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du tout de Dieu. Cette vue décide tout ,

elle en

de ce tombeau. Je ne trouve plus , ô Sauveur! autraine tout , elle ne laisse plus rien à l'esprit : on cun reste sensible de votre présence, aucune trace ne voit qu'une seule vérité , et tout le reste dis- de vos dons. L'Époux s'est ensui, tout est perdu; paroît.

il ne l'este ni Epoux , ni amour , ni lumière: Jésus O monde insensé et scandaleux ! on ne peut plus est enlevé. O douleur ! ô tentation ! Ô désespoir ! vous voir ni vous entendre. O amour-propre! vous Perdre jusqu'à mon amour même ! Jésus caché et faites borreur; on se supporte patiemment, comme enseveli au fond de mon cæur ne s'y trouve plus ! Jésus-Christ supportoit Judas. Tout passe de de- Où est-il? qu'est-il devenu? Je le demande à toute vant mes yeux; mais rien ne m'importe, rien n'est la nature, et toute la nature est muette ; il ne mon affaire, sinon l'affaire unique de faire la me reste de mon amour , que le trouble de l'avoir volonté de Dieu dans le moment présent , et de perdu. Où est-il ? Donnez-le-moi , ôtez-moi tout vouloir sa volonté sur la terre comme on la veut le reste , je l'emporterai. Pauvre ame, qui ne dans le ciel.

sais rien de ce que tu dis; mais trop heureuse, 0 Jésus ! voilà le vrai culte que vous attendez. puisque tu aimes sans savoir que c'est l'amour Qu'il est aisé de vous adorer par des cérémonies qui te fait parler! et des louanges ! mais qu'il y a peu d'ames qui. O amour ! vous voulez des ames qui osent tout, vous rendent ce culte intérieur ! Hélas ! on ne et qui ne se promettent rien ; qui ne disent javoit partout qu'une religion en figure, qu’une re- mais : Je le puis, ou je ne le puis pas. On peut ligion jndaique. On voudroit par l'esprit posséder tout en vous; on ne peut rien sans vous. Quiconvotre vérité, mais on ne veut point se laisser pos- que aime parfaitement ne se mesure plus sur soi; séder par elle : on veut participer à votre sacri- il est prêt à tout, et ne tient plus à rien. fice, et jamais se sacrifier avec vous. A moins qu'on ne se perde en vous , jamais on ne sera fait XVIII. POUR LE JOUR DE L'ASSOMPTION. une même chose avec vous. O Dieu caché ! que vous êtes inconnu aux hommes ! O Amour! on ne O mon Dieu ! je me présente aujourd'hui à sait ce que c'est que d'aimer. Enseignez-le-moi, vous avec Marie, mère de votre Fils. Donnezet ce sera m'enseigner toutes les vérités en une moi des pensées , donnez-moi un cæur qui réponseule.

dent aux pensées et au coeur de Marie. O Jésus !

voilà votre mère qui quitte la terre pour se réunir XVII. POUR LA FÊTE DE SAINTE MAGDELEINE. à jamais à vous. Je la quitte avec elle; avec elle

mon cæur s'élève vers le ciel pour n'aimer que Je voudrois , mon Sauveur, comme sainte Mag- vous. O Esprit qui descendites sur cette Vierge deleine, vous suivre par amour jusque dans la pour la rendre féconde ! descendez sur moi pour poussière du tombeau. C'étoit d'elle , Seigneur , me purifier! que vous fites sortir sept démons. Que j'aime à Que vois-je dans Marie pendant les derniers voir que les saints que vous avez tirés de l'état temps de sa vie ? Elle persévéroit, dit saint Luc', le plus affreux sont ceux qui vous cherchent avec dans la prière avec les autres femmes ; c'esl-àplus de courage et de tendresse ! Tous vos disci- dire qu'elle ne faisoit au-dehors que ce que les ples, Seigneur, s'enfuient; Magdeleine seule , qui autres faisoient. La perfection, qui étoit sans a été la proie de tant de démons, arrose votre doute dans la mère du Fils de Dieu , ne consiste tombeau de ses larmes : elle est inconsolable de donc pas dans des actions extraordinaires et éclane plus trouver votre corps; elle le demande à tantes. Nous ne voyons ni prophétie, ni miracles, tout ce qu'elle trouve : dans le transport de sa ni instruction des peuples , ni extases; rien que douleur, elle ne mesure point ce qu'elle dit, elle de simple et de commun. Sa vie étoit intérieure: ne sait pas même les paroles qu'elle prononce. elle prioit avec persévérance; voilà son occupaQuand l'amour parle, il ne consulte point la tion et où elle se bornoit : mais , sans se distin

guer , elle prioit avec les autres femmes. Oh! comJe cours en pleine liberté, comme vos vrais bien sa prière devoit-elle être plus pure et plus enfants, à l'odeur de vos parfums: je cours, ô mon divine! Mais ces trésors demeuroient cachés. AuDieu ! avec Magdeleine vers votre tombeau ; je dehors on ne voyoit que recueillement, simplicité, cours sans m'arrêter à la mort entière de tout vie cominune. moi-même; je descends jusque dans la poussière; je m'enfonce dans les ténèbres et dans l'horreur

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I Act., 1, 24.

raison.

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Adoration en esprit et en vérité , dont Marie | O sacrifice de vérité ! vous êtes dans la bouche, est le modèle, quand est-ce que les hommes vous et point dans le cour. O mon ame! je ne me sie connoîtront? Ils vous cherchent où vous n'êtes plus à vous : je ne me fie qu'à Dieu seul , qui m'arpas; dans les grands projets, dans les conduites rachera à moi-même. 0 Marie , mère de Jésus ! pleines d'austérité. Toutes ces choses ont leur je veux vivre et mourir avec vous dans le pur temps, et Dieu y appelle quand il lui plait. Mais amour. le vrai culte, le pur amour ne dépend point de

XIX. POUR LE JOUR DE SAINT AUGUSTIN. toutes ces choses. Aimer en silence , ne vouloir que

Dieu seul, ne tenir à rien , pas même à ses dons pour se les approprier avec complaisance ; Que vois-je , Seigneur , en saint Augustin? le souffrir tout en esprit d'amour; souffrir la vie comble de la misère, et puis une miséricorde qui comme les maux dont elle est pleine, par aban- la surpasse. Oh! qu'une ame foible et misérable don à Dieu , et dans le dépouillement intérieur, est consolée à la vue d'un tel exemple ! C'est ainsi, comme Marie vivoit dans cette amère séparation ô mon Dieu ! que vous aimez à sauver ce qui étoit d'avec son fils; ne se compter plus pour rien perdu , à redresser ce qui étoit égaré, à remettre dans toutes les choses qu’on a à faire ou à souf- dans votre sein tendre et paternel ce qui étoit frir; nc se croire ni capable ni incapable d'au- loin de vous et livré à ses passions. O aimable cune chose , mais se laisser mener comme un pe- saint! vous m'êles mis devant les yeux pour m'aplit enfant , ou comme Marie se laisse donner par prendre, dans l'abîme de mes ténèbres , à espéson Fils à Jean pour être conduite par lui; n'a

rer età ne me décourager jamais, puisque la source voir plus rien à soi, et n'être plus à soi-même ; des miséricordes ne tarit point pour les cæurs vivre, mourir avec un cæur égal, ou plutôt n'a- pénitents; enfin, à me supporter moi-même en tout voir ni cæur ni volonté, mais laisser Dieu unique ce que je vois en moi de plus humiliant. ment vouloir et s'aimer soi-même sans mesure O amour de mon Dieu ! que n'avez-vous pas au-dedans de nous : oh! vous voilà , adoration pure, fait dans le cæur d'Augustin? En lui on avoit vu simple et parfaite! c'est de tels adorateurs que le l'amour aveugle, l'amour égaré, l'amour insensé; Père cherche.

mais, ô amour ! vous êtes retourné à votre centre Mais, hélas ! où les trouvera-t-il ? On craint vers la vérité et la beauté éternelle : cel amour toujours d'aller trop loin, et de se perdre en se qui avoit si long-temps couru après le mensonge donnant à Dieu. La pure foi ne suffit point aux est devenu amour parfait : c'est l'amour humble, ames timides et intéressées, Elles veulent voir et

c'est l'amour qui s'anéantit pour mieux aimer. posséder des dons sensibles ; s'appuyer , comme Augustin ne s'aime plus lui-même , tant il aime dit l'Écriture, sur un bras de chair ou sur la Dieu ! il ne voit plus rien par son propre esprit : force de leur sagesse. Marcher, comme Abraham, il est abattu, ce grand génie si fécond , si vif, si sans savoir où l'on va, est une chose qui révolte

étendu , si élevé , si bardi pour contempler les les sens et la raison défiante. Hélas ! on veut ser- plus bautes vérités. Qu'est-il donc devenu , cet vir Dieu , mais à condition de régler tous ses pas, homme qui perçoit les plus grandes difficultés, d'arranger ses affaires, de se faire un genre de qui raisonnoit si subtilement; qui parloit , qui vie doux et commode. On ne veut rien , dit-on. décidoit avec tant d'assurance? qu'en reste-t-il ? Eh! ne veut-on pas les commodités de la vie, la Hélas ! je ne vois plus que la simplicité d'un enconsolation de l'amitié, le succès des choses qu'on fant: il suit sans voir , il croit sans comprendre; croit bonnes, la conservation d'une réputation l'amour simple et anéanti est devenu son unique avantageuse ? 0 Dieu de vérité ! faites luire vos lumière ; il ne cherche plus à connoître par ses plus purs rayons de grace dans ces ames timides propres lumières , mais l'onction de l'amour lui et mercenaires. Montrez - leur qu'elles veulent apprend toute vérité; il la trouve renfermée dans tout, quoiqu'elles ne croient rien vouloir. Pous- le mépris de tout lui-même, et dans l'amour de sez-les sans relâche de sacrifice en sacrifice. Elles Dieu qui est l'unique bien. Qui suis-je? s'écriereconnoîtront, à chaque chose qu'il faudra sacri-t-il. Rien qu'une voix qui crie : Dieu est tout , et il fier, qu'il n'y en avoit aucune à laquelle elles n'y a que lui. ne tinssent fortement. Quelles agonies quand O profonde doctrine ! la lumière la plus préDieu nous prend au mot , et ne fait que prendre cieuse est cette lumière éternelle qui anéantit ce que nous lui avons tant de fois abandonné ! les lumières humaines : c'est cet état d'obscurité, O abandon! on parle de vous sans vous connoilre. I où , sans rien voir en l'homme, l'amour parfait

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voit tout d'une manière divine : c'est ce goût in- ne pratiquons pas l'Évangile. Cette foule d'exemlime de la vérité qui ne la met plus devant des ples décide : la grace prend toutes les formes les yeux de la chair et du sang , mais qui la fait ba- plus diverses, suivant les divers besoins : elle biter au fond de nous-mêmes. O chère science de fait aussi aisément des rois humbles que des soJésus, en comparaison de laquelle tout n'est rien, litaires pénitents et recueillis : tout lui est facile qui vous donnera à moi ? qui me donnera à vous? quand nous ne résistons pas à son attrait. J'entends Enseignez-moi, Seigneur , à ajmer, et je saurai la voix du Sauveur qui dit que Dieu sait changer loutes vos Écritures. Toutes leurs pages m'ensei- les pierres mêmes en enfants d'Abraham. O Jésus! gnent que l'ame qui aime sait tout ce que vous ô parole du Père! mais parole d'éternelle vérité ! voulez qu'on sache. O amour, instruisez-moi par accomplissez donc cette parole en moi, moi, pierre le caur, et non par l'esprit. Désabusez-moi de dure et insensible ; moi qui ne puis être taille ma vaine raison , de ma prudence aveugle, de que sous les coups redoublés du marteau; moi, tous desirs indignes d'une ame qui vous aime. Que rebelle, indocile , et incapable de tout bien. O Seije meure, comme Augustin , à tout ce qui n'est gneur! prenez cette pierre; glorifiez-vous, amolpas vous.

lissez mon cour; animez-le de votre Esprit, ren

dez-le sensible à vos vérités éternelles; formez en XX. POUR LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS. moi un enfant d’Abraham, qui marche sur les ves

liges de sa foi. L'intention de l'Église est d'honorer aujour- Dirai-je avec le monde insensé : Je veux bien d'hui tous les saints ensemble. Je les aime, je les me sauver ; mais je ne prétends pas être un saint? invoque ; je m’unis à eux, je joins ma voix aux Ah ! qui peut espérer son salut sans la sainteté? leurs pour louer celui qui les a faits saints : que Rien d'impur n’entrera au royaume des cieux ; volontiers je m'écrieavec cette Église céleste: Saint! aucune tache n'y peut entrer ; si légère qu'elle saint! saint! à Dieu seul la gloire ! que tout s'a- puisse être, il faut qu'elle soit effacée, et que néantisse devant lui !

tout soit purifié jusque dans le fond par le feu venJe vois des saints de tous les âges , de tous les geur de la justice divine, ou en ce monde , ou en temperaments, de toutes les conditions: il n'y a l'autre: tout ce qui n'est pas dans l'entier renoncedonc ni âge , ni temperament, ni condition qui ment à soi, et dans le pur amour qui rapporté tout exclue de la sainteté. Ils ont eu au-dehors les mês à Dieu sans retour , est encore souillé. O sainteté mes obstacles , les mêmes combats que nous; ils de mon Dieu, aux yeux duquel les astres mêmes ont eu au-dedans les mêmes répugnances, les ne sont pas assez purs ! O Dieu juste, qui jugerez mêmes sensibilités, les mêmes tentations, les mê- toutes nos imparfaites justices! mettez la vôtre aumes révoltes de la nature corrompue; ils ont eu dedans de mes entrailles pour me renouveler; ne des babitudes tyranniques à détruire, des rechu- laissez rien en moi de moi-même. tes à réparer, des illusions à craindre, des relàchements flatteurs à rejeter , des prétextes plau- XXI. POUR LA COMMÉMORATION DES MORTS. sibles à surmonter , des amis à craindre, des ennemis à aimer, un orgueil à saper par le fonde- Mon Dieu, je regarde avec consolation cette ment, une humeur à réprimer, un amour-propre cérémonie de votre Église qui met la mort devant à poursuivre sans relâche jusque dans les derniers nos yeux. Hélas ! faut-il que nous ayons besoin replis du cour.

qu'on nous en rappelle le souvenir ? tout n'est que Ah! que j'aime à voir les saints foibles comme mort ici-bas; le genre humain tombe en ruine de moi, loujours aux prises avec eux-mêmes, n'ayant tous côtés à nos yeux; il s'est élevé un monde noujamais un seul moment d'assuré! J'en vois dans veau sur les ruines de celui qui nous a vus naître; et la retraite livrés aux plus cruelles tentations ; j'en ce nouveau monde, déja vieilli , est prêt à dispavois dans les prospérités les plus redoutables et roitre : chacun de nous meurt insensiblement lous dans le commerce du siècle le plus empesté. O les jours; l'homme, comme l'herbe des champs, grace du Sauveur , vous éclatez partout, pour fleurit le matin ; le soir, il larguit, il se dessèche, mieux montrer votre puissanee, et pour ôter toute il est flétri, et il est foulé aux pieds. Le passé excuse à ceux qui vous résistent ! Il n'y a ni ha- n'est qu'un songe; le présent nous échappe dans bitude enracinée, ni temperament, ou violent le clin d'oeil où nous voulons le voir; l'avenir n'est ou fragile, ni croix accablante, ni prospérités point à nous, peut-être n'y sera-t-il jamais; et empoisonnées , qui puissent nous excuser si nous quand il y seroit, qu'en faudroit-il croire? il vient,

17

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il s'approche, le voilà ; il n'est déja plus, il est

MÉDITATIONS tombé dans cet abime du passé où tout s'engouffre et s'anéantit.

POUR UN MALADE. O Dieu ! il n'y a que vous, vous seul éles l'être véritable ; tout le reste n'est qu'une image trompeuse de l'être , qu’une ombre qui s'enfuit. O vé

I. rité! ô tout ! je me réjouis de ce que je ne suis

Je me suis tu , Seigneur, parce que c'est vous qui l'avez rien : à vous seul appartient d'être toujours : vous

fait. Ps. XXXVIII, 10. êtes le vivant au siècle des siècles. O hommes aveugles, qui croyez vivre, et qui ne faites que Est-ce à moi à me plaindre quand mon Dieu me mourir !

frappe, et qu'il me frappe par amonr , afin de

. Mais cette mort, qui fait frémir toute la na- me guérir? Frappez donc, Seigneur, j'y consens. ture, la craindrai-je lâchement ? Non, non; pour Que vos coups les plus rigoureux sont doux, puisles enfants de Dieu elle est le passage à la vie ; qu'ils cachent tant de miséricordes! Hélas! si vous elle ne nous dépouille que de la vanité et de la n'aviez point frappé mon corps, mon ame n'aucorruption ; c'est elle qui doit nous revêtir des roit point cessé de se donner à elle-même le coup dons éternels. O mort | ô bonne mort! quand de la mort. Elle étoit couverte d'ulcères horribles. voudras-tu me réunir à ce que j'aime unique - Vous l'avez vue , vous en avez eu pitié. Vous abatment? Quand viendras-tu me donner le baiser | tez ce corps de péché ; vous renversez mes ambide l'époux ? Quand est-ce que les liens de ma tieux projets; vous me rendez le goût de votre éterservitude seront rompus ? O amour élernel ! Ô nelle vérité, que j'avois perdu depuis si long-temps. vérité qui ferez luire un jour sans fin! O paix du Soyez donc à jamais béni ! Je baise la main qui m'éroyaume de Dieu, où Dieu lui-même sera tout crase, et j'adore le bras qui me frappe. en tous ! O céleste patrie! ô aimable Sion, où mon ceur enivré se perdra en Dieu ! qui ne vous

II. desire, que desirera-t-il ?

Ayez pitié de moi, Seigneur, parce que je suis infirme. Mais, ô mon Dieu et mon amour ! c'est votre

Ps. VI, 3. gloire, et non mon bonheur, après quoi je sou

O mon Dieu , je n'ai point d'autre raison que pire ; j'aime mieux votre volonté que ma béati

ma misère pour exciter votre miséricorde. Voyez tude : je consens donc, pour l'amour de vous, à deineurer encore loin de vous dans ce lieu d'exil, le-moi. J'en sens le besoin , Seigneur : heureux

le besoin que j'ai de votre secours, et donnezdans cette vallée de larmes , autant que vous le de le sentir, si ce sentiment me tient dans la devoudrez. Vous savez que ce n'est point par alta

fiance de moi-même! Vous avez frappé ma chair chement à la terre ni à ce corps de boue, ce mi

pour la purifier; vous avez brisé mon corps pour sérable corps de péché, mais par un sacrifice de

guérir mon ame. C'est par la douleur salutaire lout moi-même à votre bon plaisir, que je consens à languir encore ici-bas ; mais faites que je firmité de ma chair m'aftlige, moi qui n'avois point

que vous m'arrachez aux plaisirs corrompus. L'inmeure à tout avant que de mourir : éteignez en

d'borreur de l'infirmité de mon esprit. Il étoit moi tout desir; déracinez toute volonté; arrachez

en proie à la vaine ambition , à la fièvre ardente tout intérêt propre : alors je serai mort, et vous

de toutes les passions furieuses. J'étois malade,

, et vivrez , vous, en moi : alors je ne serai plus moi

je ne croyois pas l'être ; mon mal étoit si grand même.

O précieuse mort, qui doit précéder la natu- que je ne le sentois pas. Je ressemblois à un homme relle ! O mort , qui est une mort divine et trans- qui a une fièvre chaude, et qui prend l'ardeur

de la fièvre pour la force d'une pleine santé. formée en Jésus-Christ, en sorte que notre vie est

0 heureuse maladie , qui m'ouvre les yeux et qui cachée avec lui dans le sein du Père céleste! 0

change mon cæur ! mort, après laquelle on est également prêt à mourir ou à vivre! O mort qui commence sur la terre

III. le royaume du ciel ! O germe de l'être nouveau ! Alors , mon Dieu , je serai dans le monde comme Il vous a été donné non seulement de croire en lui, mais

aussi de souffrir pour lui. Philip., 1, 29. n'y étant pas ; j'y paroîtrai comme ces morts sortis du tombeau, que vous ressusciterez au dernier Odon précieux, qu'on ne connoît point ! La doutour.

leur n'est pas moins précieuse que la foi répandue

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dans les ames par le Saint-Esprit. Bienheureuse

VI. marque de miséricorde, quand Dieu nous fait sousfrir ! Mais sera-ce une souffrance forcée et pleine Venez à moi, vous tous qui ètes charges , et je vous soula

gerai. S. Matth., X1, 28. d'impatience ? Non ; les démons souffrent ainsi. Celui qui souffre sans vouloir souffrir ne trouve

Douce parole de Jésus-Christ , qui prend sur lui dans ses peines qu'un commencement des éternelles tous les travaux , toutes les lassitudes et toutes les douleurs. Quiconque se soumet dans sa souffrance douleurs des hommes! O mon Sauveur, vous voula change en un bien infini. Je veux donc, ô mon lez donc porter tous mes maux ! Vous m'incitez Dieu , souffrir en paix et avec amour. Ce n'est pas à m'en décharger sur vous. Tout ce que je souffre assez de croire vos saintes vérités, il faut les sui- doit trouver en vous du soulagement. Je joins donc vre : elles nous condamnent à la douleur, mais ma croix à la vôtre; portez-la pour moi. Je suis, elles nous en découvrent le prix. O Seigneur, ra

comme vous étiez, tombant en défaillance, quand nimez ma foi languissante. Qu'on voie reluire en

on fit porter votre croix par un autre. Je marche moi la soi et la patience de vos saints! S'il m'échappe après vous, Seigneur , vers le Calvaire, pour y quelque impatience, du moins que je m'en hu- etre crucifié. Je veux, quand vous le voudrez, milie aussitôt , et que je la répare par ma douleur! mourir entre vos bras ; mais la pesanteur de ma

croix m'accable. Je manque de patience : soyez ma' IV.

patience vous-même; je vous en conjure par votre Seigneur, je souffre violence, répondez pour moi.

promesse. Je viens à vous; je n'en puis plus ; c'est Cant. d'Ezech. Is. XXXVIII, 14.

assez pour mériter votre compassion et votre se

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cours.

Vous voyez les maux qui m'accablent. La nature se plaint; que lui répondrai-je ? Le monde cher

VII. che à m'amuser et à me flatler: comment faut-il que

Parlez, Seigneur; votre serviteur rous écoule. je le repousse? Que dirai-je, Seigneur? Hélas ! il ne

I Rois, III, 10. me reste de force que pour souffrir et pour me taire. Répondez vous-même: par votre parole toute puis- Je me tais, Seigneur, dans mon affliction ; je sante écartez le monde trompeur qui m'a déja sé- me tais, mais je vous écoute avec le silence d'une duit une fois. Soutenez mon cæur, malgré les dé- ame contrite et humiliée, à qui il ne reste rien à faillances de la nature. Je souffre violence par les dire dans sa douleur. Mon Dieu , vous voyez mes maux dont vous m'accablez , et par mes passions

plaies; c'est vous qui les avez faites, c'est vous qui qui ne sont point encore éteintes. Je souffre; hâtez- me frappez. Je me tais ; je souffre, et j'adore en

. ; vous de me secourir. Délivrez-moi du monde et silence : mais vous entendez mes soupirs , et les de moi-même. Délivrez-moi de mes maux , par la gémissements de mon cæur ne vous sont point capatience à les souffrir.

chés. Je ne veux point m'écouter moi-même; je

ne veux écouter que vous, et vous suivre. V.

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Te Quoique vous me menaciez et me frappiez .

.

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Le Seigneur me l'a donné, le Seigneur me l'a ölé.

VIII.
Job, 1, 12.

Mon père, délivrez-moi de cette heure. S. Jean, XII, 72. Voilà , Seigneur, ce que vous faisiez dire à votre serviteur Job dans l'excès de ses maux. Oh! que vous êtes bon de mettre encore ces paroles dans la ô mon Dien , vous êtes mon père ; vous le serez bouche et dans le cæur d'un pécheur tel que moi! toujours. Délivrez-moi de cette heure terrible , de Vous m'aviez donné la santé , et je vous oubliois; ce temps d'amertume et d'accablement. Laissezvous me l'ôlez, et je reviens à vous. Précieuse moi respirer dans votre sein, et mourir entre vos miséricorde, qui m'arrachez les dons de Dieu bras. Délivrez-moi , ou par la diminution de mes

. qui m'éloignoient de lui, pour me donner Dieu maux, ou par l'accroissement de ma patience. même! Seigneur, ôtez tout ce qui n'est point vous, Coupez jusqu'au vif, brûlez; mais faites miséricorpourvu que je vous aie. Tout est à vous, vous êtes de; ayez pitié de ma foiblesse. Si vous ne voulez le Seigneur; disposez de tout : biens, honneurs, san- pas me délivrer de ma douleur , délivrez-moi de tė, vie, arrachez tout ce qui me tiendroit lieu moi-même , de ma foiblesse , de ma sensibilité et

de mon impatience.

de vous.

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