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point de nous, mais il vous donnera une vraie liberté. Vous volerez hors de la cage, mais avec un filet au pied. Soyez simple, en oubli de vous, en familiarité avec le bon ami, et sans attention volontaire à tout ce qui vient à la traverse.

Madame.... est retournée à ....; presque toute la famille est venue à l'assaut. J'ai cru devoir mettre M...... dans cette négociation, afin qu'il vit que je ne conseillois rien de dur ni d'outré. La fille, craiguant que sa mère ne la frustrât de son partage, a voulu enfin rentrer dans sa famille, et je l'ai laissé faire. Elle s'est réservé la liberté de vous aller voir deux fois la semaine.

Nous avons toujours nombreuse compagnie :

Bonsoir, ma chère fille; donnez-moi des nouvelles de votre ermitage, vous me ferez un vrai plaisir. Nous sommes un peu débarrassés; mais, selon les apparences, pour peu de temps. Le siége de Douai traîne. Après la fin, nous verrons ce que Dieu voudra faire. Les hommes croient faire tout, et ils ne font rien; ils ne sont que comme des échecs qu'on remue. Quelle nouvelle avez-vous de madame votre sœur? Je pense souvent à elle, et j'espère toujours quelque temps où elle pourra vous venir voir. Je vous suis dévoué à jamais et

sans mesure.

447.

trouve Dieu dans la solitude.

elle va encore grossir beaucoup à la séparation de Remerciments pour un petit présent. Bonheur de l'ame qui l'armée. Tout va passer, et à peine pourrons-nous respirer pendant quelques jours. Bonsoir, ma chère fille. Dieu sait combien il me fait être tout à Vous sans réserve.

446.

A Cambrai, 9 juin 1710.

Vous m'avez envoyé, ma chère fille, une petite merveille que je ne mérite point. Elle est de trop bon goût pour moi. Tout y est digne d'un homme d'un discernement exquis. Quoique je trouve la

Écouter Dicu en silence ; bonheur de l'ame qui laisse par- porcelaine bien fine, et l'ouvrage d'argent très

ler Dieu en liberté.

A Cambrai, 2 juin 1710.

Quoique vous ne m'écriviez point, ma chère fille, je ne puis m'empêcher de vous écrire, et de vous presser de me donner de vos nouvelles. Êtesvous en paix dans votre solitude'? N'y êtes-vous point avec vous-même? On n'est jamais moins seul que quand on est avec soi. Au moins on se sépare des autres à certaines heures, et on trouve des entre-deux pour se retrancher; mais dès qu'on est livré à soi, il n'y a plus de milieu ni d'heure de réserve. L'amour-propre parle nuit et jour : plus il est solitaire, plus il est vif et importun. Je prie Dieu de prendre sa place, et de faire lui seul toute la société de votre cœur.

Heureuse l'ame qui setait pour n'écouter que lui! O qu'il dit de vérités consolantes, quand il parle en liberté! Comme on dit tout à Dieu, sans lui dire une certaine suite de paroles, il dit tout aussi de son côté sans suite de discours. Le cœur de l'homme ne parle jamais si parfaitement que quand il se montre et se livre simplement à Dieu. C'est tout dire sans parole distincte, que de s'exposer au regard divin, et que de s'abandonner à toute volonté du bien-aimé. De même Dieu dit tout sans paroie, quand il montre sa vérité et son amour. Aimez et vous avez tout dit. Laissez-vous à l'amour infini, el vous avez tout écouté et tout compris.

La comtesse étoit alors, pour quelques jours, dans l'abbaye de Fervaques, près de Saint-Quentin.

joli, en sorte que le tout est fort gracieux, je ne m'en fie pourtant pas à mes propres yeux. Je ne me vante de connoître le prix que de la bonté de cœur, qui est la source de ce présent : c'est ce que je ressens comme je le dois. Au reste, on me fait entendre que ce présent vient de plus loin : fautil le savoir? est-il permis d'en écrire? Je ne voudrois point fatiguer par une lettre à laquelle on voudroit répondre: mandez-moi ce qu'il faut.

Quelle nouvelle avez-vous? Ne se console-t-on pas un peu ? voit-on toujours le P. S.? Et vous, ma chère fille, je suis ravi de vous savoir en paix. La solitude est votre centre; mais la solitude n'est rien, si elle n'est pas la société avec Dieu. On est avec lui, dès qu'on veut y être. Le simple penchant d'un cœur qui quitte tout pour le rien en Dieu fait trouver le vrai tout, quoiqu'on se trouve vide, sec, foible, inégal et obscurci. O mon Dieu, soyez vous seul tout en elle !

448.

Etat des affaires politiques.

A Cambrai, 25 juin 1710.

J'ai un vrai déplaisir, ma chère fille, de vous savoir si près et si séparée de nous. Il me tarde que nous puissions nous réunir. Je vois deux raisons de l'espérer l'une est qu'on nous assure que les ennemis ne pourront point assiéger Cambrai, à moins qu'il n'arrive des malheurs après lesquels

ils n'auroient pas besoin de faire ce siége; l'autre | vez croire? Espérez-vous de pratiquer la vertu et

est un bruit général de paix répandu dans toute l'armée, et venu de Hollande. Il a besoin de confirmation; mais il n'est pas à mépriser. Nous pourrons bientôt savoir des choses plus précises. Si les nouvelles sont bonnes, il ne faudra pas perdre un moment pour votre retour je le desire avec la plus sincère impatience.

Je n'ai point écrit à madame votre sœur sur la porcelaine, à cause du malheur qui lui est arrivé dans les cruelles mains de M. l'abbé de Langeron. J'espérois que cette funeste aventure ne seroit pas sue; mais la renommée parle trop. Puisqu'il n'y a plus de secret à ménager, je m'en vais écrire des remercîments et des lamentations. Le présent étoit d'un excellent goût, et la bonté avec laquelle il étoit fait m'a vivement touché. Ma reconnoissance n'est pas fragile comme la tasse. Si la paix vient, j'espère que la personne qui sait si bien donner nous donnera ce que nous desirons le plus, qui est sa présence à Cambrai. Alors je lui donnerois un appartement neuf, que nous meublerions exprès pour la recevoir. En attendant, je souhaite qu'elle trouve une solide consolation dans la véritable source où elle a commencé à en chercher : elle n'en trouvera jamais ailleurs. Les enfants souffrent et crient quand on les sèvre; mais dès qu'ils ont changé d'aliments, ils croissent et se fortifient. Je pense à vous, ma chère fille, avec plaisir devant Dieu. Je ne lui demande pour vous que le calme intérieur, fondé sur l'oubli de toutes les réflexions de l'amour-propre. Toutes les fois que vous êtes tentée de faire du moi votre objet, mettez Dieu en la place, et votre cœur sera en paix. Je vous suis dévoué à toute épreuve et sans mesure, en celui qui doit être à jamais toutes choses en tous.

449.

Obéir au médecin avec simplicité. Les pénitences contraires à l'obéissance sont l'effet d'un amour-propre secret.

A Cambrai, 8 juillet 1710.

J'ai été véritablement affligé, ma chère fille, d'apprendre que vous ne voulez pas vous bien nourrir. Vous en avez un extrême besoin, et vous feriez un grand scrupule à une autre personne qui se feroit le mal que vous vous faites. Vous pouvez juger des privations que vous pratiquez, par le jugement que les médecins du corps et de l'ame en font. Vous savez bien, en votre conscience, que les uns et les autres désapprouvent cette conduite. Pourquoi faites-vous ce que vous savez qui est contraire au sentiment des personnes que vous de

de plaire à Dieu par la désobéissance? Il n'y a, dans vos austérités, que volonté propre, et que recherche d'un appui en vous-même. L'attachement que vous y avez, la résistance que vous faites en ce point aux personnes que vous croyez chargées de vous, enfin votre soin, très contraire à la simplicité, de cacher ces pénitences, devroient suffire pour vous convaincre du fonds d'amour-propre qui y est déguisé. Soyez docile, et mangez bien. Soyez fidèle contre les délicatesses de l'amourpropre, et dormez bien. Soyez petite, et vivez dans la paix du petit enfant Jésus.

Il me tarde beaucoup de voir notre destinée pour songer à vous revoir ici. Les ennemis ne peuvent plus guère tarder à faire quelque mouvement. Leurs démarches régleront les nôtres. Dès que nous verrons l'armée ennemie hors de portée de nous assiéger, je ne perdrai pas un seul moment pour vous conjurer de reprendre le chemin de Cambrai. Cependant je me réjouis de ce que maison où vous êtes est paisible et régulière. Bonsoir, ma chère fille. Donnez-moi de vos nouvelles et de celles de madame votre sœur. Je suis à vous de toute l'étendue de mon cœur dans celui de Dieu, et à jamais.

450.

Nouvelles politiques.

la

A Cambrai, 24 juillet 1710. Quoique vous ne me fassiez point de réponse, ma chère fille, je ne cesse point de vous écrire. Ce que j'ai à vous dire aujourd'hui me fait grand plaisir : je ne sais s'il vous en fera autant qu'à moi. Les ennemis sont attachés à Béthune, et paroissent vouloir percer vers la France par l'Artois, du côté de Hesdin et de Montreuil. D'ailleurs notre armée est dans un camp bien retranché, qui couvre Cambrai et Arras ainsi je ne vois nulle' apparence de siége pour nous. Il faudroit des coups qu'on ne peut prévoir, pour changer notre état dans le reste de cette campagne. On ne sauroit vous répondre absolument de ces coups; mais les apparences, auxquelles on se borne communément en cette vie, sont que nous verrons beaucoup de misères, sans être assiégés. J'en conclus que vous pouvez maintenant revenir dans votre ermitage. Je vous y invite avec plaisir, et je vous offre mes chevaux pour vous aller chercher. Donnez vos ordres. Nous avons tous céans une vraie impatience de vous revoir; mais personne, ma chère fille, ne vous est dévoué au point où je le suis pour le reste de mes jours.

451.

Contre les vaines délicatesses de l'amour-propre.

A Cambrai. 17 septembre 1710.

Je ne doute nullement, ma chère fille, que vous ne deviez communier. Vous manqueriez à Dieu, si vous manquiez à la communion. Une défiance de premier mouvement n'est point un jugement délibéré contre la fidélité d'une personne. Vous avez pour vous-même une délicatesse d'amourpropre contre ce que l'apparence du péché a de laid et de défigurant. Communiez. Je me réjouis de ce que votre santé se rétablit un peu, malgré vos soins pour la détruire.

452.

Même sujet.

A Cambrai, 19 septembre 1710.

Il n'y a, ma chère fille, qu'une seule chose qui me fasse hésiter sur votre voyage de Vendegies: c'est la crainte de quelque dépit d'amour-propre. Dès que l'amitié vous y mènera sans tentation contre votre grace, je serai ravi de vous y voir aller pour quelques jours. Partez donc simplement, au nom de Dieu, pourvu que vous trouviez votre cœur en paix mais je ne consens pas que vous y alliez dans cette chaise, et je vous conjure de prendre mon carrosse. Ce n'est pas une offre faite par compliment; c'est un vrai desir du cœur. Je vous donne le bonsoir, et je voudrois que l'heure me permit de vous aller voir présentement.

455.

Sur la maladie de l'abbé de Langeron.

Jeudi, 6 novembre 1710.

Je viens de dire à notre malade que vous offrez d'être comme une troisième religieuse auprès de lui: il en a souri, et vous remercie de tout son cœur. Pour moi, je ressens vivement, ma chère fille, tout ce que vous me mandez. Continuez à dire à Dieu que nous en avons besoin. Il faut bien lui parler avec cette franchise, et lui déclarer les besoins où nous sommes pour son service. Si le malade a la tête plus libre dans quelques jours, je vous inviterai à le "enir voir toute seule. Cependant je vous supplie de me mander si vous avez eu occasion de travailler pour le prochain, comme vous me l'aviez promis. Je suis en peine pour les ames en tentation de résister à Dieu, et de manquer à leur grace. Remplissez tous les vides de la

vôtre en ne vous écoutant point, et en ne vous tourmentant pas vous-même.

(Même jour.)

Ne parlez point comme chargée de parler : un cœur déja blessé pourroit en avoir de la peine. Il faut l'ouvrir par la pure confiance, et tâcher de l'élargir par la consolation. J'espère, ma chère fille, que vous ferez des merveilles. Bonsoir. Le redoublement de notre pauvre malade est dans sa force; priez pour lui. Mon cœur souffre.

454.

Ne point écouter l'imagination, mais suivre paisiblement les mouvements de la grace.

Vendredi, 14 novembre 1740.

Je suis, ma chère fille, véritablement en inquiétude sur vos peines. Je vous envoie notre ..., qui vous parlera avec grace et simplicité, en attendant que je puisse vous aller voir demain. Ce que je me borne à vous demander est que vous ne preniez point pour des jugements arrêtés et volontaires toutes les chimères qui passent dans votre imagination comme dans celle de tout le genre humain. Plus on est ombrageux contre ces chimères, plus elles excitent une imagination vive et effarouchée. La crainte du mal le redouble. Pour la violence de vos sentiments douloureux, il la faut porter comme la fièvre. Cette violence se calme bientôt quand on ne l'entretient pas en l'écoutant par des réflexions d'amour-propre. Un feu qu'on n'attise pas est bientôt éteint.

Soyez foible, mais soyez petite. Soyez impuissante pour le bien, mais soyez simple. Supportezvous. Supportez les autres consentez qu'ils vous supportent à leur tour. Ne vous occupez pour le fond ni d'autrui ni de vous. Le fond doit être tout de Dieu la vue volontaire de soi et d'autrui ne doit venir que comme par occasion, suivant que Dieu nous y applique pour remplir des devoirs.

Ne me regardez que comme un simple instrument de providence. Il faut que je vous sois, pour votre conduite vers Dieu, comme un cocher pour un voyage. Il faut mourir à moi, afin que je vous sois un moyen de mort pour tout le reste. Ne soyez point fâchée de trouver en moi tant de sujets d'y mourir. Vous ne ferez jamais rien de bon par moi qu'en esprit de foi pure. Quand même je serois le plus indigne et le plus méchant des hommes, je ne laisserois pas de faire l'œuvre de Dieu en vous, pourvu que vous vous prêtiez à ses desscins. Mais par votre résistance continuelle sous

des prétextes imaginaires, vous défaites à toute heure d'une main ce que vous faites de l'autre. Le grand mal vient de ce que vous suivez, nonsculement votre esprit, mais encore votre imagination dans tout ce qu'elle vous présente de plus faux et de moins vraisemblable, par préférence à tout ce qu'on vous dit de plus constant et de plus nécessaire. Cette indocilité brouille tout. Non-seulement vous ne cédez point dans les temps de trouble, mais encore vous n'acquiescez jamais pleinement par démission d'esprit, pour laisser tomber votre activité. O mon Dieu! quand serez-vous pauvre d'esprit, et consentante à cette bienheureuse pauvreté? Vous passez votre vie dans des songes douloureux. O ma chère fille, soyez petite et docile!

455.

Avis à la comtesse sur quelques affaires de famille.

46 septembre 1711. M. le comte de Souastre vous parle humainement avec un bon esprit et un arrangement raisonnable pour sa famille. Mais vous savez bien, ma chère fille, qu'il ne peut pas connoître ce que la grace demande de vous pour la paix de votre cœur. Si vous demeurez ici, comme je crois que vous le devez faire, vous pouvez offrir à madame votre fille de la loger et de la garder chez vous jusqu'au printemps. Jusque là il n'y aura pas le moindre danger. Alors vous verrez ce que la Providence fera. Votre dépense à Premy est si petite, que M. de Souastre ne doit pas la craindre. En la faisant avec madame votre fille, vous diminuerez la sienne il vous restera même de quoi la secourir. Dieu sait combien je la révère, et avec quelle sincérité tous ses intérêts me sont chers. Je vous offre mes chevaux, non pour vous mener à Danval, mais pour mener ici madame de Souastre. Mes embarrascontinuels m'empêchent de vous aller voir comme je le voudrois; mais cet orage va bientôt passer, et nous nous retrouverons en liberté, au moins pour six ou sept mois. Ne craignez rien; il ne tombera pas un seul cheveu de votre tête sans la volonté de votre Père qui est dans le ciel ', et qui est plus puissant que tous les hommes de la terre. Bonjour, ma chère fille : tout à vous sans réserve en notre Seigneur.

:

Luc., XII, 7; XXI. 18.

456.

Persévérer dans l'oraison et la communion malgré les sécheresses; combattre l'activité naturelle qui dessèche le

cœur.

A Cambrai, jeudi saint (24 mars) 1712. Remettez-vous, ma chère fille, quoi qu'il vous en puisse coûter, à l'oraison et à la communion. Vous avez desséché votre cœur par votre vivacité à vouloir une affaire, sans savoir si Dieu la vouloit: c'est la source de tout votre mal. Vous avez passé des temps infinis dans l'infidélité à former des projets qui étoient des toiles d'araignée : un souffle de vent les dissipe. Vous vous êtes retirée insensiblement de Dieu, et Dieu s'est retiré de vous. Il faut retourner à lui, et lui abandonner tout sans aucune réserve vous n'aurez de paix que dans cet abandon. Laissez tous vos desseins, Dieu en fera ce qu'il voudra. Quand même ils réussiroient par des voies humaines, Dieu ne les béniroit pas. Mais si vous lui en faites l'entier sacrifice, il tournera tout selon ses conseils de miséricorde, soit qu'il fasse ce que vous avez desiré, ou qu'il ne le fasse jamais. L'essentiel est de recommencer l'oraison, quelque sécheresse, distraction et ennui que vous y éprouviez d'abord. Vous méritez bien les rebuts de Dieu, après l'avoir si long-temps rebuté pour les créatures: cette patience le rapprochera de

vous.

En même temps reprenez la communion, pour soutenir votre foiblesse les foibles ont besoin d'être nourris du pain au-dessus de toute substance. Ne raisonnez point, et n'écoutez point votre imagination; mais communiez tout au plus tôt. Pour votre ami, ne l'éloignez point; mais ne le voyez que sobrement. Vous lui feriez beaucoup de mal, et vous vous en feriez un infini à vous-même, si vous n'observiez pas cette sobriété. Dites-lui doucement la vérité selon le besoin. Ne lui parlez que par grace et par mort à vous-même. Du reste, ne vous arrêtez point à votre imagination sur une privation entière et absolue. Nous en parlerons quand j'aurai l'honneur de vous voir.

457.

Sur un voyage que la comtesse se proposoit de faire à Paris.

A Cambrai, 31 mars 1742.

Je ne saurois, ma chère fille, deviner votre cœur; mais si vous êtes en paix, et si votre paix demande Paris, vous pouvez y aller faire un voyage en esprit de retour : je ne craindrois qu'un

cette paix sous de beaux prétextes. Ils font consister leur vertu dans l'inquiétude et dans le trouble. Étrange illusion, où l'on tombe en voulant éviter l'illusion même! Demeurez avec votre famille autant que votre cœur mis en paix devant Dieu vous y portera. Rien ne vous est dévoué au point où je le suis pour le reste de ma vie.

voyage de paix et de tentation. Pour le voyage des personnes qui veulent servir Dieu repoussent fait par amitié pour madame votre sœur, sans dépit, sans trouble, sans aucune résistance à la grace, et en vue d'un prochain retour, je ne puis que l'approuver. Là où est l'esprit de Dieu, là est la liberté 1; là où est la gêne et le trouble, là est l'esprit propre. Vous savez que vous avez toujours cru que Dieu vous vouloit ici en union avec nous. Ne manquez point à celui que vous devez préférer à vous-même. En allant à Paris, il faut bien prendre garde au choix d'un confesseur, qui ne vous trouble ni ne vous gêne; vous connoissez de vrais amis qui vous conseilleront là-dessus. Jamais je ne vous fus uni et dévoué en notre Seigneur autant que je le suis.

Mille choses à M. et à madame la comtesse de Souastre. Je suis ravi de ce que le malade est mieux.

458.

Suivre l'attrait avec simplicité, quand il est paisible.

A Cambrai, 12 juin 1712..

Vous ne sauriez mieux faire, ma chère fille, que de suivre votre cœur quand il est en paix. Demeurez donc à Arras avec ma filleule, puisque vous y trouvez un vrai repos, et attendez le retour de madame votre fille. Alors vous suivrez encore vo

tre goût pour aller à Paris ou pour revenir ici. Ce que votre cœur décidera par son propre fond devant Dieu sera bon: mais il ne faut y mêler ni peine, ni réflexion d'amour-propre. Je ne veux que le cœur simple, paisible, et abandonné à Dieu. Vous avez grande raison d'aimer madame votre sœur, et de desirer de la revoir. J'aurai une véritable joie de la vôtre et de la sienne, si vous allez la voir à Paris : mais je serois encore plus con

tent, si elle pouvoit dans la suite venir ici. Les nouvelles de la paix, qui se confirment de plus en plus de tous côtés, m'en donnent l'espérance. Bonsoir, ma chère fille. Rien ne vous sera jamais dévoué au point où je le suis pour toute ma vie.

459.

Servir Dieu avec paix.

A Cambrai, 4 juin 1715.

Je suis en peine de votre santé, ma chère fille, et je souhaite qu'elle soit aussi bonne que la mienne. Tâchez de trouver en vous la paix : c'est le vrai don du Saint-Esprit. Jésus-Christ dit souvent à ses disciples La paix soit avec vous et la plupart

'11 Cor., II, 17.

460. Même sujet.

A Cambrai, 5 juin 1743.

Je suis ravi, ma chère fille, de voir par vos lettres quelque espérance de tranquillité. Pendant que vous serez dans cette disposition, vous pouvez suivre librement votre cœur, pour contenter votre famille; mais il faut revenir à Cambrai, comme à l'air natal. Mon neveu me paroît respirer l'air de votre campagne avec un grand plaisir; mais il faut des bornes à tout, et il a besoin de revenir ici pour ses occupations ordinaires. Je l'exhorte à vous obéir, si vous voulez absolument le retenir encore quelques jours. Il conviendroit, ce me semble, qu'il revînt ici avant la fête du Saint-Sacrement, pour faire son devoir dans notre église. Portez-vous bien; que la paix de Dieu, qui surpasse tout sens humain, garde votre cœur et votre esprit en Jésus-Christ'. Je ne puis vous exprimer à quel point je vous suis dévoué en lui.

461.

Satisfaire librement aux bienséances de famille.

A Cambrai, 14 juin 1745. Vous avez très bien fait, ma très chère fille, de ne refuser point à madame la comtesse de Souastre une consolation qu'elle mérite infiniment. Vous allez si rarement la voir, qu'il faut bien au moins que quand vous y allez, elle vous retienne un peu. Mon neveu est fort touché de toutes les marques de bonté dont il a été comblé par tout ce qui vous appartient. Je serai ravi que vous soyez avec une si aimable compagnie, pendant que vous y serez par l'attrait de la grace et le penchant de votre cœur. Je vous enverrai mon carrosse, au moindre signal, pour revenir. Mon neveu l'abbé doit par reconnoissance être votre gazetier. Dieu sait, ma très chère fille, à quel point je vous suis dévoué.

Philip., IV, 7.

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