quelles réflexions vous êtes-vous déterminé à changer de vie? Le voici :

Vous avez dit : Je n'ai ni le cœur, ni l'esprit tranquilles depuis que j'ai lâché la bride à mes passions, et que j'ai abandonné l'usage des Sacremens. De quelque côté que je me tourne, il me semble entendre une voix qui me dit : Si tu mourois dans cet état, tu serois perdu. Et après tout, que gagné-je à vivre comme je fais? trouvé-je quelque part la satisfaction et le bonheur que je cherche? non plus j'amasse, plus je veux amasser; plus je commets ces actions honteuses, plus je veux les commettre ; j'en suis toujours plus affamé: Fame pereo.

Jetant ensuite les yeux sur les vrais serviteurs de Jésus-Christ, vous avez dit : Que les bons Chrétiens sont heureux! Cette pauvre femme, ce pauvre paysan, le dernier d'entre les fidèles qui vous sert, ô mon Dieu ! dans la droiture et la simplicité de son cœur, est infiniment plus heureux que moi. Il mange le pain des Anges, il est rassasié des biens que vous distribuez à vos enfans, et parti

cipe à tous les trésors de votre Eglise, pendant que mon ame est réduite à la plus affreuse misère. C'en est fait ; je ne puis plus me souffrir dans cet état. Je retournerai à mon père, j'irai me jeter à ses pieds et lui demander miséricorde.

Vous l'avez dit, mon C. F., et vous l'avez fait comment vous a-t-il reçu ? de quelle tranquillité n'avez vous pas joui, dès les premiers mòmens de votre réconciliation? Jésus-Christ ne vous a-t-il pas prodigué ses caresses? n'avez-vous pas goûté ses douceurs? n'avez-vous pas été rempli de consolations ineffables, de cette onction divine qui rend le joug du Seigneur si doux, si léger, si aimable ?

Oui, M. F., c'est là ce qu'éprouve une ame vraiment pénitente, dès les premiers instans de sa réconciliation avec Dieu. Elle ne marche point, c'est la grâce qui la porte; c'est le bon pasteur qui l'a chargée sur ses épaules. Ames justes, serviteurs fidèles qui êtes si souvent mis aux plus rudes épreuves, ne soyez point jaloux de la tendresse avec laquelle J. C. traite votre frère nouvellement revenu à lui. Réjouissez-vous plutôt avec l'Eglise, qui a retrouvé l'enfant qu'elle avoit perdu; joignez votre voix au choeur des Anges, qui célèbrent dans le ciel sa conversion et son retour. Il falloit que Dieu répandît une surabondance de grâces, où il y avoit auparavant une abondance de péchés; il falloit que la paix et la tranquillité succédassent aux troubles et aux remords.

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