, ma réponse à votre Sommaire. Voici vos pa- | quité, à la justice, et se plaint, non de n'être » roles sur votre confrère, qui vous a toujours pas compris, mais d'être attaqué sur des citao aimé et respecté singulièrement : ses amis ré- tions falsifiées et sur des interprétations menson· pandent partout que c'est un livre victorieux, gères! Pour bien juger l'effet d'un pareil langage el qu'il y remporte sur moi de grands avan- sur le public, il faut se reporter à l'époque lages : NOUS VERRONS! Non, monseigneur, je même de cette controverse. Car alors ce n'était , ne veux rien voir que votre triomphe et ma pas seulement une lutte d'éloquence entre deux » confusion, si Dieu en doit être glorifié! A évêques, c'était une affaire d'état, une affaire » Dieu ne plaise que je cherche jamais aucune qui agitait les esprits depuis Paris jusqu'à » victoire contre personne, et encore moins Rome, et qui tenait en suspens toutes les con» contre vous! Je vous cède tout pour la sciences. Les choses religieuses étaient à cette · science, pour le génie, pour tout ce qui peut | époque ce que la politique est de nos jours : la ► mériter l'estime. Je ne voudrois qu'ètre vaincu nation y mettait son ame et y plaçait son salut. y » par vous en cas que je me trompe. Je ne - Voyons à présent la réponse de Bossuet : » voudrois que finir le scandale , en montrant « Je le dis avec douleur, Dieu le sait , vous » la pureté de ma foi, si je ne me trompe pas. » avez voulu raffiner sur la piété; vous n'avez » Il n'est donc pas question de dire : nous ver- » trouvé digne de vous que Dieu beau en soi. · rons. Pour moi, je ne veux voir que la vérité » La bonté par laquelle il descend à pous, et » et la paix, la vérité qui doit éclairer les pas- » nous fait remonter à lui, vous a paru un objet teurs, et la paix qui doit les réunir. Vous » peu convenable aux parfails. Sous le nom vous récriez: Un chrétien, un évêque, un » d'amour pur, vous avez établi le désespoir ► homme, a-t-il tant de peine à s'humilier ? Le comme le plus parfait des sacrifices; c'est du » » lecteur jugera de la véhémence de cette fi- » moins de celle erreur qu'on vous accuse ;..... gure. Quoi! monseigneur, vous trouvez mau- ► et vous venez me dire : Prouvez-moi que je ► vais qu'un évêque ne veuille point avouer, → suis un insensé; prouvez-moi que je suis de contre sa conscience, qu'il a enseigné l'im- ► mauvaise foi ; sinon ma seule réputation me piété! Souffrez que je vous dise à mon tour : met à couvert. Non, monseigneur, la vérité » Un chrétien, un évêque, un homme, a-t-il > ne le souffre pas; vous serez en votre caur , tant de peine à avouer un zèle précipité que » ce que vous voudrez, mais vous ne pouvez l'Église nous montre en plusieurs saints, et » vous juger que par vos paroles. Vous me re» même dans les Pères de l'Eglise? ► prochez de m'être récrié : Un chrétien, un , Vous dites : La nouvelle spirilualité acca- » évêque, un homme, a-t-il tant de peine , ble l'Église de lettres éblouissantes , d'instruc- » à s'humilier ? Vous me dites que je trouve ► lions pastorales, de réponses pleines d'er- • mauvais qu'un évêque ne veuille pas avouer, · reurs. De quel droit vous appelez-vous l'É- » contre sa conscicnce, qu'il a enseigné l'im» glise? Elle n'a point parlé jusqu'ici, ct c'est · piélé! Oui, monseigneur, sans rien dégui, vous qui voulez parler avant elle; ce n'est pas ► ser, je trouve mauvais, et tout le monde avec , la nouvelle spiritualité, c'est l'ancienne que ► moi, que vous vouliez nous persuader qu'on je défends : mais qu'est-ce qui a écrit le pre- » a mis ce qu'on a voulu dans votre livre, sans » mier ? qui est-ce qui a commencé le scandale? · votre participation ; que sans vous en être » qui a écrit avec un zèle amer? Vous vous irri- » plaint dans vos errala vous ayez laisse impu» tez de ce que je ne me tais pas, quand vous » nément celle inpiété, comme vous l'appelez , intentez contre moi les accusations les plus » vous-même ; qu'au lieu de vous humilier d'une , atroces ;..... vous ne cessez de me déchirer, » telle faute, vous la rejetiez sur un autre; que » sans attendre que l'Église décide. ) » vous ayez tant travaillé à y trouver de vaines Vainement Bossuet affecte dans ses écrits la supériorité d'un juge qui prononce sur le sort » Vous vous plaignez de la force de mes d'un coupable ; Fenelon se relève avec dignité, » expressions ! Il s'agit de dogmes nouveaux et force son adversaire à baisser la tête. D'ac- » qu'on veut introduire dans l'Église, sous précusé, il se fait accusaleur; il ose donner à Bossuet , texte de piété, par la bouche d'un évêque. une leçon de modération, il le rappelle à l'é- » Si en effet il est vrai que ces dogmes, renou ► excuses. velleni les erreurs de Molinos, sera-1-il per-| lettres, il ne renonce pas au combat. Seule, mis de le taire ? Voilà pourtant ce que le ment (chose incroyable) la pensée lui est venue monde appelle excessif, aigre, rigoureux, de combattre seul, de parler seul, d'écrire seul, emporté, si vous le voulez. Il voudroit qu'on enfin de ne plus avoir à redouter ces réponses laissât passer un dogme naissant, doucement terribles qui le déconcertent, et qui tournent et sans l'appeler de son nom, sans exciter contre lui le public. C'est donc au nom du pape » l'horreur des fidèles par des paroles qui ne que le nonce intervient pour engager Fénelon à » sont rudes qu’à cause qu'elles sont propres, garder désormais le silence : mais Fénelon ne » et qui ne sont employées qu'à cause que l'ex- renonce à aucun de ses droits ; il répond « que pression est nécessaire.... Si l'auteur de ces , c'est toujours à l'accusé à parler le dernier, nouveaux dogmes les cache, les enveloppe, » surtout quand il s'agit d'accusations horribles les mitige, si vous voulez, par certains en- » sur la foi , et que l'accusé est un archevêque, droits, et par-là ne fait autre chose que les » dont la réputation importe à son ministère; • rendre plus coulants, plus insinuants, plus qu'il ne demande lui-même que la paix et le · dangereux, faudra-t-il, par des bienséances » silence, à être jugé et à obéir ; que la réponse » du monde , les laisser glisser sous l'herbe, et » qu'il se voit obligé de faire à la dernière · relâcher les saintes rigueurs du langage théo- , attaque de M. de Meaux sera la dernière, si , logique ? Si j'ai fait autre chose que cela , » ce prelat ne reproduit pas quelque nouvelle qu'on me le montre. Si c'est là ce que j'ai fait, accusation. » · Dieu sera mon protecteur contre les mollesses Fénelon tint parole, et les trois lettres qu'il du monde et ses vaines complaisances. » écrivit alors arrachèrent des cris d'étonnement Voilà un bien faible raisonnement en réponse et presque d'admiration à son superbe adverà des reproches si francs et si directs. L'embar- saire : nous en citerons un seul passage, qui surras de Bossuet se manifeste jusque dans la fai- vivra au sujet même de la discussion , comme blesse de sa parole. Il est mécontent de son ad- un modèle de force, d'éloquence et de modeversaire, il ne peut lui pardonner ni sa douceur, ration. « Quand voulez-vous donc que nous ni sa vigueur : toute résistance est un outrage à » finissions? Si je pouvois me donner le tort, et son génie et à ce qu'il croit la vérité. Citons en- » vous laisser un plein triomphe pour finir le core un paragraphe : » scandale, et pour rendre la paix à l'Église, je ( ...... .... S'il se trouve dans vos écrits , le ferois avec joie; mais en voulart m'y réduire · quelque chose de considérable qui n'ait pas » avec tant de véhémence , vous avez fait préci· encore été repoussé, j'y répondrai par d'au- » sément tout ce qu'il falloit pour m'en ôter les tres moyens. Pour des lettres, composez-en moyens ;.... vous m'attribuez les impiétés les » tant qu'il vous plaira , divertissez la cour et la plus abominables cachées sous des subterfuges ville, faites admirer votre esprit et votre » déguisés en correctifs. Malheur à moi si je me eloquence, et ramenez les graces des Lettres » laisois ! mes lèvres seroient souillées par ce Provinciales, je ne veux plus avoir de part » lâche silence qui seroit un aveu tacite de l'imau spectacle que vous semblez vouloir don- » piété... Que le pape condamne mon livre, que ner au public. > ma personne demeure à jamais flétrie et Que d'amertume dans ces paroles : Pour des odieuse dans toute l'Église : j'espère que Dieu lettres, composez-en tant qu'il vous plaira, di- me fera la grace de me taire, d'obéir, et de verlissez la cour el la ville! Dans tout autre que » porter ma croix jusqu'à la mort. Mais tandis Bossuet, ces expressions témoigneraient l'envie; · que le Saint-Siège me permettra de montrer mais dans Bossuet, on ne peut voir que la lassi- » mon innocence, et qu'il me restera un souffle tude, le dépit, et une colère dédaigneuse con- » de vie, je ne cesserai de prendre le ciel et la tre des écrits qui charment les lecteurs et qui » terre à témoin de l'injustice de vos accusamellent la religion en péril. On trouve dans la » tions. conviction de Bossuet l'origine de sa ténacité » Il m'est impossible de vous suivre dans et de sa véhémence : la petitesse de ses paroles » loutes les objections que vous semez sur votre est ici relevée par la grandeur de sa foi. chemin ; les difficultés naissent sous vos pas. Au reste, si Bossuet ne veut plus écrire de Tout ce que vous touchez de plus pur dans » рей » mon texte se convertit aussitôt en erreur et > hommes, c'est ce qui ne doit pas surprendre : en blasphème; mais il ne faut pas s'en étonner; ► mais que les ministres de Jésus-Christ, ces » vous exténuez et vous grossissez chaque objet » anges des églises , donnent au monde profane » selon vos besoins, sans vous mettre en peine et incrédule de telles scènes, c'est ce qui de► de concilier vos expressions. Voulez-vous me mande des larmes de sang. Trop heureux si, , faciliter une rétractation, vous aplanissez la · au lieu de ces guerres d’écrits, nous avions > voie; elle est si douce qu'elle n'effraie plus : toujours fait nos catéchismes dans nos dioce n'est, dites-vous, qu'un éblouissement de cèses, pour apprendre aux pauvres villageois de durée. Mais si l'on va chercher ce que » à craindre et à aimer Dieu ! , ► vous dites ailleurs pour alarmer toute l'Eglise, Ce dernier trait est sublime! Le catéchisme, » pendant que vous me flattez ainsi, on trouvera voilà la mission du pasteur; instruire et édifier, » que ce court éblouissement est un malheureux voilà la mission de l'évêque : tout le reste n'est » mystère et un prodige de séduction. que vanité et scandale. Combien ces vérités sont · Tout de même, s'agit-il de me faire avouer simples! mais remarquez aussi quelle grandeur » des livres et des visions de madame Guyon, elles tirent de la grandeur de celui qui parle, et , vous rendez la chose si excusable qu'on est des dignités de celui à qui elles s'adressent ! » tout étonné que je ne veuille point la confesser Nous avons vu Bossuet dans les violences pu» pour vous apaiser. Est-ce un si grand mal- bliques de son zèle, nous allons le voir dans les heur, dites-vous, d'avoir été trompé par une violences cachées où l'entraîne le besoin de la > amie ? Mais quelle est cette amie ? C'est une victoire. Combien il serait heureux, si la posté· Priscille , dont je suis le Montan. Ainsi vous rité n'avait à lui reprocher que ses interpréta» donnez comme il vous plait , aux mêmes ob- tions fausses, que ses citations tronquées et ses jets, les formes les plus douces et les plus af- vivacités de style, comme les appelait Fenelon! » freuses. On lui a pardonné ses invectives eloquentes; » Je ne veux pas mejuger moi-même: en effet, mais comment lui pardonner ses intrigues et ► je dois craindre que mon esprit ne s'aigrisse ses calomnies ? Comment lui pardonner lorsqu'il , dans une affaire si capable d'user la patience se fait persécuteur; lorsque, non content d'em» d'un homme qui seroit moins imparfait que ployer les armes de la raison, il va chercher » moi. Quoi qu'il en soit, si j'ai dit quelquechose celles de la haine et de la persecution ; lorsqu'il » qui ne soit pas vrai et essentiel à ma justifica- frappe son adversaire dans sa fortune, dans son • tion , ou bien si je l'ai dit en des termes qui ne honneur, et jusque dans l'honneur et la fortune » fussent pas nécessaires pour exprimer toute de ses amis; lorsqu'enfin, pour décider un triom, la force de vos raisons , j'en demande pardon phe qu'il croit utile à la religion et que cependant » à Dieu, à toute l'Église, et à vous. Mais où il arrache si péniblement à la cour de Rome, il se sont-ils ces termes que j'eusse pu vous épar- livre corps et ame aux conseils empoisonnés gner? du moins marquez-les-moi ; mais en les d'une foule d'agents subalternes au service de sa ► marquant, défiez-vous de votre delicatesse. colere, de ces viles créatures qui embrassent les » Après m'avoir si souvent donné des injures passions d'une époque pour les employer à leur pour des raisons, n'avez-vous point pris mes profit, et qui ne se mêlent aux affaires hu· raisons pour des injures ? maines que pour leur imprimer leur violence » Cette douceur dont vous me dites que je et leur déshonneur ? » m'étois paré, on la tournoit contre moi; on C'est ainsi que l'évêque de Meaux se laissa » dit que je parlois d'un ton si radouci, parce peu à peu envelopper par son neveu l'abbé que ceux qui se sentent coupables sont ti- Bossuet, homme sans cæur, sans valeur, et · mides et hésitants; peut-être ai-je ensuite un qui, envoyé à Rome pour solliciter contre peu trop élevé la voix; mais le lecteur pourra Fénelon, crut devoir à sa cause de se faire observer que j'ai évité beaucoup de termes espion , délateur et calomniateur. Il faut voir, durs, qui vous sont les plus familiers. Nous dans les lettres de cet abbé, comment il ensommes vous et moi l'objet de la dérision des venime les actions les plus naturelles et les impies, et nous faisons gémir tous les gens plus simples, comment il jette ses soupçons, » de bien : que tous les autres hommes soient 'ses opinions, ses fureurs, toutes les monstruo > ) sites de son ame étroite, dans l'ame de Bossuet, » madame de Maintenon, à monseigneur l'arqui leur donne aussitôt de la puissance et de la chevêque de Paris, à vous, à tout ce qui vous છે grandeur ! ► appartient.) Avant de connaître ces circonstances, on s'é- Puis, comme si ces paroles eussent déja tonne que Bossuet ait pu tomber si bas. Mais frappé ses victimes, il déclare publiquement à tout s'explique par cette influence irritante et la cour de Rome « que le renvoi des amis et incessante. Un jour, l'abbé Bossuet lui apprend » des parents de Fénelon n'est encore qu'un que la commission qui devait juger Fénelon » commencement de tout ce que le roi se propose s'est partagée en deux partis égaux ; que sur ► de faire contre l'archevêque de Cambrai!, dis examinateurs, cinq rejettent le livre des Mais ces destitutions ne produisirent pas à Maximes, et cinq l'approuvent. Un autre jour, Rome un aussi bon effet qu'on l'avoit espéré : le il lui écrit que le pape a déclaré que l'affaire pape fut scandalise de cet abus du crédit et de n'était pas si claire qu'on voulait le faire croire. la faveur. Il s'étonna qu'on pût trouver tant de A ces nouvelles, l'abbé Bossuet joint les conseils coupables avant le jugement; et dans un entreles plus violents. Le meilleur moyen de faire tien avec l'abbé de Chanterac, il répéta souvent, condamner Fénelon à Rome, c'est de le persé- avec un sentiment profond de douleur: Expucuter à Versailles. « Qu'est-ce que le roi atiend, lerunt nepotem, expulerunt consanguineum , écrivait-il à son oncle, pour ôter à M. de expulerunt amicos : Ils ont chassé son neveu, » Cambrai le préceptorat ? Vous ne sauriez trop ses parents , ses amis! » dépêcher ce que vous avez à faire contre Ce moyen n'ayant pas réussi, il fallut en » M. de Cambrai.» trouver un autre : l'arme la plus puissante des A peine Bossuet a-t-il reçu cette lettre, que le méchants, c'est la calomnie; l'abbé Bossuet s'en roi l'exécute. On fait plus, on poursuit Fénelon saisit avec fureur. Que lui importe la vertu de jusque dans ses amis. L'abbé de Beaumont, son Fénelon ? il n'a qu'un but, c'est de réussir ; la neveu, l'abbé de Langeron, son plus ancien réussite couvrira son infamie. Nous citerons un ami, MM. Dupuy et de l'Échelle , que la vue fragment de la lettre où l'abbé de Chanterac de sa disgrace et le danger d'y être enveloppés instruit Fénelon des bruits qu'on s'efforce de n'avaient point ébranlés dans leur attachement répandre à Rome : il n'y a que la vertu qui pour lui, sont destitués de leurs fonctions auprès puisse parler à la vertu un langage aussi simple du prince, et renvoyés sans récompense. On et aussi calme. dispose de l'appartement de Fénelon à Ver- « On tâche ici de faire croire que vous avez sailles, et lui-même est rayé de l'état de la mai- > eu une société fort étroite avec madame Guyon, son du duc de Bourgogne. » et qu'il y a du moins un grand sujet de crainA celte nouvelle, l'abbé Bossuet pousse un cri dre que, votrespiritualité et vos maximes étant de joie, « On ne pouvoit nous envoyer de meil- , les mêmes, vous ne l'ayez suivie dans ses leures pièces et plus persuasives que la dis- » désordres aussi bien que dans ses erreurs. grace des parents et des amis de M. de Cam- » Pour faire des impressions plus fortes sur les , brai, et que celle qu'on reçut hier par un esprits, on promet chaque courrier de nou· courrier extraordinaire, que le roi lui avoit » velles confessions de cette femme, et de nouôté la charge et la pension de précepteur: cela ► velles découvertes de ses abominations : et en » seul pourra convaincre celle cour que le mal » même temps on publie qu'on a ici beaucoup de est grand et réel. , lettres originales que vous lui écriviez, qu'on Mais toutes ses haines ne sont point encore ne veut montrer que dans l'extrénité, pour exercées ; ceci n'est qu'un essai de sa rage, et » sauver autant qu'on peut votre réputation. déja il veut frapper Fénelon dans d'autres vic- Ces calomnies, répandues à Rome par l'abbé times : « Ne fera-t-on rien à la cour contre le Bossuet , le grand Bossuet se charge de les ap· Père Valois (confesseur du prince)? il est plus puyer à Versailles par un ouvrage. La quesméchant que les quatre autres qu'on a ren- tion de doctrine se transforme en une question voyés. Le Père La Chaise et le Père Dez méri- de personne. Après avoir perdu Fénelon à la , teraient bien qu'on ne les oubliât pas. Ils veu-cour, il veut le perdre dans le public, pour forcer ·lent à présent tout le mal possible au roi, à sa condamnation à Rome : la Relation sur le b. quiétisme paraît, et l'enthousiasme s'en saisit | l'avenir de la France. Oter M. de Beauvilliers pour la répandre. Les réticences de cet ouvrage au duc de Bourgogne, c'est anéantir toutes les sont plus perfides encore que ses révélations : espérances de bonheur qui reposent sur l'édutout ce qu'il n'ose dire, il le fait soupçonner. cation du prince, c'est-à-dire sur les vertus de Bossuet semble ne parler que parce qu'on l'y son gouverneur. force ; il semble ne se taire que parce que c'est Telle était en effet la position de M. de Beauun prelat qu'il attaque : le mystère couvre la villiers, tels étaient les motifs puissants qui moitié de ses paroles. Il s'exprime au sujet du semblaient interdire à Fénelon la liberté de se Père Lacombe et de madame Guyon d'une ma- défendre. Il en écrivit à Rome à l'abbé de Channière si sombre, en disant: Le temps est venu où terac, en lui recommandant le plus profond seDieu veut que cette union soit entièrement décou- cret sur ces causes délicates de son silence. « Je verte", que même les amis de Fénelon com- ► sens mon innocence, ajoutait-il; je ne crains mencent à craindre pour sa verlu. Une pro > rien du fond, mais je vois par expérience que fonde et religieuse tristesse s'empare alors du plus je montre l'évidence de mes raisons, plus petit nombre de disciples qui osait encore dé- > on s'aigrit pour perdre mes amis..... ) fendre sa cause ; elle contraste avec la joie de la On lui répondit 'en lui montrant l'extrémité cour, où la voix de madame de Maintenon s'é- où son silence allait le réduire, et on lui peignit lève pour proclamer le triomphe de Bossuet. avec tant de force les effets hideux de la calom« Ce fut un spectacle fort curieux, dit le Père nie et ses suites abominables pour lui et ses Querbeuf, que de voir pendant plusieurs jours, amis, que toutes ces craintes firent place à la au milieu des jardins de Marly, les courtisans et nécessité de se défendre. Il n'avait eu connaisles dames réunis par pelotons , lisant cet ou- sance de l'ouvrage de Bossuet que le 8 juillet, vrage, où M. de Meaux couvrait madame et sa réponse imprimée arrivait à Rome le Guyon de ridicule et d'indignation, qu'il faisait 30 août. Ainsi , dans un temps où son cæur était retomber sur M. de Cambrai en les confondant brisé par le sentiment cruel de la disgrace de ensemble. Chacun faisait des commentaires et ses amis et par l'inquiétude d'entraîner dans sa les accompagnait de réflexions odieuses que chute le seul qui lui restait à la cour, Fénelon suggérait la matière. Louis XIV ordonna qu'on conserva assez de faculté et d'énergie pour comIût cet écrit à M. le duc de Bourgogne. Rien poser un ouvrage qu'on peut placer parmi les ne manqua au succès de M. de Meaux. chefs-d'oeuvre de bonne discussion et de haute Au milieu de cette violente tempête, Fénelon eloquence. Aussi rien n'égala l'étonnement et reste calme; il se décide même à ne pas répon- l'admiration dont tous les esprits furent frappés dre. Ses ennemis l'attaquent dans ses meurs, à Paris, à Rome, et dans toute l'Europe, en dans sa religion, dans son honneur ; ses enne-voyant la justification suivre de si près l'accusamis triomphent par la calomnie : n'importe, il tion. Elle parut au milieu des clameurs de la se taira. Un motif sublime l'arrête. On a deja prévention, au milieu des cris de triomphe sacrifié quatre personnes, pour le punir d'avoir d'une cabale acharnée, et son apparition chanpris la plume; mais il en reste deux, les ducs de gea tout. Elle rendit comme par enchantement Beauvilliers et de Chevreuse, qui sont menacés la sérénité à ceux qui n'avaient pas cessé de d'une honteuse disgrace. Il sait qu'on n'attend croire à la vertu de Fénelon, et la confiance à qu'un prétexte pour les frapper : ce prétexte, il ceux qui avaient eu la faiblesse d'en douter. ne le donnera pas. Mais dans le sacrifice qu'il Toutes les préventions furent détruites, toutes leur fait de sa réputation, ce n'est pas seule- les accusations réfutées', toutes les calomnies ment l'intérêt de leur fortune qui l'inspire, c'est réduites à l'absurde. Mais ce qui parut surtout aux courtisans le plus grand effort de l'art et Plus tard, dans l'assemblée du clergé de 1700, Bossuet dé- du génie , c'est l'adresse avec laquelle l'auteur clara solennellement l'innocence et la pureté des mœurs de madame Guyon. Quant aux abominations qu'on regardoit avait su repousser son adversaire sans comprocomme la suite de ces principes, dit-il, il n'en a jamais été mettre un seul de ses amis, sans envelopper question ; elle en a toujours témoigné de l'horreur. Ainsi Bos. MM. de Beauvilliers et de Chevreuse dans suet avait calomnié sciemment, et c'est à une déclaration d'in. les difficultés d'une cause qu'on avait voulu nocence qu'aboutirent ces dénonciations odieuses auxyuelles il avait lui-même donne tant de publicité! leur rendre commune. ܕ |