cette paix ! Mais ce n'est pas assez de me la faire, Sauveur' ! Vous êtes déja venu une fois. Les anaimer ct desirer, rendez-m'en digne, en écrasant ciens justes ont vu le Desiré des nations; mais les mon orgueil. Aballez mon esprit autant que mon vôtres ne vous ont point connu. La lumière a lui corps. Que mon orgueil ait eucore plus d'oppres-au milieu des ténèbres, et les ténèbres ne l'ont sion et d'accablement que ma poitrine ; qu'il ne pas comprise 2. Que tardez-vous ? Revenez, Seipuisse plus respirer. Achevez, Seigneur, de m’ar- gneur, revenez frapper la terre ingrate, et juger racher à la société profane de ceux qui ne vous les hommes aveugles. O Roi dont les princes de la connoissent ni ne vous aiment. Étouffez en moi terre ne sont qu'une foible image, que votre règne jusqu'aux derniers restes de la mauvaise honte. arrive! Quand viendra-t-il d'en-haut sur nous, ce Rompez tous mes liens, et formez-en de nouveaux règne de justice, de paix et de vérité? Votre Père qui m'attachent à vous seul inséparablement.' vous a donné toutes les nations; il vous a donné Que vous ai-je fait pour mériter tant de graces? toute puissance et dans le ciel et sur la terre ; J'ai foulé aux pieds les anciennes, j'ai payé d'in- et cependant vous êtes méconnu, méprisé, ofgratitude toutes vos bontés d'autrefois. Voilà l'u- fensé, trahi! Quand sera donc le jugement du nique mérite que j'ai devant vous. Il n'y a que monde endurci, et le jour de votre triomphe ? Lema misère qui puisse exciter votre miséricorde. vez-vous, levez-vous ô Dieu! jugez votre propre Après cela, hésiterai-je encore entre le monde et cause; brisez l'impie du souffle de vos lèvres : vous : le monde qui veut me perdre, vous qui délivrez vos enfants; justifiez-vous en ce grand voulez me sauver ? Repousserai-je la croix que jour à la face de toutes les nations : c'est votre vous me présentez avec tant d'amour, pour me gloire et non la nôtre que nous cherchons. délivrer des maux de mon ame, bien plus terribles Mon Dieu, je vous aime pour vous, et non pour que ceux de mon corps ? moi. Je souffre, je sèche de tristesse, voyant pré0 Seigneur! je m'abandonne à votre miséri- valoir l'iniquité sur la terre, et votre Évangile corde. Je mériterois d'être livré à votre éternelle foulé aux pieds. Je souffre, me sentant malgré moi justice. Frappez; faitse de votre vile créature se- assujetti à la vanité. Jusques à quand, Seigneur, છે lon votre bon plaisir. Plus de volonté que la laisserez-vous votre héritage désolé? Revenez donc, vôtre. Je vous louerai dans toutes mes douleurs, Seigneur Jésus ; rendez-nous la lumière de votre je baiserai la main qui me frappe, je me croirai visage. Je ne veux tenir à aucune des choses qui encore épargné. Je suis prêt à tout, à vivre sé- m'environnent ici-bas. Elles menacent toutes ruine paré du monde, confessant hautement votre Évan prochaine. Ces voûtes immenses des cieux s'écrougile, ou à mourir sur la croix avec vous, ô Jésus!leront dans les abîmes ; cette terre couverte de péqui êt mon amour et ma vie. chés sera consumée et renouvelée par le feu vengeur. Les astres tomberont, leur lumière s'éteindra ; les éléments embrasés se confondront; la na ture eutière sera bouleversée. A ce spectacle, que ENTRETIENS AFFECTIFS l'impie frémisse ! Pour moi, je m'écrie, ô Seigneur! avec amour et confiance : Frappez; glorifiez-vous aux dépens de tout ce quiblesse votre sainteté. FrapLES PRINCIPALES FÊTES DE L'ANNÉE. pez sur moi; ne m'épargnez point pour me purifier et pour me rendre digne de vous. Hélas ! ce monde I. POUR L'AVENT. insensé n'est occupé que du moment présent qui échappe. Tout ceci va périr, et on veut en jouir C'est maintenant, ô mon Dieu ! que je veux me comme s'il devoit être éternel ! Le ciel et la terre recueillir pour adorer en silence les mystères de passeront comme la fumée; votre parole seule devotre Fils, et pour attendre qu'il naisse au fond de meure éternellement. O vérité, on ne vous connoît mon cæur. Venez, Seigneur Jésus : venez, Esprit point! Le mensonge est adoré; il remplit tout le cæur de vérité et d'amour qui le formâtes dans le sein de l'homme. Tout est faux, tout est trompeur. Tout de la sainte Vierge. ce qui se voit, tout ce qui se touche, lout ce qui Je vous attends, ô Jésus ! comme les prophètes est sensible, tout ce qui est mesuré par le temps, et les patriarches vous ont attendu. Que volon- n'est rien. Faut-il que ce vain fantôme soit cru si tiers je dis avec eux : 0 cieux, répandez votre ro solide, et que l'immuable vérité passe pour un sée, et que les nues fassent descendre le Juste! songe? Hé! Seigneur, pourquoi sousfrez-vous cel que la terre s'entr'ouvre, et qu'elle germe son POUR 1 IS. ALV. Joan., 1. 5. enchantement? La terre entière est plongée dans est. Vous vous plaisez à choisir ce qui est le plus le sommeil de la mort : réveillez-la par votre lu- vil, pour faire aux yeux du monde surpris ce qui mière. Pour moi, je ne veux que vous ; je n'attends est le plus grand et le plus impossible. Vous êtes que vous : je regarde la foudre prête à partir de jaloux de la gloire de votre ouvrage, et vous ne votre main pour écraser les hommes superbes, et le voulez fonder que sur le néant. Vous creusez pour venger votre patience méprisée. Loin de jusqu'au néant pour le fonder, comme les hommes craindre la mort, je la regarde comme la délivrance sages dans leurs bâtiments creusent jusqu'au rode vos enfants. Oui, Seigneur, nous mourrons; le cher ferme. Creusez donc en moi, ô mon Dieu ! charme funeste se rompra tout-à-coup. Vous ne jusqu'à l'anéantissement de tout moi-même! Esserez plus offensé : je vous aimerai; je n'aimerai prit destructeur, renversez, mettez tout en désorque vous : je ne m'aimerai plus moi-inême. Oh! dre, n'épargnez aucun arrangement humain ; déque j'aime votre avénement! Déja, selon votre pré- faites tout pour tout refaire. Que votre créature soit cepte, je lève ma tête pour aller au-devant de vous. toute nouvelle, et qu'il ne reste aucune trace del'an Par le transport de mon amour, je m'élance au- cien plan. Ayant alors tout effacé, tout défiguré, devant du Seigneur, comme votre apôtre Pierre tout réduit à un pur néant, je deviendrai en vous me l'a enseigné. Je suis foible, misérable, fragile, toutes choses, parce que je ne serai plus en moi il est vrai; j'ai tout à craindre si vous me jugez rien de fixe. Je n'aurai aucune consistance, mais dans la rigueur de votre justice, j'eu conviens : je prendrai dans votre main toutes les formes qui mais plus je suis fragile, plus je conclus que la vie conviendront à vos desseins. C'est par l'anéanest un danger et que la mort est une grace. tissement de mon être propre et borné, que j'en O Seigneur ! Ôtez le péché, venez régner en moi; trerai dans votre immensité divine. Oh! qui le arrachez-moi à moi-même, et je serai pleinement comprendra? Oh! qui me donnera des ames qui à vous. Eh ! qu'ai-je à faire sur la terre? que puis- aient le goût et l'attrait de la destruction? Si peu je desirer dans cette vallée de larmes, où le mal est que l'on réserve, on demeure borné. Quelque au comble, et où le bien est si imparfait? Rien que bonne que paroisse la réserve, quand c'est à l'égard votre volonté ne peut m'y retenir. Je n'aime rien de Dieu qu'on la fait, c'est un larcin ; car tout lui de tout ce que je vois ; je ne veux point m'aimer est dû, puisque tout vient de lui. Plus les dons moi-même : venez, Seigneur, ô mon amour ! Ô sont purs, plus il est jaloux de ne nous les point laisser posséder cn propre. Il n'y a donc que JI. POUR LE JOUR DE SAINT THOMAS. l'entière destruction qui nous rende ses vrais in strumens. 0 mon Dieu! ouvrez-moi les yeux; élargissez mon cæur, pour me faire comprendre et sentir Faites de moi , Seigneur , comme de Thomas les dons que vous avez mis dans cet apôtre. Esprit votre apôtre. Il étoit de ces hommes anéantis, qui l'avez envoyé, qui l'avez conduit, qui l'avez dont il est dit qu'ils étoient livrés à votre grace. rempli, remplissez-moi, inspirez-moi, transfor- Il n'étoit rien ni par les richesses, ni par la répumez-moi en une créature nouvelle. O Père des tation, ni par les talents, ni même par la vertu. lumières et des miséricordes, vous faites des C'étoit l'infirmité même , où vous avez pris plaihommes ce qu'il vous plaît! Ils semblent n'être sir de faire reluire votre force. Il a porté votre plus hommes dès que vous parlez. Quel est donc nom jusqu'au fond de l’Orient à ces peuples qui cet homme foible, timide, vil selon le monde; étoient assis dans la région de l'ombre de la mort, pauvre, grossier, ignorant? Où va-t-il? Que pré- et qui n'avoient pas même des yeux pour voir la tend-il faire? Changer la face des nations les plus lumière. Le monde, tout monde qu'il est, critiéloignées; vaincre par la seule vérité les peuples que, malin , scandalisé de tout; indocile , enjusques auxquels les rois conquérants n'ont ja- durci , faux, et trompeur jusqu'à se tromper luimais pénétré par leurs armes ; découvrir un nou- même ; dégoûté de la vérité qui lui est odieuse , veau monde pour y porter une nouvelle Joi. En- amateur inser'sé du mensonge qui le flatte; ce treprendre de telles choses sur le monde, c'est monde n'a pas pu résister à celui qui n'étoit rien être bien mort à sa propre sagesse; c'est être bien par lui-même , et qui, par cet anéantissement , enivré de la folie de la croix. C'est ainsi, Esprit étoit tout en Dieu. Dieu parle dans sa chétive destructeur, que vous anéantissez dans vos par- créature; et cette parole, qui a fait le monde , le faits enfants toute sagesse, tout esprit propre, toute renouvelle. O mon Dieu! je l'entends, et je tresrègle humaine, tout moyen raisonnable. Vous saille de joie au Saint-Esprit en le comprenant: appelez ce qui n'est pas, pour confondre ce qui vous l'avez caché aux grands et aux sages ; ja ܕ , 16 mais ils ne l'entendront; mais vous le révélez aux daigne point se fier à leur discernement. Le simples et aux petits. Tout consiste à s'ape- monde sera grand tant qu'il lui plaira ; les gens tisser et à s'anéantir. Tandis qu'on est encore de bien même, à bonne intention et par le zèle quelque chose, on n'est encore rien , on n'est des bonnes auvres, croîtront chaque jour en encore propre à rien ; ce qui reste même de plus prudence, en prévoyance, en mesures , en éclat તે caché, même de meilleur en apparence, résiste de vertu ; pour moi, tout mon plaisir sera de à tout ce que Dieu veut faire , et arrête sa main décroitre, de m’apetisser, de m'avilir, de m'obstoute-puissante. curcir , de me taire, de consentir à être imbéMais quelle étendue cette vérité n'a-t-elle point! cile et à passer pour tel; de joindre à l'opprobre Hélas ! où est l'ame courageuse qui veut bien de Jésus crucifié l'impuissance et le bégaiement n'être rien , et qui laisse tout tomber, tout perdre, de Jésus enfant. On aimeroit mieux mourir avec talents , esprit, amitiés, réputation , honneur, lui dans les douleurs, que de se voir avec lui vertu propre? Où sont-elles , ces ames de foi? On emmailloté dans le berceau. La petitesse fait fait comme Thomas incrédule; on veut voir , on plus d'horreur que la mort, parce que la mort veut toucher , on veut s'assurer des dons de Jé- peut être soufferte par un principe de courage sus-Christ et de son avancement; mais bienheu- et de grandeur; mais n'être plus compté pour reux ceux qui croient sans voir', et qui adorent rien, comme les enfants, et ne pouvoir plus se Dieu en esprit et en vérité par le sacrifice d'ho- compter soi-même ; retomber dans l'enfance , locauste , qui est la perte totale de tout ce qui est comme certains vieillards décrépils dont les enà nous ! Voilà ce qui fait la vie apostolique, trans-fants dénaturés se jouent , et voir d'une vue claire formée en Jésus-Christ. et pénétrante toute la dérision de cet état; c'est le plus insupportable supplice pour une ame III. POUR LE JOUR DE NOEL. grande et courageuse, qui se consoleroit de tout Je vous adore, enfant Jésus, nu, pleurant, et le reste par son courage et par sa sagesse. O saétendu dans la crèche. Je n'aime plus que votre gesse! ô courage! ô raison! ô vertu propre ! vous êtes la dernière chose dont l'ame mourante enfance et votre pauvreté. Oh ! qui me donnera d'etre aussi pauvre et aussi enfant que vous ! 0 à elle-même a plus de peine à se dépouiller. Sagesse éternelle, réduite à l'enfance! Ôtez-moi Tout le reste qu'on quitte ne tient presque point; ce sont des babits qui se lèvent du bout du ma sagesse vaine et présomptueuse ; faites-moi enfant avec vous. Taisez-vous, sages de la terre ; ôter cette sagesse propre qui fait la vie la plus doigt, et qui ne tiennent point à nous ; mais nous je ne veux rien être; je ne veux rien savoir ; je intime de l'ame, c'est arracher la peau, c'est veux tout croire; je veux tout souffrir; je veux nous écorcher tout vifs, c'est nous déchirer justout perdre, jusqu'à mon propre jugement. que dans la moelle des os. Hélas ! j'entends ma Bienheureux les pauvres, mais les pauvres d'es raison qui me dit : Quoi donc! faut-il cesser prit, que Jésus a faits semblables à lui dans sa creche , et qu'il a dépouillés de leur propre rai- fous qu'on est contraint de renfermer? Dieu d'être raisonnable ? Faut-il devenir comme les son! O hommes qui êtes sages dans vos pensées , prévoyants dans vos desseins, composés dans vos n'est-il pas la sagesse même? La nôtre ne vientdiscours , je vous crains; votre grandeur m'inti- clle pas de la sienne, et par conséquent ne faut il pas que nous la suivions ? Mais il y a une exmide, comme les enfants ont peur des grandes trême différence entre être raisonnants et être personnes. Il ne me faut plus que des enfants de raisonnables. Nous ne serons jamais si raisonla sainte enfance. Le Verbe fait chair , la Parole toute-puissante du Père se tait, bégaie, pleure : sonnants. En nous livrant à la pure raison de nables que quand nous cesserons d'être si raipousse des cris enfantins; et moi je me piquerai Dieu, que la nôlre foible et vaine ne peut comd'être sage, et je me complairai dans les arrangements que fait mon esprit, et je craindrai que égarée depuis le péché, incertaine, courte et prendre , nous serons délivrés de notre sagesse, le monde n'ait point une assez haute idée de ma présomptueuse, ou plutôt nous serons délivrés capacité ! Non, non , je serai de ces heureux enfants qui perdent tout pour tout gagner, qui ne se de nos erreurs, de nos indiscrétions, de nos ensoucient plus de rien pour eux-mêmes, qui comp- même par l'esprit de Dieu , plus elle est discrète têtements. Plus une personne est morte à elletent pour rien qu'on les méprise, et qu'on ne sans songer à l’être : car on ne tombe dans l'indiscrétion que par vivre encore à son propre I Joan., x , 20. ܕ sans esprit, à ses vues et à ses inclinations naturelles ; | n'est point écouté. On craint de lui ouvrir son c'est qu'on veut, qu'on pense, et qu'on parle cour, on ne le lui offre qu'avec réserve ; on craint encore à sa mode. La mort totale de notre propre qu'il ne parle et ne demande trop. On voudroit sens feroit en nous la vraie et la consommée bien le laisser dire, mais à condition de ne prensagesse du Verbe de Dieu. Ce n'est point par un dre ce qu'il diroit que suivant la mesure réglée effort de raison au-dedans de nous que nous nous par notre sagesse : ainsi ce seroit notre sagesse élèverons au-dessus de nous-mêmes; c'est au qui jugeroit celui qui doit la juger ! contraire par l'anéantissement de notre propre O Amour! vous voulez des ames livrées à vos être , et surtout de notre propre raison, qui est transports ; des ames qui ne craignent point, non la partie la plus chère à l'bomme, que nous en plus que les apôtres, d'être insensées aux yeux trerons dans cet être nouveau , où, comme dit du monde. Il ne suffit pas, ô divin Esprit! de se saint Paul, Jésus-Christ fait notre vie, notre remplir de vous, il faut en être enivré. Que n’apjustice et notre sagesse. Nous ne nous égarons prendroit-on point sans raisonnement, qu'à force de nous conduire par nous-mêmes. science, si on ne consultoit plus que le pur Donc nous ne serons à l'abri de l'égarement qu'à amour , qui veut tout pour lui, qui ne laisse rien force de nous laisser conduire, d'être petits, à la créature, et qui met seul la vérité du règne simples, livrés à l'Esprit de Dieu, souples et de Dieu dans le fond de l'ame ! L'amour décide prêts à toute sorte de mouvements, n'ayant au dans tous les cas , et ne s'y trompe point; car il cune consistance propre, ne résistant à rien, ne donne rien à l'homme, et rapporte tout à n'ayant plus de volonté, plus de jugement, di- Dieu seul. C'est un feu consumant, qui embrase sant naivement ce qui nous vient, et n'aimant tout, qui dévore tout , qui anéantit tout , qui fait qu'à céder après l'avoir dit. C'est ainsi qu'un pe- de sa victime le parfait holocauste. Oh! qu'il fait tit enfant se laisse porter, reporter , lever, cou bien connoître Dieu ! car il ne laisse plus voir cher; il n'a rien de caché, rien de propre. Alors que lui; mais d'une vue bien différente de celle nous ne serons plus sages, mais Dieu sera sage des hommes, qui ne le considèrent que dans une en nous et pour nous. Jésus-Christ parlera en froide et sèche spéculation. Alors on aime tout nous, pendant que nous croirons bégayer. O ce qu'on voit, et c'est l'amour qui donne des Jésus enfant! il n'y a que les enfants qui puissent yeux perçants pour le voir. Un moment de paix régner avec vous. et de silence fait voir plus de merveilles que les IV. POUR LE JOUR DE SAINT JEAN L'ÉVANGÉLISTE. profondes réflexions de tous les savants. Mais encore, ô Amour ! comment est-ce que O Jésus ! je desire me reposer avec Jean sur vous enseignez toutes choses , vous qui n'en pouvotre poitrine, et me nourrir d'amour en met- vez souffrir qu'une seule; et qui fermez les yeux tant mon cæur sur le vôtre. Je veux être, comme à tout le reste, pour les attacher immuablement le disciple bien-aimé, instruit par votre amour. à un seul objet? Oh ! j'entends ce secret! c'est que Il disoit, ce disciple, pour l'avoir éprouvé, que la vraie manière de bien savoir tout le reste , penl'onction enseigne toutes choses '. Cette onction dant cette vie, est de l'ignorer par mépris. On intérieure de votre esprit instruit dans le silence. sait de Dieu ce qu'on en peut savoir, en sachant On aime, et on sait tout ce qu'il faut savoir ; on qu'il est tout : on sait de la créature entière goûte, et on n'a besoin de rien entendre. Toute tout ce qu'il en faut savoir , en sachant qu'elle parole humaine est à charge et ne fait que dis- n'est rien. Voilà donc la toute-science, inconnue traire , parce qu'on a au-dedans la parole substan- aux savants du siècle, et réservée aux pauvres tielle qui nourrit le fond de l'ame. On trouve en l'esprit instruits par l'onction du pur amour : ils elle toute vérité. On ne voit plus qu'une seule pénètrent au fond tout ce qui est créé en ne daichose, qui est la vérité simple et universelle ; gnant pas même y faire attention, ni ouvrir les c'est Dieu, devant qui la créature, ce rien trom- yeux pour le voir. Qu'importe qu'ils ne sachent peur , disparoît et ne laisse aucune trace de son point raisonner sur Dieu ! Ils savent l’aimer, mensonge. c'est assez. Bienheureuse science, qui éteint toute O Amour , vrai Docteur des ames ! on ne veut curiosité, qui rassasie l'ame de la vérité pure; point vous écouter : on écoute de beaux discours, qui non seulement lui montre toute la vérité en on écoute sa propre raison ; mais le vrai Maitre, l'occupant de Dieu , mais qui porte cette vérité qui enseigne sans raisonnements et sans paroles, simple et unique dans le fond de cette ame, pour n'être plus qu'une même chose avec elle ! "1. Joan., II, 27. Hélas ! combien de grands docteurs qui ne pécheurs que vous vous mettez au nombre des vojent goulte croyant tout savoir ! Ils ne veulent pécheurs souffrants. Avec quelle consolation, ở rien ignorer , ni sur la nature des divers ètres , ni enfant Jésus! vois-je couler vos larmes et votre sur leurs propriétés , ni sur l'ordre de l'univers, sang! C'est ici le commencement du mystère de ni sur l'histoire du genre humain, ni sur les ou- douleur et d'ignominie. O précieuse victime! vrages des hommes, ni sur les arts qu'ils ont vous croitrez; mais vous ne croitrez que pour inventés, ni sur leurs diverses langues , ni sur faire croître avec vous les marques de votre les règles de conduite qu'ils ont entre eux. Oh! amour. Vous ne retardez votre sacrifice que pour qu'ils seroient dégoûtés de toutes ces recherches le rendre plus grand et plus rigoureux. curieuses, s'ils connoissoient bien l'homme ! Mais, hélas ! Ô Jésus! que vois-je dans vos douS'amuse-l-on à un ver de terre ? et le néant leurs ? Est-ce un objet qui doive exciter en moi même, n'est-il pas encore plus indigne de nous une compassion tendre? Non ; car c'est sur moi , occuper? Eh ! que peut-on apprendre de ce qui et non sur vous, que je dois pleurer. Je ne puis n'est rien ? Il n'y a qu'une seule vérité infinie, considérer vos humiliations et vos souffrances , qui absorbe tout, et qui ne laisse aucune curio- sans apercevoir aussitôt que vous ne vous humisité hors d'elle : tout le reste n'est que néant, et liez et ne souffrez que pour mes besoins , c'est par conséquent mensonge. Qu'on s'instruise pour pour expier mes péchés d'orgueil et de mollesse, le besoin des conditions, c'est bien fait : mais c'est pour m'enseigner à souffrir et à porter la qu'on croie savoir quelque chose quand on ne confusion que je mérite. La nature vaine et lâche sait que ce rien , qu'on espère en orner son es- frémit à la vue de son Sauveur qui est anéanti prit, qu'on cherche à le nourrir et à le satisfaire et souffrant; elle se sent écrasée par l'autorité de en l'occupant de la créature vaine et creuse : cet exemple ; elle demeure sans excuse. ô folic ! Ô ignorance de ceux qui veulent tout Il faut donc préparer son cœur à la confusion savoir ! et à l'amertume. Oui, je le veux, ô Jésus! Je O Jésus ! je n'ai plus d'autre docteur que vous, prends la croix pour marcher après vous. Qu'on plus d'autre livre que votre poitrine. Là, j'ap-me méprise, on aura raison; le mépris que j'ai prends tout en ignorant tout, et en m'anéantis- pour moi n'est sincère qu'autant qu'il me fait şant moi-même. Là, je vis de la même vie dont consentir à être méprisé par les autres. Quelle vous vivez dans le sein de votre Père. Je vis injustice de vouloir que ce qui nous paroît bas d’amour : l'amour fait tout en moi. Ce n'est que et indigne éblouisse notre prochain ! Je me livre pour l'amour que je suis créé; et je ne fais ce donc, ô Jésus ! à tout opprobre que vous m'enque Dieu a prétendu que je fisse en me créant, verrez ; je n'en resuse aucun, et il n'y en a auqu'autant que j'aime. Je sais donc tout, et je ne con que je ne mérite. O ver de terre ! est-ce à toi veux plus savoir que vous. Taisez-vous , monde que l'honneur est dû ? O ame pécheresse ! qu'as-tu curieux et sage; j'ai trouvé sur la poitrine de mérité sinon d’être la balayure du monde ? Puis-je Jésus l'ignorance et la folie de sa croix, en jamais être mis trop bas , moi qui ne suis par ma comparaison de laquelle tous vos talents ne sont nature que néant, et par ma propre volonté que qu'ordure : méprisez-moi autant que je vous péché? Ame vaine , et ingrate à ton Dieu , porte méprise. donc sans murmurer la confusion qui est ton partage! Plus d'honneur, plus de bienséance, V. POUR LE JOUR DE LA CIRCONCISION. plus de réputation. Tous ces beaux noms doivent être sacrifiés à un Sauveur rassasié d'opprobres. O Jésus, je vous adore sous le couteau de la Qu’as-tu en toi qui ne demande l'humiliation? circoncision. Que je vous aime dans cette abjec- Est-ce ton orgueil? Eh ! c'est ton orgueil même tion et dans cette foiblesse! Je vous vois lout qui le rend encore plus misérable et plus indigne couvert de honte, mis au rang des pécheurs , as- de tout honneur. sujelti à une loi humiliante, souffrant de vives Mais, hélas ! Ô Jésus! qu'il y a loin entre les douleurs, et répandant deja, dès les premiers sentiments généraux d'humiliation et la pratique ! jours de votre enfance, les prémices de ce sang On salue la croix de loin , mais de près on en a qui sera sur la croix le prix du monde entier. horreur. Je vous promets maintenant de marcher Vous n'entrez donc dans le monde que pour sur les traces sanglantes que vous me laissez : souffrir. Vous y prenez d'abord le nom de Jésus, mais quand l'opprobre et la douleur de la croix qui signifie Sauveur ; el c'est pour sauver les paroitront, tout mon courage m'abandonnera. |