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avec le même soin que nous nourrissons notre corps des aliments qui lui conviennent? Nous accoutumons-nous à ne regarder toutes choses que selon la foi? Corrigeons-nous sur elle tous nos jugements? Hélas! bien loin de vivre de la foi, nous la faisons mourir dans notre esprit et dans notre cœur. Nous jugeons en païens; nous agissons de même. Qui croiroit ce qu'il faut croire feroit-il ce que nous faisons?

II. Craignons que le royaume de Dieu ne nous soit ôté, et ne soit donné à d'autres qui en produiront mieux les fruits. Ce royaume de Dieu est la foi, quand elle est régnante et dominante au milieu de nous. Heureux qui a des yeux pour voir ce royaume ! La chair et le sang n'en ont point. La sagesse de l'homme animal est aveugle là-dessus, et veut l'être. Ce que Dieu fait intérieurement lui est un songe. Pour voir les merveilles de ce royaume intérieur, il faut renaître ; et pour renaître, il faut mourir: c'est à quoi le monde ne peut consentir. Que le monde méprise donc, qu'il condamne, qu'il se moque tant qu'il voudra: pour nous, mon Dieu, il nous est ordonné de croire et de goûter le don céleste. Nous voulons être du nombre de vos élus, et nous savons que personne ne peut en être sans conformer sa vie à ce que vous enseignez.

Ile JOUR.

Sur l'unique chemin du ciel.

1. Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite'. Ce n'est que par violence qu'on entre dans le royaume de Dieu; il faut l'emporter d'assaut, comme une place assiégée. La porte en est étroite; il faut mettre à la gène le corps du péché ; il faut s'abaisser, se plier, se traîner, se faire petit. La grande porte où passe la foule, et qui se présente tout ouverte, mène à la perdition. Tous les chemins larges et unis doivent nous faire peur. Tandis que le monde nous rit, et que notre voix nous semble douce, malheur à nous! Jamais nous ne sommes mieux pour l'autre vie que quand nous sommes mal pour celle-ci. Gardons-nous donc bien de suivre la multitude qui marche par une voie large et commode. Il faut chercher les traces du petit nombre, les pas des saints, le sentier escarpé de la pénitence, grimper sur les rochers, gagner les lieux sûrs à la sneur de son visage, et s'attendre que le dernier pas de la vie sera encore un violent effort pour entrer dans la porte étroite de l'éternité.

A Matth.. vII, 8.

II. Nous ne sommes prédestinés de Dieu que pour être conformes à l'image de son Fils, attachés comme lui sur une croix, renonçant comme lui aux plaisirs sensibles, contents comme lui dans les douleurs. Mais quel est notre aveuglement ! Nous voudrions nous détacher de cette croix qui nous unit à notre Maître. Nous ne pouvons quitter la croix sans quitter Jésus-Christ crucifié : la croix et lui sont inséparables. Vivons donc et mourons avec celui qui est venu nous montrer le véritable chemin du ciel ; et ne craignons rien, sinon de ne pas finir notre sacrifice sur le même autel où il a consommé le sien. Hélas! tous les efforts que nous tâchons de faire en cette vie ne sont que pour nous mettre plus au large, et pour nous éloigner de l'unique chemin du ciel. Nous ne savons ce que nous faisons. Nous ne comprenons pas que le mystère de la grace joint la béatitude avec les larmes. Tout chemin qui mène à un trône est délicieux, fût-il hérissé d'épines. Tout chemin qui conduit à un précipice est effroyable, fût-il couvert de roses. On souffre dans la voie étroite, mais on espère ; on souffre, mais on voit les cieux ouverts; on souffre, mais on veut souffrir ; on aime Dieu, et on en est aimé.

III JOUR.

Sur la véritable dévotion.

I. Celui qui séduit lui-même son cœur n'a qu'une vaine religion'. Que d'abus dans la dévotion! Les uns la font consister uniquement dans la multiplicité des prières; les autres dans le grand nombre des œuvres extérieures, qui vont à la gloire de Dieu et au soulagement du prochain. Quelques uns la mettent dans des desirs continuels de faire son salut; quelques autres, dans de grandes austérités. Toutes ces choses sont bonnes; elles sont même nécessaires jusqu'à un certain degré. Mais on se trompe, si on y place le fond et l'essentiel de la véritable piété. Cette piété, qui nous sanctifie et qui nous dévoue tout entier à Dieu, consiste à faire tout ce qu'il veut, et à accomplir, précisément dans les temps, dans les lieux et dans les circonstances où il nous met, tout ce qu'il desire de nous. Tant de mouvements que vous voudrez, tant d'œuvres éclatantes qu'il vous plaira; vous ne serez payé que pour avoir fait la volonté du souverain Maître. Le domestique qui vous sert feroit des merveilles dans votre maison, que, s , s'il faisoit pas ce que vous souhaitez, vous ne lui

ne

'Jac.. 1, 26

tiendriez aucun compte de ses actions, et vous vous plaindriez avec raison de ce qu'il vous serviroit mal.

II. Le dévouement parfait, d'où le terme de dévotion a été formé, n'exige pas seulement que nous fassions la volonté de Dieu, mais que nous la fassions avec amour. Dieu aime qu'on lui donne avec joie; et, dans tout ce qu'il nous prescrit, c'est toujours le cœur qu'il demande. Un tel maître mérite bien qu'on s'estime heureux d'être à lui. Il faut que ce dévouement se soutienne également partout, dans ce qui nous déplaît, dans ce qui nous choque, dans ce qui contrarie nos vues, nos inclinations, nos projets; et qu'il nous tienne prêts à donner tout notre bien, notre fortune, notre temps, notre liberté, notre vie et notre réputation. Être dans ces dispositions, et en venir aux effets, c'est avoir une véritable dévotion. Mais comme la volonté de Dieu nous est souvent cachée, il y a encore un pas de renoncement et de mort à faire ; c'est de l'accomplir par obéissance, et par une obéissance aveugle, mais sage en son aveuglement; condition imposée à tous les hommes le plus éclairé d'entre eux, le plus propre à attirer les ames à Dieu et le plus capable de les y conduire, doit lui-même être conduit.

IVE JOUR.

Sur les conversions lâches et imparfaites'.

1. Les gens qui étoient éloignés de Dieu se croient bien près de lui dès qu'ils commencent à faire quelques pas pour s'en rapprocher. Les hommes les plus polis et les plus éclairés ont là-dessus la même ignorance et la même grossièreté qu'un paysan qui croiroit être bien à la cour parce qu'il auroit vu le roi. On quitte les vices qui font hor

reur; on se retranche dans une vie moins crimi

nelle, mais toujours lâche, mondaine et dissipée: on juge alors de soi, non par l'Évangile, qui est l'unique règle qu'on doit prendre, mais par la comparaison qu'on fait de la vie où l'on est avec celle qu'on a menée autrefois. Il n'en faut pas davantage pour se canoniser soi-même, et pour s'endormir d'un profond sommeil sur tout ce qui resteroit à faire pour le salut. Un tel état est peut-être plus suspect qu'un désordre scandaleux. Ce dés

'Cet article n'est qu'un extrait de celui qu'on verra plus bas au

n. ix des Instructions et avis sur divers points de la perfection chrétienne. Fénelon a sans doute fait lui-même cet extrait, pour être joint aux Réflexions pour tous les jours du mois, qu'on imprimoit par ses ordres à l'époque de sa mort. (Edit. de Vers.

ordre troubleroit la conscience, réveilleroit la foi, et engageroit à faire quelque grand effort; au lieu que ce changement ne sert qu'à étouffer les remords salutaires, qu'à établir une fausse paix dans le cœur, et qu'à rendre les maux irrémédiables.

II. Je me suis confessé, dites-vous, assez exactement des foiblesses de ma vie passée; je lis de bons livres; j'entends la messe modestement, et je prie Dieu, ce me semble, d'assez bon cœur. J'évite au moins les grands péchés; mais j'avoue que je ne me sens pas assez touché pour vivre comme si je n'étois plus du monde, et pour ne garder plus de mesures avec lui. La religion seroit trop rigoureuse, si elle rejetoit de si honnêtes tempéraments. Tous les raffinements qu'on nous propose aujourd'hui sur la dévotion vont trop loin, et sont plus propres à décourager qu'à faire aimer le bien. Ce discours est celui d'un chrétien lâche, qui voudroit avoir le paradis à vil prix, et qui ne considère pas ce qui est dû à Dieu, ni ce que sa possession a coûté à ceux qui l'ont obtenue. Un homme de ce caractère est bien loin d'une entière conversion. Il ne connoît apparemment ni l'étendue de la loi de Dieu, ni les devoirs de la pénitence. On peut croire que si Dieu lui avoit confié le soin de composer l'Évangile, il ne l'auroit pas fait tel qu'il est; et nous aurions assurément quelque chose de plus doux pour l'amour-propre. Mais l'Évangile est immuable, et c'est sur lui que nous devons être jugés. Prenez au plus tôt un guide sûr, et ne craignez rien tant que d'être flatté et trompé.

Ve JOUR.

Sur le bon esprit.

I. Votre Père céleste donnera son bon esprit à ceux qui le lui demanderont'. Il n'y a de bon esprit que celui de Dieu. L'esprit qui nous éloigne du vrai bien, quelque pénétrant, quelque agréable, quelque habile qu'il soit pour nous procurer des biens corruptibles, n'est qu'un esprit d'illusion et d'égarement. Voudroit-on être porté sur un char brillant et magnifique, qui mèneroit dans un abîme? L'esprit n'est fait que pour conduire à la vérité et au souverain bien. Il n'y a de bon esprit que celui de Dieu, parce qu'il n'y a que son esprit qui nous mène à lui. Renonçons au nôtre, si nous voulons avoir le sien. Heureux l'homme qui se dépouille pour être revêtu, qui foule aux pieds sa vaine sagesse pour posséder celle de Dieu!

: Luc., XXI, 13,

II. Il y a bien de la différence entre un bel esprit, un grand esprit, et un bon esprit. Le bel esprit plaît par son agrément; le grand esprit excite l'admiration par sa profondeur; mais il n'y a que le bon esprit qui sauve et qui rende heureux par sa solidité et par sa droiture. Ne conformez pas vos idées à celles du monde. Méprisez l'esprit autant que le monde l'estime. Ce qu'on appelle esprit est une certaine facilité de produire des pensées brillantes. Rien n'est plus vain. On se fait une idole de son esprit, comme une femme, qui croit avoir de la beauté, s'en fait une de son visage. On se mire dans ses pensées. Il faut rejeter non-seulement ce faux éclat de l'esprit, mais encore la prudence humaine qui paroît la plus sérieuse et la plus utile, pour entrer, comme de petits enfants, dans la simplicité de la foi, dans la candeur et dans l'innocence des mœurs, dans l'horreur du péché, dans l'humiliation, et dans la sainte folie de la croix.

VI JOUR.

Sur la patience dans les peines.

I. Vous posséderez vos ames dans votre patience'. L'ame s'échappe à elle-même quand elle s'impatiente; au lieu que, quand elle se soumet sans murmurer, elle se possède en paix et possède Dieu. S'impatienter, c'est vouloir ce qu'on n'a pas, ou ne pas vouloir ce qu'on a. Une ame impatiente est une ame livrée à sa passion, que la raison ni la foi ne retiennent plus. Quelle foiblesse ! quel égarement! Tant qu'on veut le mal qu'on souffre, il n'est point mal. Pourquoi en faire un vrai mal, en cessant de le vouloir? La paix intérieure réside non dans les sens, mais dans la volonté. On la conserve au milieu de la douleur la plus amère, tandis que la volonté demeure ferme et soumise. La paix d'ici-bas est dans l'acceptation des choses contraires, et non pas dans l'exemption de les souffrir.

II. A vous entendre gronder et murmurer, il semble que vous soyez l'ame la plus innocente qu'il y ait au monde, et que c'est vous faire une injustice criante que de ne pas vous laisser rentrer dans le paradis terrestre. Souvenez-vous de tout ce que vous avez fait contre Dieu, et convenez qu'il a raison. Dites-lui, avec la même humilité que l'enfant prodigue: Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre vous. Je sais ce que je dois à votre justice; mais le cœur me manque

1 Luc.. XXI, 19.

pour y satisfaire. Si vous vous en remettiez à moi, je me flatterois, je m'épargnerois, et je me trabirois moi-même en me flattant. Mais votre main miséricordieuse exécute elle-même ce qu'apparemment je n'aurois jamais eu le courage de faire. Elle me frappe par bonté. Faites que je porte patiemment ses coups salutaires. C'est le moins que puisse faire le pécheur, s'il est véritablement indigné contre lui-même, que de recevoir la pénitence qu'il n'auroit pas la force de choisir.

VIIe JOUR.

Sur la soumission et la conformité à la volonté de Dieu.

I. Que votre volonté se fasse sur la terre comme dans le ciel1. Rien ne se fait ici-bas, non plus que dans le ciel, que par la volonté ou par la permission de Dieu; mais les hommes n'aiment pas toujours cette volonté, parce qu'elle ne s'accorde pas toujours avec leurs desirs. Aimons-la; n'aimons qu'elle, et nous ferons de la terre un ciel. Nous remercierons Dieu de tout, des maux comme des biens, puisque les maux deviennent biens quand il les donne. Nous ne murmurerons plus de la conduite de sa providence; nous la trouverons sage, nous l'adorerons. O Dieu! que vois-je dans le cours des astres, dans l'ordre des saisons, dans les événements de la vie, sinon votre volonté qui s'accomplit? Qu'elle s'accomplisse aussi en moi; que je l'aime, qu'elle m'adoucisse tout, que j'anéantisse la mienne, pour faire régner la vôtre : car enfin c'est à vous, Seigneur, de vouloir; et c'est à moi d'obéir.

II. Vous avez dit, ô Seigneur Jésus, en parlant de vous-même, par rapport à votre Père céleste, que vous faisiez toujours ce qui lui plaisoit 2. Apprenez-nous jusqu'où cet exemple nous doit mener. Vous êtes notre modèle. Vous n'avez rien fait sur la terre que selon le bon plaisir de votre Père, qui veut bien être nommé le nôtre. Agissez en nous comme en vous-même, selon son bon plaisir. Qu'unis inséparablement à vous, nous ne consultions plus que ses desirs. Non-seulement prier instruire, souffrir, édifier, mais manger, dormir. converser ; que tout se fasse par la seule vue de lui plaire: alors tout sera sanctifié dans notre conduite; alors tout sera en nous sacrifice continuel, prière sans relâche, amour sans interruption. Quand sera-ce, ô mon Dieu, que nous serons dans cette situation? Daignez nous y conduire : daignez dompter et assujettir par votre grace notre volonté re

* Matth., vi, 10. 1 Joan., VIII, 29.

belle; elle ne sait pas ce qu'elle veut; il n'y a rien de bon que d'être comme vous voulez.

VIII JOUR.

Sur les avantages de la prière.

1. Priez sans interruption '. Telle est notre dépendance à l'égard de Dieu, que non-seulement nous devons tout faire pour lui, mais encore que nous devons lui demander les moyens de lui plaire. Cette heureuse nécessité de recourir à lui pour tous nos besoins, bien loin de devoir nous être incommode, doit au contraire faire toute notre consolation. Quel bonheur de lui parler en confiance, de lui ouvrir tout notre cœur, et d'être par la prière dans un commerce intime avec lui! Il nous invite à le prier. Jugez, dit saint Cyprien, s'il ne nous accordera pas les biens qu'il nous sollicite de lui demander. Prions donc avec foi, et ne perdons pas le fruit de nos prières par une incertitude flottante, qui, comme dit saint Jacques2, nous fait hésiter. Heureuse l'ame qui se console dans l'oraison par la présence de son bien-aimé! Si quelqu'un d'entre vous, dit saint Jacques 3, est dans la tristesse, qu'il prie pour se consoler. Hélas! malheureux que nous sommes! nous ne trouvons que de l'ennui dans cette céleste occupation. La tiédeur de nos prières est la source de nos autres infidélités.

II. Demandez, et il vous sera donné; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. Si nous n'avions qu'à demander les richesses pour les obtenir, quel empressement, quelle assiduité, quelle persévérance! Si nous n'avions qu'à chercher pour trouver un trésor, quelle terre ne remueroit-on point! S'il n'y avoit qu'à heurter pour entrer dans le conseil des rois et dans les plus hautes charges, quels coups redoublés n'entendroit-on pas ! Mais que ne fait-on point pour trouver un faux bonheur ! Quels rebuts, quelles traverses n'endure-t-on pas pour un fantôme de gloire mondaine! Quelles peines pour de misérables plaisirs dont il ne reste que le remords! Le trésor des graces est le seul vrai bien, et le seul qu'on ne daigne pas demander, le seul qu'on se rebute d'attendre. Cependant il faudroit frapper sans relâche; car la parole de Jésus-Christ n'est pas infidele; c'est notre conduite qui l'est.

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IX JOUR.

Sur l'attention à la voix de Dieu.

I. Seigneur, à qui irons-nous? vous avez les paroles de la vie éternelle1. C'est Jésus-Christ qu'il faut écouter. Les hommes ne doivent être éeoutés et crus qu'autant qu'ils sont pleins de la vérité et de l'autorité de Jésus-Christ. Les livres ne sont bons qu'autant qu'ils nous apprennent l'Évangile. Allons donc à cette source sacrée. JésusChrist n'a parlé, n'a agi, qu'afin que nous l'écoutassions, et que nous étudiassions attentivement le détail de sa vie. Malheureux que nous sommes ! nous courons après nos propres pensées, qui ne sont que vanité; et nous négligeons la vérité même, dont toutes les paroles sont capables de nous faire vivre éternellement. Parlez, ô Verbe divin, ô parole incréée, et incarnée pour moi! faites-vous entendre à mon ame. Dites tout ce que vous voudrez; je veux tout ce qu'il vous plaît.

II. Souvent on dit qu'on voudroit savoir ce qu'on a à faire pour s'avancer dans la vertu ; mais des que l'esprit de Dieu nous l'enseigne, le courage nous manque pour l'exécuter. Nous sentons bien que nous ne sommes pas ce que nous devrions être. Nous voyons nos misères, elles se renouvellent tous les jours. Cependant on croit faire beaucoup en disant qu'on veut se sauver. Comptons pour rien toute volonté qui ne va pas jusqu'à sacrifier ce qui nous arrête dans la voie de Dieu; ne retenons plus la vérité captive dans nos injustes lâchetés. Écoutons ce que Dieu nous inspire. Éprouvons l'esprit qui nous pousse, pour reconnoître s'il vient de Dieu; et, après que nous l'aurons reconnu, n'épargnons rien pour le contenter. Le prophète ne demande pas simplement à Dieu qu'il lui enseigne sa volonté, mais qu'il lui enseigne à la faire 2.

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ricordieux, puisque, malgré la difficulté de notre | êtes doux et humble. C'est assez de savoir que vous l'êtes, pour conclure, sur un tel exemple, que nous devons l'être. Qui osera s'en dispenser après vous? Sera-ce le pécheur qui a mérité tant de fois par son ingratitude d'être foudroyé par votre justice?

conversion, il daigne s'appliquer à nous guérir. Tirons de nos croix mêmes une source d'amour, de consolation et de confiance, disant avec l'Apôtre'. Nos peines, qui sont si courtes et si légères, n'ont point de proportion avec ce poids infini de gloire qui en doit être la récompense. Heureux ceux qui pleurent, et qui sèment en versant des larmes, puisqu'ils recueilleront avec une joie ineffable la moisson d'une vie et d'une félicité éternelle! II. Je suis attaché à la croix avec Jésus-Christ, disoit saint Paul 2. C'est avec le Sauveur que nous sommes attachés à la croix, et c'est lui qui nous y attache par sa grace. C'est à cause de Jésus que nous ne voulons point quitter la croix, parce qu'il est inséparable d'elle. O corps adorable et souffrant, avec qui nous ne faisons plus qu'une seule et même victime! en me donnant votre croix, donnez-moi votre esprit d'amour et d'abandon; faites que je pense moins à mes souffrances qu'au bonheur de souffrir avec vous. Qu'est-ce que je souffre que vous n'ayez souffert ? ou plutôt, qu'est-ce que je souffre si j'ose me comparer à vous? O homme lâche! taistoi, regarde ton maître, et rougis. Seigneur, faites que j'aime, et je ne craindrai plus la croix. Alors, sije souffre encore des choses dures et douloureuses, du moins je n'en souffrirai plus que je ne veuille bien souffrir.

XIC JOUR.

Sur la douceur et l'humilité.

I. Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur3. O Jésus! c'est vous qui me donnez cette leçon de douceur et d'humilité. Tout autre qui voudroit me l'apprendre me révolteroit. Je trouverois partout de l'imperfection, et mon orgueil ne manqueroit pas de s'en prévaloir. Il faut donc que ce soit vous-même qui m'instruisiez. Mais que vois-je, ô mon cher maître! vous daignez m'instruire par votre exemple. Quelle autorité! je n'ai qu'à me taire, qu'à adorer, qu'à me confondre, qu'à imiter. Quoi ! le Fils de Dieu descend du ciel sur la terre, prend un corps de boue, expire sur une croix, pour me faire rougir de mon orgueil! Celui qui est tout s'anéantit; et moi, qui ne suis rien, je veux être, ou du moins je veux qu'on me croie tout ce que je ne suis pas ! O mensonge! ô folie! impudente vanité! ô diabolique présomption! Seigneur, vous ne me dites point: Soyez doux et humble; mais vous dites que vous

II. Cor., IV, 17. ↑ Gal., 1, 19. 3 Matth., IX, 19.

II. Mon Dieu, vous êtes ensemble doux et humble, parce que l'humilité est la source de la véritable douceur. L'orgueil est toujours hautain, impatient, prêt à s'aigrir. Celui qui se méprise de bonne foi veut bien être méprisé. Celui qui croit que rien ne lui est dû ne se croit jamais maltraité. Il n'y a point de douceur véritablement vertueuse par tempérament ce n'est que mollesse, indolence ou artifice. Pour être doux aux autres, il faut renoncer à soi-même. Vous ajoutez, ô mon Sauveur, doux et humble de cœur. Ce n'est pas un abaissement qui ne soit que dans l'esprit par réflexion; c'est un goût du cœur, c'est un abaissement auquel la volonté consent, et qu'elle aime pour glorifier Dieu; c'est une destruction de toute confiance en son propre esprit et en son courage naturel, afin de ne devoir sa guérison qu'à Dieu seul. Voir sa misère et en être au désespoir, ce n'est pas être humble; c'est au contraire un dépit d'orgueil, qui est pire que l'orgueil

même.

XII JOUR.

Sur les défauts d'autrui.

I. Portez les fardeaux les uns des autres; c'est ainsi que vous accomplirez la loi de Jésus-Christ'.

La charité ne va pas jusqu'à demander de nous que nous ne voyions jamais les défauts d'autrui ; il faudroit nous crever les yeux: mais elle demande que nous évitions d'y être attentifs, volontairement, sans nécessité, et que nous ne soyons pas aveugles sur le bon, pendant que nous sommes si éclairés sur le mauvais. Il faut toujours nous souvenir de ce que Dieu peut faire, de moment à autre, de la plus vile et de la plus indigne créature; rappeler les sujets que nous avons de nous mépriser nous-mêmes; et enfin considérer que la charité embrasse même ce qu'il y a de plus bas, parce qu'elle voit précisément, par la vue de Dieu, que le mépris qu'on a pour les autres a quelque chose de dur et de hautain qui éteint l'esprit de Jésus-Christ. La grace ne s'aveugle pas sur ce qui est méprisable; mais elle le supporte, pour entrer dans les secrets desseins de Dieu. Elle ne se

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